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Commentaires de livres faits par Sasaswartz

Extraits de livres par Sasaswartz

Commentaires de livres appréciés par Sasaswartz

Extraits de livres appréciés par Sasaswartz

Les lèvres sur les siennes, Belle s'accrochait à son cou légèrement tandis qu'il embrassait son front. Elle se sentait comme dans un rêve. 

- Tu vas devenir ma femme, souffla Zahir contre ses lèvres. Ma reine. Tu es à moi Belle. 

Les yeux fermés, son cœur battait à la chamade. 

-Je t'aime Belle. 

- Moi aussi je t'aime
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Tournant la tête vers celle-ci, elle découvrit le prince. Ses yeux noires perçant la regardait intensément. 

-  Oh mon dieu, s'exclama Maja en se mettant devant elle. 

- N'ayez aucune crainte je ne veux pas lui faire du mal, rassura-t-il en s'approchant plus près. 

- Inutile de parler de ça à Catherine, s'il vous plaît ! s'exclama Maja en allant vérifier que personne ne l'avait suivi.      

Quant à Belle, elle reculait morte de peur. Buttant contre son lit, elle tomba sur celui-ci.

 - Doucement n'ayez pas peur, dit-il en s'agenouillant près d'elle. 

Oh si elle avait peur, il était beaucoup plus impressionnant de près que vu d'en bas. 

- Comment vous appelez vous ? demanda-t-il 

-  Belle, murmura-t-elle 

- C'est un prénom magnifique. Moi c'est Zahir, souffla-t-il.
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Poussant son cheval, Malik s'enfonçait dans le désert un peu plus alors que ses gardes étaient derrière. S'arrêtant, il regardait derrière lui.

-Votre altesse, vous êtes beaucoup trop rapide ! s'exclama Omar son assistant.

-J'aime la vitesse, répondit-il d'une voix monotone.

[...]

- J'ai besoin d'aimer et d'être aimé Omar, continua-t-il

- Votre majesté, je....

- J'ai besoin d'une femme qui me comble de bonheur, j'ai trente ans, je n'ai plus le temps pour ce genre de bêtise, coupa Malik avant d'entendre des voix s'élever derrière eux.  

Tournant la tête, il observait un groupe de touriste non loin d'eux avec un guide, avant de se concentrer sur une jeune femme aux cheveux châtains foncés, aux boucles brillantes descendant en cascade sur sa robe blanche. Son chapeau cachait légèrement son visage, mais il pouvait distinguer un visage d'ange au teint blanchâtre aux lèvres rosées tirant sur le rouge.

Malik pensait rêver, il voyait la jeune femme en bout suivre timidement le groupe avant de voir son chapeau s'envoler, dévoilant la totalité de son visage. Les cheveux au vent, elle se mit à courir, s'éloignant du groupe. C'était suffisant pour lui.

- Créez un mouvement de panique, ordonna Malik à ses gardes en désignant le groupe. Tout de suite !

D'un élan incontrôlé, il fonça droit sur la jeune femme agenouillée par terre avant d'entendre les cris des touristes. Lâchant ses rennes, il attrapa la jeune femme fermement avant de la placer sur la scelle, gémissant légèrement, la main de la jeune femme s'agrippait à sa chemise.

Après quelques minutes au galop sans qu'elle ne se débatte, il arriva vers le palais. Une fois devant, il ne mit pas longtemps pour descendre l'emportant avec lui avant de découvrir qu'elle s'était évanouie. Les yeux émerveillés, Malik la regardait dans ses bras les yeux fermés dont ses longs cils noirs donnaient à son visage endormi une beauté à damner.

Portant la jeune femme jusqu'à une des chambres, il la regardait en remerciant le ciel, mais il savait que son réveil allait être brutal.
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Ensuite, je redessine le tatouage sur son bras gauche.
– Pourquoi des flammes ?
– J’aime le feu, dit-il en haussant les épaules. Et je trouve que les flammes ont l’air cool.
Sa réponse m’amuse et m’impressionne.
– Waouh. Je pensais que tu me dirais la même chose que tous les autres tatoués à qui j’ai posé la question, un truc du style « ça veut dire courage en taïwanais », alors que ça veut probablement dire « patate » ou « chaussure » ou encore « ivre et stupide ».
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« Va te faire voir, salopard ! Je n’ai jamais pu te supporter ! »
Bienvenue au Parlement. Et vous qui pensiez que les Anglais étaient bagarreurs. Cela dit, ce n’est pas aussi violent, d’habitude.
« Je vais te tuer ! Je vais tuer ta famille et bouffer ton chien ! »
Euh… très bien.
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Elle tourne l’écran vers moi, puis elle clique sur un site d’information après l’autre.
 
