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Liste des extraits

— Ça te plaît ? lui demandai-je avec anxiété.

Il sélectionna un cookie red velvet. Le mangea. Ne dit rien.

— Ah, pour me dire que mon sang était dégueu, il y avait du monde, mais tu es incapable de faire la moindre observation sur ce que je te cuisine ?

Avec un sourire en coin, il mangea un quatrième cookie sans faire le moindre commentaire.

— Tu es insupportable.

Il remua la queue. Il s’empara du dernier modèle de cookie disponible et lécha un morceau de caramel qui lui collait au doigt. En grommelant, je me tournai vers l’évier qui débordait de vaisselle sale.

— Dans mon monde, déclara-t-il soudain, il y a un genre de… d’arbre.

Je lui fis face de nouveau, les sourcils froncés, intriguée.

— Sur l’arbre, il pousse de petits…

Il forma une coupe avec ses mains, comme pour y tenir quelque chose.

— … de petits fruits. Le dehors, c’est du poison, mortel, mais l’intérieur est juteux et sucré. On se bat pour ces arbres. J’ai déjà tué pour m’emparer du fruit quand il est mûr.

Il saisit un autre cookie à la guimauve avant de conclure :

— Ça, c’est meilleur.

Mon coeur enfla dans ma poitrine, mais j’attendis avec circonspection. À chaque fois qu’il disait quelque chose de gentil, il gâchait tout, juste derrière.

Il fourra le cookie dans sa bouche, le fit craquer deux fois entre ses dents, avala, et prit un cookie-bretzel qu’il mordit, le coupant en deux. Pas d’autre commentaire. Pas d’insulte ou de rictus sardonique. Je dissimulai mon sourire tremblant et me hâtai de retourner à la vaisselle, craignant que, si je le remerciais, il dise quelque chose de méchant et gâche ce moment.

Il pensait que mes cookies étaient meilleurs qu’un fruit pour lequel il avait tué.

Mes mains s’immobilisèrent, immergées dans l’eau savonneuse. Il faudrait que je fasse attention à ce que personne n’essaie de lui prendre sa nourriture. Ça avait l’air dangereux.

Pendant que je faisais la vaisselle, il dévora les cookies jusqu’au dernier puis partit dans le salon vide. Une couverture était pliée par terre, je m’y étais installée pour lire un peu plus tôt. Zylas regarda autour de lui d’un air perdu et se laissa tomber sur la couverture. Mmh. Ça faisait peut-être trop de sucre pour lui. Avec un sourire satisfait, je continuai à ranger en jetant de temps en temps des coups d’oeil au démon qui était en train de sombrer dans un coma glycémique. Il aimait mes cookies. Je ne savais pas pourquoi cette révélation m’avait mise dans un tel état d’euphorie. Peut-être parce que je n’avais pas eu l’occasion de partager mon amour pour la pâtisserie avec quiconque depuis la mort de mes parents.

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Zylas gronda et son bras se resserra autour de ma poitrine. Je ne pouvais rien faire d’autre que pendouiller comme une poupée de son à cause du sort de Claude.

— C’est juste moi, commença le volcanomage d’une voix profonde, ou bien ce démon agit de façon indépendante ?

— Elle parvient peut-être à le contrôler même si elle ne peut pas bouger, suggéra Girard.

Darius caressa sa barbe.

— Robin ? Si ton démon recule, on peut retirer ce sortilège.

Zylas, pensai-je à son intention, je crois qu’ils nous aideront.

Il montra les dents.

— Qu’un seul de vous approche.

La même expression incrédule se peignit sur leurs visages. Pourquoi est ce qu’il leur parlait ? Il venait d’éventer notre secret !

— Ben dis donc, marmonna Girard. Je n’avais jamais entendu de démon parler.

Zylas frappa le béton de sa queue.

— Stupide, comme tous les hh’ainun. Pourquoi je ne parlerais pas ?

Parce que tu es censé être sous contrat ! hurlai-je en silence.

— Je parie que tu ne t’étais jamais fait insulter par un démon non plus, fit remarquer le volcanomage, pince-sans-rire. C’est à l’évidence un contrat illégal, Darius.

Le MG observa Zylas et son regard s’attarda sur le bras du démon autour de mon torse. Il remit ses dagues dans leurs fourreaux.

