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- Je ne suis pas le partenaire idéal pour vous, semble-t-il. Du moins selon vos standards, fit remarquer Hunt d'un ton neutre.

A priori, il aurait été heureux de suivre ce cours en solo. En revanche, l'idée d'être ainsi rejeté lui déplaisait souverainement.

La jeune femme se tourna vers lui, l'air vaguement contrarié.

- Ne le prenez pas mal,dit-elle. Cela n'a rien à voir avec vous. J'ai tendance à éviter la gente masculine en ce moment, figurez-vous.

- Vous avez quelque chose contre les hommes?

Elle haussa les épaules.

- En théorie, non. En pratique c'est une autre affaire.

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** Extrait offert par Tracy Kelleher **

1

Mai…

— Tu ne peux pas savoir ce que je suis contente, Sarah ! Ce merveilleux événement nous ferait presque oublier ta période new-yorkaise, à ton père et à moi. Je…

Penny Halverson s’interrompit brutalement et prit un air contrit.

— Pardonne-moi ma chérie, reprit-elle. J’avais promis de ne pas reparler de ce malencontreux épisode. Seulement… ce mariage à la chapelle de l’université de Grantham, c’est… c’est tout simplement merveilleux ! Mon rêve devenu réalité. Tu te rends compte ? Qu’un membre de notre famille se marie dans un endroit pareil ? C’est fabuleux ! Inespéré, même !

Elle se tamponna le coin de l’œil avec le mouchoir en coton qu’elle avait glissé dans sa valise avant de quitter Minneapolis pour Grantham, dans le New Jersey.

La petite sacristie de l’église, avec ses fenêtres à meneaux et ses boiseries sculptées, donnait une bonne idée de la grandeur gothique de la chapelle de cette université de l’Ivy League. Pourtant, si le visage de Penny avait pris cette teinte rosée, cela n’avait rien à voir avec le soleil qui dardait ses rayons à travers les vitraux.

Non. Penny Halverson était flattée dans son orgueil de mère, tout simplement.

Il faisait exceptionnellement chaud, en ce début du mois de mai. De l’autre côté de la porte ouverte, les tulipes multicolores plantées en bordure du gazon retombaient piteusement. De véritables miraculées, ces fleurs qui avaient réussi à échapper à l’appétit des cerfs, particulièrement nombreux dans la contrée. Une marque de respect du royaume animal envers ce lieu d’érudition ? Si c’était le cas, cette belle déférence avait été vaine : les tulipes Rembrandt avaient été vaincues par les excentricités du baromètre.

— Je sais, j’ai promis, répéta Penny. Pourtant, je ne peux pas m’empêcher de… de…

Elle eut une petite moue boudeuse, puis fronça les sourcils, en un mélange de remords et de fierté.

— Tu comprends, c’est une telle revanche sur l’humiliation que tu nous as fait subir, à ton père et à moi en… en…

— En me mettant en concubinage avec Earl ? C’est ce que tu essaies de me dire, maman ? lui suggéra Sarah, se redressant pour s’assurer de la droiture du décolleté de sa robe sans bretelles.

Le corset était un tout petit peu trop serré à son goût. Mais il était trop tard pour y remédier.

— Je sais que vous n’étiez pas d’accord, papa et toi, et je suis désolée de vous avoir causé autant de peine. Cela dit, je n’ai rien fait de criminel, tu sais, répondit-elle, tirant sur le fourreau et se tortillant pour harmoniser l’ensemble. A quelques exceptions près, tout le monde vit ou a vécu dans le péché, à un moment ou à un autre.

Ce n’était pas tout à fait vrai, songea-t-elle aussitôt. Ses deux meilleures amies, par exemple, avaient suivi un parcours bien différent. Katarina, revenue à Grantham pour se remettre d’une fusillade, y avait trouvé l’homme de sa vie en la personne de Ben Brown, un génie de la finance qui, sous ses dehors irascibles, n’aurait pas fait de mal à une mouche. Elle l’avait épousé et depuis filait le parfait amour avec lui. Ben étant le père d’un garçon d’une quinzaine d’années, Katarina avait donc endossé du même coup le rôle de belle-mère et celui d’entrepreneur en se lançant dans le conseil aux retraités, que ce soit sur le plan financier ou sur la manière d’aménager leur vie.

