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La main de Gabriel est forte, chaude, solide… et vide. Elle ne serre qu’une branche morte. Cinq doigts de bois.
Afficher en entierIl est à peine 8 heures. La plage de Saint-Jean-de-Luz est presque déserte. Je compte moins d’une vingtaine de touristes éparpillés sur le long croissant, entre la digue aux Chevaux et la digue du Port. Nous nous sommes installés face à la terrasse du Toki Goxoa, le restaurant panoramique aux faïences multicolores. Enfin, installés est un grand mot. Esteban a laissé tomber sur le sable la serviette de plage rouge qu’il portait autour de son cou, façon cape de Superman, a fait passer par-dessus sa tête son sweat du Biarritz Olympique et largué sur place ses deux espadrilles vertes.
Afficher en entier- Et les autres ?
- Ils sont pragmatiques. Ils ne font confiance qu'à leur jugement. Le monde n'existe qu'à travers le filtre de leurs propres raisonnements. De leurs propres systèmes de valeurs, si tu préfères. Ils sont pessimiste et soupçonneux. Comme moi, Savine ! Ils sont, comment dire, précautionneux.
Afficher en entier- Les premiers, affirme-t-il, ceux qui achètent des mandarines avec du papier autour, sont d'une nature confiante. Ils n'ont pas besoin de vérifier si le fruit en dessous est abîmé. Ils considèrent que le risque est minime, en tous les cas pas suffisamment important pour se méfier. Ils ne se posent même pas la question, pourquoi certains fruits sont emballés et d'autres pas. À la limite ils trouvent ceux empapillotés plus jolis. Ils aiment que le monde fasse preuve d'imprévisibilité et de fantaisie, ils y voient le respect de leur propre désir de liberté. En résumé, pour simplifier, ce sont des gens optimistes. Comme toi, Savine.
Afficher en entierTu connais la devise, les avocats aboient et la caravane de la justice passe.
Afficher en entierNe faire aucune promesse, jamais. N'en exiger aucune, jamais. Gabriel se comporte comme un vrai ado. Après tout, peut-être n'ai-je tout simplement pas envie qu'il grandisse, qu'il devienne sérieux, ennuyeux, prévisible, sûr de lui, indépendant, triste, rangé à plat, comme tous ces hommes écrabouillés par le poids de leurs responsabilités. Je préfère garder chez moi mon petit oiseau fragile et gracile, même si les habitants du Murol vont finir par croire que je vis seule, à voir si peu souvent Gabriel, que je ne suis qu'une vieille fille rêche et célibataire, venue s'enterrer dans la vallée. je vais attirer tous les gigolos du quartier.
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