Extraits

Depuis près d’une semaine, j’ai l’impression de me tenir au bord d’un précipice. Les yeux rivés vers le bas, je tente de discerner le fond, de connaître la profondeur de la chute, mais ne distingue que les ténèbres des abîmes.

Je n’ai pratiquement pas dormi, le cerveau en compote, le cœur en miettes. J’ai à peine mangé, me shootant au café pour tenter de garder les yeux ouverts. J’ai essayé de bosser un peu, mais je n’arrivais à rien, mon esprit trop accaparé par Arnaud.

Je n’eus pas le temps de me retourner ni de m’enfuir qu’Adrian m’interpela.

— Mac !

Je m’arrêtai net en entendant ce surnom, et une vague de frissons parcourut mon échine tandis que mon corps se mit à trembler. Il était le seul à m’avoir jamais appelé ainsi. Mac et Ian. Ian et Mac. Pendant plus de dix ans. Si j’avais pu douter avant de la réalité de sa présence, je n’en étais plus capable à présent.

— Mac, attends !

Je fermai les yeux, désirant fuir cette voix et à tout ce qu’elle m’obligeait à ressentir. Je me faisais violence pour ne pas me retourner, par peur de m’effondrer pour de bon. Et ce n’était pas envisageable. Je refusais qu’il comprenne à quel point le retrouver devant moi ce soir m’avait foutu en l’air.