Son autre amie, Julie, était gynécologue et trop captivée par son métier pour envisager un seul instant d’entretenir une relation durable avec quiconque. Du moins c’était ce qu’elle prétendait. En réalité, elle était un peu trop grande pour la plupart des hommes. Trop… trop franche aussi. « Je ne suis pas agressive, expliquait-elle volontiers, après deux ou trois Budweiser. Je dis ce que j’ai sur le cœur, c’est tout ! »

Julie ne cachait pas son dédain pour les nouvelles bières locales — et accessoirement hors de prix — qu’elle qualifiait de « boisson branchouille pour les petits joueurs ». Un bel exemple de la manière dont elle pouvait s’attirer les animosités. Car malgré l’affection qu’elle lui portait, Sarah ne pouvait que se sentir blessée, lorsque son amie raillait ainsi. Après tout, Zach, son fiancé pour une petite heure encore, se considérait expert en matière de bières haut de gamme. Il ne manquait jamais une occasion de lui énumérer par le menu les mérites de telle ou telle brasserie. Une manière comme une autre d’« élargir les horizons de sa future épouse », selon lui.

Bien qu’elle meure d’envie de titiller sa mère, Sarah devait reconnaître que Earl avait été un véritable parasite. A une époque de sa vie où elle manquait encore d’expérience, elle avait vu en lui un rebelle, un talent incompris qui devait échapper au carcan étriqué de sa petite ville du Minnesota pour percer et devenir une star du rock & roll.

Elle s’était trompée. Earl n’était pas rebelle, il était paresseux. Un fainéant congénital, incapable d’effectuer le moindre travail, même musical. Pour tout arranger, Sarah avait rapidement découvert que, pour lui, les fameux carcans incluaient toute relation monogame.

Zach en revanche semblait doté des qualités essentielles. Il était professeur de yoga, et particulièrement doué, si on en jugeait par le nombre et la ferveur de ses élèves. Après avoir fait fleurir et fructifier le cours de son employeur, il s’était courageusement lancé dans l’aventure, six mois auparavant, en fondant le Centre de Yoga et de Bien-être de Grantham. Bien que parfaitement conscient des risques qu’il prenait, en cette période de crise économique, il avait monté un projet solide et s’était attaché à réaliser son rêve. Fidèle à sa démarche, il s’était associé à un nutritionniste, et leurs efforts conjugués avaient fini par payer.

Dès que les finances de la petite entreprise avaient été stables, il avait demandé Sarah en mariage.

Elle avait accepté, non par enthousiasme — deux mois de vie commune avec Earl avaient suffi à lui faire perdre toute capacité à s’enthousiasmer pour qui que ce soit — mais parce qu’elle avait enfin trouvé une forme d’équilibre. Une certaine satisfaction aussi.

Et qu’elle n’en demandait pas davantage.

De plus, Zach était un bon citoyen, un membre à part entière de la petite communauté de Grantham. Il entraînait l’équipe de football junior, assistait aux réunions d’information proposées par le conseil municipal. Et puis il était fidèle, lui au moins. Aucune des nombreuses femmes en tenue de sport plus ou moins moulante qu’il côtoyait quotidiennement ne semblait l’intéresser un tant soit peu.

Aussi pouvait-il lui faire des cours, même interminables, sur les brasseries de la côte Est. Elle était toute disposée à l’écouter et lui donner un peu de son temps.

A propos de temps… Elle baissa les yeux vers son poignet gauche et réprima une grimace. Il fallait vraiment être névrosée pour porter une montre en une occasion pareille. Pourtant, elle n’avait pas pu s’en empêcher. Elle était devenue comme ça, obnubilée par l’heure. Et puis… il s’agissait de la Longines de sa grand-mère, une petite merveille en soi, et en la portant aujourd’hui, elle obéissait à la coutume selon laquelle on se devait de porter quelque chose d’ancien le jour de ses noces.

Lorsqu’elle eut terminé d’ajuster sa robe, elle pivota sur elle-même.

— Maman ? Si tu te contentais de me dire que tu es heureuse d’être auprès de moi, en ce jour inoubliable ?

— Si tu veux, ma chérie, répondit sa mère en s’essuyant de nouveau les yeux. C’est vrai, d’ailleurs : je suis ravie. Malgré tout, je dois te prévenir.

Sarah attendit la suite en se mordillant la lèvre inférieure.

— Ton père a l’intention de faire état de ton retour dans le droit chemin. Pendant son discours, je veux dire.

Sarah réprima un gémissement et pressa une main contre son diaphragme, dans l’espoir de se débarrasser de la gêne qui y était installée depuis quelques semaines.

— J’imagine qu’il serait inutile d’essayer de l’en dissuader…, marmonna-t-elle.

L’expression dubitative de sa mère la renforça dans sa conviction.

— C’est bien ce que je pensais, laissa-t-elle échapper dans un soupir. Tant pis. J’ai survécu à pire !

De nouveau, elle consulta sa montre.

— Ce n’est pas le tout, seulement si on veut qu’il le fasse, son discours, je ferais bien d’aller appeler le marié. Il n’a jamais l’heure. C’est peut-être pour cela qu’il tient tant à moi, d’ailleurs, conclut-elle d’un ton léger en agitant son poignet orné de sa montre.

