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Extrait ajouté par Moridiin 2018-09-18T19:25:34+02:00

— Qu’est-ce qu’il y a, papa ? demanda-t-elle, prenant une cuillerée de glace.

— Je passais juste te dire bonjour.

— Vraiment. Pourquoi ?

— Parce que j’essaie d’être un meilleur père, Colleen, lança-t-il d’un ton irrité, sans la regarder. Ça te va ?

— Comme c’est gentil. J’accepte les cadeaux onéreux. Une voiture, par exemple. Ou bien une île.

— Tu ne veux pas être sérieuse, un moment ?

Il soupira et passa une main dans ses cheveux poivre et sel.

— Ecoute. Je n’ai pas été un si mauvais père jusqu’au divorce …

— Jusqu’au moment où tu as trompé maman, tu veux dire.

— Oui. Si tu veux.

— Tu n’as jamais entendu cette citation ? « Ce qu’un père peut faire de plus important pour ses enfants, c’est d’aimer leur mère ? ».

— Non. Mais laisse-moi finir, d’accord ?

Il la regarda droit dans les yeux.

— J’ai toujours été très fier de toi et de Connor. Vous étiez de bons gamins. Intelligents et drôles. Je suppose que je ne vous l’ai pas dit ni montré assez.

— Exact.

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Extrait ajouté par Moridiin 2018-09-18T19:24:03+02:00

— Je vais y aller aussi, prévint Emmaline. Il y a Ink Wars à la télé, et ça va commencer. A la prochaine, tout le monde.

— Moi aussi, j’y vais, lâcha Prudence. C’est « nuit JDR » chez les Vanderbeek. On profite qu’Abby dorme chez Helena.

— JDR ? C’est quoi ? demanda Faith.

— Jeux de rôle, lui répondit sa soeur, avec une expression de béatitude. Professeur Snape et McGonagall.

Elle lui fit un clin d’oeil suggestif.

— Harry Potter ? Voilà ! Je ne pourrais plus jamais regarder Harry Potter de la même façon ! s’indigna Faith. Il n’y a donc rien de sacré pour toi ?

— Je n’abîme rien, rétorqua Prudence. Je mets en valeur.

— Je crois que je vais vomir, dit Faith.

— Amuse-toi bien, Prue, lui lança Colleen alors que cette dernière s’éloignait nonchalemment. Tu es un exemple pour nous, après vingt et un ans de mariage.

Elle se tourna vers Faith.

— Admire l’énergie et la créativité, quand même !

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Extrait ajouté par Moridiin 2018-09-18T19:16:31+02:00

Elle ne cuisinait pratiquement jamais — quel intérêt d’avoir un frère chef cuistot si on ne pouvait pas manger à l’oeil ? Mais ce soir elle voulait préparer un repas à son homme.

— Si on sait lire, on sait cuisiner, s’encouragea-t-elle à voix haute.

Elle évalua d’un coup d’oeil les produits qu’elle avait achetés. Le menu de ce soir devait l’impressionner. Pour commencer, salade de betteraves, amandes et fromages de chèvre, ensuite noix de Saint-Jacques braisées dans une réduction de vin blanc sur lit de céleri et purée de pommes de terre, saupoudrée d’aneth frais ; carottes grillées et panais en accompagnement avec du pecorino romano, râpé au dernier moment. Pour le dessert, un pudding à la gousse de vanille et à la crème fraîche, surmonté de framboises fraîches.

Elle se demanda soudain si elle n’avait pas vu un peu trop grand.

Elle jeta un coup d’oeil sur les différentes recettes qu’elle avait trouvées en ligne, fronça les sourcils. Bon sang. Dans celle avec les carottes, il fallait les laisser cuire trois quarts d’heure. Rien que ça ! Le mieux n’était-il pas l’ennemi du bien ? Les carottes avaient la folie des grandeurs. Plutôt présomptueuses pour des racines. Moi, la douce carotte, qui grossis dans la terre, demande et exige au moins trois quarts d’heure de cuisson.

En parlant de légumes fiers … La racine de céleri était ridicule, avec sa forme vaguement érotique. Le maraîcher au marché avait dû la lui mettre dans la main. A trente et un ans, elle n’en avait jamais vu, malgré un jumeau pour qui la cuisine relevait de la même précision, de la même rigueur et de la même importance qu’une intervention chirurgicale à coeur ouvert sur un enfant, au milieu d’un champ, après le crash d’un avion.

Il était temps de se mettre au travail. Elle allait commencer par les noix de Saint-Jacques, parce que ces mollusques crus, ça lui soulevait le coeur. Elle fit fondre le beurre (elle aurait peut-être dû le sortir un peu avant !), ouvrit la boîte et les jeta dans la poêle. En parlant de nausées, cela faisait dix-huit heures qu’elle n’avait pas parlé à Faith.

Elle attrapa son téléphone et sortit sur le petit balcon tout en composant le numéro de son amie. Faith et Levi habitent en contrebas, à deux maisons de la sienne, et leurs jardins se rejoignaient presque.

— Allô ?

— Salut ! Je regarde ta maison. Si j’avais un télescope, je pourrais vous voir tous les deux.

