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Pendant que Magalie se lamentait, Léna observa l’assistant qui procédait avec calme à l’appel des élèves. Il portait un pull d’été gris, qui laissait deviner une carrure d’athlète aux épaules puissantes. Son visage était magnifique. Sa mâchoire était volontaire, son nez fin et droit. Une mèche rebelle de ses cheveux bruns désordonnés barrait son front. Ses sourcils froncés assombrissaient le regard perçant de ses yeux noirs. Un duvet de barbe naissante lui donnait un air de mauvais garçon, qui lui seyait à merveille. En cet instant et sous cet angle, il paraissait plus âgé que vingttrois ans.
— Fabien Chardot ? lança-t-il à la cantonade.
— Présent !
Daniel Nomas fixa quelques secondes celui qui avait réagi à son appel avant de passer au suivant.
— Magalie Croizet ?
La jeune fille leva bien haut la main pour se signaler à son attention.
— T’as entendu comment il a prononcé mon nom ? souffla-t-elle après coup.
Léna eut bien du mal à ne pas rire et resta déconcentrée, jusqu’à ce que son nom vole à son tour.
— Héléna Parker.
Elle fit un rapide geste de la main.
— Parker, répéta-t-il. C’est de quelle origine ?
Cette question ranima madame Grouet, qui s’empressa de répondre à la place de son élève qu’elle connaissait depuis son entrée en seconde.
— Ah ! Oui ! La maman d’Héléna est anglaise.
Il enregistra l’information sans ciller. De là où il se trouvait, il ne distinguait qu’une masse de cheveux foncés tirant sur le roux. Il termina l’appel et rendit la parole à la professeure. Cette dernière le remercia et lui proposa d’engager une conversation en anglais pour qu’il puisse juger du niveau des lycéens. Il accepta volontiers de se plier à ce nouvel exercice et interrogea plusieurs élèves qui ne démontrèrent pas d’excellentes qualités d’expression. Contrariée par le piteux résultat de ce premier test, madame Grouet sollicita celle sur laquelle elle savait pouvoir compter.
Afficher en entierLe jour suivant était le moins chargé de la semaine, le programme de l’après-midi se réduisant à une heure en compagnie de l’assistant en anglais. La classe était divisée en trois groupes qui avaient chacun un horaire différent. Selon les dires de Magalie, c’était pour permettre aux élèves de terminale de potasser en vue du bac. Pour Léna, cela constituait surtout une perte de temps. Elle aurait volontiers séché le cours s’il n’avait plané au-dessus de la tête des lycéens la menace de sanctions édictées par le proviseur. Résignée, elle traîna les pieds jusqu’au second étage pour rejoindre la salle réservée. C’était une pièce plus petite, à l’atmosphère intime. Située sous la charpente du bâtiment, elle disposait d’un beau parquet, taché ici et là d’encre et qui craquait sous les pas, et deux grosses poutres apparentes ajoutaient à son aspect cosy. En outre, les tables n’étaient pas alignées les unes derrière les autres, mais formaient un cercle. Il n’y avait pas non plus de bureau professoral.
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