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Commentaires de livres faits par rogelinou

Extraits de livres par rogelinou

Commentaires de livres appréciés par rogelinou

Extraits de livres appréciés par rogelinou

— Toi et moi ? Quelle chimère !

Il fut content de la voir pâlir.

— Il n’y a pas d’avenir pour nous.

Il insistait, volontairement cruel.

— Tu es une dame et moi un affranchi... Nous ne pouvons pas nous marier.
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Attrapez les mots, les soupeser comme des tomates au marché. Parler avec son ventre autant qu'avec sa tête. Tout lâcher et tout contrôler à la fois. Dire. Dire la vérité. Raconter au plus près, au plus vrai, la folie de ce monde, sa cruauté et sa drôlerie. Faire comme si tout cela avait un sens.
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J'ai eu envie de renter chez moi et de me mettre à écrire. Une autre histoire, un autre livre, meilleur celui-là, car il me semblait avoir compris pourquoi Entrée dans l'hiver avait séduit si peu de monde. J'avais manqué de confiance en moi, d'ambition. J'avais contenu le style, les effets, les intrigues secondaires. J'avais dit, énoncé, pas crié. Je n'avais pas assez rêvé.
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Trou. Black-out. Hivers islandais. Impossible de me rappeler le nom de ce chien que j'avais dû entendre deux fois dans la bouche de Mme Halberstadt. Je me souvenais qu'il commençait par un C et ressemblait à courgette, mais rien de plus. Un maître hésite rarement quand on lui demande le nom de son chien, et comme je voulais qu'elle pense qu'il m'appartenait, j'ai répondu :
- Courgette.
- Courgette?
- Oui.
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Bold finit par me laisser avec un groupe d'hommes et part pour se mettre lui même au travail. Le regard d'avertissement qu'il m'adresse avant de tourner les talons me surprend. Les hommes en revanche, ne manifestent aucune surprise quand je me mets à les observer puis à imiter maladroitement leurs gestes, mais personne ne vient m'aider ni me conseiller. De temps à autre, je sens le poids de leurs regards. C'est donc un genre de test. Je me débrouillerai seule.
Une heure passe, puis deux. Je refuse de montrer que je suis fatiguée et assoiffée. Le soleil tape fort, les cordages sont lourds et je suis à bout de souffle. Lorsque enfin un des gars me donne une tape sur l'épaule pour me passer une gourde, je pousse un soupir de soulagement et prends une grande gorgée.
Que je recrache aussitôt. C'est du rhum.
Les hommes éclatent de rire, la plupart amusés, d'autres carrément méprisants.
- Qu'est ce qu'il y a poupée ? On ne supporte pas l'alcool ? lance l'un d'eux.
- Ne t'inquiète pas, si tu restes un peu avec nous, on va t'apprendre plein de choses que font les grandes personnes ... ajoute un autre en imitant un bruit de baiser mouillé qui fait ricaner ses camarades.
Nous y voilà. La provocation que j'attends depuis que j'ai mis un pied sur ce bateau. Certes, avant d'aller récupérer le compas, je n'ai pas passé beaucoup de temps avec les hommes, mais tout de même. Je commençais à croire qu'ils étaient tous intelligents et civilisés, mais les quelques spécimens veulent de toute évidence me prouver le contraire. Je suis prête. Je me tourne vers eux avec un sourire en coin. Les deux types qui ont parlé se sont rapprochés et me toisent avec une lueur de lubricité répugnante dans les yeux.
- Avant qu'il ne se passe quoi que ce soit, je veux qu'on soit bien d'accord, je dis d'un ton calme, toujours souriante.
Je ne peux pas être tenue respnosable de ce qui va se passer. Vous m'avez provoquée, je ne fais que répondre...
Les deux hommes continuent d'(avancer vers moi, toujours aussi amusés. 'écarte un peu les pieds pour être plus stable sur ce pont mouillé par les embruns et, d'un geste, essuie la sueur qui me tombe dans les yeux.
- Je sais que le capitaine va essayer de ma faire porter le chapeau pour ça, alors vous lui direz bien que ...
Une main se tend vers moi.
- C'est sûr que t'avoir à bord va égayer nos soirs...
Aaaaaargh !
