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Extrait ajouté par Caroline 2013-01-22T16:34:38+01:00

"la foule sur le trottoir était aussi bigarrée et cosmopolite que d'habitude. Des marins soviétiques en goguette croisaient des fatmas portant la tenue blanche traditionnelle ; des groupes de jeunes Algérois, robes légères et chemises à manches courtes, en côtoyaient d'autres composés de touristes asiatiques ; des noirs élancés à la peau presque bleue et d'autres plus petits chez qui elle tirait sur le brun ; des musulmans portant le fez et d'autres au crâne coiffé d'un turban, mais tous habillés à l'européenne… Et tous avaient le regard tourné en direction du Targui tout de bleu vêtu qui remontait l'avenue à dos de dromadaire.

J'ai ouvert de grands yeux. Ce n'était pas une vision ordinaire. D'habitude, les Touareg ne quittent jamais leur coin de désert. Et les chameaux sont plutôt rares dans les rues encombrées de voitures d'Alger.

« Qu'est-ce qu'il fait là ? » a demandé une voix d'enfant derrière moi.

Il n'a pas obtenu de réponse.

Un instant, tout a paru s'arrêter. Les gens, les voitures, le temps lui-même. Et, au milieu de cette immobilité subite, l'archétype de l'Homme bleu du désert avançait sur sa monture — une bête énorme, impressionnante, au harnachement tout de cuir ciré couleur sable.

Je me suis rendu compte qu'il se dirigeait vers la place du Gouvernement. Logique. Ce n'est pas parce qu'ils vivent en nomades dans le désert que les Touareg n'ont pas conscience de l'impact des images. Des symboles.

Cet homme bleu qui remontait l'avenue effectuait une démonstration. Et il attirait autant l'attention à lui seul qu'une manifestation de dix mille personnes".

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Extrait ajouté par Caroline 2013-01-22T16:34:21+01:00

"Je suis allé à la pointe Pescade, comme dans la chanson, mais je n’avais avec moi ni vautriens, ni ami marocain. Il n’y avait pas non plus la moindre trace d’une roue de feu dans le ciel.

La plage était déserte en cette saison. La peinture blanche s’écaillait sur les planches de la buvette fermée. La mer bleu vert ondulait doucement dans le soleil d’hiver. Quelques barques retournées reposaient sur le sable ; assis sur l’une d’elles, un vieil arabe au crâne enturbanné de blanc buvait le thé en fumant une cigarette.

Je me suis senti étranger.

Je suis allé me planter face à la mer. La Mare Nostrum des anciens, chargée d’une histoire multimilllénaire. Il faisait beau mais plutôt frais. Dans les montagnes, la neige avait atteint par endroits une jolie épaisseur ; la Kabylie et l’Aurès avaient décrété l’état d’urgence et réclamé l’aide internationale pour désenclaver les villages coupés du monde. Deux cents réservistes avaient quitté Alger le matin même en compagnie de cinq cents volontaires civils pour aller donner un coup de main. De son côté, la Tunisie envoyait des hélicoptères, et le Maroc du personnel médical.

La solidarité du Maghreb jouait une fois de plus, en dépit des antagonismes qui en opposaient les différents pays. Et la seule chose qui m’avait fait plaisir en ce foutu samedi matin était la rapidité avec laquelle on avait annoncé la participation de l’Algérois aux opérations de sauvetage et de déblaiement.

Au bout d’une dizaine de minutes, je me suis détourné du spectacle de la baie et de ses rochers. Là-bas, très loin, c’était la France, un pays désormais lointain et menaçant, une ombre inquiétante tapie au-delà de l’horizon. Je lui ai tourné le dos et je suis remonté vers ma voiture.

J’arrivais sur le parking lorsque je l’ai vu.

Debout au bord de la route, vêtu d’un costume blanc, appuyé sur une canne toute simple à côté de laquelle une bouteille métallique scintillait dans la lumière du matin, il regardait vers moi. À quelques mètres de là, une grosse Mercedes aussi blanche que ses vêtements était garée près de ma Deux-Chevaux — qu’un homme de haute taille en complet veston noir contemplait d’un air pensif en tirant sur une cigarette. Il m’a lancé un bref coup d’œil avant de reporter ostensiblement son attention sur ma voiture.

Le vieillard a fait deux pas dans ma direction. J’ai ressenti une impression de déjà-vu. Ou de déjà-lu.

C’était étrange, cet homme en blanc et la plage vide, le chauffeur discret et le pêcheur nonchalant.

C’était étrange, et il manquait quelque chose.

Je suis allé à la rencontre du vieil homme. Je me suis incliné, la main sur le cœur".

« Bonjour, monsieur Camus. »

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Extrait ajouté par Caroline 2013-01-22T16:34:06+01:00

"Cette nuit-là, mon père est venu m'éveiller comme convenu. Les aiguilles du gros réveil qui tictacquait sur la table de nuit indiquaient deux heures moins dix.

