Regards: Ou les désarrois amoureux de Paul Benjamin

Le regard c'est non seulement voir mais aussi comprendre, écouter (et non entendre), pénétrer l'âme de l'autre. Tant d'expressions dans les yeux peuvent définir ce que l'on pense ou ce qu'ils reflètent. L'auteur nous donne ici des moments de vie, certains flashent, d'autres provoquent, certains sont brumeux, voilés, éteints. On voyage dans une univers cotonneux, tout en douceur. L'amour dans les yeux de l'autre n'est-il pas le reflet de nos propres sentiments. Un roman tout en intimité, toujours de jolis mots, du premier amour qui papillonne au dernier regard qui désarçonne, tant d'autres à attraper au vol. De belles émotions, merci Frédéric pour ce beau récit. Je soulignerais aussi une très belle couverture.

Depuis la nuit des temps, depuis Eve et Adam, le monde tourne autour des relations humaines, sans cette proximité, sans ces milliards d'unions qui ont vu le jour depuis sa création, le monde serait juste une terre désolée et isolée, mieux vaut ne pas l'imaginer une seule seconde, l'amour, les désillusions, les séparations, les divorces, les enfants, combien de personnes ont fini dans la solitude la plus complète, combien ont versé des larmes de quoi remplir des océans, combien ont vécu heureux, combien la vie peut se jouer à la roulette du destin, le hasard des rencontres, les liaisons improbables, les mariages, les espoirs et désespoirs qui ont fait chavirer des couples, le monde continue de tourner avec son lot de bonheur et de désillusions, voici une histoire parmi tant d'autres, celle de Paul Benjamin ...

Après (dés)amour "Une pépite qui vous fera découvrir ou rédécouvrir le mot AIMER !" et Betty "Une nouvelle courte mais intense, à lire et à découvrir pour toucher au coeur des émotions humaines !!!", voici le troisième roman d'un auteur qui n'en a pas fini de creuser sur la condition de l'être humain, un travail toujours aussi rigoureux et dans l'intensité au coeur de tous les sentiments avec Regards, une nouvelle fois, sa plume et son style unique envoûtera le lecteur, son style généreux pour faire vibrer les cordes les plus sensibles (et les autres), l'histoire de Paul, c'est aussi celle de Monsieur Tout Le Monde, peu ou prou, tout le monde pourra trouver matière à réflexion, à se pencher sur ses années passées, d'établir un bilan de sa vie personnelle, tôt ou tard, les choix qui se sont présentés, les expériences, les épreuves passées, les occasions manquées, les aléas tde la vie sont des opportunités ou des contraintes pour éprouver, pour ressentir toute la fragilité et cette mélancolie du temps qui passe.

On dit souvent qu'au moment de passer de vie à trépas, pendant ces ultimes résistances à croire encore, on voit défiler toutes les personnes qui ont vraiment compté, comme un flashback intemporel et finalement à jamais inscrit dans la mémoire de chacun, ces instants de bonheur absolu, ces moments d'extase chevillés au corps et à l'esprit, l'auteur démontre son savoir-faire pour explorer les failles et les fêlures de l'humain, comme un laboratin de la vie, cette aptitude à créer des situations d'une grande empathie dans l'approche physique et émotionnelle, ces synapses qui vrillent et gravitent dans l'air du temps, cette sensation énivrante, ces gestes, ces regards, tout est dans l'apparence et ces non-dits ...

