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Chapitre 7
Kate est initiée au secret de l’hôtel Grimod le lendemain matin. Elle retrouve Vincent parfaitement éveillé et nous lui révélons notre véritable nature. Elle réagit mieux que je ne l’aurais cru. Si je ne l’imaginais pas s’enfuir à toutes jambes, la plupart des gens s’affoleraient de découvrir que des revenants évoluent parmi eux en toute clandestinité. Mais Kate ne se laisse pas démonter. À seulement dix-sept ans, elle fait preuve d’une dignité et d’un stoïcisme qui m’impressionnent.
Jean-Baptiste, en revanche, ne l’entend pas de cette oreille. Furieux qu’une mortelle soit entrée chez nous et ait appris notre existence sans son aval, il fait passer un mauvais quart d’heure à Vincent. Pendant qu’ils s’expliquent, Kate nous rejoint à la cuisine pour partager le petit-déjeuner avec nous, non seulement de parfaits étrangers, mais aussi des créatures sorties de ses pires cauchemars. Timide, elle hésite sur le seuil, jusqu’à ce qu’Ambrose lui lance « Entre, mortelle ! ». Elle s’esclaffe et vient s’asseoir près de moi.
Afficher en entierChapitre premier
Au premier regard, je devine que c’est une fille à risque.
Vincent et moi arpentons les quais, lorsqu’elle apparaît. Ses longs cheveux noirs lui fouettent le visage et elle s’avance sur le rebord pavé qui surplombe la Seine, à quelques dizaines de centimètres à peine de la surface. Les pluies hivernales ont gonflé le fleuve. De cette hauteur, sa chute serait sans gravité, cependant le calme trompeur de l’eau dissimule parfois des courants plus dangereux.
Nous nous dirigeons vers elle et je tends la main, prêt à l’apaiser d’un geste – l’unique « pouvoir » dont disposent les « revenants » (ou, comme Ambrose nous surnomme, les « anges gardiens d’outre-tombe avec TOC aggravé »). Mais elle se détourne sans même nous remarquer et va s’asseoir sur le banc. Elle ramène les genoux contre sa poitrine, les enserre de ses bras et reste là, à se balancer d’avant en arrière, le regard humide qui fixe les flots sans les voir. Nous la contournons discrètement et je jette un coup d’œil à Vincent, qui remonte son écharpe pour se protéger du vent cinglant de janvier.
— Qu’est-ce que tu en penses ?
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