— Tu nous aurais vus en action ! Il y a une heure, à la seconde où le mâle a franchi le seuil, raconta Faith avec un petit rire dans la voix.

— La chance ! Comment va mon futur filleul ?

— Ma grossesse est officielle. Nous l’avons dit à mon père. Il a été très ému.

— Oh ! Vous, les Holland ! S’il te plaît, demande à ton père s’il ne veut pas m’adopter, puisque c’est mort pour le rôle de l’épouse à cause de cette traînée de gouvernante qu’il m’a préférée.

— Je vais répéter à Mme J ce que tu viens de dire.

— T’as pas intérêt !

Elle pouvait entendre la voix de Levi en arrière-fond.

— Alors qu’est-ce qu’il se passe entre Lucas et toi ? Ne crois pas que je n’ai pas vu que vous aviez disparu une heure pendant le pique-nique, hier.

— Disons que … j’organise un petit dîner chez moi.

— Est-ce que c’est le mot code pour dire sexe ?

— Possible.

Possible ? Tu parles ! Petite pudeur verbale.

— Tu me trouves stupide, c’est ça ?

Il y eut une pause.

— Tu n’es pas stupide.

— C’était quoi, ce petit silence ? Je ne l’ai pas inventé.

Elle entraperçut M. Wong dans le jardin voisin en train de faire du tai-chi ou d’écraser un moustique (avec des mouvements aussi lents, il n’était pas près de l’avoir).

— Je suis sans doute stupide. Ce n’est pas du tout sérieux, lui et moi.

— Jeremy et moi, c’était du sérieux, et on a vu ce que ça a donné …

— Circonstances atténuantes, ma vieille.

— Au début, j’ai cru que Tom et Honor, ça n’allait pas le faire, et regarde-les aujourd’hui. Hé ! Est-ce que tu emmènes Lucas au mariage, le week-end prochain ?

— Je ne sais pas. Je devrais ?

— Oui ! C’est tellement romantique ! Levi, tu ne crois pas que Colleen devrait emmener Lucas au mariage de ma soeur ?

Il fit oui de la tête.

C’était quoi, cette drôle d’odeur ? On aurait dit que quelqu’un faisait brûler des feuilles ou des ordures.

— Il faut que je raccroche. J’ai encore du pain sur la planche côté menu. Je dois aussi me changer et enfiler des sous-vêtements de traînée.

— Amuse-toi, lança Faith. Et tu n’es pas stupide.

Colleen sourit.

— Merci, mon chou. Je t’appelle demain.

Elle pivota, se figea, puis fonça à l’intérieur.

Ce n’étaient pas des feuilles qui brûlaient. C’étaient les noix de Saint-Jacques.

Elle tira vivement la poêle hors du feu. L’odeur était épaisse, mais pas très âcre. Plus une odeur huileuse qui traînait dans l’air.

— La barbe ! marmonna-t-elle.

Créativité, innovation … c’était la marque de fabrique de tout grand chef.

Elle déposa les noix de Saint-Jacques sur de l’essuie-tout, les laissa refroidir un peu … elle verrait après ce qu’elle en ferait. Maintenant, au tour des carottes et des panais … Elle remplit d’eau une casserole. C’était sans doute mieux de les faire bouillir un peu avant de les griller. Et puis il y avait cette stupide purée. Qu’est-ce qui lui était passé par la tête de se lancer dans cette aventure ? Elle n’aurait pas pu lui proposer d’aller au restaurant, en toute simplicité ?

Elle éplucha et coupa carottes et panais et les jeta dans la casserole. Ça cuirait plus vite comme ça. Elle revint vers ses noix de Saint-Jacques. Trancha les bords brûlés. Minute … Quelle couleur prenaient les noix de Saint-Jacques à la cuisson ?

Il était temps de faire appel à son joker téléphonique. Elle composa le numéro du bar.

— Salut, Connor, c’est moi.

— C’est le coup de feu ici. Qu’est-ce que tu veux ?

— Des Saint-Jacques qui ont un peu bruni à la cuisson … délicieux ?

— Le top. Salut.

Parfait ! Nécessité et innovation, les deux mamelles de la réussite.

Qui avait dit que cuisiner était difficile ?

*

Une heure plus tard, on frappa à la porte.

Pile à l’heure. La barbe, il était ponctuel.

— N’entre pas ! cria-t-elle. Pas encore, attends ! Et ne regarde pas par la fenêtre, non plus ! Je t’arrache les yeux si tu le fais. Pardon ! Ce n’est pas exactement ce que je voulais dire.

— Parce qu’il y a une autre façon de dire « je t’arrache les yeux » ? demanda Lucas, la voix moqueuse.

Cette voix était une invitation aux préliminaires. Il valait mieux que la sienne lui fasse le même effet, sinon la vie était vraiment injuste. Mais d’abord elle devait nourrir le mâle. Elle n’était pas prête à lui tomber toute crue dans les bras (mais peut-être que dans une heure …). Et, avant de passer à table, elle devait se débarrasser des … euh … preuves accablantes du combat qui avait fait rage dans la cuisine. Elle ouvrit la fenêtre et agita un torchon pour chasser le léger voile de fumée qui stagnait au milieu de la pièce. Pourquoi ne lui avait-on pas dit que c’était si difficile de griller des betteraves ? Toutes ces racines étaient bien capricieuses. Elle voulait leur redonner leurs lettres de noblesse, et voilà comment elle était remerciée. Des ingrates !