Sa main s'est posée sur mon épaule; lourde et chaude. Je m'en saisis et la tords dans le même mouvement, satisfaite d'entendre un craquement sec m'indiquant que je lui ai brisé le poignet. Sans attendre ni lui lâcher la main, je lui assène un coup de coude au visage qui fait jaillir le sang de son nez. Il pousse un grognement incompréhensible et, lorsque je le lâche, il glisse au sol, ses bras couvrant son visage.
L'autre homme marque un temps de surprise, puis de reprend et fonce vers moi en criant :
- Espèce de garce !
J'esquive son coup de poing pour me retrouver derrière lui. Je le frappe du pied derrière les genoux, le fait tomber en avant, puis j'attrape sa tête que je cogne contre le bastingage. Pas trop fort non plus, je ne veux pas le tuer. Juste faire passer un message. Il s'écroule aussi au sol. Seul le bruit des vagues et des viles vient rompre le silence.
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Les légendes parlent d'une carte.
Une carte capable de vous guider jusqu'aux confins du monde...
et de les franchir
Une carte vers les plus beau des trésors : un nouveau monde
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Elle aimait tant la lune qu'elle avait envie de l'entourer de ses bras et de lui chanter des chansons. Elle rêvait de récolter tout le clair de lune dans une grande vasque, et de le boire jusqu'à la dernière goutte. Elle avait un esprit affamé, une curiosité pétulante et un talent pour le dessin et les activités manuelles, y compris la confection.
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J'aimais bien également cette citation : "Certains regardent la vase au fond de l'étang, d'autres contemplent la fleur de lotus à la surface de l'eau, il s'agit d'un choix"
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Faire ce que tu aimes c'est la liberté; aimer ce que tu fais, c'est le bonheur
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date : 23-08-2020
J'a voulu la contredire, mais je me suis alors aperçue que rien de ce que j'avais pu faire au cours des sept dernières années ne pouvait supposer que j'avais l'ambition ou même simplement le désir d'aller plus loin que le bout de notre rue. Assise dans ce bus, dont le vieux moteur fatigué grondait et cahotait, j'ai alors subitement sentie que le temps filait, que je perdais des pans inters de mon existence dans ces petits allers et retours dans le sempiternel décor des mêmes rues. Autour du château. A regarder Patrick faire ses tours de pistes. Toujours les mêmes petites choses à penser. La même routine. Toujours.
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date : 23-08-2020
Ma vie était destinée à être insignifiante, mas ambitions à demeurer médiocres
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Ils ne l'ont pas choisie. C'est elle qui a fait en sorte de l'être, parmi des centaines d'orphelins. Elle a toujours su qu'elle était appelée à sauver le monde.
L'armée a trouvé quelque chose, ici, dans cette cité antique, qui va l'y aider. Quelque chose qui a le pouvoir de mettre fin à la guerre; à toutes les guerres. Malgré le secret militaire, les rumeurs ont circulé en ville et Eulalie sait qu'elles sont fondées. Elle a toujours pensé que, si l'humanité est à ce point agressive et belliqueuse, ce n'est pas tant par haine des autres que par peur de sa propre fragilité. Si chaque personne au monde était capable d'accomplir des miracles, elle cesserait de craindre son voisin.
Des miracles, voilà ce q'il leur faut à tous.
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Tous les humains qui s'affairent à devenir eux-mêmes perdent leur temps. On ne peut pas devenir soi-même. On ne peut qu'être soi-même. Cela se fait en une fraction de seconde en un battement de cils, le temps d'une inspiration. Être là est la seule solution, il n'y a pas d'autre remède à la peur, à l'angoisse, à toutes les formes de souffrance psychique, au vieillissement, aux pertes... Être là
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Je ne veux plus de tes mensonges, c'est fini ! Arrête de vouloir être toujours la plus forte, partout...tout le temps. Je m'en fous, Mom ! Tu m'entends ? Je m'en fous... Ce n'est pas pour ça que je t'aime. Je t'aime quand tu ne penses pas comme moi et que tu me le dis. Je t'aime quand tu n'aimes pas ce que j'aime. Je t'aime quand tu as peur et que tu me l'avoues. Je t'aime quand tu es jalouse. Je t'aime pour rien. Je t'aime pour tout. Je t'aime parce que je suis capable d'aimer.