LE PRINCE FAIT LA FÊTE À LA VILLA PLAYBOY
HENRY LE BRISEUR DE CŒURS
LE LAPIN ROYAL
DÉCHAÎNÉ, PLEIN AUX AS, ET TREMPÉ
 
Le dernier titre est accompagné d’une photo de mon frère plongeant dans une piscine – nu comme un ver.
« Henry sera déçu. La lumière est affreuse – on voit à peine son tatouage », je dis en m’approchant de l’écran.
« Tu trouves cela amusant ? » demande ma grand-mère.
Je trouve surtout cela pénible. Henry est immature, sans ambition, et flemmard. Il traverse la vie comme une plume portée par le vent, allant partout où la brise l’emmène.
« Il a vingt-quatre ans, il vient de finir son service militaire… »
Ici, le service militaire est obligatoire. Tous les citoyens de Wessco – hommes, femmes et princes – sont tenus de donner deux années à l’armée.
« Il l’a terminé il y a trois mois, gronde-t-elle. Depuis, il fait le tour du monde avec quatre-vingts traînées.
– T’as essayé d’appeler sur son portable ?
– Bien sûr ! Il répond, imite cet affreux crépitement d’interférences, et me dit qu’il ne m’entend pas. Puis il dit qu’il m’aime et il raccroche. »
Je ne peux pas m’empêcher de sourire. Cette andouille a de l’imagination – il faut le lui accorder.
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Leçon numéro 1 : Ne tentez pas de produire d’emblée une trop forte impression.
Leçon numéro 2 : Faites tout ce qui est en votre pouvoir pour rester dans l’esprit de votre lord. Et sous ses yeux.
Leçon numéro 3 : Pour vous attacher votre lord, n’ayez pas peur de lui confier de précieux petits détails sur votre personne.
Leçon numéro 4 : Enrôlez des alliés !
Leçon numéro 5 : Intéressez-vous à ce qui plaît à votre lord.
Leçon numéro 6 : Une fois que vous avez retenu son attention, ne vous reposez pas sur vos lauriers !
Leçon numéro 7 : N’hésitez pas à manifester l’admiration mêlée de respect qu’il vous inspire.
Leçon numéro 8 : Apprenez à aimer ses imperfections.
Leçon numéro 9 : Cultivez le mystère.
Leçon numéro 10 : Cette dernière leçon, chère lectrice, est la plus importante de toutes.
Une fois que votre lord aura été bel et bien conquis, il vous appartiendra de veiller à ce que son nid soit garni de plumes propres et confortables. Le célibat n’est pas un état enviable pour les hommes sérieux et respectables. Ce sont le mariage, les enfants et les plaisirs que l’un et les autres apportent qui témoignent d’une vie bien vécue.
Et nos lords – ces hommes éminents soigneusement choisis pour vous et présentés dans ces pages – attendront de leurs épouses qu’elles les aiment, qu’elles les honorent et les chérissent autant qu’ils le méritent.
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— Lady Isabel, pourquoi étiez-vous en train de réparer le toit ?
Comme elle marchait devant lui, elle tourna légèrement la tête. Mais elle ne répondit à sa question qu’après un instant.
— Il fuit.
Cette femme était décidément insupportable ! Nick attendit qu’elle donne des détails… en vain.
— Je suppose que c’est la raison la plus courante qui oblige à réparer un toit, finit-il par dire.
À côté de lui, Rock émit une espèce de rire étranglé, auquel Nick refusa de prêter attention.
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— Mariana !
Callie fut sauvée de cette conversation embarrassante par l’appel strident lancé par leur mère depuis le bas de l’escalier. Sa sœur leva les yeux au ciel.
— Si quelqu’un sait hurler, c’est bien notre mère, constata-t-elle. Tu devrais voir sa tenue, Callie. Que du velours… Du velours jaune canari. Avec le turban assorti. On dirait une banane en fourrure.
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Il y eut quelques applaudissements tandis que Cressida s'avançait d'un pas et saluait l'assemblée d'un hochement de tête altier. Elle attendit que le silence se fasse de nouveau, puis déclara :
— Mesdames et messieurs, merci infiniment de vous soustraire quelques instants à vos réjouissances pour me prêter attention.
— Venez-en au fait ! cria quelqu'un, probablement l'homme qui avait souhaité le bonsoir au comte.
Cressida ignora l'interruption.
— Je suis parvenue à la conclusion que je ne pouvais plus continuer cette duperie qui dure depuis onze ans.
Un brouhaha s'éleva dans la salle. Tous savaient ce qu'elle allait dire, mais personne ne pouvait croire que ce soit vrai.
— Par conséquent, poursuivit Cressida, dont la voix allait crescendo, j'ai décidé de révéler mon secret. Mesdames et messieurs, je suis lady Whistledown.
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Celle-là, il ne la laisserait pas s’enfuir. Elle était partie  – l’unique, la mystérieuse elle, songea-t-il avec un sourire amer, la seule femme qui avait su toucher son cœur.
Celle-là même qui avait refusé de lui dire son nom.
Seulement, maintenant, il y avait Sophie, et elle non plus ne le laissait pas indifférent. Elle était la première, depuis elle. Il était las de se languir d’une femme qui n’avait pas plus d’existence qu’un rêve. Sophie, elle, était réelle. Et elle serait à lui.
Voilà pourquoi, songea-t-il avec une féroce détermination, elle ne pouvait pas le quitter.
— Je peux supporter votre haine, dit-il à la porte close, mais certainement pas votre absence.
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Devant elle, Sophie aperçut une clairière, probablement l’endroit où se trouvait le lac. En approchant, elle vit les reflets du soleil à la surface de l’eau. Elle laissa échapper un soupir de soulagement. Elle avait pris la bonne direction !
Cependant, alors qu’elle poursuivait sa progression, elle entendit des bruits d’éclaboussures. Avec une déception mêlée d’une pointe de curiosité, elle comprit qu’elle n’était pas seule.
Elle ne se trouvait plus qu’à une dizaine de pas de la rive, aisément visible d’un éventuel nageur. Aussi se hâta-t-elle de se glisser derrière le tronc d’un large chêne. Si elle avait eu deux sous de bon sens, elle aurait fait demi-tour pour retourner en hâte vers la maison, mais elle ne put s’empêcher de se pencher sur le côté pour jeter un coup d’œil. Qui était assez fou pour se baigner dans un lac si tôt dans la saison ?
Et elle vit un homme.
Un homme nu.
Un homme nu qui n’était autre que…
Benedict ?
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— Daphné, s'il vous plaît. Regardez-moi.
Sa voix était basse, vibrant d'une telle énergie qu'elle fut parcourue de frissons.
Elle se tourna vers lui et chercha son regard.
— Je vous prie de m'excuser, dit-il, les yeux dans les siens.
Elle hocha la tête, mais il semblait décidé à s'expliquer plus longuement.
— Je n'ai p-pas...
Il s'interrompit, avant de porter sa main devant sa bouche en toussant.
— Je n'étais pas en bons termes avec mon père. Je... n'aime pas parler de lui.
Daphné le regarda, intriguée. Jamais elle ne l'avait entendu chercher ainsi ses mots.
Il laissa échapper un soupir irrité. Étrangement, songea la jeune femme, c'était surtout contre lui- même qu'il paraissait en colère.
— Quand vous l'avez évoqué...
Il secoua la tête.
— Il me hante. Je ne peux pas le chasser de mes pensées. Cela me... me... me met dans une fureur extrême.
— Je suis désolée, dit-elle sans chercher à cacher sa confusion.
Il lui sembla qu'elle aurait dû dire autre chose, mais elle ne trouvait pas les mots.
— Pas contre vous ! ajouta-t-il précipitamment.
Lorsque son regard bleu clair croisa le sien, la brume qui les noyait parut se dissiper. Ses traits se détendirent, en particulier le fin réseau de rides qui crispait ses lèvres. Il déglutit avec peine.
— C'est contre moi-même que je suis furieux.
— Et un peu contre lui, on dirait, remarqua-t-elle très doucement.
Il garda le silence. Elle n'attendait d'ailleurs pas de réponse. Sa main était toujours sur son bras ; dans un réflexe, elle posa la sienne dessus.
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C'est un garçon ! Le duc et la duchesse de Hastings ont un fils !
Après trois filles, le couple le plus épris de Londres a enfin mis au monde un héritier. Votre dévouée chroniqueuse ne peut qu'imaginer le soulagement qui doit régner dans la maison Hastings. N'est-ce pas une vérité universellement reconnue que tout homme marié et détenteur d'une grande fortune espère un héritier ? Le prénom du nouveau-né n'a pas encore été rendu public, mais nous nous croyons assez qualifiée pour donner notre opinion sur la question. Après tout, après trois sœurs baptisées Amelia, Belinda et Caroline, lenouveau lord Clyvedon peut-il s'appeler autrement que David ?
LA CHRONIQUE MONDAINE DE LADY WHISTLEDOWN, 15 DÉCEMBRE 1817
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— Que s'est-il passé ?
— Il s'est... il s'est... balbutia Kate, qui ne savait comment décrire exactement ce qu'il avait fait.
Puis elle s'entendit dire quelque chose qu'elle n'aurait jamais cru possible :
— Il s'est conduit en héros.
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Spoiler(cliquez pour révéler)
A bord du Cassidy, Laura devinait que l’Oasys ne tarderait pas à ouvrir le feu sur le bâtiment. Aussi se résolue-t-elle à finir rapidement ce qu’elle était venue y faire.
Avoir passée ces derniers jours à déprimer ne l’aidait pas à réfléchir mais elle savait que très bientôt tout serait terminé. Oui, plus de tristesse, plus de doutes, plus de chagrin d’amour… tous couleraient avec ce navire. Peut-être ne saurait-elle pas tenir toutes les promesses qu’elle avait faites à Justin mais la vie était telle que les bonnes intentions n’étaient parfois pas suffisantes.
Sa cible entrait dans sa cabine lorsque Laura le vit capter du regard la plume noire déposée en évidence sur son bureau. De sa cachette, la jeune femme le vit s’approcher et prendre sa célèbre carte de visite entre ses doigts.
 

