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- Je te remercie, mais ça fait belle lurette que tout le monde a comprit que je ne suis que votre secrétaire, répond-il avec un air pincé. Soyons honnête mon pouvoir hiérarchique sur vous est égal à celui que j’ai sur ma femme. C’est à dire aussi efficace qu’un pet de lapin
Afficher en entier– Des rations de combat ? je grimace.
– Je ne sais pas cuisiner. On nous livre des barquettes scellées préparées par un chef dans nos appartements, mais il n’y en a pas ici. C’est pratique les rations.
Je n’ai pas l’intention de jouer la précieuse pour le décevoir quand il souhaite s’occuper de moi, alors je m’assieds à ses côtés en grommelant que ça ira très bien. Je déteste les conserves, civiles ou militaires. Certains de mes camarades se régalaient avec nos rations sur le terrain, il n’y a pas moyen en ce qui me concerne. Même les pâtes de fruits, je n’aime pas. Au moment des repas, je comptais beaucoup d’amis, tous très intéressés pour piocher tout ce que je ne voulais pas.
Je suis affreusement pénible pour tout ce que je dois manger depuis ma naissance, je rendais mes parents fous. Ceci pour vous expliquer l’ampleur de mon mensonge et le calvaire qui m’attend pour avaler ça devant lui en donnant l’impression de me délecter. Il m’aurait préparé des salsifis bouillis, ça aurait été pareil.
Malgré tout, j’ingurgite chaque bouchée en dissimulant mon dégoût pour ne pas le froisser, je me hâte pour abréger cette épreuve gustative. De son côté, il engloutit son plat en trois coups de fourchette avec enthousiasme.
Mais comme cette journée extraordinaire finit de façon merveilleuse ! Vraiment !
.....
Je marque des points en prenant soin d’elle. Ou plus exactement, j’en regagne. Maintenant, elle sait que je me préoccupe de son bien-être. En plus, elle aime mon repas. Je ressens une grande satisfaction à la voir engloutir rapidement le contenu de son assiette. Ou de sa boîte, c’est pareil. Puisque cela lui fait plaisir, je vais lui en préparer plus souvent, elle appréciera mes efforts.
Afficher en entier« – L’autre jour, je vous avais demandé de me montrer le fonctionnement de la base de données, dit-il en se levant.
– Exact, je réponds en le surveillant du coin de l’œil.
Méfiante, je m’empresse de faire pivoter l’écran sur le côté pour qu’il ne vienne pas se placer derrière moi, et en profiter pour tenter une approche. Lorsqu’il arrive devant le bureau, il détruit mon plan juste d’une main sur le moniteur qu’il repositionne face à moi. Je suis grillée.
Pire, maintenant qu’il a identifié mon trouble, il va en abuser. Ok, les choses sont claires. Il met un terme à mon temps de réflexion sans pression. Nous entrons dans la phase deux. Il part à l’assaut de ma personne. Que Dieu me vienne en aide.
Il se poste dans mon dos puis se penche sur moi. Je lutte pour que ma respiration ne se transforme pas en halètement. Vite ! Me concentrer sur l’écran, c’est l’unique issue de secours.
– Donc, vous lancez la base de données avec cette icône, dis-je rapidement en la pointant du doigt.
Il se rapproche tant que sa chaleur m’enveloppe.
– D’accord. Et ensuite ? répond-il en plaquant une main sur le bureau pour m’encadrer « encore plus.
Mais quel forceur !
– Vous l’ouvrez.
C’était ma voix ce petit cri de souris ?
– Très utile comme consigne. Donc, je pose mon doigt sur la souris et je double-clique, c’est bien ça ? ricane-t-il.
– Au moins, cela vous changera de la gâchette de votre fusil, je rétorque d’un ton pincé.
– Vous avez raison. Je dois entraîner mon doigt à un nouveau mouvement. En général, je ne tire qu’une fois, puisque je suis dans le mille à tous les coups.
– Voilà ! Entraînez-vous donc.
– Quand vous voulez et il me faudra beaucoup de séances, murmure-t-il en effleurant ma joue.
