Commentaires de livres faits par Roxy427
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-Je tâcherai de m'en souvenir, je réplique en grimaçant.
-Je ne vois pas ce qu'elle irai faire dans sa piaule, de toute façon.
Surprise, je relève les yeux sur Donovan.
-Moi je vous plutôt bien ! déclare Lewis que je n'ai pas entendu sortir des w.-c. T'es la coloc de Becca, non ?
-Si l'on veut...
Je n'ai pas le temps de finir ma phrase qu'il me colle à son torse en guise de salut. J'espère qu'il s'est lavé les mains !
-Sortez-moi de là, j'articule d'une voix hachée en secouant les bras.
-On dirait Lois, ricane Lane.
-Quoi ? Je me présente en bonne et due forme ! il se justifie en me relâchant enfin. Lewis Conley, enchanté.
Je défroisse mon débardeur avant de créer un périmètre décent entre nous. J'ai horreur des effusions, surtout avec ce genre de type excentrique.
-Regarde-la, tu l'as toute chamboulée, exagère Lane d'un air faussement réprobateur.
-Non, ça va ! je les rassure en souriant. Et puis, j'ai eu un chien qui s'appelait Lewis. Il était bruyant et un peu bizarre... mais très affectueux, je conclus en luis tapant sur l'épaule.
-Caresse-moi, poupée, il susurre en jouant des mécaniques.
-Je lui ai roulé dessus en faisant une marche arrière, j'assène d'une voix ferme. Je crois qu'il a souffert.
-Je retire ce que j'ai dit ! s'exclaffe Lane. Elle est pire que Lois.
-Vous ramenez toujours des nanas agressives, pleurniche Lewis en traînant les pieds jusqu'à la table basse. Personne ne m'aime !
Je hochai la tête.
Luc me tendit la boîte.
-Fais attention.
La boîte n'était pas légère, mais pas vraiment lourde non plus. Je la posai sur mes genoux. A l'intérieur, rien ne remua. Je me tournai vers Luc.
-Qu'est-ce qu'il y a, là-dedans ?
-Si je te le dis, il n'y a plus de surprise. (Il démarra et sortit de la place de parking.) Ouvre-la.
Tout en restant sur mes gardes, je glissai les doigts sous le ruban satiné rouge et le retirai. Me préparant au pire, je soulevai le couvercle. Je m'attendais presque à ce que quelque-chose me saute au visage.
La réalité était tout autre.
J'ouvris la bouche...
Puis la refermai.
Un grand éclat de rire remonta le long de ma gorge. Je n'en croyais pas mes yeux.
-Il s'appel Diesel, me dit Luc en prenant à croite à la sortie du parking. Il aime les câlins.
-Luc, c'est un...
Je m'esclaffai encore une fois en secouant la tête.
C'était un caillou.
Une pierre ovale de la taille d'une main était posée sur un tas de coton. Ce n'était pas une pierre classique. Elle avait un visage. Un visage dessiné au marqueur noir. Deux yeux ronds avec des iris violet. Des sourcils. Un nez en angle aigu. Un grand sourire. Il avait également un éclair dessiné au-dessus de son sourcil droit.
-C'est un caillou, Luc, dis-je en tournant la tête vers lui.
-Il s'appelle Diesel. Ne le juge pas d'après son apparence.
Parfois, j'avais du mal à le suivre.
-Voldemort a essayé de le tuer ?
-Peut-être bien. (Il m'adressa un nouveau sourire en coin.) Il a eu une vie intéressante.
Je secouai lentement la tête.
-Tu m'as obligé à partir du lycée pour me donner une pierre ?
-Pêche... C'est une pierre de compagnie ! Et je ne t'ai pas mis le couteau sous la gorge.
Je le regardai, sans voix. Je ne me rappelais pas avoir jamais entendu le terme "pierre de compagnie" de ma vie.
-Où est-ce que j'étais censé le garder pendant que j'attendais que tu sortes de cours ? demanda-t-il. Le trajet jusqu'au lycée l'a déjà traumatisé. Je suis allé trop vite pour lui.
-Je ne sais même pas quoi te dire, marmonnai-je. (Diesel, la pierre de compagnie, me sourit.) Merci ?
-Mais de rien !