— Girard, un artefact pour dissiper le sort, je te prie.

— Tu ne peux pas t’approcher. Ce démon est hors de contrôle.

Il tendit la main, l’air d’attendre. Avec une moue de désapprobation, Girard retira une bille marbrée d’une bourse à sa ceinture et la laissa tomber au creux de la paume de Darius. Le maître de la guilde avança lentement vers nous en tenant l’artefact. Zylas resserra ses doigts sur mon pull alors que le mythique s’agenouillait. Avec un démon prêt à le massacrer qui lui soufflait dans le cou, Darius appuya la bille contre mon front et murmura une incantation, trop bas pour que j’entende les mots. Une magie fraîche me balaya et l’engourdissement de mes membres disparut. Je pris ma première grande respiration depuis que le sortilège m’avait frappée. Zylas repoussa le bras de Darius.

— Recule.

Au lieu de ça, Darius s’accroupit sur ses talons.

— Tu te montres très protecteur envers ta contractante.

Zylas montra les crocs. Comme je commençais à bien le connaître, j’étais déjà en train de bondir. Avant que ses griffes puissent s’enfoncer dans la chair de Darius, je collai son visage contre ma poitrine et resserrai mes bras autour de sa tête, le plus fort possible. Il agrippa mes épaules pour me repousser, mais il était encore faible à cause de la mystérieuse injection de Claude – et je m’accrochais comme si ma vie en dépendait. Pour me forcer à le lâcher, il faudrait qu’il me fasse mal.

Il tira furieusement sur mes manches.

— Payilas !

— Tu ne peux pas tuer des gens dès que ça te chante, lui dis-je, le souffle court, en prenant appui sur mes genoux pour qu’il ne me renverse pas. Et tu ne vas pas tuer quelqu’un qui vient de nous sauver. Incapable de libérer sa tête, il gronda dans mon pull comme un loup enragé. Je resserrai ma prise et regardai Darius à travers mes lunettes de travers.

— Euh… alors… je peux vous expliquer.

— Vraiment ? marmonna Darius, accroupi à soixante centimètres de là, en train de fixer le démon dont j’écrasais le visage contre mes seins. D’accord, c’était une drôle de situation, mais je n’avais pas de meilleure idée pour garder Zylas sous contrôle quelques minutes. Il enfonça ses griffes dans mes manches et lacéra le tissu. Enfin… plus ou moins sous contrôle.

Darius se releva et recula jusqu’à ce qu’il ait rejoint ses coéquipiers – qui ne savaient pas quelle expression prendre et me fixaient d’un air un peu abasourdi.

— Peut-être que tu devrais le lâcher, suggéra le MG.

Je laissai aller mes bras et Zylas se détacha de moi, les yeux flamboyants de rage et de son pouvoir qui lui revenait.

— Kanish zh’ūltis ! Eshathē dilēran !

— Ne me traite pas d’idiote, rétorquai-je en redressant mes lunettes. C’est toi qui es stupide ! Tout ce que tu avais à faire, c’était ne pas ouvrir ta grande bouche et ils n’auraient jamais su que tu n’avais pas un vrai contrat.

— Il le savait déjà parce qu’il a utilisé son vīsh qui rend aveugle sur moi !

— Ça ne peut pas marcher sur un dé… oh, bafouillai-je.

Il me fusilla du regard. Je grimaçai.

— Ah, interrompit poliment Darius. Je me posais la question, pourquoi l’aveuglement n’affecte pas les démons.

— Ils ont une vision infrarouge en plus de…

— Pourquoi tu réponds ? m’interrompit Zylas. Zh’ūltis !

— Arrête de dire que je suis stupide !

Il m’attrapa par le col. Les trois hommes se rapprochèrent en hâte, mais Zylas se contenta de me tirer sur mes pieds. Il vacilla et j’enlaçai sa taille pour le stabiliser. Il me grogna dessus.

— Je n’arrive pas à en croire mes yeux, grommela le volcanomage.

— Moi non plus, marmonna Girard.

Darius hocha lentement la tête.

— Voilà un joli casse-tête, n’est-ce pas ?

[...]

Le MG m’observa durant une longue minute avant de pousser un long soupir. Il referma les mains autour du manche de ses dagues.

— Je suis désolé, Robin, mais ton démon représente clairement un danger. Nous n’avons pas d’autre choix que de l’éliminer pour la sécurité de…

— Non !

