Commentaires de livres faits par RevesetImagines
Extraits de livres par RevesetImagines
Commentaires de livres appréciés par RevesetImagines
Extraits de livres appréciés par RevesetImagines
« Le phénix est devenu un pauvre petit poussin vulnérable », pensai-je amèrement en essayant de faire surgir le feu dans mes veines, en vain.
– Excusez-moi, Messieurs ! Mais j’ai comme l’impression que cette jeune fille ne se sent pas très bien.
Marco se retourna, m’entraînant dans son sillage. La grand-mère de Gabriel se tenait à quelques mètres de nous et venait de l’interpeller. Derrière elle, je vis un homme d’un certain âge, grand et au visage sévère. Lorsque son regard se posa sur moi, je ne pus retenir un frisson. Il était identique à celui de Gabriel hormis la couleur de ses iris. J’avais en face de moi ses grands-parents unis, et tous deux nimbés de puissance. L’air s’était soudainement adouci, le vent s’était apaisé. C’était comme si j’étais à l’intérieur d’une bulle m’isolant des intempéries et du bruit de la fête que je ne percevais plus.
Tu dis ça parce que t’es grosse.
Ah, j’oubliais. Je vous présente ma conscience, une sorte de Jiminy Cricket qui n’me lâche pas d’une semelle et qui a « un peu » tendance à me taper sur le système. Et que les choses soient claires, je en suis pas grosse, seulement bien en chair.
Mouais.
Cependant, ce que tous savaient était que le contremaître recevait ses ordres par un seul canal : le téléphone. Ainsi, le Terminus possédait deux appareils de ce type, l’un placé derrière le comptoir, que le personnel avait à disposition pour passer commande, appeler une famille lorsqu’il en avait encore une, et un autre se trouvant dans la salle attenante. Ce dernier était accroché au mur, sonnait rarement et seulement en trois occasions. La première pour ordonner une extradition ou une mise à mort. La deuxième pour signaler la cessation d’activité de l’une des filles et l’arrivée de sa remplaçante. Et la troisième pour prévenir que le percepteur allait passer tel jour, telle heure. Dans ce dernier cas, un homme encostumé de gris se pointait, jamais le même, au jour et à l’heure dite. Il vérifiait les comptes en compagnie du contremaître et, après avoir prélevé sa part, il entassait les bénéfices dans deux cantines que le personnel chargeait, sanglait sur le plateau d’un pick-up, qui reprenait la route en direction de la ville.
Makéna fit pivoter sa lance et plongea sur le côté pour porter un coup au niveau des côtes de Laudaric. Celui-ci l’évita et frappa du bouclier, projetant la jeune femme contre une colonne. Elle eut le souffle coupé sous l’attaque mais trouva assez d’énergie pour reprendre place et asséner quelques bons coups encouragés par l’assistance. Laudaric fit trembler le bouclier de son adversaire, il cognait sans relâche et Makéna fut déséquilibrée une deuxième fois, elle manqua de trébucher et de percuter Attila.
Un quart de seconde, elle envisagea de frapper le roi des Huns et de débarrasser le monde de ce Fléau de Dieu mais son assaillant revint à la charge. Prête à tout, Makéna rendait coup pour coup et réussit à toucher le géant à la main et à l’avant-bras. Fière de ce coup, elle baissa sa garde et le barbare en profita pour lui faucher les jambes. Makéna tomba de tout son long sur le dos dans un bruit métallique et sentit l’épée de son adversaire sur sa gorge.
Il faisait presque nuit, mes yeux étaient noirs de colère. J’étais devenu fou, enragé. Ma seule préoccupation était de le retrouver. Je ne pouvais pas aller voir Anna pour le moment, elle ne pouvait pas me voir dans cet état. Je n’arrivais pas à me contrôler. J’avais fait ressortir le démon qui était en moi et je ne me maîtrisais plus.
Lui, je l’avais cherché toute la semaine, espérant trouver le bon moment pour lui tomber dessus. Je traquais ma future victime, Trevor Mac’Ollangan. J’étais arrivé à retrouver sa trace. Il avait rejoint, à ma grande surprise, un réseau de sorciers courtisans, de ceux qui cherchaient à se faire bien voir de leur roi, pour être reconnus. Ils n’aimaient pas notre état de guerre froide et se moquaient du traité. Ils étaient des traqueurs. Ils étaient de la région de Toulouse et Mac’Ollangan avait repéré Anna, je ne sais pas comment d’ailleurs, mais il la voulait.