Rufus se promenait dans la cuisine, museau en l’air, reniflant l’odeur tenace des noix de Saint-Jacques, puis baissa la tête et s’éloigna sans insister. Ce n’était pas très bon signe. Elle devait camoufler toutes ces odeurs. Elle fit le tour de l’appartement à toute vitesse pour prendre toutes les bougies parfumées qu’elle avait.

Lucas frappa encore à la porte.

— Colleen ? Est-ce que tout va bien ?

— Ne me bouscule pas ! Je sais que tu es là ! C’est juste … Accorde-moi encore quelques secondes.

— Tu es sûre que tout va bien ?

— Oui ! Arrête de me poser cette question ! Tout va bien. Je me change, c’est tout.

Elle baissa les yeux sur son T-shirt au logo du pub, qui portait les traces de son incursion en cuisine, le pantalon de jogging qu’elle avait piqué à Connor, le mois dernier. Elle l’avait raccourci, et ce n’était pas très sexy. Il était effectivement temps de se changer.

La fumée finirait bien par se dissiper d’elle-même. Elle devait se préparer, se faire étourdissante. Elle retira vivement son T-shirt, trébucha sur Rufus.

— Désolée, mon gros bébé.

— Tu m’as dit quelque chose ? demanda Lucas derrière la porte.

Elle aurait parié qu’il était en train de rire.

— Tais-toi ! Attends-moi !

Le T-shirt s’accrocha à la barrette dans ses cheveux, elle tira dessus, grimaça sous la douleur, et dans la précipitation se cogna le genou, tituba et se prit la porte, qui claqua contre le mur.

— Colleen !

— J’ai dit que j’arrivais ! N’enlève pas tout de suite ton pantalon, l’Espagnol.

Sept minutes plus tard, elle était prête, très légèrement en sueur, mais sublime. Elle avait choisi une robe noire qui épousait ses formes, lâché ses cheveux (ils sentaient peut-être le mollusque carbonisé), qui tombaient souplement sur ses épaules, mis une touche de gloss sur ses lèvres, sans oublier ses longues boucles d’oreilles en argent. Elle était pieds nus. Elle s’était renversé de l’eau bouillante sur le pied et n’avait pu enfiler ses chaussures de traînée.

Oh, zut. Elle aurait eu besoin d’une sieste. Et probablement de la brigade des pompiers.

Non, non, Lucas était ici. Le seul et unique … l’amour de sa vie, etc., etc., et elle était très excitée. Cela aurait été parfait si elle avait eu le temps de prendre une douche. Elle ouvrit la porte.

— Salut, dit-elle, s’efforçant d’irradier la sensualité.

Sa voix avait pris des intonations plus rauques. Les effets de la fumée inhalée un peu plus tôt, sans doute. Cela faisait très femme fatale.

— Entre, je t’en prie.

Rufus se mit à vocaliser, entamant sa Sérénade du Visiteur.

Ah rah ! Ah rah ! Ah rooroo rah !

Lucas huma l’air, le nez plissé.

— C’est quoi, cette odeur ? On dirait que tu as fait brûler des plumes.

— J’ai la situation bien en main, la cuisine est sous contrôle. J’ai eu un très léger problème de cuisson … un début d’incendie. Mais rien de grave. Du vin ?

— On dirait bien que je vais en avoir besoin.

Il lui tendit un bouquet de roses jaunes.

— Merci …

Il s’était souvenu que c’étaient ses préférées.

Elle se sentit fondre.

— Waouh. Tout ça, dit-il en laissant courir son regard sur la cuisine. Tu as fait un dîner pour toute la Chine ?

— Tu veux manger ou pas ? demanda-t-elle.

Elle promena son regard sur la montagne d’assiettes, de casseroles, de saladiers, de spatules, de poêles, de cocottes, de fouets et de plaques à gâteaux qui s’entassaient dans l’évier et sur le plan de travail. Evidemment, si l’on regardait la cuisine à travers ses yeux, on pouvait se poser des questions. Elle s’attarda sur la batte de base-ball qui traînait au milieu de ce capharnaüm. Impossible de mettre la main sur son rouleau à pâtisserie.

— Tu as cuisiné pour combien de personnes, au juste ?

— Tu es le seul invité.

Elle se versa un verre de vin et le but, le remplit à nouveau et lui en servit un.

— Donc. Quoi de neuf ? Oh ! non, j’ai oublié mes betteraves récalcitrantes ! Va dans le salon, ne reste pas dans mes pattes. Pardon ! Je ne voulais pas le dire comme ça. Allez, vas-y, je suis en train de perdre la guerre, ici.

— Est-ce que tu as besoin d’aide ?

— Non ! Sors de cette cuisine. Va gratter le ventre de mon chien.