Je bondis devant Zylas, les bras écartés.

— Vous ne pouvez pas faire ça !

Darius fronça les sourcils.

— Robin…

— Il vous faudra me tuer aussi !

Je levai le menton d’un air de défi alors même que mes entrailles se racornissaient de désespoir.

— Il m’a sauvé la vie. Il ne m’est pas assujetti, mais il… c’est mon partenaire. Et je ne…

Zylas m’attrapa par le pull et me tira vivement derrière lui.

— Stupide payilas. Je te protège.

— Tu tiens à peine debout ! protestai-je en revenant devant lui.

Il me repoussa de nouveau derrière.

— Je vais…

— Tu vas quoi ? Leur crier dessus jusqu’à ce qu’ils meurent ? demanda-til.

Je grinçai des dents.

— Tu es vraiment un sale con.

— Et toi tu es mailēshta et nailis et taridis…

— Arrête de m’insulter !

Darius eut une petite toux. Je jetai un coup d’oeil sous le bras de Zylas alors que le MG se frottait la bouche pour reprendre une expression neutre.

— Peut-être qu’éliminer ton démon était une décision trop hâtive.

Girard regarda son supérieur, alarmé.

— Darius, la loi est claire, nous…

— Rappelle-toi la deuxième règle, mon ami. Ne détruisons pas quelque chose avant de l’avoir compris.

Il me dévisagea.

— Robin, tu as dit que tu pouvais t’expliquer et j’aimerais beaucoup entendre ton explication – mais ce n’est pas le meilleur moment pour ça. Si tu acceptes de prendre rendez-vous avec moi le plus tôt possible, on vous fera sortir d’ici avant que j’appelle le MPD.

[...]

Alors que Girard se penchait au-dessus d’Amalia, je murmurai à Zylas :

— Tu devrais retourner dans l’infernus pour le moment.

Et reprendre des forces au cas où l’on en aurait besoin plus tard.

Il entendit mon avertissement silencieux. Avec un dernier regard mauvais en direction des mythiques du Corbeau et Marteau, il se fondit dans une lumière rouge et disparut dans l’infernus. Je sentis mes épaules se relâcher de soulagement.

Darius vint se poster à côté de moi pour regarder Girard et le volcanomage transporter mes cousins inconscients.

— Je dois dire, Robin, murmura-t-il, que l’expression sur le visage de ton démon quand tu l’as déclaré ton partenaire était fascinante.

Ma bouche s’ouvrit toute seule.

Il sourit.

— J’ai hâte d’entendre toute l’histoire.

Là-dessus, il emboîta le pas à ses coéquipiers. Je me repris et me demandai si faire confiance à cet homme était la bonne décision – ou la pire erreur de ma vie.

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Satisfaite, je me levai et fis deux pas avant de me souvenir de mon assiette de cookies déjà bien entamée. Je l’attrapai d’un mouvement trop brusque. La pile de biscuits glissa sur la céramique lisse et tomba à la renverse. Ils atterrirent par terre dans un déluge de miettes et rebondirent partout. L’un d’eux, roulant sur son arête comme une grosse pièce, parcourut le plancher à toute allure. Il roula, vacilla, décrivit une courbe – et disparut derrière la ligne d’argent.

Je fixai, bouche bée, le point où le cookie s’était volatilisé, avalé par le dôme noir. Mon cerveau hurlait de panique, et je reculai vivement en m’attendant à ce que le cookie ressorte d’un coup, comme une balle de fusil chocolatée pour venir se loger dans mon orbite. Un démon était-il capable de lancer un cookie avec assez de force pour tuer ? À cette dernière pensée, ma panique reflua. Un cookie ferait mal en me percutant avec une force inhumaine, mais je doutai qu’il puisse vraiment me blesser. Peut-être que le démon s’en rendait lui aussi compte.

Immobile, j’attendis une bonne minute, mais aucun son n’émergea du cercle. Le cookie ne réapparut pas.

Je respirai de nouveau et ramassai avec précaution ceux qui étaient tombés par terre et les rassemblai sur l’assiette. Je considérai le sol couvert de miettes. Je balayai le plancher avec mes chaussettes pour toutes les pousser sous la petite table d’appoint. Est-ce que je me souciais de souiller le manoir d’Oncle Jack ? Pas le moins du monde. S’il se retrouvait avec des rats à cause de moi, tant mieux.