Tout un programme pour toucher au sublime de la scène, ces secondes précieuses, à donner le meilleur de soi-même, à défier les lois naturelles de sa matrice, la matière prend forme, le miroir de l'âme dans sa plus belle définition, la vie n'est pas toujours un simple parcours de santé, tout est et reste possible, comme un éternel recommencement, comme s'il suffisait de fermer les yeux pour renaître, pour repousser un peu plus la fatalité, la maladie qui n'épargne personne, rebondir, élargir le champ des expériences, refuser une existence sans saveur et routinière, ce désir de l'autre qui doit devenir le seul et unique centre de l'univers, ces regards que nous croisons tous les jours, certains marquent plus que d'autres et puis il y a le coup de foudre, le regard, celui que l'on finissait par ne plus trop y croire, réléguer au fond de ses rêves, la générosité et le talent de l'auteur à pénétrer au plus profond de la volupté, le charnel, la langueur des mouvements, les yeux sont le reflet de l'âme, toujours dans cette délicate prose pour éviter tout pathos, toute mièvrerie, la pudeur des personnages est touchante, tout est dans les détails ou pas, l'essentiel et l'économie des mots, tout reste à vivre et à lire.

Entre le rêve et la réalité, l'acuité des perceptions s'accroit ou s'effiloche, le corps suit l'évolution du temps, la mémoire est comme une entité à part entière pour rappeler, pour servir de catalyseur ou de piqûre de rappel, l'absence de l'autre, l'oubli, dans le silence pesant, dans l'immensité de l'espace et de la nature, le cycle se perpétue et pendant ce temps, des êtres se cherchent toujours, ils errent tels des fantômes, des douleurs qui s'effacent pour mieux surgir, inlassablement, le combat de Paul est d'abord celui qu'il doit livrer envers lui-même, dans le tourbillon de la vie, dans la vacuité de ses moments de solitude, le manque d'air est palpable, une nouvelle qui se lit comme on ferait un grand huit, des hauts et des bas, des faux-plats, des descentes vertigineuses, des montées d'adrénaline, des poussées alimentées par des cris d'euphorie, dans l'ivresse du vent qui siffle aux oreilles, à chaque jour ses petits bonheurs et ses malheurs, un condensé de toutes les émotions se dessine au fil des pages, Paul a vécu, Paul est un homme timide avec ses qualités et ses défauts, dans la félicité comme dans les désarrois amoureux, une très belle lecture que l'on prend plaisir à faire durer pour le plaisir de rester encore un peu plus, dans l'alchimie et la magie de ses rencontres, tout est propice à la douceur, à ressentir des sentiments contrastrés, les peines de coeur, la plénitude de l'instant T, jamais rassasié, dans l'incertitude de ses acquis, dans la beauté et la confiance de l'autre, Paul pourra-t-il trouver enfin l'âme soeur, sa seule raison d'être, son unique obsession ?

Si vous ne connaissez pas encore Frédéric Brusson et sa prose poétique, d'une grande sensibilité, son style toujours aussi aiguisée et d'une grande lucidité depuis qu'il a commencé à partager ses mots dans son blog Mes Mots Pour Mes Maux, c'est l'occasion de le découvrir, la garantie d'être dans la place pour ressentir, pour prendre conscience de certaines valeurs essentielles, dans un monde qui évolue de plus en plus vite au gré des grands bouleversements, dans le chaos des ondes et des zones de guerre, dans le basculement des générations, dans la course contre le temps, il existe de belles histoires humaines avec ses chemins vallonnés, ses anicroches, ses turbulences et il y a l'amour, et rien d'autre.

L'amour de l'autre, l'amour de son prochain, l'amour dans toute sa dimension lumineuse et tragique. Comme la vie et la mort.

La couverture magnifique est signée Brian Merrant, autre magicien des mots (Espoir sors-moi du noir, L'Enfant fou et La Voix nomade: 1/ La Grande disparition), je vous invite sans tarder à vous procurer Regards: Ou les désarrois amoureux de Paul Benjamin de Frédéric Brusson, une nouvelle auto-éditée ou comment résister à la tentation de creuser au coeur de ce personnage qui vit mille et une vie (ou presque), c'est beau, c'est triste, c'est la vie, Paul qui nous ressemble dans ses doutes et son désir d'aimer et d'être aimer, pour toujours, à jamais ...

❤️

Regards: Ou les désarrois amoureux de Paul Benjamin de Frédéric Brusson est une nouvelle réussie, émotions garanties !!!