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Quelle fonction remplit le conditionnement des femmes à l’amour ? Même si je ne pense pas, encore une fois, que l’hétérosexualité se résume à une ruse du patriarcat, il me parait indéniable que, en abreuvant les filles et les femmes de romances, en leur vantant les charmes et l’importance de la présence d’un homme dans leur vie, on les encourage à accepter leur rôle traditionnel de pourvoyeuse de soin. On les place aussi en position de faiblesse dans leur vie sentimentale : si l’existence et la viabilité de la relation leur importent davantage qu’à leur compagnon, en cas de désaccord sur n’importe quel sujet, ce sont elles qui seront amenées à céder, à faire des compromis ou à se sacrifier. On éduque les femmes pour qu’elles deviennent des machines à donner, et les hommes pour qu’ils deviennent des machines à recevoir.
Afficher en entierQuelle fonction remplit le conditionnement des femmes à l’amour ? Même si je ne pense pas, encore une fois, que l’hétérosexualité se résume à une ruse du patriarcat, il me paraît indéniable que, en abreuvant les filles et les femmes de romances, en leur vantant les charmes et l’importance de la présence d’un homme dans leur vie, on les encourage à accepter leur rôle traditionnel de pourvoyeuses de soins. On les place aussi en position de faiblesse dans leur vie sentimentale : si l’existence et la viabilité de la relation leur importent davantage qu’à leur compagnon, en cas de désaccord sur n’importe quel sujet, ce sont elles qui seront amenées à céder, à faire des compromis ou à se sacrifier. On éduque les femmes pour qu’elles deviennent des machines à donner, et les hommes pour qu’ils deviennent des machines à recevoir. Tout en confinant les premières dans l’univers mental de la vie à deux, la culture de masse invite les seconds à rêver précisément de l’inverse, comme le remarque Jane Ward : s’évader en douce du cadre conjugal durant leurs loisirs. Elle attise leur nostalgie du célibat, des loisirs entre hommes, du sexe non procréatif avec des femmes plus jeunes [...].
Afficher en entierGober la pilule rouge de Matrix, c’est prêter l’oreille à la thèse de la féministe américaine Catharine MacKinnon : « Le masculin et le féminin sont créés à travers l’érotisation de la domination et de la soumission. » Selon elle, « la domination et la soumission sont des attitudes à partir desquelles la différence des genres est construite », résume Manon Garcia, qui la cite
Munie de cette clé de compréhension, on voit soudain comment toute notre culture amoureuse s’attache à naturaliser, et même à célébrer les signes de domination chez l’homme et de soumission chez la femme, en les présentant comme les secrets d’une union harmonieuse. Le discours convenu selon lequel la libération croissante des femmes aurait ruiné les relations amoureuses implique d’ailleurs un aveu : notre organisation sentimentale repose sur la subordination féminine. N’est-il pas stupéfiant que cet ordre des choses nous semble aussi naturel, et que ce soit sa contestation qui contrarie beaucoup de gens, plutôt que la situation de départ ?
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