Sans lendemain

Je suis partagé.

D’un côté, le livre est bon. Voir très bon.

L’écriture est fluide, on suit parfaitement l’histoire qui se déroule en nous laissant bien comprendre ce que pensent les personnages sans s’alourdir de détails ou descriptions inutiles.

L’ambiance de l’époque est bien rendu, chacun a un caractère marqué, quelques idées originales et une trame qui se déroule avec ses surprises et rebondissements toujours crédibles et prenant…

D’un bout à l’autre, c’est très sympa à suivre, jusqu’au final satisfaisant.

Là où je suis partagé, c’est que, d’un autre côté, l’auteur n’a pas pris parti.

Fils de pasteur, je n’ai pas réussi à savoir si ce livre était pour ou contre la religion…

On a, globalement, deux camps : les croyants et les impies. Les impies souffrent de la vision étriquée des croyants. Ah. Donc, la religion, c’est mal. Mais les croyants réussissent tout d’un bout à l’autre tandis que le malheur ne cesse de s’abattre sur les impies… Ah. Donc la religion, c’est bien, ça sauve ?

Impossible de savoir s’il dénonce l’obscurantisme religieux absurde qui combat les plaisirs et veut une vie monacale moyenâgeuse ou s’il prône l’amour de Dieu qui sauve le monde et conduit les pêcheurs à la mort et à l’enfer…

Un peu facile de laisser le lecteur décider et, pour ma part, ça m’a un peu gâché l’ensemble parce que j’ai vu dans cette histoire une plaidoirie pour la religion qui m’a un peu hérissé…

Je n'ai pas été pleinement convaincu par ce récit qui se lit bien mais m'a un peu laissé sur ma faim. J'ai eu l'impression que la petite amourette peu approfondie et très rapide prenait souvent le pas sur les enjeux présentés au début de l'histoire, alors que ces derniers avaient attirés mon attention et que j'y avais bien accroché. L'ambiance très américaine est bien là, mais sans les opportunités qu'un tel genre peu ouvrir par ailleurs, c'est dommage.

Jim Thompson ressuscité

Un très bon roman, simple et qui parle de la condition féminine dans les années 40. Sous forme de roman policier, l'auteur nous tient en haleine tout du long.

Histoire très sombre. Atmosphère pesante. Personnages troubles. Lectures addictive.

Roman excellent!

Le travail de Billie Dixon est d’essayer de vendre des films de secondes zones dans les petits cinémas des localités du Midwest qu’elle traverse au cours de sa tournée. Elle ne s’attendait pas à rencontrer l’animosité d’un prêcheur fanatique en arrivant chez les culs terreux de l’Arkansas. Pourtant sa rencontre avec la femme du dit pasteur va se révéler dévastatrice, l’attirance est instantanée et semble réciproque. Tous les éléments sont là pour que ce polar chaud et un rien pervers ne face qu’une bouchée de nous. Traiter de l’homosexualité au féminin n’est pas si courant mais la placer dans une communauté religieuse et conservatrice est un coup de maître. Le personnage de Billie est quasi héroïque, elle reste fidèle à ce qu’elle est une femme aimant les femmes et une briseuse de cœur. Deux des personnages secondaires m’ont beaucoup plu, il s’agit du shérif Eustace et de sa sœur Lucy, ce duo improbable était le petit plus de ce polar, la construction de leur relation avec Billie est très bien amenée. J’ai trouvé l’atmosphère des années 1947 tellement bien rendue que je me suis demandée si l’auteur ne les avaient pas vécues mais pas du tout, né en 1975 ce roman écrit en 2015 nous donne un parfait aperçu de ce que peut être la vie dans une petite communauté où la religion a une grande importance. On conçoit aisément le calvaire que peut endurer la jeune femme du prédicateur Amberly à jamais coincé dans un rôle de faux semblant que j’imagine être invivable.

J’ai aimé les deux première parties du livre qui nous emportent sur les chapeaux de roues mais le ralentissement de la troisième partie m’a laissé au bord de la route, quel intérêt à poursuivre puisque l’on pressent ce que sera la fin. Mêler ainsi religion et crime est une recette parfaite pour une tragédie magnifiquement retranscrite. Bonne lecture.