L’assiette à la main, je marchai jusqu’à la porte, et me tournai pour regarder le cercle. Le démon avait-il vu le cookie ?

Ma curiosité s’embrasa. Avec impulsivité, je pris un biscuit, visai, et l’envoyai en lob. Il décrivit un bel arc de cercle et tomba pile dans le dôme noir.

Je tendis l’oreille. Pas de craquement ou de piétinement. Aucun son. Bizarre. Je lançai un second cookie. Il tomba également dans l’obscurité surnaturelle et, une nouvelle fois, rien que le silence. Soit l’intérieur du cercle était une petite poche d’une dimension dépourvue de gravité et de surfaces solides, soit… soit le démon avait attrapé les cookies avant qu’ils touchent le sol ?

Je plissai les yeux en regardant le cercle et en essayant d’imaginer à quoi pouvait ressembler un démon. Je me rapprochai avec précaution. Silence dans le cercle. Je serrai mon assiette où se trouvaient les cinq derniers cookies et un assortiment de morceaux cassés. Est-ce que j’oserais ?

Je n’attendis pas de me dégonfler et renversai l’assiette en direction du dôme. Les cookies se déversèrent dans un jet de chocolat, de noix de pécan et de miettes qui disparurent dans le dôme noir. Un petit bruit de pluie me parvint alors que les miettes touchaient le sol. Aha ! Alors le démon avait vraiment attrapé les deux cookies. Est-ce que ça voulait dire…

Un petit frottement, et puis quelque chose vola hors du cercle à la vitesse de la lumière. Le cookie me frappa pile entre les deux yeux.

Je glapis, vacillai, et faillis lâcher l’assiette. Des larmes de douleur me montèrent aux yeux. Je fis volte-face et courus vers la porte. Je m’arrêtai net et revins en courant récupérer le cookie sur le plancher. Il ne fallait pas qu’Oncle Jack voie… Oh, merde. Et si le démon gardait les cookies pour les balancer sur Oncle

Jack la prochaine fois qu’il descendrait dans la pièce ?

En maudissant ma stupidité, je montai l’escalier à toute allure et déboulai dans la cuisine vide et sombre. Je touchai avec hésitation mon front douloureux. Le cookie avait laissé une marque entre mes deux yeux et des miettes collaient à mes lunettes. Aïe.

Sans la douleur, j’aurais pu croire m’être imaginé tout ça. Un démon m’avait balancé un cookie à la figure ? C’était sans aucun doute le truc le plus bizarre qui me soit jamais arrivé.

Je fixai le morceau de biscuit que je tenais entre le pouce et l’index. Le démon l’avait touché. Tenu. Il avait visé avant de le jeter. Le nez plissé, je me hâtai de le foutre à la poubelle. Je frottai mes mains avec du savon jusqu’à ce que ma peau soit rose et irritée.

[...]

Quelque chose frotta contre le sol. Une main levée pour reposer

L’Histoire du druidisme celtique sur une étagère, je me figeai, tous les sens en alerte, terriblement consciente du cercle d’invocation à un mètre trente derrière moi. Un autre petit frottement se fit entendre, comme si quelqu’un changeait de position sur le sol. Le silence pulsait à mes oreilles. Au bout d’une minute, ma colonne vertébrale se détendit et je relâchai ma respiration.

— Hh’ainun.

[...]

En hoquetant et en crachotant, les yeux humides, je fis volte-face et plaquai mon dos à l’étagère. Le dôme noir se dressait bien trop près de moi. Je clignai des yeux pour chasser mes larmes, le nez encombré, les genoux tremblants. Mes lunettes pendaient par une branche à une seule de mes oreilles.

— Hh’ainun.

La voix basse et grondante émergea du dôme noir.

— Répondras-tu à une question ?

Une voix paniquée hurlait dans ma tête. Mes membres ne répondaient plus et je ne me souvenais plus comment on courait. Le démon me parlait. Il parlait. À moi. Il m’avait… demandé si…

— Hein ?

Il ne répondit pas. Peut-être qu’il ne savait pas ce que voulait dire « hein».

