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Ce n’était certes plus le cas. Au cours des récentes générations, un nouveau conflit était apparu entre le pouvoir d’État et les autorités religieuses, regnum et sacerdotum, un conflit qui devait se prolonger pendant tout le Moyen Âge et au-delà. Qui était souverain sur terre, le pape ou un monarque ? Qui investissait les évêques de leur autorité spirituelle et leur donnait des domaines – le vicaire de Rome ou le roi ? Qui choisissait les abbés et les évêques ? Quand un prêtre se rendait coupable d’un crime, devait-il être jugé par le tribunal royal ou celui de l’évêché ? Au mieux, ce conflit opposait le roi et l’Église universelle, déterminée à conserver son indépendance spirituelle. Au pire, il servait de prétexte à de cyniques manœuvres politiques. Ce fut ce genre de lutte pour le pouvoir qui déboucha sur une issue fatale lorsque Thomas Becket, archevêque de Canterbury, fut assassiné au cours du règne suivant.
Afficher en entierC’était un excellent chasseur, respecté par ses pairs à cause de ses talents de traqueur ; depuis maintes années, leur petit groupe vivait et chassait paisiblement sur un territoire qui s’étendait sur quatre-vingts kilomètres d’est en ouest, et soixante du nord au sud. Ils suivaient le gibier, ils pêchaient, et c’était à la déesse de la lune, patronne de tous les chasseurs, qu’ils faisaient confiance pour protéger leur existence précaire.
Afficher en entierHwll était un parfait représentant de ces chasseurs errants, qui n’appartenaient à aucune race précise. Sa taille était moyenne, un mètre soixante-cinq ; il avait des pommettes hautes, des yeux très noirs, un visage profondément ridé et marqué par les intempéries, dont la peau, comme le paysage, semblait érodée en d’innombrables vallées, failles et ravins ; il possédait encore la moitié de ses dents, lesquelles étaient jaunes, et une barbe noire fournie, maintenant striée de gris. Il avait vingt-huit ans, l’âge de la maturité dans cette région et à cette époque.
Afficher en entierPourtant, ce processus était lent : un ruisseau ici, une petite rivière là ; des blocs de glace, tantôt longs de quelques mètres, tantôt d’un demi-kilomètre, se détachaient de la calotte ; mais leur disparition était presque dérisoire, comparée aux milliers de kilomètres carrés du continent gelé. Néanmoins, cette débâcle s’accéléra. Une nouvelle terre, la toundra, émergea de sous la glace ; de nouveaux fleuves virent le jour ; des icebergs descendirent vers les mers du Sud, dont le niveau s’éleva. Une effervescence inédite apparut à la surface du globe. Siècle après siècle, les continents changeaient d’aspect ; des terres nouvelles commençaient à émerger et des formes de vie jamais vues à se répandre timidement sur la terre.
La dernière période glaciaire touchait à sa fin.
Pendant plusieurs milliers d’années ce processus continua.
Afficher en entierComme cette énorme calotte glaciaire contenait une partie considérable des eaux du globe, le niveau des mers était plus bas que lors des époques ultérieures – certaines n’existaient même pas –, moyennant quoi les terres situées au sud se trouvaient rehaussées, et leurs falaises abruptes dominaient des abîmes béants qui ont depuis longtemps disparu sous les eaux.
Afficher en entierD’abord, avant le commencement de Sarum, il fut un temps où le monde était un lieu plus froid et plus sombre.
Sur la majeure partie de l’hémisphère Nord – sans doute un sixième de la surface du globe –, s’étendait une épaisse couche de glace. Elle couvrait toute l’Asie septentrionale, le Canada, la Scandinavie et environ deux tiers de la future Angleterre. Si l’on avait pu traverser ce gigantesque continent glacé, il aurait fallu parcourir quelque huit mille kilomètres. Le volume de la glace était stupéfiant ; même sur ses bords, elle était épaisse de dix mètres.
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