— Le Black Cat, l’entendit-elle murmurer.
— Bienvenue à vous, Monsieur Badster.
 

Surpris, l’homme se retourna vers l’origine de cette voix aux accents glaciaux. Il eut tout juste le temps de discerner sa silhouette fantomatique avant de se recevoir un trio de poignards dans chaque cuisse. Dans un cri de douleur, il s’effondra à genoux.
 

— Mais enfin qui êtes-vous ? finit-il par agoniser.
 

Laura s’approcha d’un rayon de lumière avant d’ôter sa capuche et de planter un regard froid dans lesien.
 

— Mais vous l’avez dit vous-même, je suis le Black Cat.
 

L’homme la dévisagea un instant, surement surpris de découvrir qu’une femme se tenait derrière ce pseudonyme. Mais retrouvant ses esprits plus vites que la moyenne (douleur oblige), Armon Badster la fusilla du regard.
 

— Et que me veut le Black Cat ?
— Le Duc de Winter… cela vous dit-il quelque chose ?
 

Dans les yeux de l’homme, une lueur de compréhension s’alluma assez vite. En dépit de la douleur, il baissa la tête et laissa échapper un rire sarcastique.
 

— Tiens donc… Pourquoi ne suis-je pas si surpris… Fillette, vous ne seriez pas sa fille par hasard ?
— Oui, je suis sa fille. Et vous, vous êtes l’homme qui les avez faits tué, ma mère et lui.
 

Pour s’être imaginée cet instant une bonne centaine de fois, la jeune femme s’était préparée à ce qu’il nie les faits. Et pourtant, ce fut sans honte aucune qu’il lança :
 

— En effet. L’ordre venait bien de moi.

Il y eut un silence. Puis, relevant la tête, il demanda :
 

— Voudriez-vous savoir pourquoi ? Oui, forcément. Vous voulez savoir ce qui m’a conduit à le faire tuer… Eh bien, c’…
— Je vous arrête tout de suite, l’interrompit-elle froidement. Je ne suis pas venue sur ce navire pour entendre vos pseudos raisons. Je n’ai pas besoin de les connaitre pour savoir qu’elles ne valent pas ce que j’ai perdu. Je suis la fille de ces deux personnes, de deux êtres humains dont vous avez hautainement méprisé la vie. Je les connais donc mille fois mieux que vous et je n’ai aucun besoin de vos lumières sur leur passé. Pour tout vous dire, je ne suis même pas venue pour vous extorquer des excuses.
— Alors quoi ? Que voulez-vous ?
— Le vengeur du sang, cela vous dit-il quelque chose ? demanda-t-elle d’une voix calme. Si vous voulez savoir, c’est dans la Bible. Vous voyez, il y a fort longtemps, lorsque quelqu’un se faisait tuer, la loi hébraïque autorisait son parent le plus proche à retrouver son assassin et à le tuer. C’était une sorte de tribu après le versement d’un sang innocent.
 

