Extraits

Son devoir était de faire ce qu’il pouvait pour sortir de là, avec ses deux compagnons. Il était un adulte, non un garçon de seize ans terrorisé. Il aurait préféré ne pas avoir à subir cette épreuve, mais il n’avait pas le choix. Ses vœux ne comptaient pas, seul son devoir importait.

Plus important encore, son sacrifice protégerait William de ce fils de pute. En se remémorant la façon dont Adrian avait fixé son ami, ligoté et écartelé, à moitié nu sur le grillage, Archer sentit ses entrailles se nouer. Laissez-le tranquille, sale bâtard. Ne posez pas vos sales pattes sur lui !

Il ne s’agissait pas seulement d’un sentiment protecteur. Archer avait très vite réalisé éprouver pour Will bien plus qu’une affection amicale. Il avait été presque choqué par la puissance de son émotion, qui dépassait de loin ce que permettait le règlement de la Royal Navy. Après ce qu’il avait subi aux mains de Correy, il avait perdu tout désir envers les hommes. Pourtant, avec William, l’attraction existait, mais en vain. Archer était bien conscient que, pour garder son ami, il ne devait jamais lui laisser soupçonner ses véritables sentiments.

Marshall sentit un balancement avant même de reprendre connaissance. Il ne s’agissait pas du mouvement d’un navire et il ne percevait pas l’odeur de la mer. Malgré sa migraine lancinante, il entrouvrit les yeux et constata qu’il était couché sur le dos, avec un panneau de bois juste au-dessus de lui – bien trop près : à trente centimètres à peine. La lumière atténuée qui passait à travers les fentes des planches, aussi bien derrière sa tête que sur le côté, annonçait la fin d’après-midi. Des grains de poussière y flottaient. Il n’était pas sur un bateau, plutôt dans une sorte de chariot alors ?