Extraits

Puis il avait compris le grand secret : on ne naît pas père, on le devient. En improvisant au fur et à mesure les décisions que l'on devine être les bonnes pour son enfant.

Il avait attendu quarante ans avant de comprendre qu'il n'y avait pas d'autres solutions que l'amour.

Exactement ce que n'avait jamais cessé de lui répéter Ilena à l'époque, mais il avait alors coutume de lui répondre : « Si c'était si facile ».

Et pourtant, ça l'était.

Mais tout ça, c'était fini, révolu. Devant lui, ne l'attendaient plus que la mort et la peur.

La peur de voir son corps s'affaiblir.

La peur de souffrir et de perdre son autonomie.

La peur de crever tout seul dans la chambre blême d'un hôpital.

La peur d'abandonner sa fille dans ce monde incertain.

La peur qu'au final, sa vie n'ait pas eu de signification.

Et la peur de ce qui l'attendait après. Une fois qu'il aurait rendu l'âme et plongé de l'autre côté.

Et merde...

Tout ça pouvait sembler complètement dingue, mais il était arrivé à une période de sa vie où à force de ne plus croire en rien, il était prêt à croire en tout.

Voilà, il avait suffi de trois minutes pour qu'un homme qu'il n'avait jamais vu dynamite ses certitudes et le fasse douter de tout. Un misérable tas de petits secrets, voilà ce que nous sommes tous.

- Tu l'as tuée parce que tu l'aimes mal.

- J'ai assez entendu de conneries comme ça !

- Tu l'aimes comme si vous aviez la vie devant vous… Ce n'est pas comme ça qu'il faut aimer.

Brièvement, Eliott prit cet argument en considération avant de le rejeter.

Écoute, je suis persuadé que l'on fait une erreur, une terrible erreur en cherchant à aller contre le destin et qu'on aura à la payer très cher un jour ou l'autre.

On s'est tous posé la question au moins une fois : si on nous donnait la chance de revenir en arrière, que changerions-nous dans notre vie ?

Si c'était à refaire, quelles erreurs tenterions-nous de corriger ? Quelle douleur, quel remords, quel regret choisirions-nous d'effacer ?

Oserions-nous vraiment donner un sens nouveau à notre existence ?

Mais pour devenir quoi ?

Pour aller où ?

Et avec qui ?

 — Tu l'as tuée parce que tu l'aimes mal.

   — J'ai assez entendu de conneries comme ça ! s'emporta Elliott en se levant.

   — Tu l'aimes comme si vous aviez la vie devant vous… Ce n'est pas comme ça qu'il faut aimer.

Je n'aurai jamais d'enfants, jura-t-il en se regardant dans le miroir. Je n'aurai jamais d'enfants pour que jamais ils ne meurent !

Le problème avec le bonheur c'est qu'on s'y habitue vite...

- Chapitre 21