Marc vient me donner une tape dans le dos pour me donner du courage. J’apprécie le geste et tente de lui adresser un sourire amical, malgré mon état second. Jared regarde sa montre.
- 3… 2… 1…
Je regarde l’horizon, refrénant l’anxiété qui souhaiterait m’envahir. Tout d’un coup, je comprends.
Un bus jaune arrive à toute vitesse sur notre gauche. Au même instant, deux enfants traversent sur le passage clouté à quelques mètres de nous. Un garçonnet et une petite fille.
Tout va très vite.
L’envie de hurler me saisit mais je me retiens ; de toute façon, personne ne m’entendra.
Tu ne peux rien faire, tu ne peux rien faire !
Le sinistre choc prévu a bien lieu. Devant nous. Etrangement, je m’attendais à plus de bruit.
Le bus est allé s’encastrer dans un lampadaire. Seuls les hurlements des gens témoins de la scène se font entendre.
Il me demande assez sèchement :
« Rassurez-moi, vous avez déjà assisté à des autopsies ? »
J’ai l’impression d’avoir 8 ans et d’être obligée de sauter du grand plongeoir. J’opine de la tête.
« Quelques-unes. C’était juste une chute de tension, ça va aller. »
Vous ne connaissez pas cette loi ? Heureux que vous êtes !
La loi de Murphy est celle de l’emmerdement maximum, où toutes les emmerdes et autres pépins, possibles et inimaginables, s’enchaînent les uns à la suite des autres, sans répit, inexorablement, jusqu’à ce que vous tombiez dans les bras de Morphée, ou en dépression.
Et aujourd’hui en fait partie.
Pourtant, je n’ai pas croisé de chat noir, ne suis pas passé sous une échelle et encore moins renversé du sel de cuisine sur une table.
Je me demande ce qui pourrait m’arriver de pire. Parce qu’entre un concierge psychopathe, un démon décapité et ensorcelé par un sorcier, sans oublier ma mort définitive certaine, annoncée par la Dame du drame, n’en jetez plus, la coupe est pleine.
Et on est que mardi !
Un effroyable tableau s’offrait à moi. Au-dehors, des corps privés de leurs têtes parsemaient le jardin. La lumière du soleil levant faisait briller la neige devenue rouge. Le paysage était écarlate de sang. Je m’efforçai de ne pas attarder mon regard sur les cadavres croupissant dans la neige devenue boueuse. Une terrible nausée me fit tourner la tête et une forte odeur métallique me prit à la gorge. Je ne devais en aucun cas être faible et tentai de refouler le malaise qui menaçait de me submerger.
Je cherchai rapidement les autres du regard. Je les savais vivants ou Raphaël aurait réagi. Le frère et la sœur se lancèrent dans le combat tandis que j’essayais de repérer qui avait le plus besoin de mon aide. Les auras dorées et noires s’entremêlaient et perturbaient ma vision. En me concentrant assez, je réussis à les faire disparaître de mon champ de vision pour n’observer que la réalité des corps. Nulle part je ne voyais l’énorme félin noir qui était apparu dans mes rêves. Le grizzly-Lautaro déchiquetait ses ennemis à coup de crocs et de griffes. Chris et Sissi, côte à côte, faisaient virevolter leurs épées comme dans un ballet meurtrier. Hypnotisée par leur danse sanglante, je mis quelques secondes à repérer Tintaya. Elle semblait vouloir se frayer un chemin parmi les trois Immortels qui l’encerclaient, le sang giclait mais ses adversaires étaient coriaces et faisaient face. C’est alors que je perçus son regard désespéré qui fixait les abords de la grange où se trouvait l’immense loup gris et blanc.
Avec beaucoup de mal, je réussis à détourner mes yeux des fers qui encerclaient les poignets de l’Ancien et à me redresser tout en restant sur mes gardes. Lui m’observait sans bouger. Son magnifique regard bleu intense ne me lâchait pas. Il avait très certainement dû capter ma présence dès que j’avais posé un orteil à l’intérieur de la tente.
Je le rejoignis sur la pointe des pieds tout en jetant des coups d’œil inquiets vers la tenture qui bouchait l’entrée.
Je vais te libérer, chuchotai-je tout en tirant de mes bottes un poinçon, un poignard et un crochet fin que j’avais pris dans une des cabanes à outils, proche des serres.