Elle remontait le bas de sa robe et s’avançait vers la porte lorsque sa mère l’interrompit :

— Pourquoi ne lui envoies-tu pas ton père ? Il est dans la cour, en train d’essayer d’écouter la retransmission du match sur le vieux transistor que je lui ai offert pour nos dix ans de mariage. Une vraie relique, ce poste, et pourtant, il y tient comme à la prunelle de ses yeux. A l’entendre, il marche à la perfection. Tu aurais vu la tête du policier, à l’aéroport !

— Je ne me risquerais pas à déranger papa pendant la retransmission d’un match de base-ball, répliqua Sarah, s’engouffrant dans l’étroit passage.

Ses ballerines de satin ne faisaient aucun bruit sur le sol en pierre. Par égard pour Zach, qui vivait assez mal le fait d’être plus petit qu’elle, elle avait définitivement renoncé aux talons hauts. Et comme, même lorsqu’elle était pieds nus, elle dépassait toujours son fiancé de quelques centimètres, elle avait pris la fâcheuse habitude de se tasser sur elle-même. Un comble, pour la physiothérapeute qu’elle était. Toutefois, ce n’était qu’une concession mineure à laquelle elle avait décidé de se plier. Elle se tiendrait droite au travail et se voûterait chez elle, voilà tout ! Il y avait pire, dans la vie.

Elle tendit la main et frappa à la porte du bureau du sacristain. Zach avait pour habitude de méditer avant toute situation potentiellement stressante, et elle ne voulait pas l’interrompre en pleine extase zen.

Comme elle n’obtenait pas de réponse, elle frappa une deuxième fois.

Sa mère, qui lui avait emboîté le pas, se haussa sur la pointe des pieds pour lui souffler à l’oreille :

— Le marié ne doit pas voir sa future épouse avant l’heure dite, cela porte malheur.

— Ne raconte pas de bêtises, maman. Ce ne sont que des superstitions de bonne femme. Zach ? Tu es prêt ?

Un bruit étouffé lui parvint. Un peu comme si Zach venait de s’étouffer avec une pastille contre la toux.

Puis le bruit s’intensifia. « Etrange », songea Sarah en fronçant les sourcils. Cela n’avait rien à voir avec une toux quelconque. Qu’est-ce que…

Elle devait en avoir le cœur net. Aussi posa-t-elle fermement la main sur la poignée avant d’entrer…

… et de se figer sur place.

— Sarah ? Zach a un souci ? lui demanda sa mère d’une voix incertaine.

Sarah se retourna vivement pour lui épargner le spectacle auquel elle venait d’assister, et referma la porte.

Après s’être humidifié les lèvres à plusieurs reprises, elle balbutia, d’une voix blanche :

— Je… je crois qu’il vaudrait mieux que je lui parle seule, si tu veux bien.

De l’autre côté de la porte de bois, les meubles s’étaient mis à craquer.

— Tu plaisantes, j’espère ? Je suis la mère de la mariée. Si l’une de nous deux est habilitée à parler à ton futur époux, c’est bien moi. C’est la tradition, Sarah. Et si nos traditions te semblent d’un autre âge, pour ma part, je continue à les respecter. Alors, si tu le permets, je vais jouer mon rôle de mère.

Sur cette belle déclaration, elle passa devant Sarah encore tremblante. Elle ne mesurait qu’un petit mètre cinquante-cinq et n’avait sans doute pas sa place dans cette chapelle d’une université de l’Ivy League, mais elle n’était pas du genre à se laisser marcher sur les pieds. Penny Halverson était la fière descendante d’une longue lignée de Suédois venue tenter sa chance dans le Nouveau Monde. Or, comme chacun le savait, il ne faisait pas bon plaisanter avec les Nordiques.

— Zach ? lança-t-elle avant d’entrer. C’est moi, Penny, votre future belle-mère. Il serait temps…

Elle ne termina pas sa phrase.

Les meubles cessèrent brusquement de craquer.

Penny se tourna vers Sarah, bouche bée, un doigt vaguement pointé dans la direction du bureau.

Sarah n’eut que le temps d’acquiescer avant que sa mère s’écroule littéralement sous ses yeux.

— Oh non ! s’écria la jeune femme, s’agenouillant au côté de sa mère. Maman ? Maman ?

Le cliquètement énergique de talons lui parvint comme dans un rêve.

— Sarah ? Ta demoiselle d’honneur vient te rappeler à l’ordre. Les invités commencent à s’impatienter, ma grande. Il est temps d’y aller, lança Katarina.

Sarah leva brièvement la tête vers son amie avant de reprendre la main inerte de sa mère entre les siennes.

— Euh… Nous avons un petit problème. Ma mère vient de s’évanouir. Tu peux aller chercher Julie ?

Puis, se penchant de nouveau vers sa mère, elle ajouta, de plus en plus angoissée :

— Maman ? Maman ? Tu m’entends ?

