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Extrait

Extrait ajouté par anonyme 2012-12-08T11:44:24+01:00

De fait, Alicia se sentait beaucoup plus nerveuse qu’elle ne s’y attendait. Thomas Cavendish était devenu un homme si différent du blond jouvenceau qui l’avait séduite dix ans plus tôt ! Avec sa stature de guerrier viking et son beau visage ténébreux, il affolait son cœur dès qu’il s’approchait d’elle. Si seulement il pouvait la chérir autant qu’elle s’était surprise à l’aimer depuis leurs retrouvailles… Elle noua ses doigts crispés sur la manche de Stokes, qui lui tapota gentiment la main. Après quoi ils sortirent dans le soleil éclatant d’une superbe matinée d’août.

Alicia cligna des paupières, éblouie. Il lui fallut quelques secondes pour distinguer la foule impressionnante amassée dans la cour du château. La vue de tous ces gens souriants, vêtus de leurs plus beaux atours, lui donna le tournis. Jamais, de sa vie, elle n’avait affronté tant de nobles personnages à la fois, aussi richement parés. Soies, velours, satins, damas brochés d’or et d’argent, coiffes et pierreries, c’était un océan de couleurs chatoyantes qui l’attendait au bas des marches.

Stokes l’aida à se ressaisir, et ils commencèrent ensemble à fendre l’assistance. C’est alors que la jeune fille surprit des remarques perfides, pleines d’envie ; ce n’était pas elle, que les invités admiraient, mais la broche qu’elle portait.

— Regardez comme ce rubis accroche la lumière !

— Est-il vrai ?

— Comment Thornbury a-t-il pu offrir un joyau pareil à sa fiancée ?

— Le plus surprenant est que ce benêt ait songé à lui faire un présent de mariage !

Les oreilles d’Alicia s’enflammèrent sous sa coiffe. Avec quelle audace ces gens insultaient son futur époux ! Elle haussa le menton d’un cran.

— Souriez ! chuchota l’intendant comme ils approchaient de la porte de la chapelle.

Lorsqu’elle aperçut Thomas qui l’attendait sur le parvis, la jeune fille ne put qu’esquisser un sourire vacillant. Lord Cavendish, neuvième comte de Thornbury, arborait une tenue rouge et or qui l’auréolait de toute la gloire de sa lignée. Avec son surcot de satin écarlate orné de l’emblème de Wolf Hall, la tête de loup noire aux crocs menaçants, il était si magnifique qu’il éclipsait totalement son écuyer vêtu d’un tabard assorti, pour une fois. Alicia ignora le sourire éclatant et le clin d’œil que lui adressait Andrew. Elle n’avait d’yeux que pour son fiancé, qui dominait de sa haute taille le chapelain debout à son côté.

Saisie d’une sensation étrange, comme si tout son sang refluait d’un coup des diverses parties de son corps jusqu’au bout de ses orteils, elle serra le bouquet de roses blanches préparé par Mary, qu’elle tenait dans sa main gauche. Les épines acérées pénétrèrent dans sa paume, mais elle n’y prit garde. Elle buvait du regard le superbe seigneur qui serait bientôt lié à elle pour la vie.

Stokes dégagea son bras et s’inclina devant Thomas, avant de reculer pour prendre place parmi l’assistance. Alicia s’efforça de se remémorer tout ce que Katherine lui avait enseigné à propos de cette cérémonie. Elle salua son fiancé d’une profonde révérence… et rendit grâce à son ange gardien de se relever sans trébucher. L’idée d’embarrasser le comte devant tous ses invités la glaçait. « Comme il est sérieux ! constata-t-elle. Serait-il aussi nerveux que moi ? »

Le visage totalement impassible, lord Cavendish la salua à son tour. Mais au lieu de lui dédier une simple courbette, il s’inclina aussi bas que s’ils étaient à Westminster Palace, une attitude qui provoqua des murmures étonnés dans la foule. « Il rend hommage à mon sang royal », se dit la jeune fille. Ses joues s’empourprèrent sous le regard intense que son fiancé rivait sur elle, et un délicieux frisson la parcourut tout entière. « Souriez-moi, Thomas ! » implora-t-elle en elle-même.

Soudain, un jappement aigu retentit à leurs pieds. Baissant les yeux, elle aperçut Taverstock et ne put retenir un éclat de rire : le petit terrier portait un superbe collier rouge et noir, comme ses deux compagnons. Leur maître se racla la gorge.

— Il fallait les habiller aussi, en l’honneur de leur nouvelle maîtresse, marmonna-t-il.

Alicia lui sourit.

— C’est le plus beau trio ici présent, chuchota-t-elle.