Il ne chercha pas à discuter et sortit, Rufus sur les talons. Colleen enfila une manique et retira les betteraves du four. Elles ressemblaient à des briquettes de charbon (faire monter la température à 200 °C n’avait peut-être pas été judicieux, mais elle payait cher sa prise de liberté). Le plat en Pyrex lui glissa des mains et cogna contre la porte du four, renversant la moitié des légumes carbonisés.

— Plus de peur que de mal ! cria-t-elle. Ne viens surtout pas ici.

Quand elle le rejoignit à table avec les entrées, quarante-cinq minutes plus tard, elle avait la pénible impression d’avoir combattu une bande de gorilles enragés.

— Betteraves avec fromage de chèvre et amandes grillées sur un lit de roquette, murmura-t-elle.

Elle n’avait plus très faim, après avoir passé ce qui lui paraissait être une éternité en cuisine. Le nez saturé d’odeurs, elle avait l’impression d’avoir déjà mangé. Peut-être se sentirait-elle mieux quand elle aurait quelque chose dans l’estomac.

Elle voulut trancher la betterave. Elle était dure, bien trop dure pour que l’on puisse planter sa fourchette dedans. Ça aurait dû être tendre. Elle avait pourtant enlevé les parties brûlées, et la couleur était rouge, comme indiqué dans la recette. Elle essaya encore. Non, rien à faire. En appuyant plus fort, peut-être ? Le couteau dérapa dans un bruit sec, et sa main cogna la table.

Lucas — le Prince des Ténèbres, version sardonique — haussa un sourcil.

Pourquoi pas une amande ? Inoffensif, les amandes. Sauf que celle-ci semblait être fossilisée. Sur le fromage de chèvre. Délicieux, lui. Un petit bout s’échappa de la fourchette et tomba pile dans son décolleté. Elle choisit de faire comme si de rien n’était.

Lucas sourit.

— Et comment s’est passée ta journée ? demanda-t-elle.

— Magnifique.

Il essaya de couper une betterave, renonça très vite et se replia sur la salade, une valeur sûre. Il mâcha, grimaça et prit une gorgée d’eau. OK, ce n’était pas la saison de la roquette et, oui, elle était amère. Qu’elle soit pendue haut et court pour ça !

— Comment va Paulina aujourd’hui ?

— Triste. Affamée.

Elle essaya une autre amande. Mince, la chose était aussi dure qu’un caillou. Heureusement, sa molaire n’avait pas craqué.

— Et Bryce ?

— Au chômage une fois encore.

— Oui, c’est ce que j’ai cru comprendre.

Des petits bruits secs leur parvinrent de la cuisine.

Bon sang, elle avait oublié les noix de Saint Jacques, qu’elle avait remises sur le feu pour les réchauffer. Elle les avait préparées trop tôt (disons deux heures trop tôt).

— Je reviens tout de suite.

Comment les noix de Saint-Jacques pouvaient-elles être à la fois carbonisées, élastiques et presque crues au coeur ? se demanda-t-elle en regardant son assiette. Quant à la purée de céleri et de pommes de terre, elle avait grosso modo la consistance de l’eau. Elle n’aurait peut-être pas dû les faire bouillir aussi longtemps, mais elle avait pensé rattraper le coup en accélérant les choses. Les carottes et les panais, ça allait — enfin, si l’on aimait cette texture caoutchouteuse en bouche.

Ah ! Elle avait peut-être trouvé une noix de Saint-Jacques qui était cuite.

Elle la mit dans sa bouche, grimaça en sentant le goût du charbon sur sa langue, le petit crissement caractéristique de grains de sable.

— C’est délicieux, dit Lucas. On peut toujours sortir manger des cheeseburgers plus tard.

Elle ferma les yeux en signe de défaite.

— D’accord, c’est un désastre.

— Je suis sensible à tous les efforts que tu as faits. Ça vaut bien un A. La prochaine fois, c’est moi qui cuisinerai pour toi.

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Extrait ajouté par Moridiin 2018-09-18T19:13:16+02:00

— C’est toi qui cuisines ou c’est lui ?

— C’est moi.

— Le pauvre !

— Hé, j’ai une idée … Est-ce que toi, tu ne cuisinerais pas pour nous ? Je pourrais passer prendre notre dîner vers 19 heures. Et hop, ni vu ni connu.

Il lui décocha un regard noir.

— Non, Colleen. Ne compte pas sur moi pour vous nourrir avant votre partie de jambes en l’air.

— On pourrait le prendre après, aussi !

— Tu me dégoûtes.

— Très bien. Je n’ai pas besoin de toi, de toute façon. Si on sait lire, on sait cuisiner. Pas besoin de sortir de l’Institut culinaire pour ça.

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Extrait ajouté par Moridiin 2018-09-18T19:10:30+02:00

— Paulina …

Colleen marqua une pause.

— Peut-être que Bryce ne te mérite pas. Est-ce que tu as pensé à ça ?

La jeune femme prit un mouchoir en papier et se moucha assez bruyamment pour que Rufus fasse un bond.

— Non. Parce que ce n’est pas le cas. Il est drôle et malin, gentil et généreux.

— Tu en es sûre ? Tu n’es pas juste en train de l’idéaliser ?

Elle s’en voulait de la faire douter et de lui ôter ses illusions sur Bryce, mais il avait été égal à lui-même — il draguait et couchait avec toute femme sexy, superficielle et consentante. Et Paulina n’entrait pas dans cette catégorie.

