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– Reynosa, ce n’est pas à côté. Je ne sais pas si j’en suis capable. Et puis, mon mari…
– Vous le ferez. Vous réussirez. Ensuite, vous retrouverez notre bon Diego, entier, me coupe-t-il. Le message est clair. Je n’ai pas le choix. Je regarde Lobo, dont le sourire ressemble de plus en plus à celui de Tony, lorsqu’il relève ses babines de doberman. Puis, mon regard se tourne vers la seule issue de la pièce, la porte. Mais, quand bien même je voudrais fuir, Lobo me rattraperait avant que je n’atteigne la sortie. Mon heure est semble-t-il venue. Je dois obéir ou mourir. Obéir pour sauver Nathan. Obéir, au risque d’être prise pour une trafiquante de drogue par des flics qui n’hésiteront pas à tirer. C’est ça ou griller ma couverture. Ai-je vraiment le choix ? Non. C’est à un coup de poker que je vais devoir me livrer ce soir. Vivre ou mourir…
Afficher en entierIl est temps que cette mission d’infiltration se termine. Valdez devient de plus en plus insistant. Je ne sais pas comment j’ai fait pour me contrôler tout à l’heure, lorsqu’il m’a mis la main au cul, mais je ne peux pas en vouloir à Nathan d’avoir eu cette réaction. Quand Valdez l’a interpellé, j’ai eu la peur de ma vie. Un instant, je nous ai vus obligés de faire foirer l’opération, en dévoilant notre identité de flics, pour empêcher Valdez de le faire tuer.
Laisser Nathan aller chercher Stella chez son amie n’a pas été une décision facile à prendre, surtout après ce qu’il venait de se passer. Néanmoins, c’était la meilleure chose à faire. Cela valait mieux pour la sécurité de Nathan. Il n’aurait pas pu me convaincre du contraire et il le sait. Stella n’aura qu’à bien s’accrocher, la voiture va fuser. L’avantage, c’est qu’après ça elle n’acceptera plus de monter en voiture avec son jardinier. De toute manière, elle n’en aura plus l’occasion avant longtemps. Dans quelques heures, tout va s’arrêter pour elle aussi. Finie la grande vie sur le dos des junkies. Lobo et sa bande d’abrutis vont se faire intercepter lors de l’échange avec Demonio. Valdez sera arrêté dans la foulée. On se reverra au procès, les gars.
Afficher en entierL’un comme l’autre, on sait très bien que Valdez m’envoie chercher sa bimbo parce que j’ai réagi lorsqu’il a tripoté Cecilia. Il cherche juste à m’éloigner pour mieux la coincer ou pour me punir. Quoi qu’il ait en tête, c’est mauvais. Il est hors de question que je quitte cette baraque.
Cecilia prend mes mains dans les siennes et cherche à accrocher mon regard. Pour la première fois depuis notre infiltration, elle semble sûre d’elle, déterminée, convaincue de son choix, presque apaisée.
– Je sais que tu n’as pas l’habitude de conduire et que tu n’es pas rassuré mais tout va bien se passer, doudou. Je te le promets.
– Sweetie, je t’ai juré de…
– Fais-moi confiance. S’il te plaît, me coupe-t-elle, suppliante. Tout ira bien.
Elle m’étreint de toutes ses forces avant que je n’aie le temps de lui répondre. Au loin, les talons de Blanche, que l’on reconnaît à sa démarche rapide, claquent sur le carrelage. Cécilia effleure ma barbe naissante puis presse ses lèvres sur les miennes dans un au revoir plein de promesses. Elle part sans se retourner et je devine que Blanche et elle échangent un clin d’œil complice lorsqu’elles se croisent. La jeune Française glousse encore lorsqu’elle arrive à ma hauteur. Elle me tend un papier avec l’adresse où récupérer Stella. Et moi, comme un con, je garde les yeux rivés sur Cecilia jusqu’à ce qu’elle quitte définitivement mon champ de vision. Pourquoi mes tripes réagissent-elles comme si je n’allais jamais la revoir ?
Afficher en entier– Flores, hurle au loin Valdez, qui s’avance d’un pas rapide dans notre direction, Lobo sur les talons.
– M. Valdez, répondons-nous en chœur, pour le saluer.
– Je ne vous paie pas pour lécher la poire à ma cuisinière, crache-t-il à mon intention.
– Je souhaitais une bonne journée à ma femme, monsieur, le reprends-je poliment.
Ouais, « ma » femme, connard ! Et, si tu t’avises de la toucher…
– Que puis-je faire pour vous, M. Valdez ? lance poliment Cecilia.
– Tellement de choses, que vous n’oseriez l’imaginer, lâche Valdez, avec un clin d’œil qui me fait grincer des dents. Mais, pour l’heure, cela concerne mes chiens…
Son regard pervers me met dans une rage presque incontrôlable. Je serre les mâchoires aussi fort que mon poing contre ma cuisse. Mon autre main, plaquée au creux des reins de Cecilia, se raffermit, possessive. Valdez ne s’en aperçoit pas et m’ignore totalement. Mais Lobo, lui, se réjouit de me voir en rogne.
