Extraits

C’est aujourd’hui que je le fais.

Plus de « même si ».

Plus de « un jour ».

C’est maintenant !

Chaque pas que je fais pèse une tonne. Qu’il est difficile d’avancer vers son destin, parfois ! Qu’il est complexe d’analyser les raisons qui m’ont fait commencer ma quête. Mais dès que mon pied se pose devant l’autre et me rapproche du lieu que je vise, mon cœur fait un bond dans ma poitrine. Quelle que soit leur réaction, je serai un homme neuf. Je suis un survivant, à plus d’un titre. Je suis un combattant. J’ai survécu. Oui, j’ai vaincu. Je suis un homme fort, bien plus que je ne le croyais. S’ils rejettent cet homme qu’ils ne connaissent pas, alors ce sera à moi de me construire sur les ruines de nos relations passées. Et je serai mentalement assez fort, courageux et obstiné pour réussir. Je peux le faire.

Un pas, mon mantra. Je peux le faire. Un pas. Je peux le faire. Un pas. Je peux le faire.

Je suis bientôt arrivé devant la librairie. Rien n’a changé. Enfin si, la vitrine. J’observe la scène, témoin d’un quotidien qui m’est devenu étranger. Les passants passent, les marchands marchandent et la vie a continué sans moi. C’est un soulagement, une peur aussi. Peur qu’ils m’aient oublié. Si vite ? Oui. Loin des yeux…

Il me sourit tout en continuant d'avancer. Son regard n'a rien de menaçant ou de lourd. Il est plein de désir contenu, troublé par nos baisers, et probablement aussi par le spectacle que je lui offre malgré moi.

- Je ne ferai rien dont tu n'aies pas envie, ne t'inquiète pas, précise-t-il en levant les mains en signe d'apaisement. Mais il faut que tu arrêtes de te cacher comme ça. Nous sommes deux hommes, nous avons à peu près le même âge et nous n'avons rien à dissimuler.

— Je ne veux pas juste coucher avec toi, m’informe-t-il gentiment. Je veux vraiment apprendre à te connaître, savoir quel est ton plat ou ta couleur préférés, ce que tu prends au petit déjeuner, de quel côté du lit tu dors, ce que tu lis quand tu veux te détendre, le bruit que fait la brosse sur tes cheveux quand tu te coiffes le matin… Je t’ai probablement fait une fausse impression quand on s’est rencontrés. Et je voudrais changer ça. Je voudrais… connaître ton corps si parfaitement du bout des doigts que je pourrais en réciter des passages par cœur, que quand je parle de toi, dans mes yeux tu vois la ferveur. Je voudrais… que tu connaisses le vrai moi. Que tu saches l’homme que je suis devenu. Comment je me suis construit. Comment j’ai évolué. Et comme je me suis battu pour redevenir un autre moi, un moi grandi par les épreuves que j’ai traversées.

Malgré moi, les larmes roulent sur mes joues. Il me touche si profondément que je ne veux qu’une chose, découvrir dans ses bras les bonheurs simples de la vie qu’il vient de décrire. Je ne le savais pas si romantique. Et à vrai dire, j’ignorais que ça me plairait autant.