Des voix se firent entendre de l’autre côté de la porte, suivies par des bruits de pas, ainsi que par un timide :

— Sarah ?

La jeune femme se redressa et fit tourner la grosse clé dans la serrure.

— Qu’est-ce qu’il se passe ici ? demanda Katarina, regardant tour à tour Penny et la porte d’un air inquiet.

— T’occupe, rétorqua Sarah. Va chercher Julie, c’est tout ce que je te demande. J’ai peur que maman se soit blessée en tombant.

Moins d’une minute plus tard, Julie, dont l’allure n’était pas sans rappeler celle d’une Amazone, faisait irruption dans le couloir, sa robe d’apparat remontée jusqu’aux cuisses et ses souliers à la main. Elle s’arrêta un instant pour prendre la mesure de la situation, et jeta son bouquet dans un coin avant de s’agenouiller devant Penny.

— Alors ? Elle va mieux ? s’enquit Katarina, d’une voix anxieuse.

— Elle commence à reprendre ses esprits, murmura Sarah.

Puis, se tournant vers Julie, elle ajouta :

— Tes collants sont dans un piètre état, ma pauvre.

— Il y a pire, dans la vie, marmonna Julie avant de retourner à son problème immédiat. Madame Halverson ? Vous m’entendez ?

Penny battit lentement des paupières, ouvrit les yeux et fit mine de se relever.

— Que… Qu’est-ce qui s’est passé ?

— Ne bougez pas, madame Halverson. Vous vous êtes évanouie. C’est moi, Julie. Vous vous souvenez de moi ?

Penny hocha faiblement la tête.

— Je suis médecin, poursuivit Julie d’un ton calme mais ferme. Je dois vous examiner avant de vous autoriser à vous relever.

— Je… je suis navrée, murmura Penny. J’ai honte. Cela ne m’est jamais arrivé et je…

Julie la gratifia d’un sourire apaisant, avant de vérifier son acuité visuelle et de lui passer une main sous la nuque.

— Vous vous souvenez de ce qui a provoqué ce malaise ?

— A ta place, je ne m’aventurerais pas sur ce terrain, intervint vivement Sarah. Je…

Des éclats de voix, de l’autre côté de la porte toujours close, l’empêchèrent de terminer sa phrase.

— Qu’est-ce qu’il se passe, là-dedans ? demanda Julie, intriguée.

— Tout va bien ? lança une voix masculine, s’approchant du petit groupe.

Malgré sa carrure de géant et ses allures de gros nounours, Ben était très chic, dans son smoking customisé. Il était même allé jusqu’à se faire couper les cheveux pour l’occasion — poussé sans aucun doute par Katarina qui n’avait pas dû lâcher le morceau.

— Ça va, ça va, mon chéri, lui lança Katarina.

Ben observa Penny, toujours soutenue par Sarah, et secoua la tête.

— Permets-moi d’en douter, dit-il de sa voix de stentor.

Un bruit sourd, puis des pas précipités, se firent entendre dans le bureau du sacristain.

Toutes les têtes se tournèrent vers la porte de bois et Sarah se leva d’un bond.

— Je m’en charge, dit-elle. Julie, tu t’occupes de maman ?

— Bien sûr. En revanche… tu ne crois pas qu’il vaudrait mieux laisser Ben aller voir de quoi il retourne ?

Sarah renifla doucement, remonta la montre de sa grand-mère sur son poignet et, la mâchoire serrée, fit tourner la clé dans la serrure.

— Non. On est dans un mauvais vaudeville. C’est au tour de la mariée de faire son entrée en scène, dit-elle d’une voix sombre.

Katarina et Julie penchèrent la tête vers la porte entrouverte.

— Non ! Je n’y crois pas ! s’écria Katarina.

— Quel taré, ce type, renchérit Julie.

— Sarah… Sarah, je peux tout t’expliquer, marmonna une voix masculine, dans l’autre pièce.

— Non. Je… C’est moi, fit une deuxième voix.

N’y tenant plus, Ben fit un pas en avant. Sarah tendit un bras derrière elle pour l’empêcher d’approcher.

— Oh…, gémit Penny, s’évanouissant pour la deuxième fois.

Sarah tira la porte, la referma à clé et, après avoir pris appui contre le mur, se tourna vers ses amis.

— Vous avez vu la même chose que moi, hein ? demanda-t-elle, les consultant tour à tour du regard.

Katarina fut la première à réagir.

— Oui. Du moins si tu parles d’une partie de jambes en l’air en bonne et due forme.

— J’aurais plutôt appelé cela « la bête à deux dos », rétorqua Sarah.

Ben toussota pour attirer leur attention.

— Il n’y a peut-être pas besoin d’être aussi descriptif. On a tous compris ce qu’il se passait là-dedans. Ce que j’aimerais savoir, c’est… avec qui ! Avec qui était Zach ?

