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Aneesa Adani vivait un cauchemar éveillé. Escortée par sa sœur cadette et ses tantes, elle marchait à pas lents tout en s’efforçant de surmonter l’angoisse qui l’oppressait.
Son sari d’apparat entravait ses mouvements, tandis que les lourds bijoux dont elle était couverte depuis le sommet du crâne jusqu’aux poignets l’écrasaient de leur poids.
Réprimant une envie impérieuse de prendre la fuite, elle se maudit pour la énième fois. Si seulement elle n’avait pas été aussi aveugle ! Sans sa naïveté impardonnable, elle n’en serait pas là…
Elle sentit qu’on la poussait doucement et déboucha du couloir dans la majestueuse cour intérieure éclairée par des myriades de lanternes. A la vue de son futur
époux, de ses parents, de la foule assemblée au cœur d’un des hôtels les plus chic de Bombay, sa peur se mua en panique. Elle s’apprêtait à commettre une erreur irréparable…
Comment avait-elle pu laisser son inconscience la conduire à un tel désastre ?
L’estomac noué et les jambes tremblantes, elle dut faire appel à toute sa volonté pour continuer d’avancer. Dans le silence qui s’était abattu sur l’assistance à son arrivée, elle avait l’impression que les battements de son cœur résonnaient comme un roulement de tambour.
Afficher en entierJamais il n’avait pris une douche aussi rapide, songea Sebastian en s’essuyant en toute hâte. Ni aussi indispensable… Le recours à l’eau froide s’était imposé pour étouffer le désir que lui inspirait Aneesa Adani. Dès qu’il avait posé les mains sur elle, il avait failli perdre le contrôle de lui-même…
Il sentait encore le contact furtif d’un sein, la caresse de ses cheveux soyeux, le contact de son corps souple contre le sien… Transpercé par une nouvelle flèche de désir, Sebastian réprima un juron. Il enfila un pantalon noir et une chemise blanche avec une moue d’autodérision. A en juger par le mouvement de recul qu’elle avait eu une fois assise, elle ne partageait pas du tout son attirance…
Encore heureux ! se fustigea-t-il aussitôt. Ce n’était pas le moment de jouer les séducteurs ! Que diable faisait-elle chez lui ? En ce moment même, elle aurait dû se trouver dans la cour intérieure, rayonnante de bonheur au bras de son époux. Pas dans la suite Grand Wolfe, avec la mine défaite de quelqu’un qui vient d’échapper de justesse à une terrible catastrophe…
De toute évidence, il ne s’était pas trompé. La peur qu’il avait lue dans son regard un peu plus tôt était bien réelle. Et ses lèvres… Il n’avait pas rêvé. Elles avaient bel et bien tremblé. Sebastian réprima un nouveau juron. Le seul fait d’y penser ravivait l’envie irrésistible qu’il avait eu alors de s’en emparer…
Il venait de terminer la première série de longueurs de piscine censées l’apaiser lorsqu’elle avait fait irruption sur la terrasse. Sur le coup, il avait pensé à une hallucination. Il avait cru que la folie le guettait. Et s’il avait parlé à haute voix, c’était pour faire disparaître cette vision. Quand elle avait crié, il avait compris qu’elle était bien réelle et il avait reçu une décharge électrique. Pourquoi cette femme le mettait-elle dans cet état ? Il fallait absolument qu’il retrouve son sang-froid habituel.
Prenant une profonde inspiration, Sebastian regagna le salon.
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