Commentaire de Melenda

Le vers n'est pas de la plus grande fluidité dans les actes I et II, mais ailleurs il est tout à fait recevable. Par ailleurs, l'introduction et la note de fin de Victor Hugo bénéficient à la fois de sa grande plume, de son analyse littéraire fine et efficace, et d'un certain humour.

L'histoire en elle-même est affreusement belle, avec des scènes proprement glaçantes : l'obstination de la duègne sur le protocole, les machinations de don Salluste... tandis que don César remplit son rôle de joyeux luron à merveille, non dénué de profondeur, homme d'honneur aux mille ressources. Spoiler(cliquez pour révéler)Je doute qu'il reste longtemps retenu par les alguazils, et don Salluste est de mon avis, lui qui est content s'il peut gagner vingt-quatre heures !

La conclusion est belle, avec un signal d'hécatombe. Spoiler(cliquez pour révéler)Ruy Blas s'empoisonne, mais est-il sûr qu'il meurt, lui qui "allait mourir" mais "se réveille à son nom prononcé par la reine" ? Est-il revenu, rappelé par une voix si douce, celle d'une femme comparée par Hugo lui-même à la Vierge à qui elle rend des dévotions particulières ? Est-il fantôme, prêt à veiller sur elle pour l'éternité, comme Scapin dans ses "Fourberies" de Molière, dans une certaine interprétation de la Comédie Française avec un décor de port, où il se relève alors que tous sont partis, et erre dans la pièce vide, encore dégoulinant de sang, et traînant ses bandages souillés ?

Conclusion : c'est du bon et je le recommande. Sans sauter la préface ni les notes de Hugo, elles valent tout autant le détour. Ce type est connu pour sa préface de Cromwell, c'est dire s'il est bon à ce jeu !