Je me saisis alors de son poignet droit et commençai à sonder la fermeture avec le crochet. Je n’avais jamais forcé de serrure et j’espérai vivement que celle-ci ne me pose pas trop de problèmes. Je n’avais guère de temps devant moi. Le voir ainsi m’avait obligé à revoir mon plan. Il devait partir et tout de suite. Mais je dus faire face à une difficulté à laquelle je ne m’attendais absolument pas. L’Ancien se saisit de mes mains et m’obligea à lever la tête vers lui.
Cette forêt était à la fois d’une beauté sauvage magnifique et d’une dangerosité lugubre. Nous suivions le cours d’eau mais Andreas nous en tenait éloignés afin d’éviter toute rencontre. L’affluent était souvent sujet de circuits touristiques. Pour notre sécurité et celle des gens qui pourraient nous voir, il valait mieux rester discret.
La seconde nuit se profilait à l’horizon. Andreas paraissait content de notre avancée. Moi, je n’avais plus de jambes. Youri et Ben ne purent s’empêcher de laisser échapper un grognement de soulagement en ôtant leurs sacs. Anya s’écroula sans grâce et décréta qu’elle dormirait là, sans bouger. Quant à Charlotte, ma belle blonde, elle se mit à genou pour prier :
Seigneur Dieu ou qui que tu sois, je t’en prie. Fais-moi un signe ! Un flacon de gel douche me suffirait mais si tu ajoutes une brosse à dents et un tube de dentifrice, je te jure de prier tous les jours !
Je ne pus m’empêcher de rire. Anya se cacha la tête dans son sac pour cacher son hilarité. Même Ben s’autorisa un sourire. Gabriel et Andreas se regardèrent amusés avant de nous faire rapidement redescendre sur terre en nous rappelant qu’il fallait monter les deux tentes et ramasser du bois pour le feu.
Je pris à nouveau le premier tour de garde. Et comme la nuit précédente, je ne restai pas seule bien longtemps. Or, cette fois-ci ce fut Andreas qui vint. Il resta impassible un bon moment. Je ne fis rien pour encourager la conversation. J’appréciais le silence. C’était apaisant.
- Le sujet ne paraît pas en grande forme…, commente la représentante de Bravoure.
- Ce sont les effets secondaires du traitement, explique Perrin. Fatigue intense, tremblements, difficultés d’élocution et vacuité du regard sont les symptômes habituels. On observe aussi chez cet individu particulier une tendance aux crises d’angoisse. Le traitement n’en est encore qu’à sa phase expérimentale, mais nous travaillons à réduire les effets indésirables dans l’optique d’une commercialisation.
- Nathaniel retrouvera l’ensemble de ses facultés sitôt que nous l’aurons sevré, ajoute Lorient.
- Si je résume, je suis en train de parler avec un personnage d’Ultimaland 15 qui se tient devant moi en chair et en os, ou plutôt en spectre, et je suis la seule à pouvoir le voir. Il ne sait pas d’où il vient, ni comment y retourner… Les gens vont me prendre pour une dingue, si je raconte ça…
- Ne me demandez pas comment ça marche. Je peux m’asseoir et m’adosser aux choses, mais ma main passe à travers les objets. Et je passe aussi à travers vous, si vous avez oublié… Je vais réessayer, si vous le voulez bien, juste pour tester, pour voir ce que ça fait…
Il ne lui fut pas possible de se mettre en retrait. Il avait comme bondi et avait traversé la jeune femme qui fut comme foudroyée par une légère décharge électrique. Ça n’était pas douloureux, mais très inconfortable.
- Qu’est-ce que la Loi Immuable ? demanda David.
- Oh, c’est vrai que je ne t’ai pas encore expliqué. Notre monde est régi par quatre lois fondamentales qu’il est impossible de transgresser même en utilisant les magies les plus avancées.
Il sortit sa baguette et traça une suite de lettres dorées sur le tronc d’un chêne :
Personne ne peut ressusciter les morts
Personne ne peut rajeunir
Personne ne peut avoir d’enfant
Le contrat magique qui lie une personne à un clan est éternel et indéfectible
- Voilà pour les grandes lignes. Sache qu’aucune dérogation n’est possible.
David lut et relut avec attention les phrases inscrites en surbrillance.
- Si je comprends bien, il faut choisir avec attention le clan auquel on souhaite appartenir, car on ne peut plus en changer par la suite.