Méthodique, Laura tira de son manteau un couteau complètement différent de ses lames habituelles, et entreprit de le nettoyer avec un tissu.
 

— En temps normal, le vengeur du sang est censé être un homme mais mes parents n’ont eu qu’une fille, poursuivit-elle sur le ton de la conversation tout en continuant son ouvrage. Je me dévoue donc à la tâche. Et si je suis ici, c’est justement pour accomplir mon devoir et les venger.
 

S’interrompant un instant, elle contempla l’arme blanche.
 

— Ce couteau appartenait à mon père, murmura-t-elle. Je le trouve donc amplement de circonstances…
 

Face à elle et totalement silencieux, Armon vit la lumière se refléter dangereusement dans la lame.
Ce couteau était luxueux, et surement faisait-il à l’origine plus office de pièce de musée que d’arme. Mais la jeune femme l’avait entretenu pendant toutes ces années.
Oui, pendant douze ans… et rien que pour cet instant.
Sa lame était si affutée qu’elle faisait d’office de lui un engin mortel, capable de couper tout ce qui se retrouverait sur son chemin. Rien qu’en tombant par inadvertance, il pouvait facilement venir à bout d’une chaussure et d’un orteil.
Oui, n’importe qui aurait eu la jugeote de fait preuve d’un minimum de prudence dans sa manipulation.
Et pourtant, lorsqu’elle s’approcha tranquillement de lui, une main dans la poche de son manteau, ce fut avec une agilité surprenante qu’il vit Laura faire tourner distraitement le couteau entre ses doigts.
Plus de doutes possibles, il avait affaire à une professionnelle…
Incroyable, cette petite était réellement le Black Cat !
Se remettant de sa surprise, Armon se força à se concentrer. Il avait profité d’un court instant d’inattention de Laura pour tirer une lame de sa cuisse et la cacher dans sa main.
Le tout était qu’elle s’approche et qu’il attende le bon moment…
Mais alors qu’il s’apprêtait à attaquer, Laura le précéda. Retirant d’un mouvement fluide la main qu’elle avait conservé dans sa poche, elle lui lança la lame qu’elle avait dans les doigts. D’une précision redoutable, l’arme blanche s’enfonça d’autorité dans la paume de Badster, l’obligeant à lâcher prise.
Il poussait un énième hurlement de douleur, le membre transpercé, lorsque la jeune femme s’accroupie devant lui et lui tira la tête en arrière, apposant la lame aiguisée du couteau de son père sur son cou.
 

— D’ici moins de cinq minutes, ce navire va sombrer au fond de l’océan, lui murmura-t-elle les yeux dans les yeux. J’aurais pu vous laisser mourir dans ce naufrage mais je me suis rendue compte que cette méthode ne me correspondait pas vraiment. Il y a plus de dix ans, vous avez fait assassiner mes parents sous mes yeux. Je devais donc vous voir mourir de mes yeux. Quitte à y laisser ma vie… Alors, monsieur Armon Badster, je vous conseille de vous préparer parce que je vais vous tuer de mes mains.
 

Alors que l’homme déglutissait difficilement, Laura eut un sourire macabre, ses yeux bleus habités d’une triste résolution.
 

— Et ensuite, votre cadavre et celui du Black Cat sombreront avec le Cassidy.
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PROLOGUE

Le Chat Doré était bondé.

D’ordinaire déjà, la taverne emblématique du port affichait complet mais ce soir-là la pluie qui s’acharnait sur la ville depuis plusieurs heures avait rabattu de nombreux piétons à l’intérieur. Sa lourde porte de chêne n’avait cessé de s’entrouvrir au rythme des passants en quête désespérée d’un abri, si bien qu’en cette fin de soirée ce fut finalement une foule hétéroclite d’habitués, de marins et de simples voyageurs qui se retrouva à s’agiter entre ses murs. L’ambiance oscillait gentiment entre franche camaraderies, chahut, chants et jeux d’argent.

L’animation était telle que personne ne remarqua la silhouette encapuchonnée silencieusement reléguée dans un coin sombre. Et pourtant son immobilité avait de quoi détonner avec cette atmosphère mouvementée.

Attablée seule, sa large capuche cachant ses traits et le dessin de son visage, elle ressemblait à une statue fantomatique. Sa longue cape noire dissimulait les courbes de son corps, rendant indistincts son sexe et les mouvements de sa respiration régulière.

Impossible de remarquer les lames cachées au niveau de son buste, de sa cuisse et de ses bottes sombres. Impossible de discerner les doigts gantés de cuir qui étaient enroulés autour d’un pistolet chargé. Et impossible de capter le regard perçant qui se concentrait avec une intensité déconcertante sur l’un des hommes accoudés au bar.

L’inconnue n’avait encore rien commandé. Elle n’avait même adressé la parole à personne. Aucun ne se souvenait du moment de son entrée, tout comme aucun ne savait depuis quand elle se trouvait attablée à cet endroit stratégique, à l’écart et pourtant aux premières loges de tout ce qui se passait dans la salle. L’origine de l’excellente bouteille de rhum qui se trouvait devant elle était un autre mystère. Personne n’aurait su dire comment elle avait réussi à se la procurer.

En fait, en cet instant, elle était là sans être là, véritable fantôme au milieu et oublié des vivants.

Le pianiste entamait une nouvelle mélodie sur son piano mal accordé lorsque la porte d’entrée s’ouvrit brutalement. Habitée d’une puissance phénoménale au vu de son poids, elle alla claquer d’un mouvement leste contre le mur de pierres, faisant au passage sursauter le musicien. Perturbé, ses doigts se crispèrent sur une énième fausse note. Aussi choquée que lui, la salle fut plongée dans un silence soudain, son brouhaha ambiant se taisant d’autorité.

