Commentaires de livres faits par Sahiane
Extraits de livres par Sahiane
Commentaires de livres appréciés par Sahiane
Extraits de livres appréciés par Sahiane
Malheureusement, ça ne se passe pas toujours comme ça.
Quand tout a commencé, j’étais en réunion de planning avec les deux plus vieux nains de la troupe – les autres préféraient creuser. Il y avait un plat de sandwiches à demi entamés : poudre de corindon sur pain de granit frais avec supplément de mica pour moi et des échantillons de ces cochonneries que mangent les nabots et auxquel-les je ne toucherais pour rien au monde. Pour la bière, ils avaient partagé le peu que je leur avais laissé.
J’avais demandé qu’on ne me dérange pas et qu’on filtre tous les appels, aussi quand le rayon de lumière étincelant descendit du plafond de la mine pour se poser sur le rocher qui me sert de crâne, je me contentai de hausser les épaules d’agacement. Puis l’épée de cristal fut brandie devant mes yeux, obligeant les nains à se dévisser le cou pour voir ce qui se passait, et je compris que la situation devenait sérieuse. Quand la Voix fit rouler ses échos à travers la caverne, précédé d’un jingle de quatre notes, je me résignai et hochai la tête.
— Il arrive, Wilfried. Le guerrier des temps anciens. Le seul roi capable de régner sur les vampires et les hommes. Notre dieu à tous, murmura-t-il, les larmes aux yeux.
Wilfried fit signe à Georges de détacher les chaînes. Trop absorbé par le spectacle qui s’offrait à lui, Vivien, à bout de force, ne tenta aucune fuite. Wilfried posa une main sur son épaule. Vivien réagit alors en s’apercevant soudain que la peau de son compère restait intacte face à la morsure du soleil. Il remarqua alors la chevalière à son doigt. La pierre rouge sang refléta sa lueur sur le visage pâle de Vivien.
— Depuis quand as-tu été nommé chevalier ?
— Je l’ai toujours été, en quelque sorte, répondit calmement Wilfried en souriant.
Il fit signe à Vivien de se tourner vers le soleil, et ce dernier ne demanda plus rien, oubliant tout le reste, y compris sa propre existence.
— J’avais oublié à quel point cela pouvait être beau.
Ses derniers mots s’évanouirent tandis que son corps de cendres était balayé par le souffle du vent.
Ses lèvres s’étirèrent pour former un rictus hideux et Sacha fut projeté par une force invisible dans l’obscurité du plafond, le sabre lui échappant des mains. Ses yeux s’écarquillèrent de stupeur en apercevant Eléonore trois mètres en dessous de lui, les bras levés vers le ciel.
— Ils ont oublié de te prévenir ? dit-elle en éclatant de rire. Je ne suis pas seulement un excellent archer, je possède aussi le Don de Lévitation. Dommage, n’est-ce pas ? Enfin, dommage pour toi ! Moi, je vais pouvoir m’occuper tranquillement de ta petite amie, et puis, ce sera ton tour, évidemment.
Je me lève et m’empare prestement de mon arc de cristal.
Dans la pâleur émise par les deux lunes, il scintille, calé contre un rocher de couleur brunâtre.
J’encoche une flèche et me mets en position, prête à m’en servir au cas où.
Les minutes s’égrènent, paisibles. Aurais-je rêvé ? Je ferme les yeux et écoute les bruits nocturnes.
Hormis le hurlement du vent, rien ne vient perturber la quiétude du plateau rocheux sur lequel je me suis installée pour la nuit.
Soulagée, je rouvre les paupières, range mon trait dans son carquois et vais me mette à l’abri des violentes bourrasques qui
entremêlent mes mèches noires et blanches.
Venir se réfugier dans l’ombre du mont d’Andül ne faisait pas parti de mes plans, mais je ne voyage pas seule.
C’est mon compagnon de route qui a insisté pour venir ici, où il espère dénicher de belles proies à se mettre sous les crocs.
D’un côté, être là, dans un endroit aussi exposé au danger qu’au climat, ne me plaît guère.
D’un autre côté, je ne suis guère éloignée d’Eëlenia, la capitale du royaume elfique, ville dans laquelle je n’ai plus mis les pieds
depuis deux ans. Si les Ombres des Morts daignent se calmer un tant soit peu, je pourrais peut-être faire un détour par le Sud
et aller retrouver mes amis, la reine Varda ainsi que Voronwë, l’elfe qui m’a élevé pendant un siècle entier.
Hélas, depuis quelques semaines, je le ressens, elles deviennent de plus en plus belliqueuses.
Depuis que les Peuples des Ténèbres s’agitent, elles se renforcent. Je crains que tout soit lié.
J’aimerais tant connaître l’avis de mon mentor sur le sujet, lui qui aime résoudre les énigmes les plus tortueuses de ce monde.
Ou encore l’opinion des dieux, dont celle de mon maître, Ingör, que je sers en qualité d’Archer Maudit.
Mais pour quelque obscure raison, ils demeurent muets à mes appels et à mes prières.
Je fixais le métal avec rage. J’allais mourir là ?
- Pas trop mal passé, répéta Drake. Eh bien je ne sais pas ce qu’il vous faut. Ils ne veulent plus suivre les entrainements et ils nous prennent pour des tyrans. Nous ne risquons pas de réussir notre vraie mission de cette façon. Et les cristaux n’ont rien arrangés.
- Je pense que ça pourrait être pire, fit Auroria haussant les épaules.
- Ce n’est pas toi qui as deux côtes cassées, répliquai-je.
