Extraits

— Que monsieur m’excuse, mais j’ai eu une journée longue et laborieuse, et j’aspire à rejoindre mon lit pour me reposer.

— Comment vous appelez-vous mademoiselle ? demanda-t-il en ignorant superbement ses dernières paroles.

Elle soupira, sans chercher à cacher son ennui.

— Marie.

Il jeta son cigare, à demi consumé.

— Vous êtes étonnante Marie. À peine plus grande qu’une enfant, et pourtant bien plus belle et plus femme qu’une lady.

Il s’approcha, Mabel retint son souffle. Elle s’était peut-être trompée en supposant que cet homme n’était pas agressif.

— Vous avez visiblement reçu une éducation accomplie. On peut facilement le deviner à votre maintien, votre façon de vous exprimer, de regarder les gens dans les yeux, de les prendre de haut, et malgré cela, vous jouez les filles pauvres. Que cachez-vous Marie ?

J'ai passé beaucoup de temps à fuir les hommes Samuel. J'ai travaillé dans des tavernes et des endroits mal fréquentés, j'ai pris des coups plusieurs fois et même si je sais que vous ne lèverez jamais la main sur moi, je ne peux pas m'arrêter d'avoir peur du jour au lendemain. Il va me falloir encore du temps afin d'apprendre à faire de nouveau confiance.

Cet aveu le troubla profondément et chassa momentanément sa colère. Il était dépassé par la situation et ignorait comment se comporter. Mabel paraissait un peu plus calme, elle avait même relâché l'étreinte de ses doigts sur le col de sa chemise. Toutefois, après une telle crise de panique, il doutait qu'elle soit capable de supporter une nouvelle fois son contact, même s'il brûlait toujours d'envie de la serrer contre lui.