Bien des années plus tard, quand elle les eut quittés, quand elle eut disparu de leur vie, ce qu'ils se rappelaient d'elle, c'était son sourire. Les couleurs et les traits se perdaient dans les brumes du souvenir. Les yeux étaient bleus, certes, mais ils auraient aussi bien pu être verts ou gris. Et les cheveux, noués à la grecque, ou ramenés en boucle sur le sommet de la tête, étaient-ils châtains ou brun clairs ? Le nez, lui, était rien moins que grec, cela était avéré, car il pointait vers le ciel, et la forme exacte de la bouche n'avait jamais eu beaucoup d'importance, ni à l'époque, ni ensuite.
L’essence de ce qui avait été ce visage résidait dans le sourire.

"Un samouraï n'a pas deux paroles, il n'a pas deux maîtres. Il satisfait à l'honneur, en répandant son sang, comme le cerisier laisse tomber ses fleurs".

Il se rappelait des années de militantisme où il avait fallu convaincre. Il se rappelait la joie ressentie quand, enfin, ses idées s'ancrèrent au sein du parti. D'un parti dont il ne cessa de grimper les échelons en même temps que ceux de la hiérarchie militaire.

Je ne suis pas un poète, les poètes sont individualistes. Un poète s'habille comme il veut, il ne dépend que de soi-même. Un romancier dépend des autres; c'est un homme moyen, un homme type doué de la faculté de s'exprimer. C'est un espion, ajouta M. Savory. Il doit tout voir et passer inaperçu. Si les gens le reconnaissaient, ils se tairaient, ils poseraient devant lui et lui ne pourrait plus rien découvrir.

Tout le monde est parti. On pense enfin à moi. On veut me cajoler. La réserve glaciale est une bouderie grossière. J'ai une attitude beaucoup plus subtile. Je vais et je viens en passant près d'Elle, comme si c'était un meuble sans intérêt. Je regarde partout, sauf de son côté. Je fuis sous la main, avec une obstination qui appelle les gémissements :
-Qu'est-ce que je t'ai fait, mon petit bouchou, poulou nounou ?
Ridicule ! Je ne mange pas de ce pain-là. Durant deux bonnes heures, je persiste et ne reviens à de meilleurs sentiments que lorsque je la sens tout à fait désolée. Du moins je l'espère. Alors là, je donne au contraire de tous mes violons : l'œillade langoureuse, les baisers dans le cou, les ronrons modulés, les soupirs d'extase.

En 1949, Michelangelo Antonioni réalise un court documentaire sur le roman-photo qui dresse un portrait du genre au succès populaire immédiat : histoires d'amour, rêve, évasion, luxe, exotisme faisant particulièrement rêver en cette période d'après-guerre.

La balade qui suit permettra aux curieux de se familiariser à la fois avec l'histoire de ce territoire du "Nouveau Monde", ses paysages (urbains ou champêtres) dans toute leur complexité et diversité; sa poésie [...], ses tics de langage fleurdelysé [...].

D'autres Européens ont visité Kizuki, quelques-uns ont pu pénétrer dans la cour du temple, mais vous seul avez été admis dans la demeure du dieu. Dans le passé, certains étrangers qui souhaitaient visiter le temple par simple curiosité se virent refuser la permission d'approcher même de la cour. Mais la lettre de M. Nishida, en expliquant l'objet de votre visite, fait qu'il nous est un vrai plaisir de vous recevoir ainsi.

Je me suis jeté sur elle, je l'ai poussée sur le lit ; elle est tombée ; je me suis fait lourd sur elle et je l'ai mordue dans le cou. Elle ne se défendait pas, elle riait même, mais ça devait être une ruse car, subitement, au moment où je ne m'y attendais pas, elle a mis ses mains sur mes épaules, elle m'a fait basculer sur le dos et maintenant, c'était elle qui perchait à bout de bras son visage et ses seins au-dessus de moi.
"L'autre jour, c'était la première fois que tu faisais l'amour !" m'a-t-elle dit.
Pas comme une demande, comme une constatation !

Resté veuf avec une fille qui s'appelait Gwenaëlle, un riche paysan du nom de Goulven épousa une veuve, Marguerite, qui avait elle aussi une fille, Louisic.

Chacun d'eux préférait son enfant, mais, alors que Goulven, homme juste et bon, se faisait un devoir de ne pas afficher sa préférence, sa femme, qui était dans le fond hypocrite et méchante, n'avait de caresses et de gentillesses que pour Louisic.

[...] Enfin, après s'être réunis en conseil, ils supplièrent leur maître de faire célébrer un service segaki pour le repos de l'esprit vengeur.

Cela n'est nullement nécessaire !... déclara le samouraï lorsque le chef des mercenaires lui eut exprimé ce désir. Je comprends qu'on ait peur lorsque le dernier souhait d'un mourant est tout de haine et de vengeance. Mais dans ce cas-ci, il n'y a rien à craindre.

Puis finalement le troisième jour... Quand tout est calme... La voilà qui vient vers nous. Elle reste encore un peu sur le qui-vive... Mais quelle tête quand même... Au début, je l'avais trouvée franchement moche, mais je commence à la trouver de plus en plus jolie. En tous cas elle est très amusante. Des fois on dirait un blaireau... Des fois on dirait une loutre de mer... C'est le divertissement permanent. Elle apporte la gaîté dans notre maison.

