Extraits

"Ici, je veux établir mon éternel repos, et débarasser du joug des étoiles funestes cette chair fatiguée du monde.

Mes yeux, regardez pour la dernière fois; mes bras, pressez-la pour la dernière fois; et vous, mes lèvres, portes de la respiration, scellez d'un baiser légitime un marché sans terme avec la mort qui possède sans partage"

" Ai-je aimé ? Mes yeux jurent que non. La beauté qu'ils ont vue jusqu'ici n'est qu'un nom."

Roméo à propos de Juliette.

"Ces plaisirs violents ont des fins violentes; Dans leurs excès ils meurent tels la poudre et le feu, Que leur baiser consume."

Frère Laurent à Roméo

L'amour est une fumée de soupirs : dégagé, c'est une flamme qui étincelle aux yeux des amants ; comprimé, c'est une mer de larmes.

Roméo:

- Par aucun nom

Je ne saurai te dire qui je suis,

Puisque je hais le mien, ô chère sainte,

D'être ton ennemi. je le déchirerais

Si je l'avais par écrit.

La Nourrice:

- Dieu, que j'ai mal au crâne ! Ah, pauvre tête !

Elle me travaille à en croire qu'elle va partir en morceaux.

Et mon dos, de l'autre côté ! Ah, mon dos, mon dos !

Maudites soient vos affaires de coeur

Qui m'envoient au diable attraper la crève

A caracoler par monts et par vaux.

Juliette:

- Je suis navrée que tu te sentes si mal.

mais douce, douce, douce nourrice, répète-moi

Ce que dit mon très cher amour.

La Nourrice:

- Il a dit, votre cher amour, en gentilhomme honnête et courtois, et généreux et superbe et _ je vous le promets_ vertueux... Où est donc votre mère ?

La Nourrice:

- Ah bien, vous n'avez pas été difficile. Vous n'y connaissez rien pour choisir un homme. Roméo ? Non, vraiment pas. Encore que sa figure soit plus agréable qu'aucune autre, et que sa jambe l'emporte sur celle de tous les autres garçons et que, pour ce qui est de la main, du pied ou du corps, bien qu'il n'y ait rien à en dire, il soit vraiment hors de pair ! Ce n'est pas la fleur de la courtoisie, mais pour la douceur, un agneau, je t'en donne ma parole. Va ton chemin, ma fille. N'oublie pas Dieu...Dis, avez-vous déjeuné, à la maison ?

Juliette:

- Non, non. Mais tout cela, je le sais déjà.

Que dit-il de notre mariage, qu'en dit-il ?

Beauté trop riche pour qu'on en use et trop chère pour le terre

Tu t'en vas donc, amour, seigneur, mari, ami ?

Je veux de tes nouvelles chaque jour de chaque heure

Car dans une minute il y a bien des jours.

Oh ! Selon ce calcul je serai bien vieille

Avant de revoir un jour mon Roméo.

Appelle-moi seulement Amour et je serai baptisé à nouveau

Désormais, plus jamais je ne serai Roméo.