Le vilain traître ! Je pourrais le mettre au pluriel, d’ailleurs. Condor pour foncer de la sorte droit dans mes hormones, et mon corps pour me lâcher sans même se défendre. Je serre les dents pour reprendre contenance, puis j’embraye sur la suite des explications.
– Là, il faut saisir le mot de passe.
– Il me donnera accès à tout sans réserve ? ose-t-il souffler contre mon oreille.
Il utilise la méthode des doubles sens, il m’agace à progresser aussi vite. Je commence à me demander s’il n’a pas profité des deux semaines de répit pour lire « le manuel du parfait dragueur.
– À la base de données, oui, je réponds pour resituer le dialogue.
– Quel est le mot de passe, Sabine ? Comment puis-je entrer dans cette merveille ?
Mais il est infernal ! Sabine ! Reste concentrée sur l’écran, pas sur les images interdites aux mineurs que sa voix caressante fait naître. Le mot de passe, donc. Subitement, je blêmis d’effroi. Oh non ! Mais quelle imbécile je suis ! Quand je l’ai inventé, je n’ai pas pensé qu’il faudrait aussi le leur confier. Maintenant, me voici sévèrement dans la mouise.
– Sabine ? Vous êtes avec moi ?
Oh que oui ! Même beaucoup trop pour ma santé mentale. Bon, je n’ai pas le choix, je dois maintenant assumer en dévoilant le mot de passe maudit.
– « Mes-3-lapinous_armés », je marmonne.
Puis je le tape en espérant qu’il n’insiste pas. Il y a un moment de silence, je patiente avec le regard rivé sur l’écran. Je crains qu’il ne pique une colère liée à ce choix tout à fait grotesque. Cette douille qu’il va me passer d’ici quelques secondes, je l’aurais bien méritée. Il se redresse d’un coup, je m’attends à recevoir une claquounette sur la tête, mais non. C’est bien pire que ça.
Il éclate de rire. Stupéfaite par ce son inconnu, je lève les yeux. »
Afficher en entier– Arrêtez de jacasser ! crie l’instructeur. On vous attend, il faudrait commencer à courir maintenant !
– Mais on court, là ! nous justifions-nous d’une seule voix.
– Ça m’étonnerait, on vous suit en marchant. Il va vraiment falloir y aller. On se bouge, go !
Avec la sensation d’être poussées, nous vérifions derrière. Ils forment un bloc pour nous obliger à accélérer. Leur attitude déterminée fait son effet, je m’affole.
– Mais ils vont nous piétiner !
– Ils sont fous ! confirme Sylvie qui passe la vitesse supérieure.
Afficher en entierMon Condor est en train d’exécuter des pompes. Comme à chaque fois, je suis happée par ce corps sublime. J’oublie tout le reste. Il enchaîne les mouvements à une vitesse surprenante sans donner l’impression de forcer, pas plus que s’il buvait le thé. Quand moi, je dois me concentrer pour conserver la bonne position, lui, il dépose le téléphone sur le plancher pour lire pendant son exercice. Ce frimeur va même jusqu’à se tenir sur une main afin d’utiliser la seconde pour faire défiler le texte sur l’écran.
– Je pourrais m’asseoir sur ton dos pour ajouter du poids, je propose.
– Tu ne pèses rien du tout, ça ne changerait pas grand-chose.
Mais quel crâneur ! Sinon, sa remarque est plutôt sympa pour moi. Pas voulue de sa part, mais agréable à entendre.
– De plus, les exercices risquent de virer sur un autre thème, précise-t-il d’une voix traînante.
Encore une gentille remarque. En fait, il dispense des compliments sans s’en rendre compte. Comme ils sont spontanés, ils ont plus de valeur.
Afficher en entier" Le jour ou quelqu'un me marche sur le pied par mégarde, je n'ose imaginer leur reaction. Ils vont lui jeter une grenade entre les jambes pour lui apprendre à lever les pieds? Ils sont fous."
Afficher en entierIl a raison, c’est évident que Condor est persuadé de m’accorder une faveur. Ce type qui est encore en vie malgré son métier le doit beaucoup à sa condition physique parfaite. La pratique du sport est certainement son seul loisir, donc, c’est plus logique pour lui que de m’offrir une boîte de chocolats. Même si j’ai une nette préférence pour ces derniers.