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Ils m'ont tous les deux rappelé que le plus grave de l'existence humaine n'était pas de mourir mais de ne pas apprendre à vivre.
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L'ego s'offusque, l'intelligence s'indigne. L'ego se ferme, l'intelligence observe. L'ego résiste, l'intelligence écoute. L'ego se défend, l'intelligence partage. l'ego envie, l'intelligence se réjouit. L'ego veut, l'intelligence donne. L'ego frappe, l'intelligence écoute. L’ego se sent humilié, l'intelligence compatit. L'ego hait, l'intelligence aime. L'ego lance des cailloux, l'intelligence soigne les blessures.
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Il craint d'avoir un gros ego comme d'autres craignent d'avoir le cancer. Il y voit quelque chose de monstrueux. Il a raison d'ailleurs. L'ego est le cancer de la conscience. Il fait souvent plus que tuer : il empêche aux vivants de vivre. En s'emparant de leur attention, il les empêche d'être disponibles à ce que les sens perçoivent.
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Tu pourrais lui dire que l'ego, c'est la personne qu'on pense être. Et qu'il grossit au fur et à mesure que celui qu'on pense être croit avoir toujours raison et s'imagine supérieur aux autres. Tu pourrais aussi lui dire que le "qui" on pense être n'a jamais rien à voir avec ce que l'on pense être en réalité. Jamais !
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date : 29-07-2019
Un jour vint où je n’y tins plus. Ma première réaction fut désordonnée. Puisque j’étais menteur, j’allais le manifester et jeter ma duplicité à la figure de tous ces imbéciles avant même qu’ils la découvrissent. Provoqué à la vérité, je répondrais au défi. Pour prévenir le rire, j’imaginai donc de me jeter dans la dérision générale. En somme, il s’agissait encore de couper au jugement. Je voulais mettre les rieurs de mon côté, ou du moins, me mettre de leur côté. Je méditais par exemple de bousculer des aveugles dans la rue, et à la joie sourde et imprévue que j’en éprouvais, je découvrais à quel point une partie de mon âme les détestait ; je projetais de crever les pneumatiques des petites voitures d’infirmes, d’aller hurler « sale pauvre » sous les échafaudages où travaillaient les ouvriers, de gifler des nourrissons dans le métro. Je rêvais de tout cela, et n’en fis rien, ou, si je fis quelque chose d’approchant, je l’ai oublié.
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De toute l'après-midi, bien sûr, il ne fallut pas penser à mettre la main sur Saturnin. Il était là-bas - je le voyais - dans le fin fond du verger à regarder dans la ramure des vieux arbres et, comme une fois je faisais mine d'y aller aussi, il s'écarta vers la saulaie en marchant comme les canards. Le grain, vous pensez bien, ça avait été trié et mesuré très vite, on avait à peine foulé un jour, et, quant à faire autre chose, il n'y fallait pas compter. A cette époque de l'année, toutes les heures c'est pour le blé ; alors je restai là, à regarder mon aire bien propre de goût d'artiste en fait d'aire, et souple au pied, et dure aux épis, et puis sa rondeur juste et l'air heureux qu'elle avait avec son poids de paille et de grain. C'était réussi. Je regardais aussi à quoi elle ressemblait dans le milieu de cette terre méchante : à un bouquet. Je regardais aussi la maison, la maison en pierre, les murs et les tuiles et le bois des volets, et le bois des portes, tout cela bien joint, bien fermé sur l'air noir du dedans et je ne pouvais pas arriver à comprendre pourquoi c'était si bien fermé, pourquoi on avait mis cet air du dedans à l'abri de nos mains et de notre oeil.
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"Maudissant l’averse, Gaspard sautait d’un trottoir à l’autre, sa veste tendue au-dessus de sa tête, son sac lui cisaillant l’épaule. Parti de Denfert, il cavala jusqu’à la station de métro Edgar-Quinet sans marquer d’arrêt.