— Tu devrais le voir au refuge animal, Colleen. Il est si dévoué ! C’est un boulot difficile, vraiment ingrat, même, et pourtant il ne se décourage jamais ! Il parle aux chiens et, quand il le fait, il dit des choses du genre : « Tu mérites un endroit propre et confortable, n’est-ce pas, mon beau ? » Il a réussi à faire adopter de nombreux animaux depuis qu’il a commencé là-bas. Même des cas désespérés comme ce vieux boxer avec la dysplasie de la hanche, qui ne sent pas bon et qui mordait tout le monde. Lorena Iskin l’a pris avec elle, et le chien est méconnaissable.

— Je sais. C’est lui qui m’a « présenté » Rufus. Mais peut-être …

— Son problème, Colleen, c’est qu’il ne se sent pas à la hauteur. Quand il était enfant, il y avait Lucas, toujours parfait. Et puis il y a sa mère, qui ne l’aide pas à prendre son envol et qui lui fait croire qu’il n’est bon qu’à être le fils à sa maman. Son père a manqué d’autorité. Il ne l’a pas forcé à poursuivre l’université ou à trouver un boulot. Finalement, personne ne croit assez en lui. C’est pour ça qu’entre deux voies il prend toujours la plus facile.

Waouh.

— Excepté toi.

— Oui.

Ses yeux s’embuèrent à nouveau.

— Il n’a pas qu’une belle gueule aux yeux bleus, dit-elle en prenant une autre aile. Même si cela ne gâche rien, non plus.

Colleen inspira profondément.

— Tu sais quoi ? Ça ne va pas durer avec cette fille. Laisse faire les choses, et nous …

Paulina jeta l’os de poulet dans le seau.

— Non. J’arrête. Je me suis assez tournée en ridicule. Il me reste encore un minimum de fierté pour comprendre que ce n’est pas moi qu’il veut.

Ces mots l’atteignirent en plein coeur.

— Paulina, je t’en prie, n’abandonne pas.

— J’aurai essayé … Et je te remercie vraiment pour ton aide.

Son amie regarda le dessus-de-lit sans vraiment le voir (des petits poulets jaunes duveteux avec des fleurs roses dans leur bec, particulièrement adorables).

— On dirait qu’il se passe quelque chose entre Lucas et toi.

— Il n’y a rien entre nous, excepté un passé, lança Colleen.

— Ce n’est pas l’impression que ça donne.

— Eh bien, tu vois, si ça peut t’aider à te sentir mieux, je me prépare une nouvelle déconvenue sentimentale. Je le sais et j’y fonce pourtant tête baissée. C’est stupide.

— Oh ! pitié, dit Paulina en attrapant un autre morceau de poulet.

Le signal pour Rufus et Mme Tuggles, qui relevèrent le museau en même temps, lorgnant le morceau avec espoir.

— Ne sois pas bête, Colleen. Je donnerais cher pour qu’un homme s’anime en me voyant, comme Lucas quand il te voit ! Si c’était Bryce, alors ce serait le paradis ! Et toi tu as cet homme séduisant qui te plaît et qui te couve des yeux comme si tu étais nue et couverte de Krispy Kreme ! Les choses ne se sont pas passées comme tu l’aurais voulu la première fois ? Et alors quoi ?

Colleen en resta bouche bée.

— D’accord, chuchota-t-elle.

— Sors d’ici ! l’exhorta-t-elle, lui décochant la dernière flèche. Va mettre cet homme sens dessus dessous ! Si tu ne le fais pas pour toi, fais-le au moins pour toutes les filles qui comme moi vendraient leur corps en pièces détachées juste pour être embrassées par un type comme Lucas. Ou comme Bryce. Alors, vas-y et arrête de te cacher derrière des excuses bidon du style chagrin d’amour, parce que tu sais quoi ? Juste une fois, j’adorerais avoir le coeur brisé, plutôt que de pleurer sur une histoire sentimentale qui n’a pas existé.

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Extrait ajouté par Moridiin 2018-09-18T19:07:45+02:00

— Gerard ! C’est moi qui choisis mon accompagnant, n’est-ce pas ? La blessée a tous les droits ?

— C’est habituellement le parent le plus proche, répondit-il en se penchant sur elle. Combien font neuf fois sept ?

— Je ne sais pas. Je n’ai jamais su.

— Son QI se situe quelque part aux environs de la température ambiante, lâcha Connor.

— Toi, tu ne monteras pas dans l’ambulance non plus, pesta-t-elle.

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Extrait ajouté par Moridiin 2018-09-18T19:06:44+02:00

— Joli jeu, soeurette.

— Enfin quelqu’un qui m’apprécie. Est-ce que tu sais où est Rufus ?

— Il est là.

La tête hirsute de son chien surgit à ses côtés, et il se mit à la lécher frénétiquement. Elle lui gratta l’arrière des oreilles de sa main libre.

— C’est qui qui est un bon garçon ? C’est Rufus, c’est mon beau toutou ! Tu es un bon garçon ! Si, c’est toi !