Néanmoins, elle avait beau le nier, il était temps d'admettre que les livres n'étaient pas la vraie vie. Elle avait réussi à tenir la réalité à distance pendant près de trente ans, mais, désormais, elle se rapprochait à une allure folle, et elle allait devoir faire quelque-chose - n'importe quoi - à ce sujet. C'était ce que Surinder lui avait dit quand Nina lui avait demandé ce qu'elle pensait, honnêtement, de son idée de van : "Fais quelque-chose. Tu feras peut-être une erreur, mais, dans ce cas, tu pourras la réparer. Si tu ne fais rien, tu ne peux rien réparer. Et tu finiras peut-être par avoir beaucoup de regrets."
Elle fronce les sourcils, mais accepte de laisser tomber.
-Je pensais à ce pantalon en velours avec un tee-shirt noir à manches longues, tout simple.
-Du velours ? Ça gratte, je réponds.
-Ça fait crier les filles, corrige-t-elle. Et comme tu fais la promo d'une comédie romantique, notre objectif est de faire hurler les filles. Tu es leur coqueluche, Landon. Tu dois incarner ce rôle. Et ce pantalon met en valeur ton p'rit cul.
-Mon dieu, maman, ne reparle plus jamais de mon p'tit cul.
-Pourquoi ? répond-elle en souriant. Après tout, c'est de moi que tu tiens tes plus beaux atouts.
-Je vais faire comme si on n'avait jamais eu cette conversation.
Elle retire les cintres du portant et me les donne.
-Obéis à ta mère, c'est tout. Mets le pantalon en velours.
Je fais ce qu'elle dit, parce que les mamans ont toujours raison.
A ce moment-là, les pieds enfoncés dans les sable, les mains autour des genoux... je me suis demandé pour la première fois si le soleil émettait un bruit. J'étais d'ailleurs persuadé que non. Sinon, j'aurais forcément lu des articles à ce sujet, des poèmes encore plus inspirés que par les océans, les cascades et la pluie.
Et puis je me suis demandé quel effet ce lever de soleil pouvait produire chez ceux qui entendaient l'océan, quand ils voyaient l'astre s'élever de l'horizon. Si ce spectacle muet pouvait tant signifier pour moi, qu'est-ce que c'était pour ceux qui le voyaient accompagné des murmures de la mer ?
J'ai pleuré.
J'ai pleuré... parce que j'étais sourd.
C'est l'une des rares fois où j'ai éprouvé de la rancœur contre ce travers qui limitait si considérablement ma vie. Et c'est la première et seule fois que cela m'a fait pleurer. Je me rappelle encore ce que je ressentais à ce moment-là : de la colère, de l'amertume, de la douleur devant ce handicap qui me privait de tant de choses bien que, la plupart du temps, je n'y songeais même pas.
Mais ce jour-là - à ce moment-là -, j'étais dégoûté. J'avais envie de ressentir le véritable effet de ce lever de soleil, d'absorber chaque appel des mouettes qui volaient au-dessus de ma tête, et que le bruit des vagues m'entre dans les oreilles pour ruisseler à travers ma poitrine jusqu'à ce que je les sente s'écraser autour de mon ventre.
J'ai pleuré sur mon sort. Dès que le soleil m'est apparu tout entier, je me suis levé et j'ai quitté la plage, toujours obsédé par cette sensation.
Il gémit de douleur, la mine vexée.
-Qu'est-ce qui te prend, minimoys ?
Ma fille croise les bras sur sa poitrine, l'expression effrontée.
-Papa m'a toujours dit de frapper si un garçon me traite de grosse.
-C'est vrai, approuvé-je avec un mince sourire. C'est bien, ma fille. Tu peux reprendre un cookie.
Elle m'en tape cinq tandis que Noah jure dans sa barbe.
Maman écarquilla les yeux et resta bouche-bée.
-Il a lu ta série préférée ?
-Ouaip.
-Eleanor ?
-Oui ?
-Épouse ce garçon.
Rosie sentit la colère revenir.
-Je suis en train de méditer.
Il pencha la tête sur le côté.
-Drôle d'endroit pour méditer.
-Elle vous dit des bêtises. Elle vient de tomber, intervint sa mère qui savait toujours se montrer utile. Elle est un peu maladroite, mais ma fille a fait de longues études. Vous saviez qu'elle avait obtenu trois diplômes ?
-Non. (Une expression de surprise passa sur le visage de Devlin.) Je l'ignorais.
-En revanche, je suis certaine que vous avez remarqué sa beauté dévastatrice.
