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Sanctuaire



Description ajoutée par bookemixer 2010-04-07T18:38:31+02:00

Résumé

Sanctuaire est l'oeuvre la plus scandaleuse du grand écrivain américain de la première moitié du XXe siècle. Ce roman l'a fait connaître du grand-public: En 1930, à l'apogée de la prohibition, il met en scène des personnages alcooliques ou évoluant dans des bordels !!!

Le roman tourne autour du personnage féminin Temple Drake, jene fille de bonne famille qui s'évade un soir de son collège avec un jeune homme ivre; leur voiture s'échoue à proximité d'une vieille maison délabrée transformée en café tenue par un couple de noirs. Plusieurs personnages au bord de l'ivresse entrent alors en scène.

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Classement en biblio - 68 lecteurs

extrait

Extrait ajouté par Caroline 2013-08-19T16:32:59+02:00

"incipit :

Caché derrière l'écan des broussailles qui entouraient la source, Popeye regardait l'homme boire. Un vague sentier venant de la route aboutissait à la source. Popeye avait vu l'homme, un grand sec, tête nue, en pantalon de flanelle fatigué, sa veste de tweed sur le bras, déboucher du sentier et s'agenouiller pour boire à la source.

La source jaillissait à la racine d'un hêtre et s'écoulait sur un fond de sable tout ridé par l'empreinte des remous. Tout autour s'était développée une épaisse végétation de roseaux et de ronces, de cyprès et de gommiers, à travers lesquels les rayons d'un soleil visible ne parvenaient que divisés et diffus. Quelque part, mystérieux, et pourtant tout proche, un oiseau lança trois notes, puis se tut".

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Commentaires récents

Commentaire ajouté par La_cath_a_strophes 2024-03-05T08:18:40+01:00
Or

Bonjour, aujourd’hui voici une histoire un peu glauque (je vous aurais prévenus!)…

Temple, une jeune fille de bonne famille, passe la soirée avec Gowan ; ils quittent la fête du collège et vont faire un tour en voiture. Mais voilà, Gowan a déjà pris trois cuites, et il s’en prendrait bien une quatrième ! Alors direction une bicoque dans les bois, où des contrebandiers vendent de l’alcool ! Là, c’est la tuile, parce que Gowan plante la voiture dans un arbre. Du coup, ils se retrouvent dans la cabane ; Gowan en train de descendre tout ce qu’il peut cul sec, Temple à courir de tous les côtés, complètement affolée ! Vous suivez ?

Dans la bicoque, il y a une femme avec son gamin, et une flopée de contrebandiers ; l’arrivée d’une jeune fille n’est pas une excellente idée et présente quelques dangers ! Après une nuit plus que chaotique, Temple va partir avec Popeye, l’un des contrebandiers !

C’est là que ça devient glauque ! En fait, Faulkner n’explique jamais totalement ce qui se passe. On se retrouve avec une jeune fille qui a disparu (Temple) et qui aurait été abusée, un cadavre (un des contrebandiers) et un procès (d’un innocent, ce n’est pas lui le tueur!).

Mais c’est au fil des pages et des récits de chacun que l’histoire va se mettre en place et que le jour va se faire sur ce qu’il s’est réellement passé. La fin est surprenante, car on s’aperçoit que la petite oie blanche n’est pas si innocente que ça !

Bref, un bon roman mais qu’il faut prendre le temps d’appréhender, car l’intrigue ne se dévoile que par petites touches. Il y a la misère, les mœurs, la masculinité, la bien-pensance ! Chaque personnage est une étude psychologique à lui seul !

À lire confortablement installé(e) dans une vieille bicoque près d’un fût en chêne, en descendant quelques verres de bon Whisky avec des biscuits apéro ! Bonne lecture !

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Commentaire ajouté par Philippe-85 2023-07-01T14:32:06+02:00
Or

Sanctuaire de William Faulkner

Me revoilà à reparler de Faulkner. Pourtant, ce n’est pas un auteur très commode. Beaucoup se lassent ou se perdent dans ses textes, avouons-le, parfois conçus pour dérouter le lecteur. Alors, pourquoi y revenir ?