Les lèvres du jeune homme se détendirent légèrement, mais un toussotement du chapelain lui rendit aussitôt son sérieux — au vif regret de sa compagne. Ils se tournèrent vers le prêtre, qui se lança sur-le-champ dans un rapide énoncé en latin comme s’il craignait de les voir changer d’avis avant la fin de la cérémonie. Dans une sorte de brouillard, Alicia répondit aux questions rituelles qui lui étaient posées et perçut distraitement les réponses de son fiancé. Elle songeait aux Brampton, qui eussent été si heureux de voir leur rêve se réaliser, et ferma les yeux pour murmurer une prière à l’intention de Dickon, le seul frère qu’elle ait connu. Sans l’homme debout près d’elle, pensa-t-elle, peut-être moisirait-elle entre les épaisses murailles de la Tour de Londres, elle aussi.

Les doigts de Thomas s’emparant de sa main gauche la ramenèrent à la réalité présente. Il tenait entre le pouce et l’index de sa main droite un large anneau d’or dont il bénit chacun de ses doigts en répétant les paroles du chapelain. Puis il le glissa à son annulaire… et le retira pour le passer à son majeur quand il s’aperçut qu’il était trop grand.

— Nous arrangerons cela plus tard, murmura-t-il.

Cela fait, il prit la main d’Alicia dans la sienne avec une douce autorité, mais ne la regarda pas lorsque le prêtre les déclara mari et femme. Un grand silence tomba sur la cour du château, comme si chacun retenait son souffle. Ils attendaient le baiser nuptial, se dit la jeune fille. Elle jeta une œillade en coin à son époux qui ne bougeait pas, malgré le regard impérieux que le chapelain rivait sur lui. Le malaise d’Alicia grandit. Devait-elle prendre l’initiative ? Elle y renonça, car cela lui semblait par trop téméraire.

— Pour l’amour du ciel, embrassez votre épouse, milord ! siffla Andrew entre ses dents.

Les doigts de Thomas se crispèrent sur ceux de sa femme. Avec une sorte de grognement sourd, il se tourna vers elle et posa ses lèvres sur les siennes — si vite qu’elle n’eut pas le temps de lui rendre son baiser. Il y eut des applaudissements, mais aussi quelques ricanements moqueurs. Alicia enfouit son visage dans son bouquet pour cacher sa honte et la rougeur qui la gagnait.

Par bonheur, le chapelain ouvrit tout grand les portes de la chapelle afin d’introduire les nouveaux époux dans la maison de Dieu. Le comte serra fortement la main d’Alicia, comme s’il craignait qu’elle ne cherche à s’enfuir. La jeune fille n’aurait su dire ce qu’elle éprouvait pour son mari, en cet instant, mais elle n’avait certainement nulle envie de le quitter. Durant tout le service qui suivit, Thomas garda les yeux rivés sur l’autel. Pas une fois il ne se tourna vers elle — mais pas une seconde il ne lâcha sa main.

La messe achevée, le comte et la nouvelle comtesse de Thornbury furent congratulés par tous leurs invités, nobles, fermiers, villageois et habitants du château, puis escortés jusqu’à la grand-salle pour le somptueux festin préparé par maître Konrad et ses aides. Quand lord Cavendish eut installé son épouse dans le grand fauteuil voisin du sien, au centre de la table haute, il lui chuchota :

— C’est à cause de Tavie.

Alicia le dévisagea, surprise.

— Quoi, milord ?

— Que je ne vous ai pas mieux embrassée. Il est très jaloux, marmonna le jeune seigneur en emplissant de vin leur gobelet d’argent.

Alicia jeta un coup d’œil au petit terrier qui la fixait d’un air féroce, les poils hérissés autour de son collier. Elle sourit le plus brillamment possible.

— Que pensez-vous décider à son sujet, Thomas ?

Les prunelles bleues de son époux s’assombrirent. Il tapota nerveusement la table du bout des doigts.

— Je ne sais pas. Il faudra que j’arrange cela, aussi, marmonna-t-il avant d’avaler une longue gorgée de vin.

Mary arriva sur ces entrefaites, et les embrassa tous deux avec affection.

— Grand merci, Tom ! s’exclama-t-elle en enlaçant son frère. Merci mille et mille fois !

Le comte lui dédia l’un de ses rares sourires, qui illuminaient si magnifiquement son visage.

— Merci de quoi, jeune coquine ?

— De m’avoir donné la plus merveilleuse des sœurs… et d’avoir renvoyé celle qui aigrissait notre vie. Bienvenue dans la famille, Alicia Cavendish ! ajouta-t-elle en plantant un autre baiser sur la joue de la nouvelle comtesse.

L’émotion d’Alicia se mêla de regrets. Si seulement Thomas pouvait se montrer aussi chaleureux que sa petite sœur ! pensa-t-elle tandis que la fillette s’éclipsait pour aller saluer quelques invités assis à la haute table.

L’un d’eux, un seigneur bâti comme un ours, avec un bandeau noir sur un œil, frappa du poing sur la table et leva son gobelet.

— A votre jeune épousée, Thornbury ! clama-t-il d’une voix de stentor. Qu’elle vous tienne occupé le plus souvent possible — et de préférence loin de vos forêts !

Des rires et des tapements de pieds saluèrent ce toast. La bonne humeur montait dans la salle.