Rosie tourna lentement la tête vers sa mère. Sa mère qui n'allait pas tarder à mourir.
Celle-ci lui sourit à pleines dents.
-Une tête bien faite, un corps bien fait... mais malheureusement, elle est aussi habile qu'un alligator à trois pattes.
Rosie la regarda, bouche-bée. Un alligator à trois pattes ? Elle n'était pas si maladroite, et même si cela avait été le cas, pourquoi un alligator à trois pattes ?
Il ne change pas d'expression. On dirait une statue. A part sa mâchoire qui se crispe spasmodiquement. Puis il fronce les sourcils et incline la tête.
-Tu ne crois pas que je t'aime, Quinn ?
-Je sais que tu m'as aimée. Mais je ne crois pas que tu aimes celle que je suis devenue.
Il se tient raide sur son siège, me jette un regard dur avant d'énoncer sèchement :
-Je t'aime chaque seconde de chaque jour depuis l'instant où j'ai posé les yeux sur toi. Je t'aime plus encore maintenant que le jour où on s'est mariés. Je t'aime, Quinn. Merde !
Il ouvre sa portière, sort et la claque avec vigueur, à en faire remuer toute la voiture. Il se dirige vers la maison mais, avant d'entrer, il se retourne en tendant un doigt accusateur.
-Je t'aime, Quinn !
Il crie. Il est vraiment hors de lui. Au point de retourner vers sa voiture pour y balancer des coups de pieds furieux.
-Je t'aime !
A présent, il tape du poing sur la carrosserie, jusqu'à s'effondrer sur le capot, la tête dans les bras. Il demeure un moment sans bouger, les épaules secouées de sanglots. Et moi, je reste immobile, retenant ma respiration.
Finalement, il se redresse, s'essuie les yeux, me contemple d'un air défait.
-Je t'aime, murmure-t-il d'un ton plus doux. Depuis toujours. Malgré toi.
Et il se précipita vers l'écoutille avant que Charley puisse le retenir.
-Je ne suis pas sûre que ce soit une bonne idée, l'avertit la jeune femme en le suivant dans la coursive. Les dames dans l'état d'Elizabeth ne sont pas toujours elles-mêmes…
Trop tard : le capitaine avait déjà ouvert la porte de sa cabine.
-Ma chère Eliz… commença-t-il.
-C'est toi !
La "chère Elizabeth" s'était redressée sur la couchette, les doigts sur le ventre, et foudroyait son mari du regard. Le visage barré de mèches trempées de sueur, elle ressemblait à une Furie à la chevelure serpentine venue infliger la vengeance divine.
Et sa victime était toute désignée.
-C'est toi ! aboya-t-elle de nouveau en désignant son époux d'un index frémissant. C'est toi qui m'a fait ça, espèce de…
Et la compagne aussi timide que réservée du commandant du Lady Jane montra à quel point son vocabulaire s'était enrichi au contact des matelots du brick. Elle termina sa diatribe en décrivant le sort qu'elle réservait aux parties viriles de son mari afin qu'il ne soit plus jamais capable de la mettre dans un état pareil !
Charley fit sortir de la cabine un capitaine Denahm à la figure livide.
-Oubliez ce que vous venez d'entendre, suggéra-t-elle. L'enfantement fait parfois tenir des propos insensés.
-Vous... Vous croyez donc qu'elle ne pensait pas ce qu'elle disait ?
-Eh bien… si, elle le pensait, sur le coup du moins - mais dès qu'elle aura son bébé dans les bras, elle en aura perdu jusqu'au moindre souvenir.
Comme M. Stuart réclamait le capitaine, Charley lui tapota l'épaule.
-Courage, murmura-t-elle. C'est bientôt fini.
Et elle retourna auprès de sa patiente.
Savannah, qui m'entend, s'ajoute à la conversation.
-Anssi et Blade ? présume-t-elle, ce à quoi James acquiesce. Prends les devants, Cha. Va mettre le grappin sur ce type avec toutes les armes que tu possèdes.
-Elles sont toutes pointées sur la tête de Blade.
-Oublie-le. Pense uniquement à ton objectif et bats-toi pour l'obtenir. On ne rencontre pas des muschers tous les jours, alors profite de l'occasion pour lui sauter dessus.
-C'est vraiment un conseil ? s'étonne James.