C’est que les romans de Faulkner nous font pénétrer un monde à part. Un parfum de sud d’abord. Je veux dire les états du sud américain, le Mississipi. Un sud attachant, qui pleure encore d’avoir perdu la guerre de sécession, un sud qui oublie peut-être la cruauté de l’esclavage pour lui préférer une vision plus « bon enfant », comme ce juge blanc, père de l’héroïne de Sanctuaire, fumant sa pipe sur le rocking chair de sa véranda en regardant « son » noir tondre la pelouse.

Et puis c’est surtout que l’on se prend au jeu auquel nous invite l’auteur : savoir recoller les morceaux. Il se joue de nous Faulkner. Il nous met des petits signes ici où là pour qu’on ne se perde pas complètement, mais il faut avoir l’œil. Parfois, souvent, il faut relire pour être sûr d’avoir tout compris. Et encore ! Sans parler des fois où un personnage, Horace en général, ne termine pas ses phrases, nous laissant un peu le bec dans l’eau. Cela donne le sentiment d’un monde absurde et celui d’être, nous lecteurs, victime de Faulkner. Son jouet en quelque sorte.

Il y a aussi l’humour. Sanctuaire est un livre très noir mais l’auteur nous laisse reprendre notre souffle. Ainsi fait-il apparaitre des personnages secondaires ou des scènes quasi inutiles au propos principal. Les aventures des apprentis coiffeurs à Memphis, l’enterrement orgiaque de Red, les discussions entre miss Réba et ses amies. Des pages truculentes, au milieu de la tension que fait naître le récit.

Sanctuaire, est un roman noir, qui dit l’absurde et le malheur de la vie. Un roman d’ambiance. Angoisse, crainte suggérée de ce qu’il pourrait se passer. La sensation que l’on éprouve est incontournable, palpable. Ainsi dans deux scènes : au début, lorsque Horace découvre Popeye, silhouette noire, presque décharnée, énigmatique et inquiétante. Faulkner nous fait vivre dans ces premières lignes un face à face oppressant. Du très grand art. Une parole de temps en temps échangée par les deux personnages, une longue attente de deux heures au cours de laquelle rien ne se passe que quelques dialogues, ou plutôt monologues inquiets d’Horace face au silence de son vis à vis, relancés parfois par une courte question de Popeye. Une attente rythmée par le cri régulier d’un oiseau ou le passage d’une voiture qui reviennent en leitmotiv obsédant témoigner de la durée de cet affrontement quasi silencieux. A la sortie de ce face à face, Popeye et Horace se retrouvent, sans autre explication, marchant sur une piste sablonneuse jusqu’à ce qu’apparaisse, encore une menace, la masse sombre et inquiétante d’une maison trapue au-dessus de la cime noire des arbres.. (Pour ceux qui ne pratiquent pas régulièrement le Faulkner, il faudra accepter ces continuelles césures dans l’action. Deux personnages sont face à face au bord d’une source et plus tard, l’un marche derrière l’autre, sans que l’on sache s’il y a été forcé, s’il le fait de gaité de cœur, ou parce que la nuit va tomber. Ce n’est que plus tard que vous apprendrez que Popeye avait probablement proposé à Horace de le faire emmener à Jefferson, où il souhaitait se rendre.)

Autre moment d’angoisse, vous lirez aussi cette scène incroyable dans la maison où vit Popeye. Ces moments oppressants que Temple, jeune étudiante entrainée par un ami pris d’alcool, passe là-bas. On la voit errer de pièce en pièce se réfugiant tantôt là tantôt ailleurs, dans la terreur de ce qui, pour cette jeune fille, est inévitable dans une maison occupée par tant d’hommes pris d’alcool. De la cuisine à la chambre, de la chambre à la grange, elle guette les bruits dans les couloirs pour échapper à son destin, aidée en vain par Ruby. Là, ce n’est plus le chant de l’oiseau qui rythme le temps. Ce sont les déplacements des uns et des autres dans les différentes pièces, le passage d’un vieillard aveugle qui tâtonne son chemin le long des couloirs, les pleurs de ce bébé un peu attardé installé dans la cuisine, au fond d’une boite en bois qui doit le protéger des rats. Le lecteur est entretenu dans l’attente du drame, dont il n’aura finalement une idée complète que vers la fin du roman. La technique employée par Faulkner pour nous faire éprouver le stress que nous ressentons à la lecture de ces lignes tient pour beaucoup à ce qu’il se garde de décrire les pensées des uns ou des autres. Il n’énonce que des faits, rien que des faits. Des déplacements, des bruits. Il nous met en position de spectateur observateur et impuissant.