Il court toujours. Ses jambes, qui semblent avancer toutes seules, filent devant le ponton du château.
Là, il s’arrête. Au bord du chemin se dresse une grande serre. Enfin, une serre… un immense édific de verre. Comme un palais des glaces ou quelque chose du genre.
Il voit son reflet dans les carreaux.
Sans réfléchir, il ramasse une pierre et la lance. Elle traverse la vitre avec fracas. Il en ramasse une autre. Et la lance. Pan ! Encore une. En plein dans le mille. Crac ! Patatras ! Encore une. Le verre se brise et tombe en éclats sur le sol.
Le cœur d’Alrik bat fort.
« Je m’en fiche, se dit-il. Je m’en fiche complètement ! »
Brusquement, quelqu’un l’attrape par le bras. Alrik essaie de se libérer, mais n’y arrive pas.
- Lâche-moi, vieux schnock !
- « Vieux schnock » ? Ce n’est pas mon nom de baptême, lui répond calmement l’homme. Je m’appelle Magnar.
Une fois dehors, je respirai une grande bouffée d’air pour reprendre un peu de courage. Le temps était maussade, d’épais nuages gris accablaient le ciel et chargeaient l’air d’humidité. Mes cheveux allaient encore ressembler à du poil de caniche ; c’était d’ailleurs l’une des raisons pour lesquelles j’avais quitté l’Angleterre : pour incompatibilité capillaire.
- Non, c’est l’autre qu’il veut voir.
Pourquoi demandait-il à voir justement celle-ci ? Il céda et la tendit.
Le shaman la prit entre les siennes et marmonna des paroles sur un ton qui faisait penser à une litanie, voire à une prière. Étonné, le médecin regarda l’employée, attendant ses explications.
- Il prie pour vous soigner.
Il marqua sa surprise sans toutefois l’exprimer. Comment aurait-il pu savoir que sa main était blessée ? Elle restait toujours posée sur ses genoux quand il était assis afin d’en dissimuler son état et le vieil homme ne l’avait pas vue avant qu’il ne la tende. Etait-ce un heureux hasard ou autre chose d’inexplicable ?
- Que se passe-t-il ? demanda-t-elle, inquiète.
Kenna reprit son souffle, les mains sur les hanches, et désamorça sa bombe :
- Ils ont kidnappé Kaleb ! C’est toi qu’ils veulent et maintenant que Bridget leur a appris pour le bébé, ils ne vont plus te lâcher !
L’engin lui explosa en pleine face. Elle savait que Bridget était prête à tout pour Kaleb, mais de là à le livrer au plus grand psychopathe que la Terre ait pu concevoir, il lui manquait vraiment une case.
Cara s’adossa au pilier du perron, abattue. Les choses allaient beaucoup trop vite, même pour elle. Elle était effrayée par les pensées qui tournaient en boucle dans son esprit. Que lui ferait le Milliardaire ? Comment l’en sortir ?
- Hum, bon il serait peut-être temps de…, commença-t-il en se raclant la gorge. J’ai des… je vais…
Il la salua de la main et fit demi-tour, l’air un peu désorienté.
Cora le regarda s’éloigner avec perplexité, puis se dirigea à son tour vers les écoutilles. Elle descendit les escaliers, sa lassitude de plus en plus grande, et rejoignit sa cabine dans laquelle elle s’enferma.
Les deux combattants étaient extrêmement rapides. Leurs lames s’entrechoquèrent avec force, produisant un bruit qui retentit autour d’eux. Lihua se maintint au rythme du noble qui ne cessait de porter des attaques. A la première occasion, il se baissa et profita de sa position pour lui lancer du sable à la figure.
Le temps que Lihua s’en débarrasse, le jeune homme n’était plus qu’à quelques centimètres d’elle, son épée pointant vers sa gorge. Elle espéra qu’il s’arrête juste à temps, mais décida de riposter quand même. Son poing partit à vive allure et alla s’écraser sur le visage de Gao Ren qui, sous l’effet de la surprise, abaissa sa lame et oublia de protéger ses jambes. Lihua les balaya d’un mouvement circulaire et le jeune homme tomba par terre comme l’avait fait Wu Sheng quelques minutes plus tôt.
- Vous vous croyez dans un épisode des « Experts : Miami » ? Ça prend un peu plus de temps que ça.
