Extrait

La dernière conversation qui a changé ma vie a commencé par les mots : « Gaby, nous devons parler. »

Exactement quatre minutes et cinquante-cinq secondes plus tard, j’étais apparemment A) célibataire à nouveau, B) sans domicile et C) pathétique. Bien que le fait que je sois pathétique n’était connu que de moi-même… et de ma meilleure amie… et de mes parents… et de mes frères… et de ma sœur… et de mes nièces.

Oh bon sang. Qu’est-ce que je m’imaginais ? Tout le monde avait su que j’étais pathétique à l’instant où ma meilleure amie, Laila, avait annoncé à mes parents que mon petit ami m’avait quittée. Elle avait ensuite dit à ma famille que j’avais pleuré comme une madeleine toute une semaine après la rupture puis que j’avais regardé My Girl tous les soirs pendant un mois entier. Les trois kilos supplémentaires ainsi que le visage plein d’acné à cause des gâteaux apéritifs épicés et des donuts dont je m’étais empiffrée n’aidaient pas non plus.

Donc quand Eli, qui ne m’appelait que deux fois par mois et qui était généralement bourré comme un coin quand il le faisait, me passa un coup de fil et commença la conversation par Gaby-Gaby d’une voix chantée, je sus que quelque chose se tramait. Il ne m’appelait jamais par mon prénom, à moins qu’il y ait un juron devant. Quand il me demanda ensuite, ’un ton complètement sobre : « Tu as le temps de parler ? », je m’attendais presque à l’apocalypse. Ou du moins, à ce qu’il me demande d’abandonner l’un de mes organes vitaux.

Je n’aurais pas dû écouter son offre. J’aurais dû le savoir, mais Eli était ma faiblesse et ce salaud le savait.

Je ne pouvais compter le nombre de fois où il avait réussi à me convaincre de faire quelque chose que je n’aurais fait pour absolument personne d’autre.