Extraits

Eric Seven ne croit pas au coup de foudre.

Il se corrige aussitôt.

Même à cet instant, à l'instant où cela se produit, son cerveau de journaliste rectifie, rayant une opinion depuis longtemps ancrée pour en formuler une nouvelle à la place.

Il ne croyait pas au coup de foudre. maintenant, il pourrait.

-Je suis Merle, dit-elle.

Tor. Qu'est-ce qu'il cloche cet homme ? Son oeil, déstabilisant, certes, mais il y a autre chose.

Le vieillards s'est montré serviable au possible, aussi pourquoi Erik éprouve-t-il ce sentiment de défiance à son égard ?

Il revint à sa pensée qui l'avait le plus troublé lorsqu'il était chez Tor. Il reconnaissait le visage de Merle.

Reconnaissait. or, c'est impossible puisqu'il n'a jamais vu cette femme auparavant.

Des fleurs.

Des fleurs, pense-t-il. Des fleurs.

Il devait faire quelque chose, justement, à propos de fleurs.

Sauf qu'il ne se souvient plus.

Il finit joyeusement de se sustenter.

-Au revoir, Erik, dit-elle.

Il hocha la tête, se remet en selle et part en pédalant.

Je t'ai trouvé.

Y avait-il un sens plus profond dans ces derniers mots ?

Il veut la croire.

-Merle, mon enfant. Tu parles de choses auxquelles tu n'entends rien. Tu es notre trésor. Tu es la plus jeune d'entre nous, et pour cette seule raison nous te chérissons et te respectons. Mais tu ne sais pas tout ce qu'il y a à savoir.

Il s'interroge : pourquoi cette main était-elle sa main ? Aurait-elle pu être celle de quelqu'un d'autre ? Et pourquoi était-ce sa main à elle ? Est-ce important ? Et si Merle était différente ? Non, pensa-t-il tandis que ces pensées étranges et idiotes tournent dans sa tête. Même si elle était différente, elle serait toujours elle.

Des cauchemars qui ne terrifiait pas seulement le garçon qu'il était, mais également ses pieux et sévères parents; Des rêves sanglants qui revenaient nuit après nuit hanter l'adolescent, des rêves qui, au réveil, lui semblait plus réels et le terne décor de sa chambre banale, sa maison grise, sa mère et son père chaque jour plus distants. Sa vie.

Des cauchemars sanglants. D'une autre époque. D'un autre lieu. D'une autre vie.

Merle le regarda, la tête inclinée.

Elle murmure pour lui seul.

Je t'ai suivi.

Erik hurle. Et bien que son cerveau ait, dans une large mesure, déjà cessé de fonctionner, une ultime pensée vient y inscrire son tracé sanguinolant, conséquence de maintes et maintes idées étranges.

J'ai, pensa Erik Seven, déjà vécu cela auparavant.

-Oui, abonde Isabella, mais il y a un truc encore plus frappants. Ses yeux.

-Ses yeux ? questionne Nancy.

-Oui, ses yeux, répéta Isabella. Ses yeux semblent exprimer qu'il sait tout mais il ne dit rien.

Cette remarque laissa Edward songeur : il était sur le point de dire exactement la même chose.

Ce cairn semble offrir à peine assez de place pour un corps unique, néanmoins, son instinct souffle à Edward qu'il ne se trompe pas.