Durant quelques secondes improbables, le temps sembla se suspendre dans l’établissement. Tous les regards s’étaient tournés vers l’entrée, tous à l’exception d’une paire d’yeux affutés dissimulée sous une mystérieuse capuche. Résistant à la tendance populaire, cette dernière resta obstinément braquée sur le bar, le temps de s’assurer que sa cible ne profitait pas de cette diversion pour s’enfuir. Puis, rassurée, elle se décida à suivre l’attention de la foule avec un temps de retard.

A l’entrée, la scène se voulait irréelle. Troublé par cette nouvelle ouverture, l’air opaque et enfumé de la taverne donnait l’impression de tourbillonner avant d’être aspiré, comme englouti par ce puit d’air pur intempestif. Au dehors l’orage grondait, habitant les ténèbres nocturnes de sa présence menaçante et glaciale.

Et pourtant, l’explication du frisson qui parcouru l’assistance venait d’ailleurs.

Le danger lui-même était ailleurs.

A cet instant, la silhouette sentit les cheveux sur sa nuque se hérisser. Ce qui s’apprêtait à passer cette porte, ce trou noir nouvellement formé, avait une présence terrifiante. Elle ressentait la dangerosité de son aura avec une acuité incroyable.Bien sûr, elle aurait pu hurler de refermer l’entrée au plus vite, avant que des vies ne s’en trouvent perdues à jamais. A vrai dire, si les hommes présents dans la taverne avaient eu un tant soit peu de jugeote, ils se seraient déjà précipités pour clôturer la porte. Mais la clientèle du Chat Doré ne brillait malheureusement pas par son intelligence et il était de toute façon déjà trop tard.

Quoi qu’il arrive, ils allaient devoir faire face.

Bientôt, des ombres se profilèrent dans l’obscurité avant de se détacher dans la nuit. Une botte entra dans la lumière, puis une jambe, une cuisse musclée, et bientôt se fut un homme entier qui apparut sur le seuil. Puis un autre. Et encore un autre. Ils étaient grands, plus grands que tous les hommes déjà présents dans la taverne.

Et beaucoup, beaucoup plus redoutables.

Leurs musculatures étaient telles qu’un seul d’entre eux emplissait entièrement l’encadrement de la porte. Un détail qui les obligeait à entrer un par un et à courber l’échine pour ne pas se cogner contre le chambranle, même si en cas de choc, il était dur de savoir lequel des deux en auraient été amoché.

Oui, ces trois hommes étaient des monuments à eux tout seuls. Et pourtant, ils étaient loin d’égaler les deux spécimens qui fermaient la marche.

Le premier les dépassait d’une dizaine de centimètres. Il se trouvait moins musclé que ses prédécesseurs mais sa silhouette possédait une grâce athlétique qui leur manquait sérieusement. Là où ses compagnons utilisaient uniquement la force brute, lui combinait adroitement puissance, souplesse et flexibilité. Un trio encore invaincu si l’on en croyait l’incroyable assurance contenue dans chacun de ses gestes. Cet individu n’avait jamais connu la défaite, il suffisait d’observer la manière significative dont jouaient les muscles déliés de son torse et de ses cuisses, visibles par-delà son manteau ouvert et sa chemise fine trempés par la pluie, pour le comprendre.

Cet homme avait tout d’un prédateur hors pair, et lorsque la lumière de la taverne fit jouer des reflets dans ses boucles humides et ses yeux bruns, il devint clair pour tout le monde qu’il en était effectivement un. Un prédateur intelligent et redoutable, un loup dans toute sa splendeur : cruel en solitaire, plus fort au milieu des siens et incroyablement dangereux dans les deux cas.

Or il n’y avait qu’à voir la lueur farouche qui habitait son regard pour comprendre qu’il était justement là ce soir pour le bien de sa meute et qu’il ne reculerait définitivement devant rien pour réussir.

Cette pensée arracha une crispation de sourcils à la mystérieuse silhouette. Etait-il possible qu’ils soient venus au Chat Doré pour la même chose ? songea-t-elle alarmée.

Son mauvais pressentiment s’intensifiait encore lorsque le dernier visiteur entra enfin en scène.

Sans crier gare, alors qu’un éclair zébrait le ciel nocturne, le groupe des nouveaux arrivants se scinda en deux, laissant place à un énième compagnon qui quitta les ténèbres pour s’avancer à son tour dans la lumière. Son lourd manteau détrempé claquait sur ses cuisses puissantes au rythme de ses pas assurés.

Dès son apparition, la taverne entière retint sa respiration et la silhouette encapuchonnée elle-même se surprit à ravaler son souffle.

Cet homme était différent. Monstrueusement différent. Il incarnait à lui seul le danger réel de ce groupe.

Si le précédent était un loup alors celui-là était un lion. Il dépassait son second d’une bonne tête, ce qui en soit était déjà un exploit. Son grand corps basané était plus musclé que celui de son prédécesseur et pourtant rien qu’à ses déplacements, il était aisé de deviner qu’il était capabled’une souplesse égale à celle de son ami. Son attitude véhiculait une décontraction d’autant plus incroyable que l’air autour de lui vibrait d’une tension insoutenable. Ses boucles blondes ne prenaient pas la lumière, elles étaient la lumière. Quant à ses yeux qui rappelaient étrangement la poudre à canon, ils possédaient un pouvoir de séduction incroyable.

Oui, songea la silhouette à l’autre bout de la pièce, ses pupilles étaient capables d’attiser le feu dormant au sein de n’importe quelle femme. Et le pire était qu’il le savait parfaitement. Cet homme connaissait l’étendue de sa propre attraction et il était certain qu’il ne s’était jamais privé de s’en servir, quitte à l’utiliser comme une arme en se moquant des conséquences.

Car il n’y avait pas que sa beauté à être cruelle. Cet homme l’était tout autant. Non seulement il semblait du genre à ne reculer devant rien pour avoir ce qu’il désirait mais en plus il ne paraissait pas connaitre le sens du mot « Non ». Il était même à parier qu’on ne lui avait jamais rien refusé.

