Extraits

— Tu représentes tout pour moi, Frimousse. Rien n’a d’importance sans toi dans ma vie.

Ses yeux s’assombrirent et son regard balaya mon visage comme s’il cherchait à mémoriser chacun de mes traits.

— Je reviendrai. Pas pour le match. Pas pour les âmes. Pour toi. Je reviendrai pour te faire mienne, Raine Cooper.

— Je n’ai aucune intention de devenir une Norne.

— Tant mieux, parce que je ne le permettrai pas.

— Le permettre ? Et qui t’a remis les clés de mon avenir ?

Il s’arrêta et m’examina attentivement. Je déglutis sous la chaleur de son regard. Il me lâcha la main et se pencha pour écarter les cheveux de mon visage.

— Toi, quand tu as traversé la pelouse en courant pour te jeter à mon cou comme si tu m’appartenais. Quand tu me regardes avec un mélange d’étonnement innocent, de charme séducteur et assez de défi dans les yeux pour dissuader un homme moins armé que moi.

Il me souleva le menton et passa son pouce sur ma lèvre inférieure. Mon souffle resta suspendu. Il afficha un sourire de satisfaction qui me fit chavirer.

— … Quand je te touche et que tu retiens ton souffle.

Lentement, sans me quitter des yeux, il baissa la tête.

— … Quand tu oublies de respirer parce que je m’apprête à t’embrasser.

— Tu crois qu’elle est rentrée ? demandai-je.

Torin lança un regard furieux par-dessus son épaule.

— Je t’ai dit de rester là-bas.

— Tu n’as pas dit s’il te plaît.

— J’aime beaucoup tes taches de rousseur.

La réalité me rattrapa et je reculai.

— Ne fais pas ça.

— Faire quoi ?

— Tout. Ne joue pas avec mes cheveux. Ne me fais pas de compliments. Et ne me regarde surtout pas comme tu viens de le faire.

— Comment ?

— Comme tu l’as fait il y a quelques secondes.

Un sourire malicieux recourba le coin de ses lèvres.

— Et tu n’as pas non plus le droit de me sourire de cette façon. Allons-y avant que je change d’avis.

Il secoua la tête et chaussa ses lunettes de moto.

— Tu es la fille la plus tenace que je connaisse.

Je lui adressai un sourire rayonnant.

— Merci.

— Ce n’était pas un compliment. Tu peux remplacer tenace par casse-pied.

— Pour moi, ça reste un compliment.

Tu ne vas pas me demander où nous allons ?

— Je devrais ? Tu n’es pas en train de me kidnapper, si ?

Il ricana.

— Si je voulais te kidnapper, tu serais dans ma chambre en quelques secondes.

Alors kidnappe-moi, avais-je envie de lui dire.

Je devenais un instrument et il était un virtuose.

_ Torin, attends.

il continuait de m'ignorer. Un peu agaçée, je décidai de me montrer créative

_ Eh, le valkyrie.

Son pas hésita, mais il ne s'arreta pas.

_ Quelqu'un veut rencontrer un authentique faucheur d'ames?

Quelques élèves me dévisagèrent comme si j'avais perdu la boule, rien de nouveau jusque là, mais il s'arreta enfin pour m'examiner d'un air patient. je souris.

_ Etait-ce vraiment nécessaire ? demanda-t-il ?

_Tu t'es arreté, n'est-ce pas ? C'était quoi ça ?

Il feignit la surprise.

_ C'était quoi, quoi ?

_ Toi et eirik. Depuis quand est-ce le grand amour entre vous?

Il eut un sourire suffisant.

_ Les garçons, ce n'est pas mon truc. Je suis exclusivement branché filles.

Je plissai les yeux.

_ Tu as bien compris ce que je voulais dire. Que se passe-t-il? Que tramez vous tous les deux ?

_ Sais-tu que tes yeux changent de couleur quand tu es en colère ?

interrompue dans mon élan, je le dévisageai en me rappelant la première fois qu'il m'avait fais cette remarque. Il m'avait alors subjuguée, enveloppée dans un voile de sensualité, et nous nous serions embrassés sans l'intervention de notre voisine. Mes yeux se posèrent sur ces lèvres et je surpris son sourire.

Depuis quand était-ce aussi facile de me berner? Il avait volontairement détourné mon attention. Une fois de plus.

— Tu m’en dois une, grand frère.

— Tout ce que tu veux, lança Torin par-dessus son épaule.

— Ta Harley, répondit Andris en nous suivant à l’extérieur.

— Prends-la, lui dit Torin sans hésiter.

Je levai les yeux et vis Andris brandir le poing d’un air triomphal.

— Tu vas vraiment lui donner ta moto ?

— Il l’a bien méritée, mais il ne la gardera pas. Comme d’habitude, il essayait juste de prouver quelque chose.

— Quoi donc ?

— Ce qui est le plus important pour moi. C’est tout vu.

— Je me demande s’il est conscient de la chance qu’il a d’avoir ton amour et ton dévouement désintéressé, fit Torin dans mon dos.

Je m’arrêtai et le dévisageai en ouvrant de grands yeux, stupéfaite par ses paroles. Il avait l’air triste.

[...]

— Je t’aime, Torin St James. Mais si tu doutes de mes sentiments ou si tu les compares avec ce que je ressens pour qui que ce soit d’autre, tu ferais mieux de courir aussi vite que tu le prétends, parce que quand je te rattraperai, tu le regretteras.

— Un coup de main ne serait pas de refus, lança-t-il. Ce foutu machin renverse tout.

Torin éclata de rire et voilà à son secours.

— C'est quoi ?

— Un portail. Je reviens à peine du magasin des parents de Raine.

— Où est le mien ? demanda Torin.

— Est-ce que j'ai l'air d'un livreur ? répliqua Andris. Le tien est toujours là-bas.

— Rappelle moi pourquoi je t'aide à porter ça ?

— Parce que tu essayes d'impressionner ta petite amie.