De plus, dans l’armée, le sport est compté en heures de service, ce qui montre l’importance qu’on lui accorde et le souhait d’avoir des hommes en forme. Refuser d’en pratiquer est une très mauvaise idée qui serait stipulée dans mon dossier. Soit, allons courir !
En revanche, je vais profiter de notre proximité pour qu’il intègre quelques petites choses sur la vie des gens comme moi, le commun des mortels. Je vais y aller par doses homéopathiques, mais tenter quand même. Avec le temps, il s’humanisera peut-être un peu. D’ailleurs, débutons tout de suite.
Ne sachant pas s’il est reparti, j’utilise la messagerie privée. Bon, c’est aussi parce que je suis un chouia pétocharde face à lui et bien moins par écrans interposés.
[SC : Merci. Mais le GIGN, c’est beaucoup trop.]
[CD : Le meilleur n’est jamais trop.]
[SC : Un cours de Zumba aurait été suffisant.]
[CD : Ce n’est pas fait pour agiter votre cul, mais activer vos jambes.]
[SC : Ils vont mourir de rire. Je vais être ridicule.]
[CD : Ils vont vous aider à progresser.]
[SC : Mais non. Pour avancer plus vite, ils vont me porter !]
[CD : Non, ce serait contreproductif. Vous manquez parfois de jugeote.]
[SC : Je veux dire que je vais les ralentir.]
[CD : Ils vous pousseront, justement.]
Qu’il est obtus ! C’est un véritable dialogue de sourds.
Afficher en entier– Je vous promets de travailler l’effet que vous avez sur moi. Si je veux tenir plus d’un an ici, il faudra bien.
Ma tentative d’humour est bien ridicule avec cette voix chevrotante que je ne reconnais pas.
– Je vous conseille de tenir plus longtemps, ce serait dommage de mourir si jeune.
Lui, il est tranquille, ce qui me met encore plus mal à l’aise.
– N’est-ce pas ? je ricane nerveusement.
– De plus, vous ne pouvez plus partir d’ici. Vous en savez beaucoup trop, je serais obligé de vous supprimer.
– Quoi ?!
– Vous avez déjà croisé l’ancienne archiviste ?
– Non… mais…
Effarée, je cogite sur la possible véracité de cette annonce.
– Sabine ? chuchote-t-il.
– Oui, Condor ?
De plus en plus blême, voilà que je gémis maintenant.
– C’était de l’humour, lâche-t-il avant de se redresser.
Je me tourne d’un bloc pour lui faire face. Mon air outré pour cette immonde blague se confronte à son stoïcisme. Encore sous le choc, je ronchonne.
– Finalement, je ne sais pas si c’est une bonne chose que vous fassiez des blagues.
– Je ne suis pas d’accord. J’aime bien le fait que l’on ne sache pas si je plaisante, ou pas. Avouez que cela ajoute du piquant.
– Ce n’est pas piquant, c’est effrayant.
– Nous allons définitivement régler ce problème, gronde-t-il.
Aïe. Je viens de le fâcher, c’est génial. Il fait des efforts et je ne trouve rien de mieux que le rembarrer.
– Puisque la manière douce n’est pas claire, je vais employer la méthode militaire.
J’espère qu’il n’a pas l’intention d’opter pour celle des pompes où il faut répéter la phrase magique à chaque fois. Ai-je le droit d’arguer que ce n’est pas possible en jupe et talon ? Je vais être fixée, bien droit face à moi, il croise les bras pour annoncer la suite.
– Je vous interdis d’avoir peur de moi. Je ne vous ferai jamais de mal et je vous ordonne de ne plus jamais en douter. Jamais ! Est-ce bien clair et définitivement intégré ?
– Reçu fort et clair, Condor.
Afficher en entier« Au bout de quelques minutes, Cobra se met à humer autour de lui avec perplexité.
– Ça pue dans cette bagnole.
Il a surpris le manège de Condor ! La sensation d’être prise en faute, je rougis violemment. Puis, quelques effluves malodorants parviennent à mes narines. Non, il a raison, ça sent mauvais.