Afficher en entierÉpuisée, Cecilia s’est endormie dans mes bras. Il était inconcevable pour moi de la laisser. Mon corps se refusait à la lâcher. Appuyé sur un coude, le crâne reposant dans ma main, j’admire la femme qu’elle est. Sa peau satinée, que mes doigts ont hâte de retrouver, ses cheveux soyeux éparpillés sur l’oreiller, son épaule que je résiste à l’envie de mordiller, ses seins contre mon torse. Tout en elle est parfait.
C’est la troisième fois qu’on couche ensemble et c’est comme si c’était la première. Plus fort, plus puissant encore. Je ne peux me résoudre à l’imaginer dans les bras d’un autre. Rien qu’à l’idée, je deviens fou. Il y a eu ce type, Juan, son grand amour. Celui qu’elle a perdu il y a quelques années. La plaie n’est plus à vif mais la cicatrisation est encore récente.
ll a eu de la chance d’être aimé d’une femme comme elle.
Afficher en entierNous avons passé la première partie de la soirée à discuter et la seconde à faire l’amour, infatigablement. Cette nuit a duré une éternité, une seconde. À la fois longue et courte, le temps d’assouvir notre soif l’un de l’autre. Elle aurait pu durer toujours que nous ne nous en serions pas lassé.
Afficher en entierJ’ai pris la manie de tirer sur ma jupe chaque fois que personne ne me voit. Une sorte de réflexe, qui se déclenche dès que je suis seule : tendre l’oreille, laisser traîner un œil, ouvrir portes et tiroirs, rester sur le qui-vive et tenter en vain de rendre plus long ce maudit uniforme de soubrette.
Pourtant, je sais pertinemment que ça ne le fera pas rallonger, mais c’est plus fort que moi. J’en ai besoin. Pour me rassurer. Surtout maintenant que…
Nathan !
Je laisse échapper un soupir tandis que mes yeux fermés m’offrent la vision d’un corps sculptural à la peau dorée. Celui de Nathan. Je lui en veux de m’avoir menti. Sa trahison me reste en travers de la gorge mais je me refuse à trop le lui montrer parce que je suis parfaitement consciente d’être la personne la moins bien placée pour faire payer un mensonge à qui que ce soit. Ma vie de Cecilia Valente est basée sur une imposture. Mais ce que me fait ressentir Nathan lorsqu’il me prend corps et âme, que je sois Cecilia, Maria ou Paloma, est si réel, si intense et profond que le reste n’a plus d’importance. Il peut bien devenir le Baron Samedi, se transformer en Nathan puis laisser place à Diego, je m’abandonne à lui quoiqu’il arrive.
Pour la première fois depuis que j’ai perdu mes parents, je suis moi. Juste moi. Et, ce sentiment, je vais le savourer petit morceau par petit morceau, comme on déguste un macaron français de chez Ladurée. Je n’en ai jamais vraiment goûté mais j’ai honteusement laissé fondre sur ma langue les quelques miettes sucrées qui traînaient au fond de la boîte en carton l’autre jour. Désormais, j’en ai l’eau à la bouche. Et, j’avoue qu’il n’est pas impossible que j’en subtilise un tout entier lors de la prochaine livraison de pâtisseries en provenance de Miami. Il ne faut pas se demander d’où me viennent mes courbes pulpeuses.
– … au coin, là, à gauche, glousse une voix féminine.
Mes paupières s’ouvrent, agitées par l’agressivité des néons de la cuisine.
– Hein ? Quoi ? balbutié-je, désorientée.
– Je ne sais pas à quoi tu rêvasses, Paloma, mais on va bientôt voir un filet de bave couler au coin de ta bouche, répète Blanche, amusée.
Avant même que mes yeux ne se soient adaptés à la luminosité, j’ai reconnu, à sa voix, la jeune femme de ménage de la propriété. Instinctivement, j’essuie ma bouche d’un revers de la main. Bien sûr, il n’y a rien et elle se moque de moi de plus belle.
– Excuse-moi de t’avoir interrompue mais je crois que le patron t’attend. Il vaut mieux ne pas le faire patienter, m’avertit-elle gentiment.
– Tu as raison. Je m’y remets immédiatement.
Blanche est vraiment une chouette fille. Il est difficile d’imaginer une personne aussi pure dans un monde aussi sale. Un monde que j’ai connu. Avant. Il y a longtemps. Un monde dans lequel je replonge la tête la première.
J’attrape un verre dans le placard pour le déposer sur le plateau, près de la bouteille de soda. J’y glisse quelques gros glaçons afin de m’assurer que la boisson de Valdez est suffisamment fraîche à son goût puis je me détourne pour m’emparer du couteau posé sur le plan de travail.
– Je peux te demander à quoi tu pensais comme ça, si ce n’est pas trop indiscret, ose-t-elle.
– Aux macarons, me hasardé-je, après un temps d’arrêt.
– Aux macarons ? Sérieusement ? Tu te mets dans un état pareil pour des macarons ?
Pas vraiment, c’est plutôt Nathan qui me rend dingue au point que j’en perds ma concentration pendant le service.
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