Je n’ai pas souvenir d’oppressions aussi fortes exercées par un romancier sur son lecteur. Pas de lignes plus efficaces.

Mais pour commencer, peut-être souhaiterez-vous que l’on vous aide un peu dans la découverte que vous allez faire. Je vais vous dire un mot des personnages que vous verrez apparaitre, ainsi que sur le déroulé de l’intrigue. Vous verrez, cela vous facilitera probablement la tâche.

Principaux personnages :

Horace Benbow, avocat à Kinston. Il vient de quitter sa femme, n’en pouvant notamment plus de devoir aller lui chercher des crevettes à la gare tous les vendredis et de lui ramener cette marchandise dont il déteste l’odeur. Il reste très attaché à Little Belle, la fille de sa femme. Il ne conduit pas et se déplace au gré des possibilités. Il retourne à Jefferson, sa ville d’origine, où habite encore sa sœur, Narcissa, et sa grand tante miss Jenny. Au cours de son périple, il va passer quelques heures chez Lee Goodwin, trafiquant de Whisky et devenir son défenseur dans le procès où on accuse Goodwin d’avoir tué son employé Tommy pour pouvoir tranquillement violer Temple. Il échouera totalement dans sa mission et retournera à Kinston, retrouver une vie absurde. Un néant incompréhensible.

Temple, jeune étudiante écervelée, dépassée par les évènements et épouvantée à l’idée de se faire renvoyée de son université et d’affronter alors son père, le juge Drake, de Jackson. Elle n’inspire pas vraiment l’empathie tant elle s’y prend mal, à se mettre dans des situations impossibles, partagée entre la crainte des traitements qu’on lui fait subir et la soumission feinte ou réelle à ses tortionnaires. Elle glisse progressivement vers la déchéance, l’alcool. Sous l’emprise du sexe, elle semble partagée entre l’amour et la peur de l’homme qui la prostitue pour satisfaire son goût du voyeurisme.. Malgré tout, sa fragilité nous touche. Ses réactions puériles face au danger, les efforts de son imagination d’enfant pour se protéger des hommes et finalement se perdre dans un monde qu’elle n’était pas faite pour connaître. Au cours du procès de Goodwin, elle fera un témoignage accablant qui mènera celui-ci à la mort. Témoignage faux, inspiré sans doute par son père et accepté par elle qui a perdu tout repère. Après tous les évènements qu’elle aura subis, elle se laissera vivre, sans joie, comme ballotée aux côtés de son père.

Ruby Lamar, seule femme de la maison Goodwin avant que s’y retrouve Temple, elle trime pour nourrir une bande d’alcooliques sans vergogne, trafiquants de Whisky. Elle le fait par habitude, non dénuée d’amour pour son compagnon, Lee Goodwin. Quelques années plus tôt, elle s’est prostituée pour lui payer un avocat et le tirer de prison. Elle vit à présent avec lui, un peu comme une esclave soumise, révoltée parfois. Elle traine partout avec elle un bébé chétif, comme ferait un enfant avec un doudou. Elle est malheureuse et pourtant fidèle à son homme. Elle le soutiendra lorsqu’il sera accusé à tort du meurtre de Tommy et du viol de Temple. Victime consentante, faussement indifférente et brutale, elle fait ce qu’elle peut pour tirer Temple des griffes des hommes qui l’entourent. La seule chose que demande Ruby à Horace Benbow, c’est un polissoir pour effacer sur ses mains les dégâts causés par la vaisselle. Ruby est le personnage le plus attachant du roman. Elle accompagnera son mari avec dévouement jusqu’à sa mise à mort par la populace.

Lee Goodwin, compagnon de Ruby. Même s’il a déjà un meurtre à son « actif », il serait proche d’être un bon bougre s’il n’était pas aussi imprégné d’alcool. Lui aussi fait ce qu’il peut pour protéger Temple, mais plutôt parce qu’il est quand même tenté de s’en occuper lui-même . Il essaye de maîtriser comme il peut ses acolytes, avec un succès très relatif. Cela va le mener en prison, à Jefferson, soupçonné à tort du meurtre de son acolyte Tommy et du viol de Temple. Il s’obstine à croire qu’il se sortira de ce mauvais pas, puisqu’il est innocent et que le juge n’a pas de preuve. Pour le cas où, il voudrait quand même être sûr que Ruby et son enfant auront de quoi subvenir à leurs besoins. Truand peu scrupuleux, il paiera cher pour un crime qu’il n’a pas commis.