Nous voici tous en train de nous renifler ou contrôler nos semelles de chaussures pour nous assurer de ne pas avoir marché dans une crotte. Quant au chauffeur, il n’ose pas parler, mais pâlit de plus en plus, sûrement en pensant au nettoyage des tapis de sol qui l’attend. Il va pleurer pour sa voiture après nous avoir déposés.
En fait, ce que je sens me rappelle quelque chose. Pour étayer mes doutes, une petite vérification s’impose auprès de l’intérressé.
– Condor ? Vous avez refermé le sac poubelle correctement, n’est-ce pas ?
Occupé à examiner sa semelle, il relève la tête pour me fixer puis ouvre grand les yeux. Ben voilà ! Nous savons d’où vient cette odeur de charogne qui envahit l’habitacle.
– Condor ! Tu pourrais faire gaffe ! l’enguirlande Lynx.
– Tu as quoi dans ton sac ? questionne Cobra.
– On ne veut surtout pas le savoir. On veut juste de l’air je déclare en détachant ma ceinture pour me pencher sur Condor afin de baisser la vitre.
Les émanations se déploient rapidement, ça devient irrespirable en quelques minutes. Le chauffeur à deux doigts du malaise, conduit avec la tête de travers pour diriger son visage vers l’extérieur. Pour ma part, la nausée pointe son nez, alors je reste affalée sur Condor pour chercher de l’air. Même s’il est parisien, il me paraît frais, cela vous donne une idée de celui qui circule à l’intérieur. Quant aux agents, ils ronchonnent en nous nous traitant de petites natures.
– Vous n’êtes pas attachée. C’est dangereux, râle Condor.
– Et ne pas respirer, c’est mortel, je le rabroue. »
Afficher en entier– Tu es tellement détendue que j’ai l’impression d’avoir une grosse méduse étalée sur moi.
Aussitôt, elle se raidit et pose la main sur ma cuisse. C’est agréable cette petite main sur moi, Sabine a eu une excellente idée de me le faire découvrir.
– Hey ! Mais tu viens de me pincer !
– C’est pour la grosse méduse ! râle-t-elle. Je venais de te dire que j’accepte ta rudesse de langage, pas que tu m’insultes.
Ce n’en est pas une, c’est juste une image. Je ne comprends pas pourquoi elle se vexe. Surtout qu’elle utilise souvent des comparaisons de ce genre, elle. Il semblerait que je doive m’expliquer pour éviter un malentendu.
– Une méduse, c’est…
J’allais dire mou, mais j’ai le sentiment que ça ne va pas m’aider. Flasque, peut-être ? Pas sûr non plus. Voilà bien ce que je n’aime pas : calculer mes paroles pour ne pas froisser mon interlocuteur. J’ai l’habitude de dire les choses telles qu’elles sont, et à cet instant précis, Sabine si relâchée me fait penser à une méduse, c’est tout.
Du coup, comme j’ai cette image en tête, je ne trouve pas par quoi la remplacer, la méduse.
– Ne te triture pas la cervelle pour rien. J’ai compris ce que tu voulais dire. Mais même si je suis ramollie et en pleine zénitude, déclarer que je te ressemble à un truc tout flasque, ce n’est pas prudent.
Bien vu, Condor ! J’ai bien fait de ne pas utiliser ce terme, flasque. Quel progrès. D’ici quelques mois, je devrais m’adresser à Sabine sans qu’elle ait l’impression que je me moque d’elle.
– Afin de prendre les devants, note bien que me comparer à un animal qui n’est pas aussi mignon qu’un chaton, c’est interdit. Sois avisé et oublie tout ce qui est gros, moche et mou.
– J’en prends bonne note, même si je ne comprends pas ce qui te gêne. Je te trouve parfaite et si tu n’es pas un bloc de muscles, tu es fine et très bien proportionnée, partout. Agréable à regarder et à toucher.
– Mince. Il est dommage que je ne puisse pas effectuer une copie d’écran pour celle-ci, murmure-t-elle.
Elle dit des choses étranges parfois.
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