— Avec… avec Ken, son associé, balbutia Sarah, regardant d’un œil morne Julie tenter de ranimer sa mère.

— Sarah ? supplia l’une des voix, derrière la porte.

Penny laissa échapper un gémissement plaintif.

— Maman, ma petite maman, s’exclama Sarah, mortifiée. Je suis… je suis navrée. Je me suis encore trompée et je…

— Zach ? J’ai bien vu Zach avec… avec un autre homme ? demanda Penny, manifestement secouée. Ici ? Dans un lieu aussi prestigieux que Grantham ?

— Ici même, oui maman. Et ces messieurs seraient toujours en plein exercice si nous ne les avions pas fait redescendre de leur petit nuage. Quand on parle de septième ciel…

— Merci, la coupa sa mère. Inutile d’entrer dans les détails !

Sarah songea à sa vie intime avec Zach, et une cruelle évidence la frappa de plein fouet. Jamais, au cours de leurs ébats, ils n’étaient parvenus ensemble à un tel niveau de détachement, à une telle extase.

Aurait-elle dû s’en inquiéter ? Se douter de quelque chose ? Il était encore trop tôt pour le dire. Pour l’instant, une seule chose était sûre : elle était anéantie.

Brisée.

Totalement laminée.

Machinalement, elle posa une main sur son estomac pour refouler une nouvelle montée acide. Elle tenta de se ressaisir. En vain. Les images de l’étreinte passionnée de Zach et Ken l’assaillaient, l’empêchant de recouvrer son calme.

Elle refusait de craquer cependant. Elle aurait tout le loisir de se laisser aller… plus tard. Lorsqu’elle serait seule.

— Bien ! lança-t-elle, une nuance de défi dans la voix. Parons au plus pressé. Tout d’abord… euh… oui. Les invités. Nous devons leur annoncer que le mariage est annulé. Et c’est à moi de m’en charger.

— Je peux y aller, si tu veux, proposa aussitôt Katarina.

— Merci, Kat. C’est gentil de ta part, mais le moins que je puisse faire est d’annoncer la nouvelle moi-même. Par simple correction, j’entends. En revanche, si tu veux bien commencer à rassembler tout le monde, pour que je puisse leur parler, tu seras un amour. Quant à toi, Ben, tu peux me rendre un immense service et prévenir mon père ? Il est dans le jardin. Je sais que je me conduis comme la dernière des lâches, seulement je… je ne suis pas en état de l’affronter, dans l’immédiat. Surtout, ne le laisse pas entrer ici. Dieu seul sait de quoi il serait capable.

Ben se redressa de toute sa hauteur.

— Pas de problème. Cela dit, avec ta permission, je dirais bien le fond de ma pensée à Zach. J’ai envie de cogner, là. De régler ça entre hommes, puisque c’est une affaire d’hommes.

— Pas uniquement, non. Je…

Elle fut interrompue par une nouvelle montée d’acide. Elle prit une longue inspiration, un peu trop saccadée, un peu trop bruyante à son goût. Le pollen, sans doute. On était au printemps, dans le New Jersey, un Etat terriblement allergène, c’était bien connu.

— Merci, Ben, reprit-elle quand la crise fut passée. Ce ne sera pas nécessaire. Charge-toi de mon père, tu me tireras déjà une belle épine du pied. Moi… Moi, je vais dire deux mots à Zach avant d’expliquer la situation à nos invités.

Toujours allongée, sa mère s’était mise à sangloter doucement. Sarah fouilla dans la poche cachée de sa robe de mariée et en tira un mouchoir brodé qui avait appartenu à sa grand-mère, lui aussi.

Elle le tendit à Julie.

— Tiens. Pour maman. Elle en a déjà un, mais celui-ci lui apportera peut-être un peu de réconfort.

Sa grand-mère avait été une femme de bon sens. Elle aurait compris et accepté le geste. Sa mère ?

Il n’y avait rien de moins sûr. Mais dans l’urgence…

Dans la foulée, elle entreprit de se débarrasser de la bague de fiançailles que Zach avait choisie et qu’elle avait toujours trouvée trop voyante. Elle la donna à Julie

— Tu peux prendre ça aussi ? lui demanda-t-elle. Je ne voudrais pas faire de blessés.

— De blessés ? répéta Julie, les yeux écarquillés.

— J’ai la ferme intention de coller une gifle mémorable à cet abruti, figure-toi. Sans laisser de marques indélébiles, histoire de ne pas me retrouver au tribunal.

— Sarah ! Laisse-moi t’expliquer, je t’en supplie ! geignit l’abruti en question, derrière la porte.

Tandis que Katarina, toujours pratique, glissait son bouquet sous la nuque de Penny, Sarah se tourna vers ses amis.