- Tu vas avoir deux infirmiers ! Sin et Angal se sont mis d’accord pour être tes esclaves jusqu’à ce que tu ailles mieux.
̶ Mais, où sommes-nous exactement ? demande Moz.
̶ Tu ne sais même pas où tu as atterri ? s’étonna le Corse.
̶ Non… À vrai dire, j’ai fui en direction du sud, où je savais que les risques étaient moins importants. Je crois que, sans mon accident, j’aurais continué à courir vers le sud sans m’arrêter. Oui, j’aurais couru jusqu’à la mer et j’aurais peut-être encore avancé, quitte à me noyer. Fuir, fuir le nord était mon seul but. Avec cette constante crainte d’être rattrapé. Crainte qui persiste toujours, d’ailleurs.
̶ Cette peur est en nous tous, Moz. C’est aussi elle qui nous maintient en vie, ajouta le Corse.
̶ Avec tout ça, tu ne m’as toujours pas dit où nous sommes.
̶ Nous sommes à Montpellier et, plus exactement, en plein centre-ville, sur le toit de ce qui fut un grand opéra. Le Corum. Avec le réchauffement planétaire, la montée des eaux a enseveli toute la partie basse de la ville et ses petits villages environnants.
̶ À Montpellier ? Comment j’ai fait pour atterrir ici ?
Après un tel vacarme, lorsque les tirs, les cris et les tam-tams cessèrent brutalement, un silence à peine dérangé par le râle des mourants envahit les lieux. Personne n’osa plus bouger, les muscles ankylosés par l’adrénaline circulant encore dans les veines.
Le cri de rage poussé par la chef des Démones, postée non loin dans les bois, les fit frémir. Elle n’avait pas dit son dernier mot. Contre toute attente, Grrilk, qui se trouvait aux côtés de Dexter et de Gaïa, répondit par un hurlement tout aussi déchirant et puissant, qui se répandit en écho dans la vallée. Ils restèrent tous cloués sur place, les tympans bourdonnants…
Tous les quatre avaient le cœur serré, sachant que, dans peu de temps, ce village se refermerait sur son passé. Vu du ciel, une lumière de vie s’éteindrait à jamais, comme une étoile en fin de vie. Une de plus. Venant grossir le nombre de villes fantômes sur la planète. Jusqu’à ce que notre belle planète ne scintille plus du tout dans l’univers. Une lumière en moins pour nous éclairer le chemin.
La vie mérite d’être vécue, se dit Tad. Et la lutte pour l’améliorer n’est pas vaine, même si, demain, nous devons fuir à nouveau. Nous reconstruirons ailleurs, car nous avons appris. Ce soir, nous avons tous gagné en dignité et en amitié. Nous avons grandi et nous allons apprendre à nous battre. À défendre notre territoire.
— Mademoiselle ?
― Qui êtes-vous vraiment ? attaqua Élisabeth.
De sa gueule hideuse coulaient des filaments de bave et ses yeux rouges luisaient dans la pénombre de la pièce, tels deux rubis.
La jeune femme poussa alors un cri d'horreur...
— Suis-je en train de rêver ?
La déité les regarda avec tendresse avant de démentir :
— Non, mes enfants, ceci n’est pas un rêve. Néanmoins, il ne s’agit pas de la réalité non plus. Vous vous trouvez dans un lieu hors du temps et de l’espace. Je suis le dieu Eressëa. Je vous ai réunies ici, car j’ai besoin de votre aide.
La seconde jeune fille, qui n’était autre que Kalyah, le dévisagea. Un sourcil levé, elle croisa les bras contre sa poitrine, en position défensive, et l’interrogea sèchement :
— C’est une blague ?
— Écoute, ils viennent pour toi. J’espère que tu apprécieras. Moi, oui.
- Oh ! comme il est mignon, ce petit-là !
Cela, l'arbre ne voulait absolument pas l'entendre.
L'année suivante, il s'était allongé d'un noeud et, l'année d'après, d'un encore beaucoup plus long. Car on peut toujours voir, dans un sapin, le nombre de ses années d'après le nombre de ses noeuds.
«Oh ! si j'étais un grand arbre comme les autres, soupirait l'arbrisseau, je pourrais étendre mes branches loin à la ronde et, de ma cime, contempler le vaste monde ! Les oiseaux feraient leurs nids parmi mes branches et, quand le vent soufflerait, je pourrais hocher la tête aussi dignement que les autres, là !»
Il ne tirait aucun plaisir de l'éclat du soleil, des oiseaux ou des nuages rouges qui, matin et soir, voguaient au-dessus de lui. Si c'était l'hiver et que la neige, alentour, fût d'un blanc étincelant, un lièvre s'en venait courant et sautait juste au-dessus du petit arbre - oh ! que c'était vexant ! Mais deux hivers passèrent, et, le troisième, l'arbre était si grand que le lièvre dut en faire le tour. «Oh ! grandir, grandir, devenir grand et vieux, c'étaient tout de même les seules délices en ce monde», pensait l'arbre.
Le destin trancha pour moi cette question. Lors de la soirée organisée pour mes vingt-cinq ans et ceux de mes amies Claire et Aurélie.
Je dois avouer que même si l'année écoulée nous promettait une ambiance morose. Crise et révolution, grand classique. Tsunami, explosion nucléaire et massacre, plus originaux. J'aurais quand même cru que mes collègues et moi passerions l'apéro !
Laissez-moi reprendre une dernière fois ma plume, le jour où tout a basculé.