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De sa besace en cuir, il sortit deux sandwichs, bien emballés et du chou au vinaigre. Il coinça une bouteille de verre remplie d’eau entre ses cuisses.
« Tu avais tout prévu, je vois.
- Tout ! Qui sait, nous aurions pû nous perdre pendant des jours.
- Et nous aurions vécu de deux sandwichs et d’un peu de choux ?
- Non, d’amour et d’eau fraîche. »
Je ne pus m’empêcher de me retourner brusquement vers lui, mais indifférent, il venait de croquer dans son sandwich. Je fis de même. Ma cuisse touchait la sienne, son genou contre le mien, feignant tous les deux de ne pas y faire attention. Et pourtant, une tension naissait entre nous, indéniable tant elle était palpable. On m’en avait parlé de cette tension, celle qui rendait les adolescents fous quand ils connaissaient leur premier émoi. Je la découvrais avec lui, cette force de la passion, de l’attirance physique, le besoin de contacts, de passion charnelle.
Moi qui avais toujours vu les rapprochements physiques et le sexe, comme quelque chose de bestial, primitif, d’inutile à une vie heureuse, j’en découvrais une toute autre idée alors qu’il touchait simplement mon genou. Même si je savais cela interdit, sa simple présence ébranlait toutes mes convictions. Elles venaient donc de là toutes ces mises en garde contre l’amour, ses dangers et sa perfidie. L’amour rend aveugle, l’amour rend bête.
Et pourtant, en cet instant, il ne m’inspirait rien de cela.
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