— Quand je ressortirai, et une fois que maman sera remise… Pauvre maman. Pas sûr qu’elle s’en remette, cette fois-ci. Elle a souffert avec Earl, mais alors là, c’est le bouquet !

Sa voix se brisa et elle dut faire un effort pour conclure :

— Bref ! Quand les choses se seront un peu calmées, l’un d’entre vous serait-il prêt à m’offrir des chocolats ?

— Des chocolats ? s’exclama Katarina. Tu plaisantes ! Une bouteille de vodka me semble plus appropriée, vu les circonstances.

Sarah partit d’un petit rire sans joie.

— Ce ne serait pas de refus, en temps normal. Seulement vu les circonstances, j’ai bien peur de devoir m’abstenir.

Elle avait prononcé cette dernière phrase à mi-voix pour ne pas bouleverser encore davantage sa mère.

Katarina haussa les sourcils.

— Les circonstances, hein ? Tu peux développer ? Parce que je ne comprends pas tout.

— Vous vous souvenez de la réaction de mon père, quand il a appris que je vivais dans le péché avec Earl ?

Ses deux amies hochèrent vigoureusement la tête. Elles avaient entendu l’histoire à maintes occasions.

— Alors que croyez-vous qu’il va faire, quand il apprendra que cette fois-ci, en plus de ne pas être mariée, je suis enceinte ?

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** Extrait offert par Tracy Kelleher ** (VO)

May…

"You know, Sarah dear, today's blessed event makes up for that whole Brooklyn calamity…" Penny Halverson bit her bottom lip. "No, I promised I wouldn't bring that up. What I mean to say is that you having a wedding in the Grantham University Chapel is…is…like a dream come true. To think that a member of our family is about to be married in a place like that! It's practically like being in England! Or Disney World!"

Penny dabbed the corner of her eye with the all-cotton hanky that she had ironed just before packing her suitcase for the flight from Minneapolis to Grantham, New Jersey. Even within the confines of the church vestry, the mullioned windows and ornate woodwork conveyed the Gothic grandeur of the Ivy League university chapel. But the fact that Penny's face shone with a rosy hue had nothing to do with the light piercing the stained glass windows. It was the glow of a mother's joy—and maybe unexpected heat of this early May day.

Outside, visible through an open door, were beds of Rembrandt tulips edging the green of the courtyard. Their variegated petals flopped in exhaustion. They had managed to survive the ravenous appetite of the local deer population, perhaps a show of respect by the animal kingdom for this hallowed spot, but they were now succumbing to the heat.

"Oh, I know I promised, but I can't help it." Penny pursed her lips and squinted her eyes in a mixture of remorse and pride. "It more than makes up for the embarrassment that your father felt when you…ah…when you…ah…"

"When I was living with Earl? Is that what you're trying to say, Mom?" Sarah Halverson rolled her shoulders backward and worked at adjusting the neckline on her strapless wedding dress. The fitted bodice tapered to hug her long torso a tad too tightly for comfort. "I know you and Dad didn't approve, and I'm sorry. But, you know, it's really not a crime," she said as she yanked at the stays under her arms and hunched her shoulders together to try to get all the pieces to work in harmony. "Practically everybody I know is doing it or has done it at one time."

Actually, that wasn't true. Take her two best friends. Katarina had come back to Grantham to recuperate from a terrible shooting, found the love of her life, and was now happily married to financial wizard Ben Brown. Ben pretended to be cantankerous but was really a pussycat, a pussycat with a teenage son. Besides acquiring a family, Katarina had also started a new business of advising retirees on total financial and lifestyle planning.

And her other best friend Julie was a dedicated obstetrician, way too busy to form any lasting relationship—or so she claimed. More likely, she was too tall for most men and too…well…"

"frank. "I'm not brutal, merely blunt," Julie would protest over her third Rolling Rock. Julie pooh-poohed high-priced beers, describing microbrews as "fancy labels for dilettante, candy-assed drinkers."

Sarah, who cherished Julie more than most, found that proclamation more than blunt. After all, her fiancé and very-soon-to-be husband, Zach, thought of himself as something of an expert on high-end beers. He regularly lectured Sarah on the pros and cons of various Belgium brews. "I'm just trying to expand your horizons," he was fond of saying after a typical fifteen-minute discourse.

Not that Sarah minded. Because while she might chide her mother about her parochial concerns, the truth of the matter was, Earl had been a deadbeat. Back in her callow youth, Sarah had thought Earl was a rebel who had needed to burst the bonds of rural Minnesota to pursue a rock music career. But Earl hadn't been a rebel. Just lazy. He had demonstrated a congenital failure to expend any effort at anything that required work, including his music. And as Sarah quickly found out, "bursting the bonds" for Earl corresponded to an inability to maintain anything close to a monogamous relationship.