Les mâchoires crispées, Thomas serra les doigts sur son couteau de table. Alicia posa une main sur son bras.

— Qu’avez-vous, milord ? demanda-t-elle à voix basse.

Le comte plissa les paupières.

— Ce Roger Ormond me retourne l’estomac, grommela-t-il. Par ses allusions grossières, cet insolent me défie ouvertement : il se targue haut et fort de braconner mon gibier sur mes terres !

— Oh, fit Alicia.

Elle se mordit la lèvre, cachant sa déception. Un instant, elle avait cru son mari en colère pour elle ; de toute évidence, ce n’était pas ce qui comptait le plus à ses yeux.

Ormond sollicita de nouveau l’attention générale en tambourinant sur la table. Du pouce, il désigna la petite femme au visage blême qui siégeait à son côté.

— Mon épouse admire grandement le présent que vous avez fait à la vôtre pour ses noces, Cavendish. Où avez-vous volé cette babiole ?

D’autres rires soulevèrent l’assistance. Thomas se leva à moitié, mais Alicia le retint fermement. Elle ne pouvait tolérer un scandale lors de son repas de mariage.

— Tout doux, milord. Cet homme a trop bu, il ne mérite pas votre courroux.

Le comte foudroya le provocateur du regard et se rassit. Lorsque Andrew servit le premier mets, une omelette à la viande de veau, il planta son couteau dans une part avec une telle fureur que l’écuyer faillit en lâcher le plat.

— Du vin ! gronda-t-il.

Au fil du long festin, l’humeur du jeune seigneur ne fit qu’empirer. Alicia s’obligeait à arborer un léger sourire, pour cacher son désespoir à leurs invités. Thomas lui en voulait d’être devenue sa femme, cela semblait clair. Il ne souffrait pas sa présence à son côté. Comment pourrait-elle supporter des années un tel ressentiment ?

A la fin du repas, maître Konrad parut, portant fièrement son chef-d’œuvre. Il s’agissait d’un énorme gâteau, surmonté d’une superbe figurine en caramel et sucre filé qui représentait un loup doré environné de roses blanches. Sous les applaudissements nourris, le cuisinier vint présenter le plat à Thomas.

— Mes félicitations, milord. Longue vie à vous et à notre dame, déclara-t-il avec un grand sourire.

La morosité du jeune homme parut s’alléger quelque peu. Haussant un sourcil, il se tourna vers sa femme.

— Cela vous plaît-il, milady ?

Des larmes de joie picotèrent les paupières d’Alicia. En dépit de son amertume, il s’était souvenu que la rose blanche était l’emblème de la maison d’York.

— Certes, milord, acquiesça-t-elle d’un ton altéré.

Thomas se pencha vers elle.

— Quel morceau choisissez-vous ? murmura-t-il.

Son souffle chaud caressait la joue de la jeune fille. Touchée par ces attentions qu’elle n’attendait plus, elle dut combattre un désir fou de l’embrasser devant toute l’assemblée.

— Le loup, répondit-elle. C’est lui que je choisirai toujours.

Une lueur flamba dans les yeux indigo de son époux. De la pointe de son couteau, il détacha la figurine en caramel blond et la lui offrit avec autant de vénération que si elle était faite d’or pur.

— Prenez grand soin de lui, milady, déclara-t-il d’un ton sourd.

Sa voix vibrait étrangement, comme s’il contenait de puissantes émotions.

— Je n’y manquerai point, milord.

Alors qu’il déposait la confiserie sur le tranchoir, leurs doigts s’effleurèrent. Un picotement courut sur la peau d’Alicia. Puis Thomas découpa la plus grosse des roses, pour lui-même.

— Je voue une prédilection à cette fleur, murmura-t-il.

Plus fort, il félicita son cuisinier qui rayonna sous les compliments de son seigneur. Alicia allait ajouter les siens, mais Mary l’en empêcha en s’écriant :

— Ne prenez pas toutes les roses pour vous, Tom ! J’en veux au moins deux ! Je n’ai jamais rien vu d’aussi joli et je brûle de m’en délecter !

Le comte gloussa.

— Donnez-lui ce qu’elle demande, Konrad, sans quoi elle ne me laissera pas en paix.

Le cuisinier s’inclina et poursuivit sa ronde. Se tournant vers Alicia, Thomas scruta son regard comme s’il cherchait à sonder ses pensées les plus intimes. Elle s’embrasa sous cet examen soutenu.

— Ne croquez-vous point votre loup ? demanda-t-il.

Son expression était indéchiffrable.

— Quand vous croquerez votre rose, milord.

Alicia retint son souffle. Son mari se pencha plus près encore, si près que son visage touchait presque le sien. Au vin qui parfumait son haleine se mêlaient des relents de cuir et de santal, entêtant et mystérieux comme l’Orient d’où il venait. La proximité de Thomas troublait si fort la jeune fille qu’un feu ardent semblait creuser en elle une cavité sans fond.

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