Rimbaud l'Oeuvre

"Un orgueil implacable et une éthique d'absolu engendrèrent Arthur Rimbaud. Ce fut sa différence. Elle provoqua sa mise à l'écart par ceux qui prirent peur de trop de liberté et de trop d'audace. Elle le contraignit, pour ne pas en mourir trop tôt, à émigrer au plus loin de tout ce qu'il avait connu et méprisait. "La poésie ne lui fut qu'un outil. Il excella à son maniement, la modernisa pour la plier au mieux à ses désirs et puis la rejeta, lorsqu'elle se révéla inadaptée, impuissante à combler les espérances qu'il avait mises en elle, instrument inutile. "Notre paresse nous le fait dire obscur. On rechigne à le comprendre pour ne pas nous gâcher le plaisir de sa musique. Il voulait ce mystère pour provoquer notre méditation, pour atteindre à l'universel et, par une extrême pudeur, se protéger lui-même. "Il faut lire ces écrits comme on boit à une source ardente, pour apaiser nos soifs existentielles ; pour retrouver des éclairs de fraîcheur et un goût de l'infini ; pour réveiller les désirs aux temps de lassitude. Cette eau de vie parfois brûle, elle a filtré trop de luttes, d'écoeurements, de solitudes surtout, pour ne pas en avoir gardé certaines âpretés. Cette oeuvre dit avant toute chose la profonde humanité d'Arthur Rimbaud, larmes et sang mêlés."