-Si elle ne se focalise pas sur Anssi, les testicules de ton ami finiront accrochés au-dessus de son lit en guise d'attrape-rêve. Crois-moi, ce n'est pas le moment d'être doux.
Quelle que soit la façon dont on choisira de vivre, on mourra tous les deux à la fin.
-En effet.
J'attendis la suite, et comme Apollon restait silencieux, je croisai les bras.
-Mais encore ?
-Nous avons besoin d'un plan, répondit-il.
-Waouh.
Seth croisa les bras à son tour.
-C'est un concept original.
-Seth, sifflai-je en le fusillant du regard.
-Tout va bien, continua Apollon, décochant à Seth un sourire flippant, du genre "planquez vos gosses". Quand tu t'y attendras le moins, je vais te transformer en fleur rose qui pue le pipi de chat.
Je m'étranglai de rire.
-Et moi, ce que je n'arrive pas à croire, c'est qu'Aiden lui soit rentré dedans, répliqua Marcus, qui vida d'un trait le reste de son vin.
J'en restai comme deux rond de flan.
-Quoi ? Tu n'as pas fait ça…
Le demi-sourire d'Aiden s'agrandit jusqu'à faire apparaître une fossette sur sa joue gauche.
-Eh si.
-Tu n'arrêtes pas de me répéter qu'il ne faut pas frapper les gens, et toi, tu frappes un dieu ?
Je refusais d'y croire.
Il sourit cette fois complètement.
-C'était une situation très particulière.
-Et si ce n’est pas le cas, on fait quoi ? répliqua Solos en secouant la tête. On la laisse sortir pour qu’elle rejoigne Seth et qu’ils nous la jouent à la Bonnie and Clyde ? Ou on la laisse pourrir au sous-sol et mourir de faim ?
-Solos, je te préviens, il vaut mieux que tu la boucles, dit Marcus. -Attendez. J’aime beaucoup Alex. C’est une fille très cool, poursuivit Solos malgré tout. Mais ne serait-il pas plus humain d’abréger ses souffrances au lieu de…
Mon poing s’écrasa sur sa mâchoire sans que j’aie le temps de savoir ce que je faisais. Sa tête fut projetée en arrière et il vacilla sur ses appuis. Je me jetai sur lui et l’empoignai par son maillot pour le plaquer contre le mur, où plusieurs tableaux tremblèrent. --Aiden ! cria Marcus.
-Nous ne ferons aucun mal à Alex, grognai-je entre mes dents en soulevant la Sentinelle qui n’était plus en contact avec le sol que de la pointe de ses bottes. Il est hors de question de toucher à un seul de ses cheveux. C’est clair ?
Solos avait les yeux exorbités.
-Je sais que tu l’aimes…
-Tu ne sais rien du tout. Et surtout pas jusqu’où je suis prêt à aller pour la protéger.
Je le lâchai et il s’affaissa contre le mur.
-Et si je dois tuer un sang-mêlé pour m’assurer qu’il ne lui arrivera rien, je n’hésiterai pas une seule seconde.
-Ok. (Je dégage ses cheveux trempés de sont front.) On va le dire au docteur Laura quand elle reviendra...
-Maintenant ! Va lui dire maintenant, hurle Sabrina.
-Elle va arriver d'une seconde à l'autre, Bébé. Et tu as une contraction toutes les trois minutes. On a encore le temps avant la prochaine...
Avant que je puisse finir ma phrase, une petite main folle m'attrape par le col de la chemise. Sabrina siffle comme un chat sauvage pris au piège et me foudroie du regard.
- Je jure devant Dieu, Tucker, que si tu ne vas pas immédiatement la chercher, je t'arrache la tête et JE LA DONNE À MANGER AU BÉBÉ !
En hochant calmement la tête, je détache lentement ses doigts du col de ma chemise et je dépose un baiser sur son front. Ensuite je pars à la recherche du docteur.
-Brrr, je l'avais oublié, celui-là.
Evan s'arrête pour l'examiner à la lumière du jour.
-Je ne saurais dire s'il sourit ou s'il fait la grimace, ajoute-t-il, mais je suis quasiment sûr qu'il a déjà tué.
-C'est marrant que tu parles de ça, rétorqué-je en enfonçant mon bonnet sur mes oreilles. Avant d'avoir Pacino, on avait un chien appelé Byron, un beau labrador chocolat qui me suivait partout ; un animal vraiment loyal et gentil. Bref, chaque Noël, sans exception, Byron aboyait et couinait devant ce père Noël quand on le promenait. Ce truc lui flanquait vraiment une trouille bleue.
