Rien ne se passe comme prévu
Auteur
- Laurent Binet (Écrivain)
Classement en biblio - 12 lecteurs
extrait
A l’approche de 18 heures, l’ambiance dans les rues de Tulle ressemble à un mariage, les voitures klaxonnent, les gens crient des encouragements en passant. On retourne attendre les premières estimations au conseil général.
Un premier indice tangible vient de Paris : il paraît qu’ils ont annulé la fête à la Concorde. Hollande commente : « Oui, je crois qu’ils disent qu’ils ont perdu, en face. C’est peut-être pour nous tromper en même temps, attention ! » David, le garde du corps, pouffe. Personne n’y croit. Les estimations tombent les unes après les autres, qui indiquent 52 ou 53 %. Un peu avant 19 heures, Hollande déclare à Djamel qui le filme avec son iPhone : « Je ne veux pas retenir ma joie mais j’attends que ce soit dit à la télévision. Il faut que ce soit annoncé à la télévision. » Vertige de la représentation : c’est la télé qui doit consacrer le réel. Djamel demande ce qu’il va faire en premier : « Je vais appeler mon père. » En attendant, il sert la main de tous ses collaborateurs du conseil général et de tous les gens présents dans les bureaux. A moi, il dit : « Bon livre. » Puis il retourne dans son bureau préparer sa déclaration avec Aquilino Morelle. Une dame du conseil général demande : « Qu’est-ce qu’ils disent, à l’AFP ? »
Fred : « François Hollande élu président de la République. »
Afficher en entierCommentaires récents
Rien ne s'est passé comme certains l'avaient espérer ou l'homme aux deux visages.
Nous avions eu droit tout au long de son parcours de candidat à une certaine bonhommie teintée d'humour. Au cours des meetings de la campagne présidentielle nous avions découvert une imitateur de la gestuelle, de l'intonation et des grandes envolées lyriques de François Mitterrand.
Mais après avoir revêtu ses habits de président ce monsieur s'est confirmé hésitant, sa normalité n'était que façade, en privé il apparaîssait distant, cassant, ne dévoilant aucune émotion.
Alors pourquoi avoir élu un président qui dissimulait autant sa personnalité ?
Dommage que ce livre ne soit pas paru avant son élection.
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Je partais sur un à-priori positif : j'avais bien aimé HHhH de Laurent Binet. Finalement, je n'ai pas été déçu. Mais attention, ce n'est pas un "vrai" roman. C'est le récit d'une campagne électorale à postériori. Soit une sorte de roman, mais dont on connaît déjà la fin. Certains passages m'ont vraiment intéressé, d'autres moins. Mais dans l'ensemble je conseille ce livre... en le réservant aux réels amateurs de politique française...
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Date de sortie
Rien ne se passe comme prévu
- France : 2013-03-27 - Poche (Français)
Activité récente
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Résumé
« Sous les perches des preneurs de son, on l'aperçoit parfois au milieu du cordon des gardes du corps. Des adolescents hystériques jurent qu'ils ne se laveront plus jamais la main après avoir serré la sienne. Des journalistes sont prêts à me piétiner pour rester au contact du candidat. Des ouvriers en colère hurlent, menaçants, qu'ils auront la peau des journalistes.
Hier à Lyon, aujourd'hui à Gandrange, demain à Varsovie ou à Londres, Marseille, Boulogne-sur-Mer, Trappes, Rouen, Berlin, la Guadeloupe, la Guyane, le soleil ne se couche jamais sur la campagne présidentielle.
Hollande, président ? On rêve. Les ennemis d'hier sont les alliés d'aujourd'hui. Valls monte la garde. Montebourg se prend pour César.
En face, l'adversaire brûle ses vaisseaux. A la télé, on disserte sans fin sur sa stature ou le hallal. Pendant ce temps, Mélenchon récite des pages de Victor Hugo. Ceux qui trouvent la campagne chiante en parlent pendant des heures, des jours, des mois.
Des hélicoptères tournent dans le ciel de Tulle.
Tout est normal. »
Le mot de l'éditeur:
Il s'agit d'abord d'un récit retraçant la course vers le pouvoir d'un homme et de son équipe, mais aussi de comprendre le fonctionnement caché de la machine (choix tactiques, élaboration des discours, relations avec les journalistes, organisation logistique, rencontre avec les différentes composantes de la société française...). Le livre ne se limite pas à un simple portrait de Hollande mais évoque abondamment les seconds rôles (Moscovici, Valls, Montebourg...) ainsi qu'une foule d'anonymes rencontrés au fil des déplacements dans les usines, les écoles, la rue...
Le récit est à la première personne et se distingue d'un ouvrage journalistique par une subjectivité surexposée qui s'inspire du journalisme gonzo de Hunter S. Thompson. Ce parti-pris permet de rendre compte d'une dimension burlesque qui se révèle omniprésente. Enfin, au-delà du résultat, l'un des enjeux dramatiques du livre est le suivant : l'auteur, qui observe jour après jour l'altération de sa subjectivité, va-t-il finalement se convertir à la sociale-démocratie et voter Hollande ou tenter le diable, oublier 2002 et voter Mélenchon ?
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