Popeye, Il a eu une enfance catastrophique. Il n’a pas connu son père, élevé partie par sa mère (une femme que ses deux maris ont roulée) et en partie par sa grand-mère, incendiaire récidiviste. Après 5 ans en pénitencier, devenu adulte, tout le monde le craint. Il parle peu. Ses silences sont angoissants. Il a toujours un pistolet avec lui. Beau gosse, il aurait du succès auprès des femmes si sa sexualité n’était pas particulière. Il s’est emparé de Temple et la conserve sous sa coupe en la tenant enfermée dans un bordel, sous la vigilance de la patronne, miss Reba (que l’on retrouvera dans un roman plus tardif, Les larrons). Popeye, c’est le prédateur du roman. Il couvre sa proie de cadeaux en la gardant prisonnière. Il finit par la prostituer en se limitant à un rôle de voyeur, avant de tuer par jalousie Red, le complice de ses jeux sexuels avec elle. Ah, j’oubliais, dans la maison de Goodwin il a violé Temple avec un épi de maïs. Impuissance « oblige ».

Tommy (ou Tawmmy), il est l’un des ouvriers de Goodwin. Écœuré par le comportement de ses acolytes, il aura tout fait pour sortir Temple des griffes des hommes qui l’entourent. Il y laissera sa peau.

Miss Réba : personnage haut en couleur, elle mène de main de maître un bordel à Menphis dont elle vante à tous le sérieux. Elle y promène sa quasi impotence sous les yeux effarés de ses deux chiens, terrorisés par ses colères, surtout lorsqu’elle a trop bu. Elle aime bien Popeye, tout en s’en méfiant. Elle reçoit ses amies pour des après-midi semi mondaines et alocoolisés. Sa fidèle servante, Minnie la seconde servilement dans sa tâche. On retrouve ce personnage atypique mais finalement presque attachant dans d’autres romans, notamment Les larrons.

D’autres personnages apparaissent au fil du récit. Le sénateur Clarence Snopes, des apprentis coiffeurs, la grand-mère de Popeye...etc. Tous ne sont pas forcément utiles à la progression de l’intrigue, mais apportent un moment de détente et d’humour dans un roman marqué par le pessimisme et l’absurde.

**************

Bon, vous n’y voyez pas encore très clair je pense. Alors après les personnages, la trame de l’intrigue :

Horace Benbow, avocat de son état, rejoint sa sœur après avoir quitté sa femme. Il se fait transporter au fil des possibilités et se retrouve ainsi face à Popeye qui l’amène dans la maison de Goodwin, trafiquant de Whisky. Il y croise Ruby, épouse de Goodwin, qui fera appel à lui plus tard lorsque son mari sera accusé à tort du meurtre de Tommy, l’un des complices de Goodwin.

Après le départ d’Horace, c’est Temple, jeune étudiante un peu fantasque qui arrive dans la maison en compagnie de Gowan, un ami sous l’emprise de l’alcool (accessoirement ex petit ami de la sœur d’Horace). La maison est alors le théâtre de divers drames : le meurtre par Popeye de Tommy, un type plutôt bien qui s’efforçait en vain de protéger Temple (à propos du meurtre, ne vous étonnez pas si vous n’en prenez pas conscience tout de suite. Vous réaliserez plus tard, parce qu’à ce stade, on vous dit seulement que Popeye a un révolver dans la main et que Temple a entendu un claquement bref et étouffé) meurtre suivi du viol de Temple par Popeye à l’aide d’un épi de maïs, étant bien incapable de violer qui que ce soit lui-même. Cela aussi, vous ne le saurez, et encore, que bien plus tard.

Puis Popeye emmène Temple en voiture tandis que Mrs Goodwin va chez des voisins téléphoner au shérif pour l’informer du meurtre (au passage, je n’ai pour ma part pas compris pourquoi, alors que de son dialogue avec son mari il semblait résulter que Mr Goodwin irait chez les voisins, c’est finalement elle que l’on retrouve chez eux ... je m’interroge encore).