La pluie cessa enfin lorsqu’il arriva boulevard du Montparnasse. Alors que de timides­­ rayons de soleil faisaient miroiter­­ le trottoir, il reprit sa route jusqu’à la rue du Cherche-Midi et s’arrêta devant un petit portail recouvert d’une couche de peinture bleu de Prusse.

Gaspard composa les quatre chiffres du digicode qui protégeait l’entrée de l’allée. Dès qu’il s’engagea dans la petite impasse, quelque chose se détendit en lui. Pendant un long moment, il resta incrédule en découvrant la végétation et l’allure provinciale du passage arboré. Ici, le temps donnait l’impression de s’égrener plus lentement qu’ailleurs, comme si le lieu était traversé par un fuseau horaire parallèle. Deux chats débonnaires se doraient au soleil. Des oiseaux piaillaient dans les branches des cerisiers. Le chaos du dehors paraissait tout à coup très loin.

Gaspard fit quelques pas sur les pavés­­ irréguliers. Un peu en retrait, presque dissimulées par les arbustes, on devinait de petites maisons en pierre meulière et leurs murs crépis. Derrière des portails rouillés, leurs façades­­ ocre étaient mangées par le lierre et la vigne vierge. Enfin, au bout de l’allée s’élevait une construction audacieuse aux formes géométriques. Un parallélépipède en béton armé ceint d’une large bande vitrée opalescente qui courait le long d’une façade en briques.

Un digicode invitait à saisir de nouveaux­­ chiffres. Gaspard suivit les instructions et la porte en acier se déverrouilla­­ dans un léger clic.

Curieux de découvrir l’intérieur, Gaspard dépassa le hall d’entrée pour déboucher directement dans le salon­­. Ce n’était pas aussi bien que sur les photos. C’était mieux. La maison­­ s’organisait de façon ingénieuse autour d’un patio rectangulaire agrémenté d’une terrasse en forme de L.

Merde alors..., souffla-t-il entre ses dents, bluffé par l’élégance du lieu. Toute la tension qu’il avait accumulée­­ ces dernières heures se dissipa. On était ici dans une autre dimension, un espace­­ à la fois familier­­ et réconfortant. Fonctionnel, accueillant et épuré.

Il ouvrit la baie vitrée, sortit sur la terrasse et s’appuya­­ contre la balustrade, profitant pleinement du chant des oiseaux­­ et de cette atmosphère champêtre qui le réjouissait. Le vent s’était levé, mais il faisait bon et le soleil­­ éclaboussait son visage. Pour la première fois depuis longtemps, Gaspard­­ sourit. Pour fêter son arrivée, il allait ouvrir une bouteille de Gevrey-Chambertin et se servir un verre qu’il dégusterait tranquillement en...

Un bruit le tira de sa béatitude. Il y avait quelqu’un dans la maison. Peut-être une femme de ménage ou un homme d’entretien. Il retourna à l’intérieur­­ pour s’en assurer.

C’est là qu’il aperçut une femme qui lui faisait face. Entièrement nue à l’exception­­ d’une serviette de bain qui entourait sa poitrine et descendait jusqu’à ses cuisses.

– Qui êtes-vous ? Et que faites-vous chez moi ? demanda-t-il.

Elle le regardait avec colère.

– C’est exactement la question que j’allais vous poser, répondit-elle.»
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Chap 1

