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En moins de dix ans, les Britanniques, maîtres du monde, sont devenus les mendiants de la planète. Ils nous tient par les couilles. L'une de ses maximes préférées : si l'on tient un homme par les couilles, le cœur et l'esprit ne tardent pas à suivre.
Afficher en entier- T'as raison. Je suis morte. Des fois, j'ai du mal à m'en souvenir. Ici, j'essaie de comprendre qui je suis, aveuglée comme Samson, ignorant tout des mœurs du Hertfordshire, perdue dans le désert des comtés anglais, coincée entre le supermarché et la boutique de prêt-à-porter, prise entre le marteau et l'enclume, entre le diable et la femme en robe bleue qui sort de l'institut de beauté, dérivant entre le respect des bonnes manières et la honte coupable de la masturbation, se demandant si la propriété c'est vraiment le vol ou si son sac à main beige est bien assorti à son tailleur, affolée de ne pas savoir ce qui va nous détruire en premier, la bombe H ou la fourchette placée du mauvais côté de l'assiette. Et j'en oublie que je suis morte. Merde, merde et merde !
Afficher en entierPrincipal objet de divisions politiques du siècle, l'URSS était le thème de débats acharnés entre la vieille garde des monarchistes jusqu'au-boutistes et les compagnons de route des années 1930. Même si les partisans des deux camps ne couraient plus les rues, ils demeurait quelques intellectuels capables de discourir au pied levé sur l'Union Soviétique, un pays sans cesse attaqué, aussitôt défendu, le plus mystique de la planète, celui dont on savait le moins et dont on parlait le plus. Le monde entier se passionnait pour la Russie.
Afficher en entierTroy resta là jusqu'à l'obscurité complète, les doigts peu à peu engourdis par le froid. Rétrospectivement, il lui apparaîtrait que cette soirée avait signé ses derniers instants de paix. Le lendemain matin, les filaments de son existence commencèrent à se distendre et à s'emmêler, tissant en secret l'armure complexe de sa nouvelle vie.
Afficher en entierJe vais me faire des ennemis, plus vite que Hitler à un mariage juif.
Afficher en entierÀ Cambridge, au début des années 1930…. Tous les diplomates britanniques étaient arabisants, un atout qui leur conférait une immense respectabilité universitaire. S’initier à l’allemand ou au russe signifiait pour certains vouloir entrer dans les services de renseignement ; étudier l’économie ou la philosophie impliquait que l’on était trop intelligent pour devenir espion ; les moins brillants, eux, se rabattaient sur l’histoire. L’apprentissage des langues orientales, teinté d’un soupçon d’étude des civilisations appartenant encore à l’Empire, fleurant bon Lawrence d’Arabie et St John Philby, faisait l’affaire de tout le monde.
Afficher en entierCasino Royale était un bon roman d’espionnage. Troy se promit d’acheter d’autres ouvrages de Fleming, la prochaine fois qu’il passerait devant l’un des nombreux bouquinistes de Charing Cross Road. Le dénouement et surtout la chute – « La garce est morte » – lui rappelèrent une réplique du Juif de Malte, de Christopher Marlowe : « Tu as commis le crime de fornication ? Mais c’était dans un autre pays et, du reste, la jeune femme est morte. » Les jeunes femmes mortes sont très utiles aux intrigues des romans, en particulier si, comme Fleming, l’auteur tient à garder son héros célibataire et mentalement torturé, sans parler des souffrances physiques infligées
Afficher en entierTroy s’habituait à cette nouvelle mode, la redécouverte par les Anglais de l’Europe – beaucoup appelaient désormais ainsi le continent. Les plus fortunés, revenus de vacances sur la Riviera, se vantaient d’y avoir bu de la bière anglaise et un excellent thé, ou, à l’inverse, d’avoir déniché des denrées « introuvables ici », que l’on ne pourrait jamais se procurer « tant que nous resterions des insulaires ». Troy se souvenait de son étonnement à la vue d’un presse-ail, d’une bouteille de chianti ou d’une céramique rouge de Toscane. Et du petit livre bleu d’Elisabeth David, La Cuisine méditerranéenne, pimenté de mots étranges, « calamar » ou « courgette », une cucurbitacée connue dans les jardins potagers du Royaume-Uni sous sa forme géante et immangeable, uniquement destinée à gagner le concours du plus gros légume. Tout ceci prouvait surtout le penchant des Anglais pour l’autoflagellation
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