Après ces évènements, on en vient à l’arrivée d’Horace Benbow chez sa sœur, à Jefferson. Il y croise Gowan Stevens, ce même homme qui quelques jours plus tard, en état d’ébriété, emmènera Temple chez les trafiquants de Whisky. Pour ne pas vous perdre, rappelez-vous bien que d’abord Horace passe dans la maison Goodwin, puis va en camion chez sa sœur. Il y voit Gowan qui, fâché par les refus de celle-ci, va retrouver la jeune Temple. Cette scène est donc antérieure aux scènes de la maison Goodwin qui précède ce chapitre.

En prison à Jefferson se trouvent un noir, un pauvre noir qui a tranché la gorge de sa femme et attend son exécution. Il réapparaitra régulièrement au fil des lignes, marquant par ses lamentations résignées l’écoulement du temps et l’inexorabilité du malheur. Se trouve en prison aussi Goodwin, accusé du meurtre de Tommy. Il se doute bien que c’est Popeye le coupable, mais est convaincu, s’il parle, qu’il se fera descendre dans sa cellule même. Alors il se tait et pense s’en tirer, puisqu’il est innocent. Il demande seulement à Benbow, devenu son avocat, d’assurer l’avenir du petit de Ruby. Au fond, Goodwin, c’est un brave gars. Horace Benbow prend en charge Ruby, l’emmenant chez lui, puis la logeant dans un hôtel de la ville, puis chez une vielle femme noire. Ruby, au chevet de son fils malade, avoue à Horace la présence de Temple dans la maison le soir du crime, ouvrant la voie à un témoignage favorable à Goodwin et accablant pour Popeye.

Le chapitre 18 est un retour en arrière sur la fuite de Popeye après le meurtre de Tommy. Il est accompagné de Temple. Des allusions laissent penser qu’elle a été violée. Attitude ambiguë de Temple (elle en vient à se repoudrer dans la voiture Popeye). Elle est paniquée, mais obéit quasi sans révolte. Le « couple » arrive ainsi à Menphis, au bordel de Miss Reba, qui voit en Temple la petite amie de Popeye.

Vous allez maintenant découvrir Miss Reba, personnage coloré qui apparait dans plusieurs romans de Faulkner. Patronne d’un bordel, souvent prise de boisson, elle en dirige les activités de main de maître, avec une certaine tendresse pour ses « pensionnaires » et le souci de maintenir sa maison dans un statut respectable. Elle est le plus souvent accompagnée de ses deux chiens, profondément antipathiques. Sa fidèle servante Minnie la seconde. Cette partie du roman est plutôt légère, imagée. Miss Reba a du bon sens, et une certaine morale. Elle est finalement plutôt attachante. Elle apprécie Popeye, qu’elle connait de longue date. Elle accueille Temple avec douceur et bienveillance, la fait soigner. Dans ce chapitre vous serez témoin des mœurs sexuelles de Popeye.

Dans le chapitre Horace, informé par Ruby de la présence de Temple dans la maison des trafiquants de whisky le jour du meurtre, essaye d’obtenir d’elle plus d’informations. Ruby nous décrit ainsi une partie de la soirée là-bas. (C’est dans ce chapitre que l’on comprend aussi ce que Gowan, petit ami de Narcissa, la sœur d’Horace, faisait avec Temple quelques temps plus tard. Narcissa ne voulant pas l’épouser, il était parti au collège pour y retrouver une autre fille, Temple.)

Puis Horace prend le train pour retrouver Temple dans son collège, dans la ville d’Oxford. Il veut recueillir son témoignage sur les évènements intervenus dans la maison Goodwin le soir du meurtre. En vain. Après un épisode divertissant où il croise deux étudiants qui voyagent sans billet, Horace rencontre le sénateur Clarence Snopes. Snopes est un personnage secondaire peu sympathique. Il apparaitra régulièrement par la suite et permettra à Horace, moyennant finance, de retrouver la trace de Temple dans le bordel de miss Reba à Menphis.

Le chapitre 20 vous ramène à Jefferson, où loge à présent Horace. C’est dans cette ville que se trouve la prison où est détenu Goodwin. Ruby, chassée par des grenouilles de bénitier de l’hôtel où Horace la logeait, a fini par se réfugier dans la cellule de son mari. Dispute avec Narcissa, sa sœur qui soupçonne Horace de la déshonorer en ayant des relations avec Ruby. Elle manigance quelque chose et se renseigne sur l’avocat de la partie adverse. Pourquoi, vous ne saurez pas trop, mais en tous cas pas pour aider son frère à défendre Goodwin.