-Pas étonnant, approuva-t-il.
Je vois la respiration d'Evan s'accélérer lorsqu'il ose effleurer prudemment du doigt la barbe cradingue du papa Noël.
-Le dernier Noël avant mon emménagement à Londres, c'est moi qui ai sorti Byron, par le même chemin que celui qu'on vient d'emprunter. Tout se passait bien, quand, soudain, quelque-chose l'a fait paniquer. Il est devenu fou furieux. Byron était un chien très calme [...] mais il a sauvagement attaqué ce père Noël, en déployant une force que je ne luis connaissais pas. Il a réduit sa veste en lambeaux. Regarde, juste ici, poursuivis-je en lui montrant un endroit où le manteau rouge miteux a été salement amoché, et ici aussi, sur la jambe, où c'est tout déchiré. J'ai dû le lui arracher de la gueule.
Evan inspecte de plus près le manteau et les taches sur la jambe du père Noël.
-Waouh ! C'est flippant. Qu'est-ce qui lui a fait peur à ce point ?
-On ne l'a jamais su, parce que le lendemain matin, Byron était mort.
-Non ! s'exclama Evan, sidéré. Que s'est-il passé ?
-Le vétérinaire a dit que c'était un problème cardiaque, expliqué-je tristement. Comme si quelque-chose avait arrêté net...son cœur.
Le teint rosé d'Evan devient soudain blême.
-Mais le plus étrange, c'est, qu'après les fêtes, en voulant ranger le père Noël dans l'abri de jardin, mon père a eu la frousse de sa vie. L'expression de son visage avait changé. Jusque-là, sa bouche était cachée sous sa barbe, mais maintenant...il sourit...
Evan examine de nouveau le père Noël.
-Pitié, dis-moi que tu plaisantes, lance-t-il timidement en reculant d'un pas. Parce que je crois que je n'ai jamais rien entendu d'aussi terrifiant.
-Parfois, la nuit, soufflé-je, on jurerait entendre des bruits de pas qui passent le portail... qui font crisser le gravier... "crac"... "crac"... "Bouh !"
Evan bondit d'au moins un mètre, avant de faire une gissade magistrale sur les fesses, tandis que je pleure de rire.
-Oh, mon Dieu ! haleté-je, entre deux éclats de rire. Ta tête... Je n'arrive pas à...
Evan est toujours par terre.
-C'était une blague ? Mais ses vêtements déchirés...? Les marques sur sa jambes...?
-Son manteau s'est pris dans la chaîne de mon vélo quand j'étais enfant, expliqué-je. Nous n'avions même pas de chien ! Ha ha ha ha !
Evan se relève péniblement.
-Méfie-toi, il va t'arriver des bricoles, menace-t-il, en formant une énorme boule de neige entre ses gants.
Il tend la main et m'attrape l'avant-bras.
-De qui veux-tu être le problème, alors ?
Je réalise à quel point qu'il dit vrai.
-Apparemment, je suis déjà le tien, je suppose. Je suis désolée.
Sa main plonge sur la mienne et la serre.
-Tu peux être mon problème quand tu veux.
-Si tu veux tout savoir, Daemon essaie de se la jouer cool, mais il est aussi nerveux que toi.
Un rire étranglé m’échappa.
-Tu as lu dans ses pensées ?
-Évidemment !
Je secouai la tête.
-Tu sais qu’il déteste ça.
-Évidemment ! répéta-t-il en souriant.
-Eh bien...
Je me demande quoi lui raconter quand Zach apparaît dans l'encadrement de la porte. Super. Le monde entier va être au courant de mon humiliation. Je sais que je ne suis pas censée me soucier du mariage de Gilman. J'ai décidé de ne plus avoir de relations avec lui. Pour l'instant, du moins. Voilà le point d'achoppement. Il a claqué la porte. Il m'a dit qu'il voulait s'amuser, rester célibataire. Et voilà qu'il épouse quelqu'un d'autre et m'annonce que je ne suis pas digne d'être aimée. Comme si j'avais besoin qu'on me le rappelle.
-Il va se marier, je lance à brûle-pourpoint.
Voilà, je l'ai dit. J'ai arraché le pansement d'un coup sec.