— Tu es tombée comme une tranche de steak, s’exclama Connor. C’était plutôt drôle !

Et ça se disait adulte !

— Rigole bien, lui rétorqua-t-elle. Rien ne peut être plus drôle que la fois où tu t’es ouvert le scrotum, quand tu avais six ans.

Connor, Lucas et Ned eurent une grimace en simultané.

— Je reviens, lança Connor. J’ai entendu la clochette du vendeur de glaces.

— Rapporte-moi un Mr. Nutty.

Paulina se pencha au-dessus d’elle, le visage marqué par l’inquiétude.

— Oh ! Colleen, tu ne peux pas savoir combien je suis désolée ! Vraiment ! Est-ce que ça va ?

— Oh ! bien sûr. Très belle frappe, soit dit en passant. La prochaine fois, j’essaierai d’attraper la balle avec mon gant plutôt qu’avec ma tête.

Elle parvint à se libérer de la poigne de Lucas une fois de plus et tapota l’avant-bras de Paulina.

— Pas d’inquiétude.

— Hé, mon vieux, est-ce que tu peux me tenir ça ? demanda Ned en tendant la poche de glace à Lucas. Je vois une fille que j’aime bien. Sarah ! Hé ! Comment ça va ?

Celui-ci lui sourit, replaça la poche sur son front et repoussa une mèche de cheveux derrière son oreille.

— Tu es ravissante, dit-il.

Ses zones érogènes frétillèrent.

— Tu es un pervers.

— Ça se pourrait.

— Vous faites un si beau couple, tous les deux, s’enthousiasma Paulina.

C’est tellement romantique.

— Non, ça ne l’est pas, Paulina.

Elle ferma les yeux.

Ça l’était. Elle n’avait pas dû perdre conscience plus de cinq minutes, mais c’est le visage inquiet de Lucas, penché sur elle, qu’elle avait vu en premier en reprenant connaissance. Elle aurait pu jurer qu’il l’avait appelée Mía. Son coeur se gonflait quand il utilisait ce petit nom tendre.

Et puis ça changeait quoi, qu’il fût divorcé ? Il allait repartir, et elle serait bien avisée de s’en souvenir et de ne pas s’appesantir sur les sentiments agréables qu’il éveillait en elle.

— Où est mon enfant ?

Le parfum maternel Jean Naté, annonçant chaos et démesure, précéda l’apparition de sa mère, qui se fraya un chemin entre les gens.

— Mon bébé ! Mon pauvre bébé !

Colleen eut un haut-le-coeur, laissa échapper un soupir d’agonie.

— Salut, maman.

— Ma précieuse petite fille ! Oh ! Lucas, bonjour, mon chéri. Comme c’est gentil de ta part de veiller sur elle. Oh ! et, puisque je te vois, les nouvelles fenêtres que tu as posées sont fantastiques.

Elle reporta son attention sur sa fille.

— On part bientôt ? Je monte avec elle, annonça sa mère, des trémolos dans la voix. Je suis sa mère, quand même.

Son jumeau était revenu, en train de manger une glace Mr. Nutty.

— Où est la mienne ? demanda-t-elle.

— Je n’avais pas assez d’argent, dit-il en mordant dans son cornet. Salut, maman.

— Je vais à l’hôpital avec ta soeur. Est-ce que tu viens ?

— Connor, dis-lui que ce n’est pas la peine, siffla Colleen entre ses dents. Je te zigouille dans ton sommeil si tu ne parviens pas à la convaincre.

— Maman, dit patiemment Connor. Elle ne veut pas que tu y ailles. J’irai.

— Bien sûr que si, je vais y aller. Qu’on essaie de m’en empêcher ! Tu es ma fille. Ma priorité.

Sa mère balaya les environs du regard à la recherche de Pete, déterminée à remporter le prix du Parent inquiet (au cas où il y aurait compétition).

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Extrait ajouté par Moridiin 2018-09-18T02:03:25+02:00

— OK, je commence. Donc moi, c’est Colleen. En papillonnage permanent. Je suis venue avec ma mère pour me trouver un beau-père.

— Et vous, est-ce que vous cherchez l’amour ? demanda Debbie.

— Je ne peux pas dire ça, Deb.

— Son amour de jeunesse vient de revenir en ville, intervint sa mère. Il a rompu, il y a des années, et elle n’a jamais réussi à l’oublier. Elle cherche quelqu’un. Plutôt une « couverture » pour sauver les apparences … Je ne sais pas si c’est comme ça qu’on dit …

Voilà ! Juste quand elle ressentait des pensées affectueuses sur sa mère, celle-ci lui faisait ça.

— Waouh, je m’inscris en faux, bien sûr ! Merci, maman, de balancer sur ma vie personnelle …

— Et vous, Jeanette ? demanda Debbie.

— C’est ma fille qui m’a poussée à venir.

Elle balaya du regard les participants et reprit :

— Mon mari m’a quittée pour une greluche.

— Bienvenue au club, lança une femme qui devait bien avoir quatre-vingts ans au bas mot et jetait des petits regards à la Belle au bois dormant qui ronflait dans son fauteuil roulant. Le mien est parti avec une catin. Il disait que, si le nain dans Game of Thrones le faisait, alors pourquoi pas lui ?