Au chapitre suivant, deux apprentis coiffeurs, Virgil, un garçon de la famille du sénateur Snopes, et un certain Fonzo arrivent à Menphis par le train. Personnages secondaires, ils vont nous détendre avec leur naïveté puérile et leurs aventures dans la recherche d’un hôtel, puisqu’ils aboutissent sans s’en rendre compte dans le bordel de Miss Réba où ils se livrent à diverses exégèses sur la présence de nombreuses jeunes femmes. Dialogues délicieux. C’est probablement (enfin peut-être...) grâce à ce hasard que constitue la présence de Virgil Snopes dans ce bordel de Menphis que le sénateur Snopes découvrira la présence de Temple chez Miss Réba.

Chapitre 22 : Horace trouve pour Ruby un nouveau logement dans une maison un peu délabrée. Snopes indique à Horace le lieu où il pourra retrouver Temple. Au chapitre suivant Horace va donc chez Miss Reba pour interroger Temple. Elle raconte sa nuit chez Goodwin avec une sorte d’orgueil, vanité dépersonnalisée et naïve. La pauvre fille est complètement déboussolée. Elle dit comment, dans la chambre chez Goodwin, elle se rêvait en garçon pour éviter d’être violée. Elle a même, dans son désarroi, provoqué Popeye pour qu’il en finisse avec elle, qu’elle puisse enfin dormir et oublier ce qu’elle vit. On apprend par miss Réba que viennent au bordel, dans la chambre de Temple, Popeye et un autre homme. Il va s’agir de Red, que l’on retrouvera plus loin. Très marqué par le récit, Horace rentre à Jefferson, envahi par des cauchemars.

Chapitre 24 Temple se révolte et jette ses affaires offertes par Popeye, très généreux avec elle (enfin, si l’on peut dire...). Elle se saoule, en état d’agitation permanente. Elle s’échappe de la maison pour téléphoner à Red et lui donner rendez-vous (enfin cela vous ne le comprendrez que plus tard). Elle part dans la voiture de Popeye et le nargue en lui reprochant de ne pas être un homme. Les dialogues de ce chapitre me laissent perplexe : tour à tour Popeye et Temple se disent l’un l’autre qu’il (ou qu’elle) lui a laissé sa chance. Sans doute un effort de Faulkner pour nous perdre un peu plus. Plus tard, on comprendra de quoi ils parlaient tous les deux (en fait l’assassinat de Red) mais on ne saura toujours qui veut quoi. Dans le dancing où se rendent Popeye et Temple, se trouve donc Red ainsi que des complices de Popeye sans doute convoqués dans la perspective du meurtre de Red.

Le désir érotique de Temple pour Red est tel qu’elle craint et souhaite en même temps sa mort. La difficulté que nous ressentons à comprendre absolument tout traduit en fait le foisonnement des sentiments éprouvés par Temple. Elle est sexuellement accrochée à Red mais lui demande pourtant de venir la retrouver alors que Popeye a menacé de le tuer si elle le revoyait. Temple est emmenée en voiture par les complices de Popeye. On comprendra qu’il est passé à l’acte en assistant, au chapitre suivant, à la cérémonie funèbre de Red.

Chapitre 25 : Cérémonie funèbre complètement délirante, alcoolisée et orgiaque, suivie d’une réunion de quelques dames chez Miss Reba pour une délicieuse conversation entre amies, elles aussi un peu alcoolisées. Faulkner vous propose un peu de détente. Profitez-en.

Au chapitre suivant (26) Narcissa, sœur d’Horace, se rend chez l’attorney qui doit intervenir dans le procès de Goodwin. Il a besoin, pour se faire élire sénateur, d’obtenir un maximum de condamnations. Le chapitre se termine par une tirade du sénateur Snopes contre les avocats juifs... Je suis encore une fois resté perplexe.

Chapitre 27 : on apprend que Temple s’est enfui de Menphis avec Popeye.

C’est alors le début du procès et l’interrogatoire de Ruby. Horace la retrouve à la prison, dans la cellule de Goodwin. Celui-ci craint d’être tué par Popeye, nécessairement inquiet de ce que révèlera le procès. Ruby pensait devoir coucher avec Horace, en guise du paiement de ses honoraires, comme elle a déjà dû le faire lorsque son mari s’est retrouvé en prison après le meurtre d’un soldat pour une histoire de femme noire.

