Extraits

Jed aurait juré qu'il avait carrément reniflé le réfrigérateur et s'était rejeté en arrière, le nez froncé de dégoût. Ouais, il devrait peut-être se débarrasser du fromage moisi. Il était sans doute en train d'évoluer dans son propre Âge du Bronze, à l'heure qu'il était. Bientôt, Jed ouvrirait la porte du réfrigérateur et il découvrirait que le fromage venait d'inventer la roue.

Est-ce que Redford nettoyait sa salle de bain ?

— Tu sais, cria-t-il en penchant la tête en arrière, mais sans le regarder, jetant juste un œil dans sa direction. Je suis en train de cultiver ma propre variété de moisissure là-bas. J'ai fait une demande à la Fondation Nationale des Sciences pour avoir des fonds. Je vais l'appeler Jedlet.

— J'aimais bien ce fromage, remarqua Jed, et Redford se demanda s'il venait de passer une demi-heure à bouder pour ça.

— Je pouvais le sentir depuis l'autre bout de la rue, protesta-t-il.

— Il aurait pu former sa propre civilisation. Il avais presque mis en place un gouvernement.

— Mais je t'aime, répéta-t-il. Avec toi, je me sens en sécurité. Heureux. Et je veux que toi aussi, tu ressentes ça.

— Et moi, je ressens ce genre de truc pour un hamburger, lui asséna Jed avec un éclat de rire hystérique, un rire un peu brisé qui se bloqua dans sa gorge. Bordel, Red.

Les dents serrées, il fixa Redford droit dans les yeux pendant un long moment, la pendule sur le mur comptant leurs battements de cœur, leurs inspirations, et pendant un instant, ils n'existèrent plus que dans les yeux l'un de l'autre. Il allait aider ce type. Pour l'amour du ciel, il allait le faire, il sentait qu'il allait le faire. Ce gros paquet d'argent, qui aurait dû servir à lui payer ses vacances à la mer, il lui disait au revoir, et tout ça à cause d'un type maigre avec des yeux couleur de tempête et des vêtements trop grands.

— Une bière, affirma-t-il d’un ton fatigué, en indiquant la porte. Peut-être même un whisky. Ouais, définitivement un whisky.

.— Écoute, je dois avoir à peu près vingt minutes avant que mon portable sonne. Et quand il sonnera, ce sera un homme qui me demandera si je t'ai bien saucissonné et enfermé dans le coffre de ma voiture. Alors toi, amigo, tu as à peu près quinze de ces minutes pour me convaincre que ce n'est pas une bonne idée. Compris ?

Les week-ends n'étaient pas faits pour rester dans sa voiture puante, à observer une maison apparemment vide. La puanteur n'était pas de sa faute : Knievel était malade pendant les longs trajets et il avait peut-être perdu un hamburger quelque part sur la banquette arrière.Bon, peut-être que c'était un peu de sa faute.

Avec un sourire complice, il attrapa la main de Redford. Il savait exactement ce qu'il voulait : c’était ce qu'ils voulaient tous en fait, et ça lui allait parfaitement. Il plaça la main de Redford à l'arrière de son crâne, lui montrant comment le guider, puis reporta son attention sur ce superbe morceau qui le tentait tant. Il enroba le gland de ses lèvres et l'aspira doucement dans sa bouche, juste assez pour creuser un peu ses joues et pour donner à Redford un aperçu de ce qui allait venir.Il baissa la tête et avala davantage son sexe, la chair gonflée emplissant sa bouche, jusqu'à venir buter contre sa gorge. Il appuya sa langue en-dessous du sexe, ses lèvres écartées autour de lui, puis recula lentement, les yeux fixés sur ceux de Redford.