Juste au moment où je me disais que ma journée
n’aurait pas pu être pire, je vis un mort devant mon
casier. Kayla, lancée dans l’un de ses interminables
bavardages, que j’appelle kayblabla, ne le remarqua même pas.
Du moins, au début. À vrai dire, quand j’y repense, je crois que
personne à part moi ne le vit avant qu’il se mette à parler : une
preuve supplémentaire de ma dramatique incapacité à me
fondre dans la masse.
— Non mais, Zoey, je te jure que Heath ne s’est pas tant soûlé
que ça, après le match ! Tu es trop dure avec lui.
— C’est ça, dis-je d’un air absent. Bien sûr.
Je fus encore secouée par une quinte de toux. Je me sentais
malade comme un chien. Je devais avoir attrapé ce que M. Wise,
mon prof de biologie cinglé – et c’est un euphémisme –, appelle le
« virus de l’adolescence ».
Si je mourais, au moins je pourrais échapper au contrôle de
géométrie, annoncé pour le lendemain. Il n’est pas interdit de
rêver, non ?
— Ho, Zoey, je te parle ! Il n’a bu que quatre... bon, peutêtre six bières, et disons trois petits verres de gin. Tout ça parce
que tes imbéciles de parents t’avaient forcée à rentrer à la maison
dès la fin du match.
Nous échangeâmes un regard entendu en repensant à la
dernière injustice que m’avaient infligée ma mère et mon
« beauf-père », le loser qu’elle avait épousé trois longues années
plus tôt. Puis, après une pause d’une demi-seconde, Kay repartit
de plus belle.
— C’était pour fêter l’événement. Quand même, on a battu
l’équipe de football américain du lycée d’Union ! s’exclama-t-elle
J
9 | P a g e
en me secouant par l’épaule et en rapprochant son visage du
mien. Hé ho ! Ton copain...
— Mon ex-copain, rectifiai je en m’efforçant de ne pas lui
tousser à la figure.
— Arrête ! Heath est notre attaquant, je te rappelle ! Il était
obligé de fêter ça ! Ça fait des millions d’années que le lycée de
Broken Arrow n’a pas battu celui d’Union.
— Seize ans.
J’ai beau être nulle en maths, à côté de Kay, je passe pour
un génie.
— Oui, oui. Ce qui compte, c’est qu’il était heureux. Tu
devrais le lâcher un peu.
— Ce qui compte, c’est qu’il en est à sa cinquième cuite de
la semaine ! Je suis désolée, mais je n’ai pas envie de sortir avec
un mec qui voulait à la base devenir joueur de foot universitaire,
et dont le principal but dans la vie, maintenant, est de
descendre un pack de six sans vomir. Sans parler du fait que
toute cette bière, ça va le faire grossir.
Une nouvelle quinte me fit taire. La tête me tournait ;
j’inspirai à fond pour calmer cette satanée toux. Kay ne s’en
aperçut même pas. Berk ! Heath, gros ? Je n’aimerais pas voir
ça !
— Et, quand je l’embrasse, j’ai l’impression d’être avec un
vieux poivrot.
Elle fit la grimace.
— Oui, enfin... il est quand même super sexy...
Je levai les yeux au ciel, sans tenter de dissimuler
l’agacement que m’inspirait ce genre de remarque.
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date : 29-07-2019
"Tout crédit implique un mensonge."
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Aubignane est collé contre le tranchant du plateau comme un petit nid de guêpes ; et c'est vrai, c'est là qu'ils ne sont plus que trois. Sous le village la pente coule, sans herbes. Presque en bas, il y a un peu de terre molle et le poil raide d'une pauvre oseraie. Dessous, c'est un vallon étroit et un peu d'eau. C'est donc des maisons qu'on a bâties là, juste au bord, comme en équilibre, puis, au moment où ça a commencé à glisser sur la pente, on a planté au milieu du village le pieu du clocher et c'est resté tout accroché. Pas tout : il y a une maison qui s'est comme décollée, qui a coulé du haut en bas, toute seule, qui est venue s'arrêter, les quatre fers d'aplomb, au bord du ruisseau, à la fourche du ruisseau et de ce qu'ils appelaient la route, là, contre un cyprès. C'est la maison de Panturle. Le Panturle est un homme énorme. On dirait un morceau de bois qui marche. Au gros de l'été, quand il se fait un couvre-nuque avec des feuilles de figuier, qu'il a les mains pleines d'herbe et qu'il se redresse, les bras écartés, pour regarder la terre, c'est un arbre. Sa chemise pend en lambeaux comme une écorce. Il a une grande lèvre épaisse et difforme, comme un poivron rouge. Il envoie la main lentement sur toutes les choses qu'il veut prendre, généralement ça ne bouge pas ou ça ne bouge plus. C'est du fruit, de l'herbe ou de la bête morte ; il a le temps. Et quand il tient, il tient bien. De la bête vivante, quand il en rencontre, il la regarde sans bouger : c'est un renard, c'est un lièvre, c'est un gros serpent des pierrailles. Il ne bouge pas ; il a le temps. Il sait qu'il y a, quelque part, dans un buisson, un lacet de fil de fer qui serre les cous au passage. Il a un défaut, si on peut dire : il parle seul. Ça lui est venu aussitôt après la mort de sa mère. Un homme si gros que ça, ça avait une mère comme une sauterelle. Elle est morte du mal. On appelle ça : "le mal", mais c'est une vapeur ; ça prend les gens d'âge. Ils ont les "trois sueurs", le "point de côté" puis, ça s'arrache tout, là-dedans, et ils meurent. C'est le sang qui se caille comme du lait. Quand elle a été morte, il l'a prise sur son dos et il l'a portée au ruisseau. Il y a là un pré d'herbe, le seul de tout le pays, un petit pré naturel et il a quitté sa mère sur l'herbe. Il lui a enlevé sa robe, et ses jupes, et ses fichus parce qu'elle était morte habillée. Il n'avait pas osé la toucher pendant qu'elle souffrait et qu'elle criait. Comme ça, il l'a mise nue. Elle était jaune comme de la vieille chandelle, jaune et sale. C'est pour ça.
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date : 29-07-2019
Comment ai-je fini par comprendre les humains ? Depuis ma plus tendre enfance, ils m’ont toujours paru à la fois mystérieux et passionnants. À force de les observer en train de s’agiter dans tous les sens ou d’effectuer des gestes incompréhensibles, voire ridicules, la curiosité a commencé à me gagner. Je me posais sans cesse des questions :
Pourquoi agissent-ils aussi bizarrement ?
Est-il possible d’établir un dialogue avec eux ?
Et puis j’ai eu la chance de « le » rencontrer.
« Lui », il m’a vraiment aidée à saisir leur fonctionnement, leurs mœurs, les raisons profondes qui expliquent leur comportement étrange.
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date : 29-07-2019
Chap 1