Je me suis assis dans mon lit, j'ai demandé si les Russes étaient toujours en tête malgré leurs problèmes techniques.Mon père a secoué la tête. « Aucune idée, mon fils. Le poste de télévision vient de tomber en panne. »J'ai cru que le monde s'écroulait.Et si tout était déjà fini ?

« Quand ?

— Il y a dix minutes.

— Il faut mettre la radio !

— Je croyais que tu voulais voir l'at… l'alunissage ?

— Ben oui.

— Alors habille-toi : on va chez Sebaoni. Là-bas, on est sûr de trouver un poste qui marche ! »

J'ai enfilé mes vêtements en quatrième vitesse et j'ai dévalé l'escalier. Mes parents étaient dans le salon, en train d'écouter Radio-Alger. En chemin, ma mère m'a résumé la situation. Le suspense était à son comble. Shepard et Armstrong atteindraient-ils la surface lunaire avant Gagarine et Valentina Tereshkova ? Les Soviétiques taisaient en effet la position de leurs cosmonautes, alors que la Nasa retransmettait en direct et en Mondovision les manœuvres de ses astronautes.

Malgré l'heure tardive, les trottoirs et les jardins du boulevard Guillemin grouillaient de monde. À croire que toute la ville s'était donné rendez-vous dans ses rues pour cette nuit à nulle autre pareille. Juste avant la Bouzaréa, un groupe de jeunes européens s'agitait autour d'une lunette astronomique, au milieu de débris suggérant qu'ils venaient de la tirer de son emballage. Il y avait pas mal de gens allongés sur les pelouses qui regardaient le ciel.Nous avons tourné à gauche dans la rue Rochambeau. Le magasin de monsieur Sebaoni était un peu plus loin, bien visible à cause de la luminosité qui se dégageait de sa vitrine et de la foule qui se serrait devant. En approchant, j'ai vu qu'il y avait un véritable mur de téléviseurs de toutes les tailles, au moins une vingtaine qui reproduisaient tous la même image en noir et blanc — la couleur n'était pas encore arrivée sur l'unique chaîne algéroise.

Échappant à la main de ma mère, je me suis faufilé au premier rang à travers la foule qui bruissait de rumeurs et de conversations. Sur les écrans, une surface tremblotante qui devait être le sol lunaire se rapprochait lentement.

« Y z'y seront dans dix minutes, a dit quelqu'un.

— Y z'ont gagné, a dit quelqu'un d'autre, une femme.

— Zbouba ! a dit une troisième voix. Si ça s'trouve, les Russes y z'y sont déjà !

— Les Russes, leur foutu matériel communiste il a fait tchoufa ! a lancé une quatrième

— C'est vrai, si z'y étaient, y l'auraient annoncé ! » a dit la femme.

Le ton a continué à monter entre les partisans des uns et des autres. À tel point que ça n'a pas tardé à sentir la baroufa. J'étais plutôt étonné de voir que la course à la Lune déclenchait chez les adultes les mêmes disputes que dans la cour de l'école.

Les insultes commençaient à voler lorsque l'imminence de l'alunissage a apaisé tout le monde. C'est dans un silence presque total que nous avons assisté aux dernières secondes de ce vol historique.L'image a tremblé au moment du contact, puis s'est stabilisée, montrant un horizon lunaire parfaitement sinistre.

Ça y est, ils l'ont fait. Et je l'ai vu. J'étais là.

Une clameur exaltée s'est élevée de toute la ville, et sans doute de toute la planète. Un milliard d'êtres humains en train de hurler d'enthousiasme.Puis le sas s'est ouvert, et Alan Shepard a descendu l'échelle de coupée et posé le pied sur un autre monde.

On a monté le son d'un transistor à piles. La voix de Shepard, sur laquelle se superposait une traduction hésitante :

« C'est un petit pas pour l'homme, mais un grand pas pour l'humanité… » Shepard a laissé passer quelques secondes avant de poursuivre. « Mais c'est aussi un bien triste pas car cette victoire est une victoire amère. »

Un journaliste a expliqué qu'il faisait allusion au vaisseau soviétique, qui n'avait pas reparu après être passé derrière la Lune. Avait-il atterri ? S'était-il écrasé ?

Et, surtout, à quel moment ?

Je n'aurais jamais imaginé que cette question continuerait à soulever des polémiques pendant des lustres et des décennies".

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Extrait ajouté par Caroline 2013-01-22T16:33:34+01:00

"Aujourd'hui, c'est destroy. J'ai une de ces envies de tout casser, je ne te raconte pas, les poings ils me démangent presque. Des fois ça me donne envie de m'ouvrir les veines, mais pas là, au contraire.

Là, c'est de la rage, ça me serre la gorge et la poitrine.

Je balance la canette dans la poubelle à trois quatre mètres de là, ça fait clong, je rigole. Un vieux qui passe me lance un regard noir. Je lui fais un doigt. Connard. No future. Connard.

J'adore foutre la trouille à ce genre de vieux cons. Pour eux, mes potes et moi, on est que de la racaille, des fourachaux comme ils disent parce qu'ils sont pas foutus de prononcer « punk » correctement.

Mais destroy, mec. No future".

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