-Quoi ? glapit May, en bondissant du lit. Ce connard !
J'enfourne un morceau de viande du chili et je mâche.
Audrey a fait un chili d'enfer, et en plus, il n'y a rien à ajouter au sujet de Gilman.
-Est-ce que j'aurais dû lui filer un pain ? propose Zach depuis la porte.
ça me fait sourire.
-Ce n'aurait pas été trop difficile, n'est-ce pas ?
L'idée de Gilman tout mince se mesurant à Zach est plutôt comique.
Zach hausse les épaules en souriant.
-Je suis certain que tu pourras lui régler son compte toi-même, Lark. Au moins, à présent, je sais que ce n'est pas lui le gars qui hante tes nuits.
-Qu'est-ce que tu veux dire ? demanda May en se tournant vers moi pour m'observer. Quelqu'un hante tes nuits ?
-Nan, je réponds à toute vitesse en évitant le regard subitement coupable de Zach. Mais vas-y, May. Tu crèves d'envie de le dire. Dis-moi que tu ne l'as jamais aimé.
Ma meilleure amie se rassoit sur mon lit.
-Ce n'est pas sympa de dire "je te l'avais bien dit".
-Aujourd'hui, tu peux me dire tout ce que tu veux.
Je prends une autre bouchée.
C'est bon tout ça, le chili, leur compagnie. Analyser mes échecs avec May a toujours été plus drôle que de le faire toute seule. May lève les bras en croix.
-Très bien. Il est trop vieux pour toi.
J'éclate de rire.
-Il a vingt-huit ans !
-Mais il fait plus vieux. Il n'est pas assez intéressant pour toi.
-Merci, M'man.
-Je veux dire, il est mignon, tout ça. Mais j'ai toujours pensé qu'il était trop méticuleux. Quand je posais une tasse sur la table de votre cuisine, il courait immédiatement la laver. Il avait classé tes livres par ordre alphabétique contre ta volonté.
-Tu as raison, May. Comment ai-je pu être aussi aveugle ?
Mais mon amie ignore mes sarcasmes.
-Je parie qu'il a aussi classé tes chaussettes. Je parie qu'il se fait manucurer. Attends, est-ce qu'il se fait épiler les couilles ?
-Pas de commentaire, je dis, ne voulant pas admettre que la minutie de Gilman est très, très détaillée.
-Est-ce que, au moins, il faisait bien l'amour ? demande-t-elle.
-Oh, mes oreilles chastes ! plaisante Zach en se les bouchant avec les mains.
Malgré mon humeur sombre, je me mets à rire.
-C'était correct. Mais il faisait un excellent café.
May et Zach se mettent à hurler de rire.
-Attendez ! crie-t-elle en gesticulant.
Oh merde !
-Si tu as la nausée, tu peux reculer.
Audrey se tourne vers moi.
-Griff Shipley, tu n'as tout de même pas l'intention de jeter cette tête sans enlever la viande des joue !
-Excuse-moi ?
-Tu m'as très bien entendu. Non, tu sais quoi, je vais le faire.
Elle s'agenouille et tire le seau vers elle pour que ce soit plus commode. Puis elle tend la main pour qu'on lui donne un couteau.
Ahuri, je lui remets le mien. Se penchant au-dessus du seau, elle saisit l'oreille du porc et enfonce la lame du couteau sous la peau.
-La joue est la seule partie de l'animal qui est à la fois maigre et tendre. C'est délicieux, braisé avec des épices du Szechuan. Je suis sûre qu'en une seconde je pourrais faire de vous des italiens pure souche, si on y ajoutait vite fait des tomates italiennes, du vin, un peu d'ail et de l'origan frais...
Elle continue à découper en faisant un cercle délicat sur le visage du cochon à l'aide du grand couteau.
Zach, à côté de moi, me donne un coup de coude, incrédule. Le regard que je lui renvoie veut dire, je sais, on est d'accord, elle est incroyable. Même le nouveau met la main devant sa bouche pour cacher un sourire.
Audrey pose alors un morceau de viande sur le plat que ma mère nous a laissé. Puis elle tourne la tête et continue la découpe, de l'autre côté cette fois. Après avoir obtenu la pièce qu'elle voulait, elle repousse du coude le seau sous la table et lève les yeux vers moi.