— Je vois. Paulina ? enchaîna Debbie, imperturbable.

— Je, euh … Eh bien, il y a une certaine personne qui est … Il … Je ne …

Son visage se marbra de plaques violettes. Par mimétisme, peut-être, ou par compassion, Jeanette se mit dans le même temps à tirer sur son T-shirt, victime d’une bouffée de chaleur.

— C’est un cas de … disons d’amour à sens unique.

— Pour le moment, intervint Colleen, encourageant Paulina d’un sourire.

— Un jeune amour ! dit Droog. Kôm c’est merveilleux ! Hé, hé, hé !

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Extrait ajouté par Moridiin 2018-09-18T01:59:53+02:00

— Maman, on devrait déjà être parties ! cria Colleen au pied des escaliers. On va être en retard !

— C’est un plan diabolique, chuchota Connor.

— Ah bon ? Tu as une meilleure idée, peut-être, mon cher frère ?

— Tu pourrais t’immoler. Ce serait probablement plus productif.

Elle le dévisagea, les yeux étrécis.

— Ecoute, c’est la première fois que maman exprime l’envie de faire des rencontres. Regarde autour de toi, Connor. Elle a tout laissé en l’état depuis le départ de papa. Rien n’a bougé.

Elle reporta son attention vers les escaliers.

— Maman ! Cette maison est un vrai mausolée dédié à papa. Pour l’amour du ciel, fais quelque chose ! Tu devrais faire le vide et redécorer !

— Tu as raison, Colleen. Peut-être même que je vais y mettre le feu.

— Elle est sérieuse, là ? marmonna Connor, l’air perplexe.

— Je ne sais pas. Demande-lui, c’est toi, son chouchou.

— Maman, ne brûle pas la maison ! cria-t-il alors que cette dernière émergeait (enfin) de la salle de bains. Tu es superbe !

— Tu es prête, Colleen ?

— Depuis quarante minutes.

— Amusez-vous bien. Vous allez être les plus jolies, là-bas, lâcha Connor, assurant sa position de préféré.

— Merci, mon petit bouchon, dit sa mère, rayonnante.

— Tu sais ce qui serait formidable, petit bouchon ? s’exclama Colleen. C’est que tu nous accompagnes.

— Dans tes rêves.

— Et pourquoi pas ? Tu es célibataire ! lui fit remarquer sa mère. Je veux des petits-enfants. Ça urge.

— Pas question que je vienne. Vous êtes sûres qu’il s’agit d’un cours de dessin ? Ce ne serait pas plutôt une foire aux célibataires ?

— N’imagine rien.

Un cours de dessin avec et pour des célibataires. Elle aurait bien aimé y entraîner son jumeau, quitte à recourir à la ruse. Elle adorait ces événements censés faciliter les rencontres. Elle ne résistait pas ! C’était pour elle ce que la Gaule était pour Jules César. Veni, vidi, vici. Elle y allait, elle voyait, elle triomphait … Bon, sa recherche d’un papa gâteau n’avait pas encore porté ses fruits jusqu’à maintenant. La vérité, c’était qu’elle avait une tendresse particulière pour les hommes plus âgés et qu’elle aimait badiner avec eux, flatter leur ego. Elle était sociable et appréciait le contact humain, mais pour ce qui était d’une relation amoureuse sérieuse … Elle n’était pas sûre de chercher.

Sa mère se regarda dans le miroir, puis remonta sa bretelle de soutien-gorge avec un soupir.

— Si seulement ton père n’avait pas fait cette erreur de jugement …

— L’Egarement paternel, répéta Connor. Nous en sommes à sa dixième année de représentation.

— Connor Michael O’Rourke, tais-toi, lui lança sa mère. Tu ne sais pas parce que tu n’as pas encore connu l’amour et tu ne peux pas savoir combien c’est unique et merveilleux.

— Merveilleux ? Tu parles des cornes et des mensonges, reprit Connor.

— Eh bien, oui, il y a de ça. Personne n’est parfait.

— Et papa, encore moins.

— Je suis au courant des nombreux défauts de ton père, merci, Connor. Je l’aime toujours, c’est comme ça. S’il était revenu à la raison…

— Maman … ça fait dix ans que papa est avec Gail, intervint Colleen d’une voix atone. Ce qui représente un tiers de la vie de tes enfants. Tu ne crois pas qu’il est temps que tu penses à la tienne ? S’il te plaît …

— Si tu te figures que c’est facile, soupira-t-elle, au bord de l’agonie. Si tu préfères, je peux jouer à la première épouse stupide et vieillissante, jetée pour une garce. Je me mets à boire pour noyer mon chagrin et je deviens une alcoolique bouffie et amère. Ce serait mieux ?

Colleen échangea un regard avec son frère.

— Chiche ! lâcha-t-il.

Jeanette savait que son ex-mari ne quitterait pas la Grue. Et, s’il le faisait, ce serait pour une plus jeune, maintenant que Gail approchait de la quarantaine, et sûrement pas pour se remettre avec son ex-épouse … sauf que la midinette en elle refusait tout bonnement de l’admettre.

Colleen regarda sa montre.

