Extraits

Mercredi 24 décembre 2008

Pourvu qu’elle arrive à Sandhamn, tout irait bien. Nulle part elle ne se sentait plus en sécurité.

Jeanette se le répétait comme un mantra tandis qu’elle roulait dans la neige fondue sur l’autoroute. Plusieurs fois, elle dut chasser ses larmes en clignant des yeux pour voir la route. Sur le pont de Skurubron, elle faillit déraper.

Elle dépassa le golf au niveau du pont de Fågelbro sur le canal Strömma. Le ferry partait dans quelques minutes, à trois heures moins le quart. Il fallait qu’elle arrive à temps, c’était le dernier de la journée.

Jeanette entrouvrit et frissonna dans le courant d'air glacial. Elle l'ignora et tendit l'oreille pour entendre le ressac. La mer n'était qu'à une trentaine de mètres, comme devant la maison de grand-mère. Elle se rappelait le bruit des vagues, leur chuintement quand elles déferlaient sur la plage.

Elle avait toujours aimé cette impression d'être en bordure de l'archipel extérieur, de contempler une mer jamais vraiment calme. Parfois, elle rêvait qu'elle coulait lentement jusqu'au fond de ces masses d'eau, où elle s'endormait dans l'ondulation des algues et le va-et-vient des poissons.

Mais elle n'avait pas peur, pas chez grand-mère.

Le froid se rappela à elle et Jeanette trembla. Elle tourna la tête, regarda par l'autre fenêtre, qui donnait sur l'entrée. L'appartement voisin était plongé dans l'obscurité, et la lampe au-dessus de la porte n'éclairait pas bien loin. Au-delà de son halo, ce n'était que ténèbres et ombres.