J'estime que les fantasmes ne sont pas faits pour rester enfermés dans l'esprit des gens, mais pour être partagés, et c'est précisément ce que j'ai l'intention de faire dans ce livre : vous dévoiler les recoins les plus secrets de ma fantasmagorie. A mon grand étonnement, j'ai constaté que de nombreux auteurs de guides sexuels considèrent les fantasmes comme des soupapes de sécurité permettant d'éviter les crimes sexuels, un point c'est tout. En d'autres termes : laissez s'épanouir vos rêves les plus fous, pensez-y jour et nuit, mais, pour l'amour du ciel, ne les mettez jamais à exécution !

Nous n'avons plus le temps de faire des plans sur la moquette.

" 'Wuthering Heights' is now generally regarded to be one of the greatest English novels", writes one of Emily Bontë's modern readers in his centennial attempt to map the growth of her litterary reputation since her death in 1848, "but it has gained this recognition after a battle between the critics and the general public which has lasted a large part of the hundred years since its publication".

Le colonel Bisson, commandant de la place, fit au nouveau lieutenant un accueil aussi médiocre que l'était sa personne. Tapi au fond d'un bureau encombré d'un fouillis oriental, il ressemblait à ces matous coupés qui trônent dans les pâtisseries : ça dort tout le temps, mais d'un œil seulement ; ça hait tout ce qui dérange ses habitudes et ça ne manque pas un coup sournois. En l'occurrence, il demanda à Saganne s'il voulait bien se charger de l'instruction d'une compagnie de spahis, sans l'avertir que les spahis ne dépendaient pas du Bureau arabe, ni de son chef, le capitaine Flammarin, sous les ordres duquel Saganne serait directement placé. A Djerfa, comme partout ailleurs en Algérie, les conflits étaient permanents entre la hiérarchie militaire traditionnelle et les services du Bureau arabe.

Les ressorts du désir destructeur sont complexes. Chez certains, tabous et remparts moraux tombent comme de châteaux de cartes sous les assauts de la pulsion de mort. Des milliers d'hommes et de femmes ont fait preuve - et continuent de le faire - de monstruosité, de perversité et de cruauté à travers les siècles... Il suffit de lire des ouvrages d'histoire, de parcourir le journal, d'allumer la télévision, d'écouter la radio ou de regarder brièvement les nouvelles, entre deux stations de métro, sur un smartphone.

Une partie de la beauté des mathématiques tient dans le fait que des motifs apparemment simples conduisent à des questions et des théories beaucoup plus compliquées. La conjecture de Collants (également appelée suite de Syracuse) est l'exemple parfait d'un problème simple que même les plus grands esprits mathématiques dans le monde n'ont pas réussi à résoudre.

Les collines au-delà d'Arkham sont pleines d'une étrange magie, que le vieil Edmund Carter, le sorcier, fit peut-être descendre des étoiles et monter des cryptes de la terre inférieure quand, fuyant Salem, il s'y réfugia, en 1692. Dès que Randolph Carter fut revenu parmi ces collines, il sut qu'il était tout près d'une de ces portes que quelques hommes audacieux et maudits ont ouvertes à travers les murs titanesques qui séparent notre monde de l'absolu.

Les Parisiennes sont inexplicables, dit Thaddée, quand elles sont aimées à la folie elles veulent être aimées raisonnablement ; et quand on les aime raisonnablement, elles vous reprochent de ne pas savoir aimer.

Excusez- moi, cher ami, mais je dois tirer immédiatement au clair toute cette affaire. Plus j’y réfléchis, plus cette histoire me paraît louche !... Mais avouez que ce n’est pas de veine ! Pour une fois que je voulais faire cocu le percepteur, je tombe sur une fausse Mme Petitdoux, et j’apprends que la véritable est un homme ! Ah ! Non, ce n’est pas de veine !...

The contribution made by the three Brontë sisters to English literature has a unique flavour - a strange pugnent mingling of wild romance and domestic realism, of cosmic poetry and local details, quite personal and peculiar.

Une fille perdue, c'est une fille qui fréquente des hommes ! Tu remarqueras que cela fonctionne à sens unique, comme si les hommes, par définition, étaient incorruptibles... D'ailleurs le pays est plein d'endroits destinés à permettre aux hommes d'en rencontrer, de ces filles perdues. ce ne sont pas les lieux de prostitution qui manquent chez nous ! Mais les hommes, quelle que soit l'assiduité avec laquelle ils fréquentent lesdits lieux, ne sont jamais perdus, eux.

Un homme qui a été accoutumé à tenir à ses côtés son amour, me dit l'ami des oiseaux, lié à lui par le signe d'égalité des mains entrelacées, ou bien celui plus protecteur du bras passé autour de la taille ou de l'épaule, on le reconnaît toujours quand on sait observer : seul, il ne marche pas comme on le fait à deux, mais pas non plus comme un homme habitué à la solitude. Un corps manque dont l'empreinte invisible continue de se faire sentir, c'est comme s'il s'appuyait sur une absence, comme s'il allait aux côtés d'un fantôme.

"Installer un laboratoire de biogénétique par 40 °C à l'ombre, même un labo de fortune, dans une bâtisse en briques sèches, isolée de tout, sans point d'eau, et sans aucune assistance, aurait tué n'importe qui. Sauf lui. Il se croyait déjà mort."

Pourrais-je jamais t'exprimer la blancheur, le satiné de sa peau, cette gorge divine sur laquelle sont posés deux jolis boutons de rose, l'élégance, la souplesse de sa taille, le contour, la fermeté de deux fesses dont la partie supérieure forme la chute de reins la plus admirable, la rondeur de deux cuisses que jamais l'art ne pourra imiter ?