Je déglutis avec peine et coulissai le long de l’étagère jusqu’à être à bonne distance du cercle. Là, je fis un pas tremblant en direction de la porte. Il fallait que je m’en aille. Oncle Jack avait été très clair : si jamais le démon parlait, je devais aller le chercher, lui ou Claude, immédiatement. Et que je décide de leur parler du comportement du démon ou pas, il fallait que je me barre d’ici très vite. Et pourtant…

Du néant charbonneux à l’intérieur du cercle, une créature venant d’un autre monde m’avait parlé. C’était sans doute de la folie, mais j’avais un peu envie d’entendre ce qu’elle avait à dire. Elle était contenue par le cercle. Elle ne pouvait pas m’atteindre, pas me faire de mal.

Avec à mes oreilles le bruit de mon propre pouls, je revins jusqu’au canapé et me laissai tomber sur le cuir frais, soulagée que mes genoux tremblants ne m’aient pas lâchée. Je redressai mes lunettes et pris de grandes respirations. Inspire, expire. Tout allait bien. J’étais en sécurité.

— Pourquoi répondrais-je à ta question ? murmurai-je avec prudence.

Et puisque je m’étais embarquée dans cette histoire de dingues, autant ne pas faire les choses à moitié.

— Tu m’as jeté un cookie dessus ! ajoutai-je.

— Tu me l’as jeté en premier.

Je fixai le dôme noir, même s’il n’y avait rien à y voir. Ce n’était… pas faux.

— Quelle est ta question ?

Une longue pause s’ensuivit, comme si la créature réfléchissait à ses mots.

— Qu’est-ce que tu as jeté dans le kaīrtis vīsh ?

Je fronçai les sourcils. Il avait un fort accent, mais une partie de sa phrase n’était pas de l’anglais.

— Jeté dans le… quoi ?

— Le… vīsh… la magie.

La magie ? Jeté dans la… oh.

— Tu veux dire, le cercle d’invocation ? Tu me demandes ce que je t’ai jeté ?

Un rire dément monta à mes lèvres, mais je le ravalai.

— Des cookies. Je t’ai jeté des cookies.

— C’est de… la nourriture ?

— Oui.

Je clignai des yeux, perplexe.

— Tu les as mangés ?

Silence. Est-ce que ça voulait dire… oui ? Je ne savais pas comment interpréter son absence de réponse. Allez savoir ce qu’un long silence voulait dire dans une conversation avec un démon ? Oh, seigneur. J’avais une conversation avec un démon. J’avais perdu la boule. Une démence causée par le stress. Ça devait être ça. La porte était juste là, mais c’était comme si j’avais été ligotée sur place. Ce n’était pas la peur qui maintenait mes fesses sur le coussin en cuir et mes chaussettes sur le plancher. Une nouvelle émotion venait de naître en moi.

Mon ennemie intime : la curiosité.

[...]

Je pensais avoir retenu la leçon, mais alors même que je me disais qu’il fallait que je parte, la voix basse du démon ravivait ma soif de connaissance. Ses mots étaient teintés d’un accent inédit : des voyelles sonnantes et précises, des consonnes lourdes et profondes. Un peu guttural comme de l’allemand et chuintant comme de l’arabe, avec un zeste des roulements du grec.

Une centaine de questions se bousculaient dans ma tête. Où et comment le démon avait-il appris l’anglais ? Pourquoi m’avait-il parlé ? Qu’est-ce qu’Oncle Jack essayait de négocier et pourquoi le démon ne répondait-il pas ? Ou, encore mieux, d’où venait–il ? Qu’est-ce que ça faisait de se faire invoquer sur Terre ? Quelle sorte de vie avait-il menée avant cela ?

Ne parle jamais au démon. Même si l’avertissement d’Oncle Jack était facile à ignorer, je n’oublierais pas la leçon la plus importante transmise par mes parents : Tiens-toi éloignée de la magie. Mais la curiosité me brûlait et, franchement, où était le mal ?

— Euh… démon ? commençai-je avec hésitation.

Silence.

— Tu m’écoutes ?

Rien.

— Eh oooh ? Démon ?

Il ne moufta pas.

Je m’avachis sur le canapé, déçue qu’il ne souhaite pas communiquer davantage. Eh bien, s’il ne voulait pas répondre à mes questions, je me débrouillerais toute seule. Je me penchai et fis glisser le Manuel de l’invocateur de sous la table basse.

