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Cela me paraît être un signe de la fin des temps, que des superprédateurs surintelligents, revenus à la mer il y a des millions d'années pour échapper aux dangers des météorites, finissent emprisonnés dans une minuscule piscine en béton, obligés jusqu'à la mort de faire des chorégraphies. Décidément l'homme avilit tout, emprisonne et humilie des dauphins devant la mer, alcoolise les Indiens, exhibe des ours polaires par quarante degrés à l'ombre.
Afficher en entierQuand je mourrai peut-être que je servirai d'engrais pour des plantes ou des fleurs mais pour l'instant je suis inutile et j'ai peur de la mort.
Afficher en entierPauvre petite maman qui attendra bientôt dans la tombe que je la rejoigne et j’ai à nouveau envie de la serrer dans mes bras et de m’excuser pour tout depuis le début, lui dire que c’était un malentendu et que je l’aime aussi, que ma colère n’est pas contre elle mais contre moi-même, qu’elle ne m’a pas donné le mode d’emploi et que j’ai été incapable de découvrir quoique ce soit dans cette vie.
Afficher en entierCela me paraît être un signe de la fin des temps. Que des super prédateurs surintelligents, revenus à la mer il y a des millions d’années pour échapper aux dangers des météorites qui tombaient du ciel, finissent emprisonnés dans une minuscule piscine en béton, obligés jusqu’à la mort de faire des chorégraphies.
Décidément, l’homme avilit tout, emprisonne et humilie des dauphins devant la mer, alcoolise des Indiens, exhibe des ours polaires par quarante degrés à l’ombre.
Afficher en entierAvant de dormir je feuillette le journal, les Belges ont autorisé l’euthanasie pour les mineurs, et une adolescente s’est aussitôt engouffrée dans la brèche et fait euthanasier parce qu’elle souffrait, disait l’article de fatigue chronique et extrême. Je me demande en m’endormant si cela n’est pas devenu pour moi la définition même de la vie, Une fatigue chronique et extrême. Pourtant tout me semblait si léger lorsque j’étais enfant et la simple perspective d’une visite dans un parc d’attraction pouvait me mettre en joie une semaine entière. Où est donc passée toute cette joie ? J’ai un instant l’envie d’en finir comme cette jeune fille belge et cette chambre me paraît parfaite pour une prochaine tentative de suicide, laisser couler l’eau et me trancher les poignets à nouveau ou avaler une boîte de médicaments, mais c’est science si incertaine, cela pourrait très bien échouer comme le reste, et même si je réussissais il y aurait tant de dérangements pour tout le monde. Des réceptionnistes qui appelleraient les pompiers, la police et les médecins, prendre en photographie le corps dans sa nudité, nettoyer les saletés, trier les vêtements, remplir la paperasse, l’avis d’un juge, autopsie ou non, certificat de…, permis de…
Non décidément tout cela est bien trop dérangeant et bruyant, être le centre de l’attention aussi déplaisante de fonctionnaires qui verraient mon corps boudiné et sans vie, peut-être même riraient-ils de moi, feraient-ils des commentaires goguenards sur quelques traits physiques qu’ils jugeraient peu avantageux.
Et la tristesse de ma mère enfin, au milieu de tout ça, décoiffée, défaite, incohérente, sans défense.
Son chagrin ne me servirait que de linceul et la honte posthume de n’être regretté que par elle.
Non merci, il vaut mieux disparaître, retourner à la mer, s’évanouir.
L’art de la disparition, voilà la forme d’art suprême.
Afficher en entierJe me contente de soupirer mais en moi je sais que je préfèrerais le calme de la tombe.
Afficher en entierDes affiches immenses de destinations exotiques, des tour-operators promettent le paradis en quatre par trois, tout le monde promet le paradis à tout va, et si c’était pire ailleurs ? Après ?
Afficher en entierDieu c’est un mot que l’on colle quand on ne comprend rien, si un ver de terre voit passer un avion à réaction il doit se dire que c’est Dieu, les poules pensent que c’est le coq qui fait se lever le soleil, les croyants appellent ça Dieu.
Afficher en entierJ’accélérais pour arriver plus vite.
La lumière orangée du compteur de vitesse donnait l’impression rassurante d’un foyer, d’être protégé des forces occultes de la nuit.
Nous glissions sous un ciel sans nuages.
Une étoile solitaire venait d’apparaître, dans l’axe de la route, quelque part vers le nord de la Terre.
Autour d’elle, il n’y avait rien, le vide, la mer des origines. Il suffisait de lever les yeux.
Big Bang, l’orchestre de jazz céleste qui a crée tout ce brouhaha. Big Bang, il n’’il n’y a rien d’autre que ça, nous et les étoiles, rien d’autre à espérer, quand on comprend ça, on a fait une bonne partie du chemin.
Afficher en entier48 degrés 51 minutes de latitude Nord, 2 degrés 21 de longitude est, avenue de Clichy angle Berthier. Un point sur la carte, comme des milliards d'autres.
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