Extraits

- Alors, comment ça s’est passé la réunion parents-profs de Mark ?

- Ça a été. Il a toujours du boulot à rattraper, mais ils disent qu’il bosse dur. C’était bien.

- Est-ce que t’as mentionné à quelqu’un qu’on était, euh, gay ?

- Non. Comme tu le sais, Mark préfère qu’on fasse profil bas à l’école.

Qu’est-ce qui t’a fait penser que j’aurais pu le faire ?

Est-ce que quelqu’un lui avait fait une remarque ?

- Eh bien, j’ai plus ou moins dit au coiffeur que Torey était la fille de mon petit ami.

- Sans déconner ?

Ça lui faisait plaisir. Il aimait l’idée que Ryan parle ainsi de lui à un étranger.

- Et ? Tu crois qu’il lui a fait cette coiffure bizarre pour se venger ?

Ryan expira brusquement.

- Arrête ça ! C’était ce que Torey voulait. Et de toute manière, c’est à mon coiffeur que j’en ai parlé, pas à la sienne.

- Le tien en tout cas a fait du bon boulot.

Il glissa sa main dans les cheveux sombres de Ryan pour les ébouriffer, ces derniers retombant souplement en place.

- Ça te va bien.

- Il a trouvé, lui aussi. Il s’est proposé pour se joindre à nous au lit si jamais il nous prenait l’envie d’inviter un troisième mec.

- Il a quoi ?

Les doigts de John se resserrèrent sans faire gaffe ; Ryan lui attrapa aussitôt le poignet.

- Attention, m’écrase pas.

- Désolé. Mais… répète ?

- En y repensant, c’est plutôt flatteur.

Le ton de Ryan était assez taquin pour qu’il se détende. Si la proposition avait été sérieuse, il n’aurait pas plaisanté à ce sujet.

- Il était d’accord pour coucher avec toi sans même t’avoir vu, parce qu’il trouvait que j’étais carrément canon.

- Très bien, dit John avec lenteur en essayant de rentrer dans le jeu. Il était mignon ? On doit le mettre sur notre liste ?

Ryan roula prestement pour le plaquer au lit. Il l’embrassa sans attendre, avec férocité.

- Même pas en rêve, môssieur le jardinier. T’auras qu’un seul homme dans ton lit et cet homme, c’est moi.

John chassa ses lèvres et se tendit pour lui rendre son baiser.

- Parfait.

- Même si l’espace d’une seconde je me suis dit que ça pourrait être érotique de te regarder le sauter…

- T’es sérieux ?

-… jusqu’à ce que je réalise que j’essayerais de le buter.

Ryan l’embrassa à nouveau, plus lentement et plus doucement.

Il serra le bras de John contre son torse.

— Comment est-ce que j'ai fait pour te trouver ? Je ne cherchais même pas. Je n'ai jamais rêvé obtenir tout ça. Et pourtant, t'es là.

John frotta son menton contre son cou.

— Nous sommes là. Je présume que j'ai dû faire quelque chose de bien dans une vie antérieure.

— Je valide.

Ryan ferma les yeux. Juste une minute.

— Tu nous réveilleras avant que Mark rentre ?

— Ouais. Dors si tu veux.

Ryan n'avait rien foutu de la journée et n'avait pas fait grand-chose au lit, mais il se sentit pourtant fusionner avec le matelas, lové tout contre John.

— Hm. Bonne idée.

— C'est glauque si je dis que j'aime te regarder dormir ?

Ryan remua pour se caler encore davantage contre lui.

— Repose-moi la question quand je me réveillerai.

Ryan planta son regard dans le sien. Qu’est-ce que son père avait insinué déjà ?

— Je veux que tu saches que je ne pense pas que ça… toi et moi… soit une passade de fac. Et tu n’es pas l’équivalent gay de cette espèce de vache à six pattes qu’Ellen avait convaincu Drew d’acheter.

Les lèvres de John frémirent.

— C’est bon à savoir.

John se retrouva planté tout seul dans l’entrée.

— Ben, merde. Je suis quoi, moi ? La parfaite petite ménagère ? « Tu m’appelles quand le dîner est prêt ? », vraiment ?

Ce n’était pas du tout parce qu’il redoutait d’entendre ce que son père allait lui répondre. Non, il n’avait pas peur. Il pressa le téléphone silencieux contre son oreille.

— Tu vois quelqu’un, Ryan ? lui avait demandé son père un instant plus tôt.

— Quelqu’un de très cher, avait-il répondu en se jetant enfin à l’eau. Papa, j’ai rencontré un homme…

Depuis, il attendait.