Smita
Village de Badlapur, Uttar Pradesh, Inde.


Smita s’éveille avec un sentiment étrange, une urgence douce, un papillon inédit dans le ventre. Aujourd’hui est une journée dont elle se souviendra toute sa vie. Aujourd’hui, sa fille va entrer à l’école.

À l’école, Smita n’y a jamais mis les pieds. Ici à Badlapur, les gens comme elle n’y vont pas. Smita est une Dalit. Intouchable. De ceux que Gandhi appelait les enfants de Dieu. Hors caste, hors système, hors tout. Une espèce à part, jugée trop impure pour se mêler aux autres, un rebut indigne qu’on prend soin d’écarter, comme on sépare le bon grain de l’ivraie. Comme Smita, ils sont des millions à vivre en dehors des villages, de la société, à la périphérie de l’humanité.



Tous les matins, c’est le même rituel. À la manière d’un disque rayé rejouant à l’infini une symphonie infernale, Smita s’éveille dans la cahute qui lui sert de maison, près des champs cultivés par les Jatts. Elle lave son visage et ses pieds à l’eau rapportée la veille du puits, celui qui leur est réservé. Pas question de toucher à l’autre, celui des castes supérieures, pourtant proche et plus accessible. Certains sont morts pour moins que ça. Elle se prépare, coiffe Lalita, embrasse Nagarajan. Puis elle prend son panier de jonc tressé, ce panier que sa mère portait avant elle et qui lui donne des haut-le-cœur rien qu’à le regarder, ce panier à l’odeur tenace, âcre et indélébile, qu’elle porte toute la journée comme on porte une croix, un fardeau honteux. Ce panier, c’est son calvaire. Une malédiction. Une punition. Quelque chose qu’elle a dû faire dans une vie antérieure, il faut payer, expier, après tout cette vie n’a pas plus d’importance que les précédentes, ni les suivantes, c’est juste une vie parmi les autres, disait sa mère. C’est ainsi, c’est la sienne.



C’est son darma, son devoir, sa place dans le monde. Un métier qui se transmet de mère en fille, depuis des générations. Scavenger, en anglais le terme signifie « extracteur ». Un mot pudique pour désigner une réalité qui ne l’est pas. Ce que fait Smita, il n’y a pas de mot pour le décrire. Elle ramasse la merde des autres à mains nues, toute la journée. Elle avait six ans, l’âge de Lalita aujourd’hui, quand sa mère l’a emmenée pour la première fois. Regarde, après tu feras. Smita se souvient de l’odeur qui l’avait assaillie, aussi violemment qu’un essaim de guêpes, une odeur insoutenable, inhumaine. Elle avait vomi au bord de la route. Tu t’habitueras, avait dit sa mère. Elle avait menti. On ne s’habitue pas. Smita a appris à retenir son souffle, à vivre en apnée, il faut respirer, a dit le docteur du village, voyez comme vous toussez. Il faut manger. L’appétit, ça fait longtemps que Smita l’a perdu. Elle ne se souvient plus comment c’est, d’avoir faim. Elle mange peu, le strict minimum, une poignée de riz délayé dans de l’eau qu’elle impose chaque jour à son corps défendant.
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