Ajouter un extrait
Liste des extraits
Vous avez beau vieillir, quel que soit l'âge que vous atteignez, vos parents l'auront atteint avant vous, seront déjà passés par là, et ça a quelque chose de réconfortant. Comme un sentier que vous ne connaissez pas, dans la forêt, sur lequel il y aurait des traces de pas qui vous diraient que quelqu'un l'a déjà emprunté. Jusqu'au jour où vous arrivez à l'endroit où ces traces s'arrêtent.
Afficher en entierQuand quelqu'un disparaît de votre vie, vous vous attendez à ce que cela change tout, à tout jamais, et, d'une certaine façon, c'est bien ce qui se passe. Mais pas autant que vous auriez pu le croire. Une personne meurt, et les chiens ont quand même besoin qu'on les nourrisse. La merde a quand même besoin d'être pelletée. On continue à manger, à dormir, à se réveiller. La neige fond, les arbres et l'herbe reverdissent, les jours rallongent puis racourcissent. La neige revient, presque un an a passé, et on se surprend à continuer à vivre, malgré le pire.
Afficher en entierMon couteau, seule chose brillante dans le blanc et le noir. La lame qui luit alors que je décoche mon geste, trace une ligne droite en travers de son cou qui s'ouvre comme une bouche.
Afficher en entierOn avait dressé notre campement et couché tous les chiens, puis on s'était bricolé notre dîner et on était assis devant le feu avec nos tasses de chocolat tout chaud sorti de la bouteille thermos. On parlait du genre de choses dont on parle quand il fait noir, que le feu crépite et que vos chiens soupirent dans leur sommeil. Ces choses que l'on ne se rappelle pas ensuite, parce qu'on ne se souvient que de l'atmosphère, et du son -- deux voix basses à la lueur des flammes.
Afficher en entierSi je pouvais m'arrêter où je veux et m'abstenir de raconter le reste, c'est là que je choisirais de finir. J'en appellerais au grand gel qui s'annonçait, et je laisserais la glace et le neige nous figer exactement tels que nous étions ce jour-là, alors qu'un bonheur silencieux s'était emparé de moi, quelque chose qui ressemblait plus à de la justesse, et je n'aurais su dire s'il s'agissait de ma propre sensation, ou de celle de Su, ou de celle de Jesse. Le constat d'être revenu en un lieu que vous savez être le vôtre. Où vous savez qu'on vous désire et qu'on vous aime.
Afficher en entierJe me sentais déjà trop loin de lui, dans une pièce à part, sans fenêtres, sans portes. Je me sentais comme toujours avec les gens, je ne sondais que des surfaces, je collais mon oreille contre un mur pour entendre le marmonnement qui émanait de l'intérieur. En regrettant de ne pas pouvoir fabriquer de porte, trouver un chemin vers le dedans.
Afficher en entierLe jour de Thanksgiving, la cuisine embaumait d'odeurs qui me rappelaient l'époque d'avant qu'on se débarrasse de tous nos assistants, quand Papa invitait les petits jeunes et Aaron à dîner et que Maman était encore heureuse et en pleine forme, qu'elle préparait des festins et que la maison se remplissait de voix. En général, je n'aimais pas quand il y avait tout ce monde, mais dans ces moments-là Maman souriait, riait, et Papa racontait ses aventures sur les pistes, tout le monde mangeait gaiement, se passait les plats, et la maison irradiait de lumière et de chaleur.
Afficher en entierLe sourire de Papa s’est un peu estompé, mais son ombre est restée.
Afficher en entierSur le chemin du retour, nous sommes tous devenus silencieux, comme il arrive parfois à un groupe de marcheurs une fois passé le début de la randonnée, quand les muscles sont juste un petit peu fatigués et que les mots se font dépasser par ce que l’on a autour de soi, les arbres, la neige, les roches et le ciel.
Afficher en entierMais tu te rends assez vite compte que tes enfants sont attirés par des trucs bien à eux. Et c’est pas grave, au fond, du moment qu’ils sont heureux.
Afficher en entier