Zach, on the other hand, represented everything that was good and decent in Sarah's opinion. He was a yoga instructor, a terrific one given his ardent following. Not content to improve his employer's business, he had bravely struck out on his own six months ago, forming Grantham Yoga and Wellness Center. He knew the uncertainties, especially in the weak economy, but he had a solid business plan and was determined to reach for his dream. As part of his holistic approach, he had also brought in a nutritionist as a partner, and working as a team they had seen their clientele steadily increase.

Then, once his finances had started to stabilize, Zach had proposed.

And Sarah had accepted, not because she had felt over the moon—she had given up the whole over-the-moon stuff two months after moving in with Earl. No, she'd accepted because she had found contentment. Contentment was good.

Anyway, besides being financially stable, Zach was a good citizen—he coached in the local youth soccer league. And he was faithful. Zach never showed any inclination to wander despite all those women in sports bras and various forms of body-hugging knitwear.

So, in Sarah's view, he was free to lecture her for fifteen minutes on whatever he fancied. He could even take twenty.

Speaking of twenty minutes, Sarah glanced at her wrist. She knew it was neurotic to wear a watch on her wedding day—all right, not vaguely—but she couldn't help it. That was the type of person she had become. Besides, it was her grandmother's old Longines dress watch, so it was fulfilling the "something old" and "something borrowed" elements of the wedding ritual.

She finished fussing with her dress and turned to her mother. "Mom, I know you mean well, but why don't we just agree that you're happy to be able to share this day with me?" Sarah patted her mother sweetly on the upper arm of her jacket dress. Penny was wearing a beige mother-of-the-bride ensemble that she'd made from a Butterick pattern.

"All right, dear." Penny dabbed her eyes once more. "I'm just so happy, but I think I'd better warn you."

Sarah inhaled sharply.

"Your father did mention that he was planning on bringing up something along the lines of you finally turning your life around—as part of his toast, that is."

Sarah groaned silently and placed her hand on her diaphragm. She pressed against the knot of indigestion that had taken up residence for the past few weeks. "I don't suppose there's any point in trying to talk to Dad ahead of time?" She looked at her mother's dubious expression. "No, I didn't think so. Well, I'm sure I have survived worse."

She glanced at her watch again. "You know, he won't get to say anything if I don't remind the groom that it's almost time. Zach is one of those people who never wears a watch, which is why he has me around, I guess." Sarah hoisted up the full skirt of her dress and headed for the door.

"Can't your father do that?" Penny said. "He's just outside trying to pick up the baseball game on that little transistor radio I bought him for our tenth wedding anniversary. It's practically a relic, but he insists it's still perfectly good, even if it did confuse the security man at the airport."

Sarah brushed past her mother. "Far be it from me to bother Dad before the seventh inning stretch." She strode down the narrow hallway. Her satin ballet slippers moved soundlessly along the stone floor. In deference to Zach's self-conscious concerns about being shorter, she had given up wearing anything remotely resembling heels. Even barefoot, the top of his head came just to her nose, and Sarah, all five-ten of her, had found herself compensating with a noticeable slump. As a physiotherapist, the poor posture irritated her no end. As a woman prepared to join her hand in holy matrimony, she had decided to compromise. She'd stand up straight at work and slump at home.

She reached the heavy wooden door to the chaplain's office and knocked. Zach had a habit of meditating in anticipation of stressful events, and she didn't want to interrupt any Zen-like trance too abruptly.

She didn't hear anything, so she knocked again.

Penny tiptoed next to her daughter. "Sarah, isn't it bad luck for the groom to see the bride before the wedding?"

"Don't be ridiculous." Sarah put her ear to the polished wood. "There's no such thing as bad luck." She called through the door, "Zach?"

She heard a muffled noise that sounded as if Zach had a cough drop lodged in his throat.

The strange muffled noise grew louder. She frowned. That didn't sound like a cough drop crisis. She placed her hand on the doorknob, pushed the door ajar and looked in.

She froze.

"Sarah, Sarah, is something wrong with Zach?" her mother asked.

Sarah turned to shield her mother. She drew the door shut. "Mom." She wet her lips, and then wet her lips again. "I think it might be better if I spoke to Zach alone." There was a quaver in her voice.

From the other side of the door, there was the sound of furniture creaking and rocking.

"Nonsense. I'm the mother of the bride. If anyone should talk to the groom, it should be me, by tradition. I know, you don't believe in these things, but I do. So, young lady, I don't know what's gotten into you, but I can see it's time I asserted a mother's prerogative."

Penny led with her shoulder past her trembling daughter. She might be all of five foot three and out of her element in an Ivy League setting, but nobody should underestimate Penny Halverson, she of sturdy Norwegian immigrant stock. She not only made lutefisk, she enjoyed it.

"Zach," her mother called, barging in. "It's Penny, and it's time you got…" Her voice trailed off. The creaking and rocking stopped.

Penny turned back to Sarah, her mouth ajar, pointing vaguely behind her.