[...]

Je remontai mes lunettes sur mon nez pour continuer à lire, mais mon attention se porta malgré moi vers le cercle d’invocation.

Après ce que je venais de lire, j’aurais dû être terrifiée par le démon, mais je n’arrivais pas à conjurer davantage qu’un stress anxieux. Peut-être parce que la créature était dissimulée dans l’obscurité et incapable de m’atteindre. On ne pouvait pas avoir si peur que ça d’une voix, n’est-ce pas ?

Ce n’était pas un monstre. C’était une curiosité fascinante.

Je fermai le manuel de Demonica et le remis sous la table. Je rassemblai les cookies qui restaient et traversai le plancher. Je m’arrêtai à deux bonnes enjambées du cercle. Mon coeur bondit dans ma poitrine, comme il l’avait fait dans ce fameux arbre au moment où je m’étais aperçue que les branches étaient devenues terriblement fines.

Je levai un cookie.

— Ceci, annonçai-je, est un cookie-brownie aux deux chocolats. C’est délicieux, et je te le donnerai si tu réponds à une question pour moi.

Silence.

— J’ai répondu à ta question, ajoutai-je d’une voix accusatrice.

Le silence pesa sur la pièce – et puis un rire bas et doux s’éleva.

— Une question, hh’ainun ? roucoula-t-il. Que souhaites-tu demander ?

Mes doutes m’assaillirent. C’était une mauvaise idée. Mais je fonçai quand même.

— Est-ce que les démons mentent ?

— Ch, répondit-il, avec un amusement froid. Question zh’ūltis. Demande autre chose.

Je fronçai les sourcils.

— Qu’est-ce que ça zhu-oul… qu’est-ce que veut dire ce mot ?

— Stupide. Question stupide.

Je fronçai les sourcils de plus belle. Je reformulai :

— Si c’est vrai que les démons ne mentent pas, pourquoi ?

Il y eut une longue pause, mais ce n’était pas le même silence qu’auparavant. Ma peau se mit à picoter, mon instinct me prévenait que l’attention d’un prédateur était fixée sur moi.

— Dis-moi des vérités et des mensonges, hh’ainun.

— Quoi ?

Le démon ne dit rien, il attendait.

Les sourcils froncés, je réfléchis à des choses inoffensives que je pourrais lui dire.

— Je suis arrivée ici il y a six jours. Les cours à la fac me manquent. Mon cours préféré était la bio. J’aime faire des gâteaux pour ma famille.

— Arrivée ici, répéta-t-il avec son accent chantant. Vrai.

Les cours à la… fac te manquent. Il avait énoncé le mot avec attention, comme s’il ne le connaissait pas.

— Vrai.

— Bio… mensonge.

J’écarquillai les yeux.

— Ta famille.

Il fit rouler ce mot, comme pour le goûter.

— Mensonge.

— Non, dis-je. Ça, c’est vrai.

— Mensonge, répéta le démon avec certitude.

— Tu as tort. J’aime faire des gâteaux pour ma famille.

— Zh’ūltis.

— Est-ce que tu viens de me traiter d’idiote ?

Je crispai la mâchoire et me forçai à me détendre.

— Tu n’as pas répondu à ma question.

— Si.

— Non.

Le regard dur, je pris une grande inspiration.

— Très bien. D’accord. Si c’est comme ça que tu réponds aux questions, je ne m’embêterai plus à t’en poser.

Je me rapprochai du cercle, m’agenouillai, et déposai avec précaution la serviette en papier avec les cookies sur le sol. En me tenant le plus loin possible, je poussai le coin du papier en travers de l’incrustation d’argent, et reculai la main à toute vitesse. Je ne m’étais jamais autant approchée.

Un bruissement contre le plancher. La serviette en papier frémit, et glissa à l’intérieur du dôme noir.

Une peur glaciale s’empara de moi. Soudain, le démon n’était plus une voix : c’était une présence physique. Quelque chose de vivant, de tangible, de réel, qui pouvait tirer des cookies dans sa prison. Mon regard tomba sur le sol, là où les biscuits avaient disparu derrière le mur noir et courbe. Une étincelle rouge dans l’obscurité.

