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-- Alec et Liliane --

Il fixait sur elle un regard intense, scrutant son visage comme pour en mémoriser chaque trait, et elle l’imita, s’abreuvant de sa force, de sa beauté.

— À vous, répéta-t-il. Elle secoua la tête.

— Mais c’est moi qui suis enveloppée dans vos couleurs. Ses yeux glissèrent sur ses seins nus, sur le tissu étalé autour de sa taille. Il le frôla du bout des doigts avant de la dévisager de nouveau, l’air perplexe.

— Ce n’est pas mon tartan. Ce sont bien les couleurs des Stuart, mais il est beaucoup trop doux.

— C’est du cachemire. La modiste me l’a donné ce matin… Elle s’interrompit, refusant de penser à la couturière. Aux raisons pour lesquelles elle était allée chez elle. Une robe pour le théâtre. Un trousseau. Refusant de penser à cette autre femme qu’elle avait vue là-bas.De toute façon, Alec ne lui en laisserait pas l’occasion. Son beau regard l’enveloppa.

— Vous saviez que cela me tuerait.

Lily sourit.

— Je l’espérais.

Il déposa un baiser sur son épaule.

— Ceci, chuchota-t-il contre sa peau. Voilà ce que j’ai vu en entrant dans cette chambre. Cette épaule nue parfaite sous mon tartan. Et vous… Ses lèvres descendirent le long de sa clavicule, vers le renflement de son sein.

— Vous êtes… aussi belle qu’une reine d’Écosse.

Il aspira le téton entre ses lèvres, l’agaça jusqu’à ce qu’il durcisse, le suça, le tira, le mordilla. C’était une torture aussi délicieuse qu’insoutenable. Elle aurait dû avoir honte. Mais avec Alec, rien ne paraissait honteux. Ni mal.

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Cet homme était fou, assurément. D'abord, il lui faisait l'amour, puis le lendemain matin, il lui recommandait de mettre en avant ses meilleurs traits pour séduire un autre homme, avant de faire son possible pour écarter l'autre homme en question - qui semblait un parti plus que convenable, pour ne pas dire excellent.

Voulait-il qu'elle se marie ? Ou pas ?

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J'ai mieux à faire que vous suivre.

Son cœur se serra et elle eut de nouveau du mal à respirer.

— Il est parti, dit-elle doucement.

— Il a filé comme un pet sur une toile cirée, dit Sesily.

Cette repartie provoqua une nouvelle agitation parmi les gens toujours rassemblés autour d’eux.

— Oh, je vous en prie, je n’ai pas le droit d’évoquer une simple manifestation corporelle ? Pourtant, vous ne trouvez rien de choquant à ce qu’on parle de transpiration, de larmes ou de…

— Rots, proposa Seline, déclenchant une nouvelle vague de protestations outrées.

Lily toussa pour couvrir son rire.

Lord Stanhope l’aida à se relever, puis murmura non sans amusement :

— Voilà qui devrait disperser cette foule assez rapidement.

Elle sourit.

— Eh bien, elles n’ont pas tort.

— Bénéficier du soutien des sœurs Talbot semble offrir certains avantages.

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Et il était là pour se rappeler qu’elle n’était pas pour lui. Que chaque fois qu’il la touchait, il la souillait.

— Je ne suis pas ici pour vous, dit-il froidement.

Elle arqua un fin sourcil blond.

— En êtes-vous sûr ?

— Certain.

Elle soupira, nullement émue ou vexée.

— Dans ce cas, vous me faites perdre mon temps, chéri. Pourquoi êtes-vous là ?

Pourquoi en effet ? Que cherchait-il ici ? Margaret lui avait-elle jamais donné ce qu’il voulait ? Elle n’attendit pas sa réponse, enchaînant aussitôt :

— Si vous n’êtes pas ici pour jouer, vous devriez retourner auprès de votre pupille scandaleuse.

Il sursauta.

— Pardon ?

— Il me semble que vous avez montré très clairement chez les Eversley que vous étiez prêt à tout pour cette fille. Y compris à vous donner en spectacle. Vous avez pourtant appris voilà des années ce qu’il en coûte de vous donner en spectacle.

Elle s’interrompit un instant avant de reprendre :

— J’avoue que si j’avais su qu’Alec Stuart – sans famille, ni argent – deviendrait duc un jour et se retrouverait la tête d’une fortune, j’aurais sans doute reconsidéré votre si délicate proposition.

Elles l’auraient toutes fait. Et sa vie aurait été différente. Elle n’aurait pas été jalonnée par cette longue liste de femmes qui ne le jugeaient bon qu’à certains jeux.

Margaret lui offrit un sourire froid et laid. Il lui vint à l’esprit qu’elle devait se croire belle – qu’il l’avait lui-même cru autrefois. Désormais, il savait ce qu’était la beauté. Elle était faite de force, de fierté et possédait des yeux couleur de mer d’Écosse.

— Cela vous aiderait-il, reprit-elle, de savoir que votre proposition a été la plus charmante de toutes ? Je m’en souviens encore. Je ferai tout pour vous. Nous serons heureux jusqu’à la fin de nos jours. Tss, tss… Si jeune, si naïf et si peu au fait des femmes et du monde.

Pendant une fraction de seconde, il eut de nouveau quinze ans et fut de nouveau ce garçon idiot.

— Cela fait des années que j’ai compris la leçon s’agissant des femmes.

— Et nous autres, femmes, répliqua Margaret, savons à quoi nous en tenir s’agissant de vous, n’est-ce pas ?

Et voilà. C’était cela qu’il était venu chercher. La raison de sa présence ici ce soir : le rappel de sa position. De la vie qu’il n’aurait jamais. Malgré tout, il résista.

— Vous ne savez rien de moi.

Elle lâcha un petit rire moqueur.

— J’en sais plus qu’elle… À moins qu’elle n’ait déjà chevauché la Brute écossaise ?

Il étrécit les yeux, incapable de masquer sa honte et sa rage. Incapable de dissimuler la vérité à Margaret.

Celle-ci afficha une moue parfaite.

— Oh, chéri, toujours aussi adorable ! Vous avez des sentiments pour la fille.

— Non.

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