Retour le lendemain au tribunal où se retrouve l’avocat juif de Menphis dont parlait Snopes au chapitre 26. Parmi les pièces à conviction, se trouve désormais un épi maïs ensanglanté. L’interrogatoire de Temple est accablant pour Goodwin, à la fois pour le meurtre de Tommy et pour le viol avec l’épi de maïs, que Temple dit reconnaitre (sans accuser formellement Goodwin). Ce témoignage est donc complètement faux. Il traduit sans doute la pression exercée par le père de Temple, et le désarroi dans lequel elle est dorénavant plongée. Temple et son père sortent dignement et en silence du tribunal.

Chapitre 29 : Le verdict est tombé après huit minutes de délibérations. Horace est effondré. Le soir, il gagne à pied la prison d’où on comprendra que Goodwin a été extrait pour être brûlé vif par la foule.

Chapitre 30 : Horace rentre chez lui. On va toucher le fond de l’absurdité. Sa femme qui ne cesse de lui demander de fermer la porte à clé, lui qui appelle au téléphone sa belle-fille pour ne rien lui dire et avoir avec elle des échanges absurdes faits de phrases inutiles et non achevées. Pourquoi est-il là, pourquoi est-il rentré ? Que va être sa vie ?

Chapitre suivant : la fin tout aussi absurde de Popeye, condamné à mort qui ne se défend pas (parce qu’il était innocent comme Goodman l’était). Il est jugé coupable du meurtre d’un policier, pourtant tué le jour où en fait il assassinait Red.

Vous en saurez plus sur la vie de Popeye, enchainement de malheurs et de médiocrité. Son père était briseur de grève. Il a épousé et mis enceinte sa mère, un peu par hasard. Au fond, il passait par là. Puis il est vite parti. Popeye a été élevé par sa mère et surtout sa grand-mère, une folle qui mettait le feu à tout. Popeye est un enfant malingre. Le second mari de sa mère lui a volé ses économies. C’est là grand-mère qui s’occupe de l’enfant pendant que la mère travaille. Elle a un grand talent de pyromane. Pour protéger son enfant, la mère cesse de travailler. La grand-mère abandonne l’enfant dans une voiture, puis met le feu à son logement. Popeye est sauvé de justesse. La dame qui a retrouvé Popeye dans sa voiture prend un peu soin de lui et de sa mère. Popeye s’enfuit après avoir égorgé deux oiseaux et un chat. Cela lui permettra de passer cinq ans en maison de correction.

Retour au présent avec l’arrestation Popeye pour ce meurtre d’un policier, meurtre qu’il n’a pas commis. Il s’ennuie au procès et refuse de faire appel (puisqu’il n’a tué personne dit-il). Popeye est pendu, comme il se doit. Il aurait bien voulu avant remettre un peu d’ordre dans sa coiffure. Décidemment, ce monde est bien absurde. C’est la mal qui y règne en maître.

Temple et son père se promènent au jardin du Luxembourg. (En 1925 Faulkner vivait à Paris). Le regard de Temple se perd dans cette saison de pluie et de mort.

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Commentaire ajouté par Sebdelatour 2022-10-10T11:01:19+02:00
Diamant

S'attaquer à une critique de Faulkner, c'est forcément casse-gueule. J'ai pris le temps pour y aller, d'être mûr en quelque sorte. Et je dois dire que, même s'il faut s'accrocher dans les premières pages, cela devient une véritable et puissante expérience de lecture.

La richesse des personnages, la fatalité qui pèse sur leurs destinées, le tout agrémenté par des descriptions d'atmosphères oppressantes typiques de ce sud étouffant; tout cela a contribué à me faire apprécier viscéralement ce roman très dur.

C'est un bonheur de lire un tel écrivain. Et on est fier d'arriver au bout. Pas forcément indemne d'ailleurs...

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Commentaire ajouté par Irene-Adler 2020-09-13T17:03:47+02:00
Pas apprécié

Faulkner disait de ce roman que c’était « l’histoire la plus effroyable qu’on puisse imaginer ».

De son côté, Malraux a dit que ce roman symbolisait « l’intrusion de la tragédie grecque dans le roman policier ».

Pendant ce temps-là, dans ce roman noir très sombre, un homme introduisait un épis de maïs dans le… d’une femme, et sans son consentement.

