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Une extrême tension apparut sur le visage du serveur. La main s'empara de la bouteille avec fermeté mais en préservant avec le panier un interstice de l'épaisseur d'une feuille de papier. Le goulot se glissa auprès du verre avec la prudence du chat. La bouteille n'allait-elle pas être agitée, le vin troublé, la lie soulevée - pendant tout le temps où le vin était versé, le romancier retint son souffle. Le serveur remplit les deux verres avec douceur, lenteur, en plusieurs fois, et à l'instant où il eut terminé, on l'entendit pousser un petit soupir. C'était fini. La première partie de la cérémonie s'était déroulée sans encombres, la dernière goutte avait été rentrée dans la bouteille sans couler, la lie ne s'était pas non plus échappée. Par-delà les deux verres remplis d'Histoire, les deux hommes échangèrent un regard éperdu avant de se sourire
Afficher en entierJe ne sais par quelle ironie l’année de la fin de la guerre se trouve être pour le vin une année exceptionnelle, mais il paraît que le général nazi qui commandait les troupes d’occupation dans le coin était un connaisseur et qu’il est reparti en Allemagne sans toucher au vin. Ni à Romanée-Conti. Ni à aucun autre.
- Il n’a pas hésité à transformer les juifs en fumée, en savon ou en tapis, mais il n’a pas touché à la Romanée-Conti, c’est bien ça ?
Afficher en entierLe rouge était obscur. Il n'y avait pas là d'éclair comme au cœur de l'agate, la progression s'était poursuivie à l'infini à partir du rouge pour approcher un brun sombre passé. Le vin de La Tâche était du sang qui, s'échappant d'une blessure infligée à une peau blanche ingénue, gicle dans les rayons matinaux ; là, c'était du sang vieilli, inactivé, qui, ayant imprégné un pansement quelques jours plus tôt, s'y accrochait avcc obstination.
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