Extraits

- Alexandra, fille du Malin, ton heure est venue, accepte ta défaite avec dignité.

Sa voix est magnifique comme tout le reste de sa personne, chantante et elle aussi, de sexe indéterminé.

- J'ai plus de dignité, tranche-moi la tête qu'on en finisse, je crache avant qu'une quinte de toux m'oblige à baisser la tête et à m'entailler un peu plus sur la lame.

- Alexandre, fille du Malin...

- Bon écoute... euh... machin de la grâce divine, je le coupe soudain très fatigué, tu veux me tuer ? Vas-y. Y a rien pour t'en empêcher. on est dans le désert, je sors de trois jours de torture intensive, mon mec se vide de son sang sous mes mains... Fais-toi plaisir. Et tu diras à Jo qu'il peut se la mettre là où je pense. Ni Dieu... (une autre quinte de toux interrompt ma tirade) ni Maître.

Ça aurait mieux rendu si je ne m'étais pas étouffée en plein milieu mais tant pis.

C'est quoi le plan maintenant?

Manger des TUC jusqu'à ce que mort s'ensuive?

J'emmerde l'apocalypse.

...Tu es ce qui m'est arrivé de mieux dans toute ma vie. Et je t'aime depuis que j'ai posé les yeux sur toi la première fois. Je déchoirais mille fois pour toi si tu en avais besoin.

S'il est entrain de jouer à Candy Crush, je jure que je vais lui éclater la tête.

-Et moi, poursuit-il comme si je n'avais rien dit, j'ai juré de te protéger. Quoi qu'il arrive. Je savais que ce ne serait pas une promenade de santé.

-Tu n'imaginais sûrement pas que tu serais démis de tes fonctions de général.

Son sourire s'élargit. Pur, chaud, rassurant.

-C'est vrai, je l'ignorais, dit-il. Demande-moi si j'aurais fait les choses autrement si j'avais su.

-Tu aurais fait les choses autrement ? je demande faiblement, terrifiée par la réponse.

Il me regarde droit dans les yeux, avec intensité, la flamme de colère toujours au fond de son regard, pose les deux mains sur mon visage.

-Non, articule-t-il fermement.

-Mais tu...

-Non, Sascha. Tu es ce qui m'est arrivé de mieux dans toute ma vie. Et je t'aime depuis que j'ai posé les yeux sur toi pour la première fois. Je déchoirais mille fois pour toi si tu en avais besoin.

-Tu me vois ? je demande.

-Euh... oui, répondit-il, un sourcil arqué comme si j'était devenue folle;

-Non,je veux dire vraiment ? Raphael était capable de me voir quand...

Je ne termine pas ma phrase, me rendant soudain compte de ce que j'allais lui dire.

-Quand...? insiste-il, de nouveau en souriant.

Je me mord la lèvre, mal à l'aise à l'idée de lui raconter cet épisode. Mais inutile, je vois les rouages fonctionner dans son cerveau.

-Tu as échangé de corps avec Raphael ?

Je détourne le regard.

-Tu as échangé de corps avec Raphael la première fois que vous avez couché ensemble ! s'exclame-t-il, rieur.

-Ce n'est pas drôle.

Il hausse les épaules.

-ça peut être amusant...

Je regarde l'ange dans les yeux.

Je ne ferai pas ce que tu me demandes. Je ne t'obéirai pas. Même si la seule chose que ça m'apporte c'est de mourir à genoux plutôt que debout.

J'emmerde ta dignité. J'emmerde ton besoin de te faire mousser à annoncer là-haut que tu as été celui qui a porté le coup fatal à "Alexandra, fille du Malin".

J'étais déjà morte avant que tu arrives, connard !

Bordel, même en matière de suicide je suis une brêle.

Il a pensé que, potentiellement, je pourrais tenter de me défendre. Il a beaucoup trop foi en moi.