Tandis que j’agonise… Voici le résumé de ce que j’ai ressenti en lisant ce Faulkner où j’ai pataugé, peiné, perdu mon chemin, sué, avant de crier grâce et d’implorer la fin de mon calvaire.

Lorsque j’avais lu « Tandis que j’agonise » l’année dernière (septembre 2019), j’avais eu un peu de mal au départ mais ensuite, le récit s’était révélé à moi et ça avait explosé en émotions en tout genre, même si on pataugeait dans le noir glauque, super glauque.

Ici, on franchi un autre palier, on descend dans un autre cercle de l’enfer (le 9ème sans aucun doute) et le café est tellement noir épais que la cuillère s’est perdue, que la cuillère s’est pendue, comme le canal dans la chanson de Jacques Brel (Le plat pays qui est le mien).

Le récit est lent, très lent et je n’ai jamais réussi à rentrer dedans, comme si je n’avais pas le bon code, comme si mon esprit n’avait pas envie de lire ÇA maintenant et tandis que j’essayais de me concentrer sur les lettres qui forment des phrases, mon esprit battait la campagne.

Autant je n’ai aucun mal avec les romans de Erskine Caldwell qui lui aussi met en scène des personnages glauques et déjantés dans le Sud profond où la misère est reine et où les paumés sont rois, autant ici j’aurai pu creuser les pages jusqu’après ma mort pour espérer découvrir l’or et la lumière cachées par Faulkner dans son récit.

On appelle ça passer à côté d’un roman, c’était un passage royal, un plantage monumental et le roman est retourné sagement à sa place dans l’étagère. Ne voulant pas rester sur une chute, je reprendrai un autre Faulkner et celui-ci, j’essaierai une autre fois, car le but du jeu n’était pas de louper ma lecture.

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Commentaire ajouté par ElChurch 2018-01-03T12:20:42+01:00
Diamant

Roman sombre génial, à lire forcément pour l'épilogue qui est un chef d'oeuvre poétique.

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Commentaire ajouté par Moii_xD 2016-12-04T07:46:30+01:00
Argent

Même si j'ai eu un peu de mal au début car je ne comprenais pas forcément où l'auteur voulait en venir, j'ai bien aimé ce roman. Il m'a suffit de poursuivre ma lecture pour comprendre tout le sens de ce qui m'échappais jusque là. Je ne savais pas vraiment à quoi m'attendre en lisant ce roman (la 4ème de couverture était un extrait et non pas un résumé), et j'ai donc été surprise de découvrir une histoire noire où la débauche est omniprésente. Le climat est assez froid et l'ambiance obscure mais c'est ce qui donne à ce roman un petit plus, qui lui donne un caractère assez singulier. Il y a, ce qui est un bon point, pas mal de mystère dans ce livre. Aussi bien dans la trame que dans l'écriture en elle-même. En parlant d'écriture, celle de Faulkner est magnifique, les descriptions sont pleines de volupté.

Bref, un roman qui m'a donné envie de lire d'autres œuvres de cet auteur, je le conseille fortement.

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Commentaire ajouté par bloodymarie 2011-07-23T11:55:22+02:00
Pas apprécié

Je ne m'aventurerai pas à une "critique " de l'écriture de Faulkner...mais néanmoins je n'ai pas adhéré au climat malsain de ce livre.

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Commentaire ajouté par bookemixer 2010-07-30T13:02:41+02:00
Argent

Je pense qu’il est « aventureux » de critiquer un auteur tel que William Faulkner.

Il s’agit d’un ouvrage bouleversant mettant en exergue le « mauvais profil » de l’humanité (corruption, débauche) sous fond d’alcool, de misère et de vice de ces habitants du sud des Etats-Unis. Le climat est malsain, mais sans jugement réel. Le lecteur n’est que le spectateur de cette débâcle ; La cavité sombre de l’âme humaine y est décrite avec l’émotion du tragique (chemin aboutissant au mal).

La pureté broyée, violée au détriment de la pulsion masculine psychologiquement miséreuse, infect !

Techniquement parlant, je suis inculte, mais W. Faulkner défini le trouble par un « désordre ordonné » volontaire dans son écriture. Il faut être attentif (c’est habituel !), car il mène l’intrigue avec brio, à l’aide de flash-back et de phrases « coupées » en suggérant au fil des pages ce qu’il confirme en fin d’ouvrage. Quel talent !

Et dire qu’il a écrit cet ouvrage uniquement pour l’argent !

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