Sarah nodded. The next thing she knew, her mother had crumpled to the floor.

"Oh, no." Sarah crouched next to her. "Mom?" She reached for her hand.

From down the hall, she could hear a tapping of heels. "Hey, Sarah, this is your matron of honor doing her sacred duty. The natives are starting to get restless out there, you know. I think it's time to get this show on the road." It was Katarina.

Sarah glanced up before quickly going back to holding her mother's limp hand. "There's been a slight delay in the action. My mother just fainted. Could you go get Julie?" She bent down. "Mom? Mom? Can you hear me?"

Muffled voices arose from the other side of the door. Then the sound of footsteps followed by a tentative knock. "Sarah," came a timid voice.

Sarah got up, turned the heavy iron key in the lock and pocketed it. She came back and squatted by her mother.

"What the…?" Katarina shifted her worried gaze from Penny to the sounds.

"Don't bother with that," Sarah said. "Just go get Julie. Mom may have hurt herself when she hit the deck."

Less than a minute later, an Amazon-like woman came running down the hallway, the straight skirt of her teal bridesmaid dress hiked up around her thighs, her dress sandals dangling from her fingertips. As soon as she saw Sarah and her mother on the floor, she skittered to a stop and dropped to her knees. Her bridesmaid's bouquet landed nearby.

Katarina followed closely behind. "How's your mom? "

"She's just starting to come to." She looked over at Julie. "Your stockings are mincemeat, you know."

"There're worse things in life, believe me," Julie said. She immediately redirected her focus to Penny. "Mrs. Halverson, can you hear me?"

Penny blinked her eyes slowly open and attempted to get up. "What.what happened?"

"Stay there, Mrs. Halverson. You fainted. I'm Sarah's friend Julie. You remember me? "

Penny nodded.

"I'm a doctor," Julie went on, her voice calm but authoritative. "I just want to check you out before you try to get up."

Penny swallowed. "I'm…I'm so embarrassed. I've never done anything like this before."

Julie peered into Penny's eyes and felt around her head and neck for bumps. "Do you remember what triggered the fainting? "

Sarah's head shot up. "Ah-h, I wouldn't go there if I were you."

Just then an argument seemed to erupt from the other side of the door. Julie frowned. "What's going on in—"

Heavy footsteps coming down the hallway interrupted her words. "Is everyone all right?" It was Ben, Katarina's husband. Despite his oversize physique, he looked very smart in a custom-made tuxedo. Katarina must have put the screws to him because he'd even gone and gotten a haircut for the occasion.

Katarina put her hand up. "It's okay, sweetie. I think we've got it under control."

He looked at Penny lying slack in her daughter's arms. "Well, it doesn't look that way to me." His baritone was full-bodied.

Immediately, there was a large thump from the other side of the door, followed by more scurrying noises.

All heads turned, even Penny's.

Ben pushed his way toward the door.

Sarah stood. "No, let me." She brandished the key. "Julie, could you hold my mom?"

"Okay. But you're sure you don't want to let Ben check it out?"

Sarah sniffed, slipped her grandmother's watch up her wrist, and stepped around her mother. "No, I think it's more like cue the bride." She set her jaw, unlocked the wooden door and pushed it open.

Katarina and Julie craned their necks.

"Oh, my God! I don't believe it!" Katarina exclaimed loudly.

"What a total and utter schmuck!" Julie shouted. A startled voice escaped from the other side of the door. "Sarah, I can explain."

"No, let me," came a second voice.

Ben took a step forward, but Sarah held out an arm.

"Oh-h-h…" Penny swooned for a second time. Luckily, Julie was still holding her.

Sarah closed the door, relocked it and faced her friends, leaning against the wall. "You saw what I saw, right?" Sarah looked from one face to another.

Katarina nodded. "If you mean that they were untangling their naked selves from a Revolving Half Moon Pose, I would have to agree."

Sarah bit her lip. "Actually, I think it was the Downward Facing Pigeon."

Ben coughed. "Where I come from, we don't need that many words to describe what they were doing. What I want to know is who's in there with Zach?"

Julie patted Sarah's mother on both cheeks to revive her.

"It's Ken, his partner in his yoga practice," Sarah said.

"Sarah?" the male voice on the other side of the door sounded plaintively. Penny moaned.

Sarah looked down. "Mo-om…oh…Mo-om, I'm so sorry."

"Was, Zach with—with…another man?" Her mother was almost too frightened to ask. "Here? In Grantham?"

Julie blew air between her pursed lips. "And they would have still been going at it, totally oblivious to the outside world, if we hadn't made so much noise."

"Thank you for pointing that out," Sarah said. Silently, she rehashed her own lovemaking with Zach and came to the stark realization that they had never achieved such a passionate detachment from reality. Should that have been a clue? Who knew at this point?

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