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Au bout de quelques jours, comme il arrive au Népal, nous n'eûmes plus le sentiment de perdre notre temps mais de devoir nous habituer à un temps qui s'écoulait autrement.
Afficher en entierDepuis que j’étais allé vivre en montagne, j’avais commencé à m’intéresser plus aux vallées qu’aux sommets, et plus aux montagnards qu’aux alpinistes. J’aimais l’idée qu’un seul grand peuple habitait les hautes terres du monde, mais ça aussi, c’était une lubie romantique : dans les Alpes, nous étions devenus des citadins de l’immense mégalopole européenne ou d’une de ses banlieues forestières. Nous habitions, travaillions, voyagions, socialisions comme des urbains. Restait-il encore des montagnards ? Y avait-il quelque part sur cette terre une montagne authentique que la ville n’avait pas colonisée et qui avait conservé son intégrité de montagne ? C’est dans cet état d’esprit que j’étais parti au Népal quelques années plus tôt. J’avais visité les zones les plus fréquentées pour finalement me rendre compte que dans l’Himalaya aussi la modernité déployait ses charmes : routes, moteurs, téléphones, énergie électrique, produits industriels, le sacro-saint confort tant désiré contre une culture d’un autre temps, pauvre et vouée à l’extinction – comme celle des Alpes. Je devais chercher mieux, aller plus loin.
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