Extraits

Hedayat me guida vers l'ascenseur et appuya sur le bouton de onzième. Aussitôt, dans cet espace confiné, l'atmosphère se chargea d'une tension sexuelle à couper au couteau. Je soupirai.

- Inutile de tester vos talents de Don Juan sur moi, ça ne fonctionnera pas.

Une rire grave et terriblement sexy me caressa l'échine. Bon sang!

- Hedayat!

- Mais je ne fais rien ma douce...

Je me tournai vers lui, bras croisés sur la poitrine, les pupilles chargées d'un feu qu'il ne tenait qu'à moi de faire sortir pour embraser l'espace et tout ce qui s'y trouvait.

L'intéressé leva les mains en signe de reddition et recula :

- Qui ne tente rien n'a rien.

- Vous êtes indécrottable, ou bien suicidaire!

- Je suis juste amoureux! déclara-t-il d'un faux air innocent tout en exécutant une révérence orientale très élégante.

Je ne pu me retenir, je m'esclaffai.

- Vous voyez, vous succombez déjà à mon charme!

- Dans vos rêves, prince Dastan.

- Prince of Persia? Je peux enfiler le costume si vous le souhaitez et...

- Non merci, le coupai-je, sentant l'hilarité me gagner.

[...]

L'ascenseur s'ouvrit sur un couloir sombre menant à une porte unique dont le battant était hermétiquement fermé. Je m’arrêtai devant :

- Qu'est-ce qu'il y a là-dedans,une porte des étoiles?

Mon accompagnateur me susurra alors... :

- Non, mais je peux toujours vous ouvrir les portes de mon paradis, si vous le souhaitez, Samantha..., en m'invitant d'un clin d’œil à viser le paradis en question sous sa ceinture.

J'aurais dû regretter son retour à un comportement obsédé, mais après une seconde de battement, le temps d'être sûre d'avoir bien entendu, j'éclatai si fort de rire que je me pliai en deux en m'essuyant le coin des yeux. Hedayat aurait pu lui aussi se vexer par ma réaction, mais ce fut en me suivant dans l'hilarité qu'il ouvrit la porte.

Une nanoseconde plus tard, le prince persan faisait un vol plané avec crash si violent qu'il ne s'en releva pas, évanoui pour de bon. Mon fou rire redouble au point qu'il était heureux que je ne fusse plus humaine où j'aurais inondé ma culotte sans le vouloir.

- Et ça te fait rire ?! gronda une voix de velours particulièrement furibonde. Je l'ai entendu te proposer d'aller admirer ses... Putain! Depuis le temps que je me retenais de lui en coller une parce que je trouvais qu'il nous était utile! J'aurais dû le réduire en poussière quand il t'a testée après ton accident de voiture!

-Sam... Je ne t'empêcherai pas d'accomplir ta mission, la paix vaut la peine que nous risquions nos vies, mais accepte que je te suive dans l'au-delà si ça tourne mal.

(...)

-Ensemble pour toujours, mon amour...

Phoenix & Sam

- Ne me regarde pas comme ça Sam.

Je haussai les sourcils, perplexe.

- Pourquoi ?

- Parce que quand tu le fais, ça me donne envie de te déshabiller pour te faire toutes sortes de choses...

Ma bouche s’assécha.

- Ce n'est pas vraiment le moment, non ? dis-je en lui désignant nos compagnons de voyage du menton, histoire de juguler la brusque montée de désir qui m'enflamma. Nous avons un public. Ses iris flamboyèrent.

- Tu crois franchement que ça va m’arrêter ?

- Quand tout ceci sera terminé, je pense que te demanderai de faire quelques ajouts dans ta garde robe, comme je ne sais pas... des jeans et des T-shirts noirs, dis-je en enfilant rapidement ma tenue en n'omettant pas de me rincer l’œil pendant qu'il en faisait autant.

Il me jeta un coup d’œil et s'aperçut que je lorgnais sur ses fesses à en baver. Il acheva de passer son T-shirt et s'approcha de moi, adoptant un air carnassier qui me fit vibrer de la tête aux pieds.

- Rassure-toi mon amour, je n'attendrai pas que tu me le demandes...

-Qu'est-ce que tu vois derrière moi, Angela?

Elle sourit de tous se crocs.

-A manger.

-Et c'est tout?

Elle fronça les sourcils.

-A manger, en jean et en pull?

D'après ce que j'en savais, plus de deux ans plus tôt, ma vie insipide était totalement vide de sens. Personne ne faisait attention à moi car plus que tout, je voulais être invisible, persuadée que j'étais d'être sur terre par accident. Tout avait basculé une nuit ; tout avait basculé grâce à la Nuit.

