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— Il faut dire que…

Elle s’interrompit pour mordre dans un cracker et il attendit patiemment la suite, le menton appuyé dans sa main. Elle fit durer le plaisir en buvant une longue gorgée d’eau, sans cesser de l’observer d’un air malicieux.

— … que je suis plus mignonne que toi.

Elle haussa les sourcils, et il éclata de rire. Il ne pouvait pas répondre grand-chose à ça, si ce n’était qu’elle avait raison.

— C’est vrai, admit-il.

Il tendit le bras pour ramener une mèche de ses cheveux derrière son oreille, et elle retint son souffle lorsqu’il lui caressa la joue en souriant. Sa franchise et sa transparence étaient si touchantes ! Il n’avait jamais réussi à être comme ça. Il ne savait même pas comment s’y prendre.

Son pouce continua à effleurer la peau soyeuse de Liv, et elle entrouvrit les lèvres. Avant même de se rendre compte véritablement de ce qu’il était en train de faire, il se pencha vers elle pour l’embrasser. Ce ne fut que lorsqu’il sentit la chaleur de son souffle sur sa bouche qu’il reprit ses esprits. A la dernière seconde, il dévia de sa trajectoire et posa un baiser chaste sur son front.

Son cœur battait à tout rompre dans sa poitrine. Quelle énorme erreur il avait failli commettre ! Liv n’avait vraiment pas besoin de ses attentions, surtout quand il n’avait rien à lui offrir.

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Chapitre 1

Vivian Delcour s’avança vers sa sœur et la serra dans ses bras.

— Au revoir, et encore merci pour tout, V.

— Arrête de me remercier, Liv. Tu sais bien que je ferais n’importe quoi pour toi.

— Idem.

Liv… C’était le surnom dont elle avait hérité en tant que petite sœur de Vanessa. Son surnom d’origine, Little V, s’était transformé en Liv alors qu’elle n’avait pas encore six ans, et ne l’avait jamais quittée depuis. Elle ne s’en plaignait pas, cela dit : Liv lui allait mieux que Vivian et elle était fière d’être la petite sœur de Vanessa.

Elle balaya du regard la salle du restaurant, privatisée pour l’occasion, où elle se trouvait en compagnie d’une douzaine d’autres personnes. Elle ne les avait rencon‑ trées que récemment, mais elle avait l’impression de les connaître depuis des années. C’étaient des amis de sa sœur qui lui avaient offert leur aide lors de la kermesse qu’elle avait organisée au profit du centre dont elle s’occupait. L’événement avait eu lieu deux mois plus tôt,

à la fin de l’été, et elle n’en revenait toujours pas de tout ce qu’ils avaient fait pour elle, et ce simplement parce que sa sœur le leur avait demandé.

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— Tu as déjà entendu parler d’un club qui s’appelle le Red Room ?

Elle prit quelques instants pour fouiller dans sa mémoire.

— C’est ce club libertin dont on a parlé aux infos il y a un an, non ? Celui qu’un député a voulu descendre jusqu’à ce que les gens apprennent qu’il était lui-même un dominateur ?

L’histoire avait fait la une des journaux locaux pendant des semaines, durant l’automne précédent.

— Celui-là même.

Lorsqu’elle vit qu’il n’ajoutait rien, elle en tira les conclusions qui s’imposaient.

— C’est donc le club de Seth… Enfin, celui dont vous êtes tous propriétaires, y compris V.

— C’est ça.

Et c’était ça le grand secret censé la faire sauter au plafond ?

— Pourquoi en faire tant de mystère ? Je ne comprends pas.

Il se frotta la nuque et étira les muscles de son cou. Il avait fait ce mouvement si souvent au cours de la journée qu’il ne s’en rendait sans doute même plus compte. Elle joignit les mains pour s’empêcher de tendre le bras et de le masser mais, un instant plus tard, elle changea d’avis. C’était ce qu’elle aurait fait pour n’importe lequel de ses amis.

Elle glissa donc la main sous le col de sa chemise et pressa son pouce à la jointure du cou et de l’épaule. Il se raidit au début, puis ne tarda pas à pousser un petit gémissement et à incliner la tête pour lui faciliter la tâche.

— Bon sang, ce que ça fait du bien !

La note de gratitude dans sa voix fit presque l’effet d’une caresse à Liv. Plus elle entrevoyait l’aspect plus sensible de sa personnalité, plus il l’intriguait.

— C’est donc un club BDSM ? demanda-t-elle sans cesser de le masser. Bondage, domination, soumission et masochisme, c’est bien ce que ça veut dire ?

— Certaines personnes te diront que ça veut dire sadisme et masochisme, mais le reste s’applique aussi, oui, confirma-t-il.

— D’accord.

Il fronça les sourcils, et elle vit le doute planer sur son visage en dépit de ses lunettes de soleil.

— Comment ça, « d’accord » ? C’est tout ?

— Qu’est-ce que tu veux que je dise d’autre ? fit-elle en haussant les épaules.

Comme son pouce commençait à s’engourdir, elle utilisa son index et son majeur pour détendre les muscles de sa nuque, jusqu’à rencontrer un autre nœud.

— Est-ce que je dois comprendre que vous adhérez tous à ce style de vie ? C’est pour ça que Vne voulait pas m’en parler ?

— Pas tous, non.

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