Il la regarda de nouveau avec une froideur insupportable et ce qu’elle lut dans ses yeux accrut encore son malaise. Pourquoi ne la fermait-elle pas ? Non seulement, elle venait jouer sur son terrain sans y avoir été invitée, mais elle se permettait de lui tenir tête. Si elle voulait gagner sa confiance, elle allait devoir trouver des stratégies plus élaborées ou simplement l’impressionner en faisant son job. Mais Peterson ne devait pas être facilement impressionnable. Ce que lui avait dit Garrett au sujet de l’incident de Finsbury Park recoupait ce qu’elle avait lu dans son dossier.
- Je suis ta mère, je suis la mère de toutes les femmes. Je suis celle qui veille haut dans le ciel, celle qui veille haut dans le ciel, celle qui fait monter et descendre les marées, celle qui inspire poètes et meurtriers.
- La lune, murmura Lana à bout de souffle tant son cœur battait fort.
- Non, Lana, pas la lune. Je suis Luna Jactata, déesse de la lune et du sang, abandonnée par ses fidèles il y a des millénaires.
- Qu’attendez-vous de moi ? Que voulez-vous ?
- Je veux du sang. Il en a toujours été ainsi. Les femmes me doivent une coupe de sang de leur amant. Elles me doivent allégeance, car c’est moi qui veille sur elles quand les hommes les maltraitent, moi qui apaise leurs souffrances, moi qui…
- Je me contrefous de ce que vous faites et de qui vous êtes ! Vous pouvez toujours me hanter, me harceler, je ne tuerai personne en votre nom ! hurla Lana en balayant le visage du plat de sa main.
- Tu ne peux pas échapper à ton destin, tu es faite pour tuer ! Et par ton crime tu me feras renaître, comme l’ont fait tes trois sœurs ! s’exclama le visage qui se reformait.
- Je ne céderai pas, répliqua-t-elle.
- Personne ne peut aller contre une malédiction que j’ai proférée ! Tu tueras, Lana, pour moi. Tu tueras, et le sang que tu auras versé me fera renaître !
Il avait chevauché depuis l’Aquitaine si las, si difforme, le corps couvert d’une sueur si puante que je n’osais le regarder.
À Saintes, ma noble mère Bertrade nous attendait avec mon frère Carloman et notre sœur Gisèle. Nous avions prié saint Martin, à Tours, et nous avions lentement, comme si nous gravissions un calvaire, gagné l’abbaye de Saint-Denis.
Là, Dieu avait appelé à lui Pépin III le Bref, mon père glorieux, et j’avais veillé à ce que son corps reposât au cœur de l’abbaye.
Puis, alors que je me recueillais, l’abbé Fulrad m’annonça que le dimanche 9 octobre, nous serions Carloman et moi sacrés rois – moi à Noyons, Carloman à Soissons – par les « grands et la consécration des prêtes ».
La surprise me paralysa. N’avais-je pas déjà été sacré à Saint-Denis le 28 juillet 754 ?
L’abbé Fulrad, le visage sévère, la moue sévère, me répondit que la première cérémonie n’était qu’une désignation, qu’il fallait l’adhésion publique des grands à notre élévation.
J’ai baissé la tête en signe d’acceptation et de reconnaissance, mais mon sang brûlait sous ma peau.
Je venais de recevoir une nouvelle leçon gouvernement.
Qu’est-ce qu’il m’énerve ! Qu’est-ce qu’il… Putain, qu’est-ce qu’il fout ?!
- Arrête !
- Quoi ?
Il me joue les innocents alors qu’il a sa main sur ma cuisse. Il a vu la Vierge ou bien ? Merde, il l’a peut-être croisée ce matin en venant bosser ! Marie hante les rues de Nirvana, armée de ses pétitions qu’elle nous fait signer sans relâche, jour après jour. La dernière en date ? Elle voulait nous interdire de voler dans la Cité. De voler, nom de Papy ! Autant nous faire manchots !
- Dégage ta main de la là !
- Pourquoi ?
Pourquoi ? Il ose poser la question ? Non mais, j’hallucine !
- D’après toi ? grincé-je.
Je ne vais pas lui parler des picotements que le contact de sa paume provoque, oh non ! Je ne vais pas en parler. Et je ne vais pas non plus dire que j’apprécie la sensation, certainement pas ! Inutile aussi d’imaginer que j’en veux plus, parce que ce n’est pas le cas. N’est-ce pas ?