Certes, je devais croire en l'amour auparavant, sans être romantique pour autant, mais ma rencontre avec Phoenix m'avait fait découvrir combien il était possible pour une femme d'aimer un homme et inversement, combien elle pouvait être aimée en retour. Jamais dans mes rêves les plus fous, et Dieu sait que j'étais une spécialiste des songes démentiels, je n'aurais cru que deux êtres pouvaient être si profondément liés l'un à l'autre, au point que la mort ou les pouvoirs les plus incroyables du monde surnaturel ne pouvaient venir à bout de leur affection. Bref, j'étais née pour me tenir devant cet autel avec cet homme-là.

Je ne t'empêcherai pas d'accomplir ta mission, la paix vaut la peine que nous risquions nos vies, mais accepte que je te suive dans l'au-delà si ça tourne mal.

« Le pouvoir est dans l’Unique…

- Allez, Sam ! dit-il fermement en prenant sa femme dans ses bras. Je sais que tu peux m’entendre, je sais que tu es là, quelque part, et que tu t’apprêtes à rejoindre la Mort. Mais je t’en conjure, au nom du lien qui nous unit, de n’en rien faire ! Je t’aime. Je t’aime depuis le premier instant, la première seconde, et je n’ai jamais cessé de t’aimer depuis ce jour. Tu m’aimes toi aussi, je le sais. Je le sens encore alors que tu es en train de m’échapper petit à petit. Alors tu vas suivre ce fil qui nous relie l’un à l’autre, ce fil qui n’existe pour nul autre que nous, le fil de notre Amour Absolu : de l’Unique. Tu vas le suivre et me revenir. Tu n’as pas le choix.

Seul l’océan peut apprivoiser le feu. Il en a toujours été ainsi. L’ange enroula doucement une mèche des cheveux de sa compagne autour de son index, comme il avait toujours aimé le faire. »

« - Que ce soit clair, vous serez gagnant à traiter avec nous, vous serez puissant et votre double objectif de vie sera atteint… mais vous serez sous nos ordres ! L’institution des Grands va renaître et nous conduirons notre race vers une nouvelle ère de prospérité, et s’il faut pulvériser pour ça tous ceux qui la menacent par leurs petites velléités personnelles ou par leurs tendances sécessionnistes… (je me rapprochai encore de lui, la chaleur que je dégageais commençant à faire fumer ses vêtements) j’accomplirai cette tâche… sans… la moindre… hésitation.

J’avais détaché chaque mot à la fin pour donner encore plus de crédit à ma déclaration. Cela n’avait rien à voir avec du bluff, je pensais tout ce que j’avais dit et mon honnêteté sur le sujet était indiscutable. J’avais beau avoir une conscience, celle-ci ne m’empêcherait pas de traquer et d’éliminer toute personne qui chercherait à nuire à la paix que nous espérions durement, mais réellement obtenir.

- Me suis-je bien fait comprendre ? dis-je en serrant le poing, ce qui eut pour effet de réduire en miettes l’une des chaises volantes de la pièce.

Xao Ling hocha frénétiquement la tête :

- Pardonnez-moi. J’ai… compris.

J'avais juré de garder le secret sur les sentiments que Blodwyn nourrissait à l'égard de mon meilleur ami, mais maintenant qu'elle n'était plus là, je voulais que l'homme dont elle était tombée amoureuse ne garde pas d'elle le souvenir d'une adolescente acariâtre. Celle-ci aurait tout le loisir de me maudire quand je la rejoindrais dans l'au-delà, mais pour l'heure, je ressentais que c'était ce qu'il fallait faire.

- Tu veux dire... qu'elle... m'aimait?!

Dans l'histoire des traits du visage déformés par l'ahurissement, Matthew aurait pu obtenir le prix des plus expressifs, assurément.

- Tu devrais te sentit honoré d'avoir su toucher le cœur d'une femme qui avait mis tant d'ardeur à édifier une armure autour de celui-ci.

Complètement abasourdi, mon ami, assis sur le banc de la chapelle où nous nous étions retrouvés pour parler, tentait vainement de refermer sa bouche béante.

- Mais... elle reniflait de dédain en ma présence et s'écartait de moi comme si j'allais la contaminer avec un virus!

- Je pense plutôt que ton odeur l'attirait tellement qu'elle préférait prendre ses distances pour ne pas dire ou faire quelque chose qui lui vaudrait d'être rejetée.

Matthew fronça les sourcils.

- Je ne suis pas un barbare.

Je posai doucement ma main sur son bras.

- Que tu y mettes les formes ou non, ça n'aurait rien changé résultat tu ne crois pas? Elle voulait simplement se préserver.

- C'est tellement... étrange.

- D'être aimé par quelqu'un d'exceptionnel?

Je vis un éclair d'amertume passer dans ses yeux.

- Non, simplement, d'être... aimé...