Des flammes jaillirent et montèrent en flambant furieusement. Je me jetai vivement en arrière. J’atterris sur les fesses alors que les flammes éclairaient une forme dans le noir : une silhouette sombre, des épaules, le bord d’une mâchoire, l’aplat d’une pommette. Des yeux écarlates réfléchirent la lumière, comme des braises. Le feu mourut aussi vite qu’il était apparu, et le dôme se trouva de nouveau empli d’une obscurité impénétrable où le démon était tapi.

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– Quelle est ta question ?

Une longue pause s’ensuivit, comme si la créature réfléchissait à ses mots.

– Qu’est-ce que tu as jeté dans le kaïrtis vish ?

Je fronçai les sourcils. Il avait un fort accent, mais une partie de sa phrase n’était pas de l’anglais.

– Jeté dans le… quoi ?

– Le… vīsh… la magie.

La magie ? Jeté dans la… oh.

– Tu veux dire, le cercle d’invocation ? Tu me demandes ce que je t’ai jeté ?

Un rire dément monta à mes lèvres, mais je le ravalai.

– Des cookies. Je t’ai jeté des cookies.

– C’est de… la nourriture ?

– Oui. Je clignai des yeux, perplexe.

– Tu les as mangés ?

Silence. Est-ce que ça voulait dire… oui ? Je ne savais pas comment interpréter son absence de réponse. Allez savoir ce qu’un long silence voulait dire dans une conversation avec un démon ?

Oh, seigneur. J’avais une conversation avec un démon. J’avais perdu la boule. Une démence causée par le stress. Ça devait être ça.

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— Combien il y a de rois démons ? demandai-je.

Il regarda le ciel et ses narines frémirent comme s’il reniflait la brise.

— Douze.

Un roi pour chaque Maison. Je me frottai le visage, étalant les gouttes de pluie sur ma peau.

— Oncle Jack a invoqué un roi. C’est de la folie. Et tu l’as libéré !

— Qu’est-ce que ça a de si impressionnant, payilas ? Il a vécu le plus longtemps, alors il est devenu Dīnen.

— Mais… un roi ! Est-ce que ça veut dire qu’il commande aux autres démons ?

— Il dirige sa Maison, déclara Zylas en parcourant les toits du regard. Ce n’est rien de très intéressant.

Je reniflai.

— Là, tu as juste l’air jaloux. Tu aimerais être un roi démon, toi aussi.

— Ih ?

Il me regarda pour de bon, les lèvres pincées.

— Je le suis.

— Tu es quoi ?

— Dīnen.

Je me figeai.

— Qu… quoi ? Tu es un roi démon, toi ?

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Extrait du Chapter Seventeen:

“What are the key clauses?”

“There are a lot. What did you include in your contract?”

“Well, he …” I fidgeted with the infernus’s chain around my neck. “He has to protect me.”

“That’s vague. What else?”

“In exchange, I’m supposed to … make him cookies.”

She stared at me expectantly, waiting for the joke’s punchline. “Are you serious?”

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- Alors...

Zylas pivota sur sa chaise pour me faire face.

- Payilas. Je ne ferai pas de mal à tes alliées.

Je réprimai des larmes inattendues qui vinrent me brûler les yeux.

- Merci, Zylas.

- Si tu n'étais pas aussi faible, tu n'aurais pas besoin d'autre allié que moi.

Ma gratitude neuneu s'évapora.

- Chaque fois que tu dis un truc gentil, il faut que tu gâches tout juste derrière.

- On a déjà parlé de "gentil".

- Et je t'ai dit qu'être gentil avait des avantages, mais tu es trop buté pour...

Darius se racla la gorge.

- Au lieu d'un serment envers moi, j'accepte son serment envers toi, mais votre content anormal doit rester secret, même ici Robin.

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Extrait du Chapter Four:

Satisfied, I got to my feet and took two steps, then remembered my half-eaten plate of cookies. I grabbed the plate, accidentally jarring it in my haste. The stack of cookies slid across the sleek ceramic surface and tumbled off. They hit the floor in a spray of crumbs, bouncing everywhere. One, rolling like a perfect little wheel, trundled across the hardwood floor.

It rolled, wobbled, curved—and disappeared across the silver line.

I gawked at the spot where the cookie had vanished into the black dome. Panic screeched in my head, and I jerked backward, expecting the cookie to come flying out, hurled like a doughy bullet into my eye socket. Could a demon throw a cookie hard enough to kill?

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