Pilleur, menteur, beau parleur, tueur, voleur… En un mot, cet homme était un pirate. Et comme tout pirate qui se respecte, il était à la recherche d’un trésor. Ici, au Chat Doré.

Contre toute attente, cette conclusion dessina un bref sourire sous la capuche. Tout cela devenait décidemment bien intéressant…

Planté devant ses hommes, le nouveau venu fit courir son regard dans la salle, embrasant tout ce qui se trouvait sur son passage. Sans avoir à demander, le jeune homme bénéficiait de l’attention studieuse de toute l’assistance. La taverne entière avait les yeux rivés sur lui. Pour le coup, même le pianiste complètement bourré avait dessaoulé en un éclair, au même titre que les autres clients.

Le tatouage morbide ancré dans la poitrine de l’homme et visible par-delà l’ouverture de sa chemise n’était qu’un indice de plus quant à son identité. Tout le monde avait bien compris à qui ils avaient affaire, leur réputation les ayant largement précédés.

Ils avaient devant eux ni plus ni moins que les quatre meilleurs hommes de l’Oasys, le navire pirate le plus redoutable et le plus recherché, tout océans confondus.

Ainsi que son terrible Capitaine…

Le vent de panique qui souffla dans l’assistance était à la hauteur du danger encouru. Tous savaient qu’on ne sortait pas vivant d’une entrevue avec l’équipage de l’Oasys. Jamais. Ces hommes tuaient pour le plaisir, quand ils ne tuaient pas pour passer le temps. Autrement dit, quelqu’un allait mourir ce soir. C’était une certitude.

Le tout était de savoir qui.

Soudain, les yeux du fauve s’immobilisèrent enfin et un bruit de verre brisé raisonna dans le silence ambiant. Le souffle court, l’ensemble de la taverne suivit son regard, curieux de découvrir l’identité du malheureux destiné à y passer en premier.

Il s’agissait d’un jeune gratte papier du comté, habitué du Chat Doré. Il avait fini son travail quelques heures auparavant et était passé comme à son habitude boire quelques verres dans sa taverne favorite, où il s’était accoudé au bar pour discuter avec le tenancier.

La silhouette encapuchonnée articula un juron silencieux. Elle avait vu juste dès le début : ils avaient la même cible. Certes la situation en devenait nettement plus intéressante, mais elle se compliquait aussi franchement...

Réfléchissant à une vitesse folle, l’inconnue sut qu’elle allait devoir revoir ses plans. Hors de question d’abandonner. Il lui suffirait juste d’aller à l’essentiel.

Autrement dit, le tout se jouerait sur le fil du rasoir.A l’autre bout de la salle, un sourire à la beauté cruelle étira les lèvres sensuelles du pirate.

 

— Messieurs, lança-t-il d’une voix forte avant de susurrer avec charme : Mesdames… Je suis dans le regret de vous informer que cet établissement vient de fermer…

 

Il y eut bref moment de flottement avant qu’un branlebas de combat sans nom n’agite l’assistance.

Il venait de lancer une invitation à s’éclipser ? On ne se le fit pas dire deux fois ! Quitte à choisir, un orage, aussi puissant soit-il, était bien moins dangereux à affronter !

Tout le monde se dirigea vers la sortie en prenant soin de contourner les nouveaux venus, y compris le tenancier qui ne montra aucun regret à délaisser son propre établissement.

Rares étaient les personnes qui avaient survécu à une rencontre avec les membres de l’Oasys. Aucun être censé n’était prêt à refuser une telle chance de s’en tirer.

A vrai dire, même leur cible tenta de profiter du mouvement de la foule pour s’enfuir mais la silhouette menaçante de l’un des pirates se matérialisa devant lui bien avant qu’il n’ait le temps d’atteindre la sortie.

Le Capitaine lui coula un coup d’œil franchement amusé.

 

— Sauf pour toi, évidemment, précisa-t-il avec une amabilité feinte.

 

Un frisson de terreur secouait le jeune homme lorsqu’il se fit légèrement bousculer. Quelques secondes plus tard, un calme plat régnait dans l’établissement. Tout le monde était sorti, à l’exception des pirates et de leur cible.

Une bourrasque glaciale s’engouffra à l’intérieur.

 

— Ils auraient pu refermer la porte derrière eux, remarqua le Second de l’Oasys en jetant un regard ennuyé à l’entrée laissée béante.
— Que veux-tu, Nick ? Les gens n’ont plus aucune éducation de nos jours. Pas vrai ?

 

Le Capitaine s’était tourné vers leur "invité". Ce dernier hocha tout de suite la tête, balançant sans le vouloir quelques gouttes de sueurs sur le plancher.

 

— Tu vois ! s’écria joyeusement le pirate en lui décochant une puissante tape dans le dos (ce qui l’envoya cogner contre la poitrine de l’homme qui lui barrait la route). Lui aussi il est d’accord !
— Qui ne le serait pas dans ces conditions, rétorqua son ami dans un soupir rationnel.

 

Abandonnant son amabilité bonne enfant, le Capitaine se tourna avec sérieux vers leur otage.— Bon ben, c’est pas le tout mais je propose qu’on en vienne au fait. T’as deux solutions, mon gars : soit tu nous donnes les clefs que j’ai si joliment entendu tinter tout à l’heure, soit tu passes dans l’autre monde tout de suite et on se charge de les récupérer sur ton cadavre. Dans les deux cas, j’ai envie de te dire qu’on aura ce qu’on est venu chercher… donc à toi de voir.
— S-si je vous les donne, je… j’aurais le droit de partir après ?
— Mais bien sûr.

 

La promesse avait été trop rapide et faites bien trop facilement. Malheureusement, elle constituait l’unique espoir du jeune homme depuis l’arrivée des pirates.

Ces derniers le regardèrent d’un air moqueur se dépêcher d’attraper le trousseau qui lui valait tous ces malheurs. Mais toutes envies de rire les quittèrent lorsqu’ils le virent, le teint brusquement blême, lancer des regards paniqués par terre, retraçant fébrilement ses déplacements des yeux.

