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« Tout ça se dégageait des corps et des esprits.(…) c’est ainsi qu’il voyait le monde. Tel un immense chaos sombre. Au milieu de ce désastre, dans le fond, il ne se trouvait pas si mal. »
Afficher en entier« Il se dit qu’au fond il était comme les cafards qui pouvaient survivre plusieurs semaines après leur décapitation. Voilà ce qu’il avait été dans ce monde : un sale cafard qui avait trop longtemps vécu amputé. Ses élucubrations s’interrompirent quand, sur sa tempe gauche, juste au-dessus de sa veine palpitante, se posa fermement le bout d’un canon. »
Afficher en entier« Dans le fond, pensait-elle, les méthodes scientifiques avaient beau prendre une part de plus en plus déterminante dans la résolution des enquêtes policières, on pouvait toujours compter sur un voisin loquace un peu jaloux ou une ex-épouse éconduite. L’humanité était ainsi. Les vieilles rancunes ne restaient jamais longtemps secrète. »
Afficher en entier« Mon ami, la vérité vraie est toujours invraisemblable, savez-vous cela ? Pour rendre la vérité vraisemblable, il faut absolument l’additionner de mensonge. »
F. Dostoïevski.
Afficher en entierMarchand
Les phares d’une voiture de patrouille luttaient contre l’obscurité, nimbant la route d’une lueur blafarde. Les brigadiers Marchand et Fèvre effectuaient leur ronde, à moitié somnolants, bercés par le ronronnement rassurant du moteur qui anesthésiait peu à peu leurs cerveaux. Une coupure d’électricité rendait une partie de Versailles temporairement aveugle, tandis qu’un épais brouillard se posait comme une vitre opaque devant leurs yeux.
La voiture avançait au pas.
— On n’y voit vraiment rien, cette nuit, soupira Marchand.
— Y a pas un chat. Comme ça, au moins, on est tranquilles.
Fèvre servit une tasse du café que sa Thermos avait maintenu au chaud et la désigna à son collègue occupé à conduire.
— T’en veux ?
— Ouais, pourquoi pas. Merci.
Au croisement de l’avenue du Maréchal-Juin et de l’avenue Clément-Ader, Marchand tourna légèrement le volant sur la gauche tout en saisissant la tasse de sa main droite. Une seconde, peut-être deux, d’inattention suffirent. Soudain, un violent impact produisit un fracas qui les stoppa net.
Fèvre affichait de grands yeux paniqués.
— C’était quoi, ça ?
— Je sais pas !
Marchand, qui connaissait le secteur par cœur, imaginait les immenses arbres touffus de part et d’autre de la voie. Sans doute avait-il percuté un gros animal, un cerf, peut-être… Ils ouvrirent leurs portières et s’accordèrent un instant pour écouter les bruits nocturnes. Rien. Un silence lourd écrasait tout.
— Il faut qu’on aille voir, décréta Marchand, un pied déjà dehors.
— Sûr que c’est un sanglier. II a dû nous péter le pare-chocs, râla son collègue en s’extirpant de la voiture.
Une lampe torche à la main, le conducteur approcha de l’avant du véhicule. Une masse claire gisait sur la chaussée. Il se baissa, fébrile, le faisceau lumineux orienté dans sa direction, et découvrit le corps d’une femme, étendue sur le flanc, simplement vêtue d’une chemise de nuit rose. Malgré le froid, ses pieds étaient nus.
Fèvre, sidéré, se figea.
— Oh, non ! Oh, merde !
— Je crois qu’elle respire… Lance un appel radio, lui ordonna son partenaire.
Source : kobo.com
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