Extraits

Parfois , le dimanche , elle se rendait sur les quais de la Garonne avec son fils et elle regardait indéfiniment couler cette eau qu'elle avait contemplée avec Étienne , si souvent à Montalens comme à Toulouse , se demandant comment il était possible de se retrouver sans lui aujourd'hui alors qu'ils ne s'étaient jamais quittés vraiment. La guerre . Toujours la guerre . Quand donc allait-elle cesser ? Et si Étienne ne revenait jamais ?

Il avait reçu la veille une lettre de Mélina lui annonçant qu'ils avaient un fils , que tout c'était bien passé , et il avait fêté la nouvelle à la cantine avec ses camarades , non sans s'interroger au sujet des deux femmes seules : sa mère et sa femme à Toulouse , si loin de lui . Est-ce qu'elles ne manquaient de rien ? Mélina lui disait-elle toute la vérité ?

- Je n'en peux plus! lançait-il à Louis chaque matin. Demain, je m'en vais

- Ne dis pas de bêtises, répondait Louis. L'hiver va arriver. Patiente au moins jusqu'au printemps.

- Je ne peux pas.

- S'ils te reprennent, ils nous sépareront et nous enverront dans une usine ou dans un camp de représailles. Ici, au moins, on ne risque rien et on mange à notre faim.

- Et on travaille pour les allemands.