Finalement, il s’immobilisa, une expression d’horreur incrédule sur le visage.

 

— Quoi ? lâcha le Capitaine d’un ton sec qui lui arracha un sursaut.
— Elles… elles ne sont plus là.
— Pardon ?
— Elles ne…

 

Il n’eut pas le temps de finir. Nick s’était déjà approché pour vérifier ses dires. Le Second de l’Oasys commença par le secouer sans ménagement pour essayer de retrouver le cliquetis des clefs mais changea rapidement de tactique lorsqu’aucun son ne se fit entendre.

Le jeune homme était deux fois plus petit que lui. Du coup, lorsque le pirate lui souleva la ceinture afin de jeter un œil à l’emplacement supposé du trousseau, le pauvre se retrouva perché sur une jambe, son autre pied quittant de plus en plus le sol au fur et à mesure que Nick haussait son pantalon. D’un point de vue extérieur, la scène avait un petit côté burlesque.

Pourtant les conséquences de cette situation étaient bien trop graves pour que l’un des hommes présents ne songe à sourire.

 

— Il a raison, souffla Nick horrifié. Il ne les a plus.

 

Il fit un léger signe de tête et deux hommes vinrent immobiliser le jeune homme. Puis, il se rapprocha de son Capitaine.

Ce dernier observait la scène les bras croisés. Son visage halé avait perdu toutes traces d’amabilité pour se refermer complétement, transformé en un masque d’un sérieux des plus effrayant.

Nick se plaça à son côté, épaule contre épaule, tournant ainsi le dos aux autres.

 

— Il les avait tout à l’heure, Sven, lui murmura-t-il.
— Je sais, répondit son meilleur ami d’un air sombre, le regard rivé sur ses hommes. Je les ai vu aussi.— Alors qu’est-ce que ça veut dire, bordel ?
— Capitaine !

 

Les deux hommes reportèrent leur attention sur leurs compagnons.

 

— J’ai trouvé ça parterre. Je crois que ça a glissé de la ceinture de son pantalon lorsque le Second l’a fouillé.
— C’est quoi ce truc ?
— Une plume noire, répondit son subalterne en lui apportant l’objet. Et je crois bien qu’il y a un bout de papier enroulé sur la pointe.
— Donne-moi ça, dit Sven en s’emparant de sa trouvaille.

 

Il examina la plume, la tourna et la retourna, avant de décoller puis déplier le petit mot. Il ne lui fallut pas longtemps pour s’exclamer :

 

— Oh, l’enfoiré !
— Quoi ? s’enquit Nick. Qu’est-ce qu’il y a d’écrit ?

 

Les yeux gris du Capitaine renvoyaient des éclairs.

 

— « Merci », voilà ce qui est marqué !
— « Merci » ? C’est tout ?
— Non, il y a des trucs en bas. Une signature je pense. K…B…C…
— Oh mon Dieu, je le savais ! Le Black Cat était ici…

 

Les cinq hommes se tournèrent de concert vers leur souffre-douleur. L’exclamation lui avait échappé, au même titre que ses forces si l’on en croyait la faiblesse qui venait de lui passer dans les jambes.

Il fallait le comprendre aussi : le nombre de personnalité du crime auquel il se retrouvait confronté depuis quelques minutes était tout bonnement ahurissant !

Il en serait volontiers tombé à genoux, si les pirates ne le tenaient pas déjà sous les aisselles.

 

— Le « Black Cat » ? répéta Nick, perplexe. C’est qui celui-là ?

 

Le jeune homme secoua la tête.— Je ne sais pas.
— Je te conseille de parler, l’avertit le Second de l’Oasys en jouant nonchalamment avec l’arme qu’il venait de tirer de sa ceinture.

 

La ferveur de leur otage se transforma en hystérie.

 

— Mais je vous jure, se hâta-t-il de préciser, je ne sais pas ! Personne ne le sait ! C’est un célèbre voleur qui œuvre depuis quelques années. Il fait partie des criminels les plus recherchés ici, sur terre. On dit qu’il peut voler n’importe quoi, à n’importe qui, n’importe quand. Personne ne sait à quoi il ressemble. Ce… C’est…

 

Il avala difficilement sa salive.

 

— Ce type est un fantôme.

 

Un fantôme ? Le regard farouche, les doigts de Sven se refermèrent sur la plume.

 

— Pas encore, gronda-t-il le poing crispé, mais tu peux me croire : il ne va pas tarder à le devenir.

*

Le fort de San Andreas était une véritable légende dans le domaine pénitentiaire. En l’espace de trois siècles, la prison avait su se construire une réputation quasi mythique de forteresse inviolable.

Malgré toutes les personnalités du crime qui s’étaient succédées entre ses murs au fil des années, aucune tentative d’évasion n’avait jamais porté ses fruits. Il se racontait aux quatre coins du pays que les portes des enfers elles-mêmes avaient laissé filtrer plus de détenus que les portes de San Andreas.

Située d’un côté au terme d’une colline au chemin escarpé et surplombant de l’autre une mer enragée, son emplacement y était pour beaucoup. La nature s’était elle-même chargée de protéger les accès de la prison. Tout assaillant par voie terrestre se retrouvait à la merci des troupes postées sur la muraille Ouest, tandis que ceux qui choisissaient la voie maritime se tenaient dans l’incapacité de s’approcher de la falaise, complètement impuissants face aux courants et récifs qui entouraient le bras de terre.

Par définition, San Andreas avait donc un système de sécurité inviolable.

Avant aujourd’hui, la silhouette avait souvent entendu les rumeurs concernant ce fort imprenable. Bien sûr, elle en connaissait les louanges, mais elle savait également ce qui se racontait sur sa chute inattendue.

Car, telle une Babylone invaincue, la prison était tombée en l’espace d’une nuit, avec une facilité aussi soudaine que déconcertante.