-Est-ce que je peux continuer ? Je n'ai jamais découpé de rôti d'épaule. Cette partie-là sera pour des steaks de lame, et ensuite il y a les filets...
Epouse-moi. Mon cerveau est tout à elle et je suis bouche-bée devant ses mains ensanglantées et son sourire éclatant. Note à moi-même : ne plus jamais énerver Audrey à l'avenir, du moins s'il y a un couteau de chef bien aiguisé dans les parages.
Pourquoi tu gâches ta vie ?
Pourquoi tu gâches ta vie ?
Danse, danse, danse, elle me dit..."
Je ne m'entends même pas chantonner contre la fenêtre, qui se couvre de buée. C'est le timbre enroué de Suzanne qui me ramène à la réalité en rouspétant.
-C'est encore une chanson de ce Mika qui n'a qui la moitié d'un nom, une voix de pucelle et des costumes dignes du carnaval ?
-Il vend des millions de disques, il parle douze langues, il a une créativité de génie et il est trop mignon, Suzie... Il va falloir vous mettre à la page question mecs, aussi !
-Mais pas aussi mignon que mon Laszlo, si ? me demande-t-elle d'un œil noir.
-Non, j'ai bien retenu ma leçon, récité-je dans un soupir. Personne n'arrive à la cheville de votre petit-fils, de Gédéon-le-chat, de Gédéon-feu-votre-mari et de Stanislas-le-fauteuil !
-C'est tout à fait ça !
-D'ailleurs, Suzanne, je suis un peu triste que vous n'ayez toujours pas donné de nom à l'iPod que je vous ai offert et qui ne vous quitte plus.
-Comme si j'étais une vieille gâteuse qui donne des prénoms aux choses ! me snobe-t-elle d'un haussement d'épaules.
La grand-mère récupère le baladeur sur une étagère, enfonce les écouteurs dans ses oreilles et quitte le salon à petits pas feutrés en lâchant d'une voix sonore :
-Allez, viens, Hippolyte, on va chanter dans le jardin !
Je souris à son dos courbé et à son probable rictus de fierté. [...]
-On sait, on sait... Tu vas nous remercier parce que t'as vu ton père rigoler pour la première fois depuis la chute du vas de Soissons...
-Pas...pas du tout.
-Qu'est-ce qu'y a ?
-A...acceptez-vous d'ê...d'être mes té...mes té...mes té...
-Tes té quoi ? Tes têtards ?
-Non. Mas té...
-Tes teckels ?
-N...non, mes té...té...
-Tes quoi ? Putain !
-Mes té...moinsdemariage.
La voiture pila et Paulette se mangea l'appuie-tête.
Il ne voulut pas leur en dire d'avantage.
-Je vous préviendrai quand j'en saurai plus.
-Hein ? Mais euh... Rassure-nous... T'as une copine au moins ?
-Une côpine, s'indigna-t-il, jamais de la vie ! Une côpine... Quel vilain mot... Une fiancée, mon cher...
-Mais euh... Elle le sait, elle?
-Pardon ?
-Que vous êtes fiancés ?
-Pas encore... avoua-t-il en piquant du nez.
Franck soupira :
-Je vois le travail... Du pur concentré de Philou, ça... Bon, ban... T'attends pas la veille pour nous inviter, hein ? Que j'aie le temps de m'acheter un beau costard quand même...
-Et moi une robe ! ajouta Camille.
-Et moi un chapeau... répliqua Paulette.
-Si j'avais su qu'il fallait que mon mari mette ma meilleure amie enceinte pour que tu te montres aimable avec moi, je l'aurais fait depuis longtemps, dis-je en riant.
Mais il ne se dérida pas.
-Tu n'es pas obligée de faire ça.
-De faire quoi ?
-De rire alors qu'il n'y a rien de drôle.
-Si, il le faut, parce que sinon...
Je dus me détourner, parce que je sentais que mes émotions me rattrapaient finalement alors que les battements de mon cœur se calmaient. Je laissai échapper un petit rire gêné.
-Parce que, sinon, je vais t'agacer une fois de plus.
-Pourquoi ?
Ma lèvre inférieure se mit à trembler et mon corps fut secoué de sanglots, alors j'enfouis mon visage dans mes mains.
-Parce que c'est le moment où je pleure.
-Oui.
Il posa doucement ses mains sur les miennes et les écarta de mon visage.
-Et c'est le moment où je te laisse faire.