— D’accord, papa est un type volage, et toi, maman, une martyre … Quant à nous, Connor et moi, on est des accidentés de la vie. Bon, on peut y aller, maintenant ? Allons te dégoter un nouvel homme à admirer, maman. Avec un peu de chance, ce sera un super beau-père, et il m’achètera le poney de mes rêves.

— Je veux des billets pour la saison des Yankees, ajouta Connor, entrant dans le jeu.

— Oh ! oui, moi aussi. Et mon poney. Un poney noir qui s’appellera Star Chaser. Et aussi le camping-car Rêverie de Barbie.

— Un baby-foot. Et des nouveaux crampons.

— Vous n’êtes que deux petits monstres matérialistes, renchérit Jeanette en pouffant. Comme si j’allais trouver quelqu’un. Personne, en tout cas, d’aussi séduisant que votre père — s’il y avait des hommes comme ça dans ces rencontres organisées, ils rechercheraient de toute façon des greluches comme la Gail.

Un nouveau regard dans le miroir. Un autre soupir d’agonie.

— Très bien. Allons-y. Je suppose que c’est toujours mieux que de rester à la maison et de frotter le sol de la salle de bains.

— Tu crois ? marmonna Connor.

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Extrait ajouté par Moridiin 2018-09-18T01:53:50+02:00

— Il a demandé le divorce ! Il a une maîtresse, et elle est enceinte !

— Gail ?

Enorme. Putain. D’erreur.

Il cligna des yeux, son visage se figea.

— Quoi ? Tu connais son nom ?

Il inspira. Le mal était fait — le temps de sortir la tête du sable.

— Je les ai vus à l’aéroport il y a deux mois. Il … euh … Il me l’a présentée.

Bernard grimaça, puis s’éloigna pour trouver refuge près des ascenseurs, à une distance de sécurité raisonnable, qui lui permettait néanmoins de garder un oeil et une oreille sur la scène.

— Tu étais au courant ? balbutia-t-elle en s’écartant d’un pas, le visage soudain vidé de toute expression.

Merde.

— Oui.

Elle ferma la bouche. La rouvrit. La referma à nouveau.

— Tu as vu mon père avec cette femme, et tu n’as jugé bon à aucun moment de m’en parler ?

Sa voix blanche et tendue résonna à travers le vestibule immense et désert.

— Je n’ai pas su comment te le dire.

— Alors tu as choisi de ne rien dire ? Tu m’as laissée vanter les mérites de mon père encore et encore, dire que c’était le meilleur des hommes, et toi tu savais pendant tout ce temps qu’il s’envoyait en l’air avec une autre femme ? Tu as bien dû te foutre de moi.

— Colleen …

— C’était quoi ? De la solidarité entre mecs ? « Un clin d’oeil, une tape dans le dos, on se comprend » ? Tu ne t’es pas dit que je voudrais savoir ?

Que j’avais besoin de savoir ?

— D’accord, écoute. J’aurais dû dire quelque chose … Je ne l’ai pas fait. Je suis désolé.

— Oh ! Tu es désolé. Ça me fait une belle jambe. Tu me mens depuis …

Elle s’interrompit, le dévisagea.

— Depuis combien de temps, au fait ? Depuis combien de temps est-ce que tu sais ? Précisément, Lucas.

Il grimaça.

— Depuis février.

— Février ? cria-t-elle, sa voix montant dans les aigus.

Toujours positionné près des ascenseurs, Bernard ne perdait pas une miette de la scène. Il haussa les épaules, semblant dire : « Mon vieux, je ne demande pas mieux que de t’aider, mais tu es vraiment dans la merde jusqu’au cou. Bon courage ! »

— Colleen, il faut que tu te calmes.

La chose à ne pas dire…

— Que je me … Waouh. Waouh, Lucas. Deux mois ! Tu es au courant de la liaison de mon père depuis deux mois ! Et à aucun moment tu ne t’es dit que c’était une information capitale pour moi ? Si je l’avais su assez tôt, j’aurais pu parler à mon père et peut-être réussir à le convaincre de mettre fin à cette liaison. Il se serait rendu compte de son erreur, et sa maîtresse n’attendrait pas, en ce moment même, de bébé … Non ? Ça ne t’a pas traversé l’esprit ?

— Colleen, écoute-moi …

— J’aurais adoré t’écouter, il y a quelques mois, le coupa-t-elle.

Maintenant, je n’en dirais pas autant.

Il inspira.

— Comprends-moi … Je sais combien tu l’adores. Je savais le mal que cela te ferait et comment tu réagirais. Et c’est exactement ce qui arrive. Tu perds toute mesure. Tu deviens hystérique.

Oh, bon sang, venait-il vraiment de dire « hystérique » ? Le dernier truc à dire. Il ravala une grimace, essaya de lui prendre la main, mais elle le repoussa et s’écarta. Elle croisa les bras, tourna la tête vers la vitre, la mâchoire serrée.

— Je rentre chez moi. Ne m’appelle pas.

— Colleen, je ne voulais pas …

C’était le moment où il devait la retenir, s’excuser, la supplier de lui pardonner.

— Au cas où ce ne serait pas assez clair, nous deux, c’est fini.

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