Il se racontait que cinq ans plus tôt, un navire pirate en avait défié la légende. Son capitaine et son équipage se consacraient alors à une chasse à l’homme depuis plusieurs mois. A cette époque et pour une raison qui n’appartenait qu’à eux (voir même sans aucune raison selon lesversions), ces pirates cherchaient inlassablement à liquider un homme. Cependant, ce dernier ayant des relations haut placées, le gouvernement s’était laissé convaincre de s’inquiéter de sa sécurité. Et au vu de la réputation de ses poursuivants, un seul endroit dans tout le pays pouvait se vanter d’être capable de le protéger : San Andreas.

Malheureusement, le gouvernement avait oublié de prendre en compte un détail : contrairement aux autres fois, San Andreas n’allait pas devoir subir une tentative d’évasion mais une tentative de meurtre, ces deux situations appelant des méthodes sensiblement différentes.

C’est ainsi que, faisant fi des dommages collatéraux, l’Oasys et son équipage, puisqu’il s’agissait de lui, se contenta simplement de lancer une salve de boulets de canons en direction de la prison. Le tout à une distance de sécurité suffisante pour ne pas tomber dans les pièges maritimes entourant la falaise.

Au dernier obus, San Andreas n’était plus. Les deux tiers de la prison s’étaient effondrées dans la mer en même temps qu’une bonne partie de la falaise censée la soutenir. Quant au tiers restant qui comprenait la muraille Ouest et son accès terrestre, il s’en trouva réduit à un amas de ruines fumantes et inutilisables.

L’histoire de la chute éclair de San Andreas fut portée par les rares survivants. Ce jour-là, seule une vingtaine de personnes survécurent à l’attaque de l’Oasys. Parmi eux se trouvaient principalement des prisonniers et bizarrement, en dépit du côté traumatisant de la chose, chacun garda de l’épisode un souvenir étrangement ému.

A vrai dire, quelles que soient leurs versions des évènements, tous tombèrent d’accord sur un point : le célèbre navire pirate était le héros de l’histoire. Non seulement ils avaient réussi à vaincre cette forteresse invaincue, cette véritable légende carcérale triple centenaire, mais en plus ils avaient offert à ses détenus une chance inespérée de recouvrer leur liberté.

Car il ne fallait pas oublier que la violence de leur méthode mise à part, l’Oasys et son équipage leur avaient tout de même fourni une occasion rêvée d’échapper à la potence. Pour des personnes qui en passant les portes de San Andreas avaient perdu tout espoir d’en sortir vivants, la démolition de la prison se faisait inespérée, et ce même s’ils étaient à l’intérieur au moment des faits.

Quant aux victimes du bombardement, leur date d’exécution s’en était simplement retrouvée avancée. Une aubaine qui leur avait au moins permis d’échapper à l’enfer de la potence et son humiliation publique…

 

Oui, la silhouette connaissait les histoires qui se racontaient sur San Andreas. Pourtant, debout au milieu des ruines, elle fut réellement frappée par la désolation des lieux.

La grande et forte muraille n’était plus qu’un tas de pierres usées par l’air salin, tout comme la majeure partie du bâtiment à vrai dire. La falaise, gravement touchée lors du bombardement, avait continué à se dégrader. Un nuage de poussière empoisonnait l’air, enveloppant le site d’un brouillard opaque qui prenait les visiteurs à la gorge.

Tout, absolument tout, n’était plus que ruines.

Et pourtant…

Si elle n’avait pas lu de ses yeux les rapports cachés dans le bureau du gouverneur, jamais elle n’aurait pu deviner qu’en ces lieux une partie de l’ancienne prison continuait de tourner.

 

Car ce que personne ne savait, c’était que quelque part, dans les tréfonds des vestiges de San Andreas, un groupe de cellules se trouvaientencore actives.

Et dans l’une d’elle se trouvait celui qu’elle était venue délivrer au péril de sa vie.
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Spoiler(cliquez pour révéler)
— Donc. Ma question.
— Demande-moi ce que tu veux.
— Quand est-ce qu’on va se marier ?
Les yeux de Venom pétillèrent. Il cilla. Il ouvrit la bouche – une fois, deux fois… trois fois – avant de la fermer et de rester muet.
— Je veux dire…
Elle voulut se rattraper, nerveuse. Elle se mordilla l’intérieur de la lèvre inférieure et chercha ses mots. Elle avait pourtant répété son discours encore et encore. Mais rien ne vint. Chacun des mots patiemment choisis l’avait abandonnée. Elle se racla la gorge pour gagner du temps et se lança.
— J’ai parlé avec les filles, elles ont toutes des marques d’union, mais je n’ai pas osé les interroger à ce sujet. Ou sur la cérémonie. Mais je… C’est juste que… J’aimerais savoir si… si…
— Tu veux qu’on se marie ?
— Oui.
— Dieu merci !
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Ses yeux s’ajustèrent à la lumière tamisée, puis il remarqua la femme qui se tenait à l’autre bout de la pièce, en train de regarder par la fenêtre et…
Elle se tourna. Des yeux sombres rencontrèrent les siens. La respiration de Venom se bloqua.
— Putain de merde ! murmura-t-il, ne comprenant pas ce changement.
Les pieds collés au sol, il déglutit et, incapable de la quitter ses yeux, essaya de faire redémarrer son cerveau. Difficile. Et c’était encore plus dur à accomplir parce que ce n’était pas la femelle qu’il avait rencontrée en bas. Pas Trixie. Quelqu’un d’autre et – oh, bon sang ! – à encore plus haute énergie que son amie dans le hall. Venom ravala un grognement tandis que son dragon s’éveillait et fixait son attention sur elle, le poussant à se rapprocher pour voir si le Méridien lui mettrait un coup de jus. Éternel. Magnifique. Le pouvoir pulsait dans son aura, un vert doux qui la faisait luire de l’intérieur. Qui lui faisait la désirer tellement qu’il en salivait.
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