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– Elle sera prête pour demain, Monsieur Gallagher, dit le jeune homme avec assurance.
– Vous en êtes bien sûr ? m’assuré-je, un sourcil froncé. La dernière fois, il y avait eu du retard.
– Du retard ? Attendez, fait-il avec un air circonspect en vérifiant sa tablette. Je vois qu’on vous l’avait promise pour le 24, et elle a bien été ramenée le 24.
– On m’avait dit huit heures, et elle est arrivée à huit heures et quart. À quoi cela sert-il d’avoir une Lamborghini si on ne peut pas compter dessus ?
– Vous le pouvez, c’est précisément pour cela que l’on s’occupe de ces révisions régulières, se défend-il, mal à l’aise.
– Faites simplement en sorte que tout aille comme prévu.
– J’y veillerai personnellement, Monsieur Gallagher.
Je me retourne en laissant à contrecœur ma voiture aux mains de ce garçon. Je le vois sortir le véhicule de mon garage, suivre l’allée gravillonnée qui mène à la grille d’entrée, pour finalement entendre le bruit du moteur s’évaporer progressivement.
Tate en vacances, et maintenant ça ! Décidément, rien ne va comme prévu. Et pourtant, Tate avait tout préparé. Pour ça je peux lui faire confiance : c’est un as de la gestion. Mais même un as ne peut prévoir l’imprévu : un filtre moteur à changer. Oh, s’il était là, je sais ce qu’il dirait : « Monsieur Gallagher, laissez-moi vous conduire au bureau. Nous y serons en un rien de temps. » Ce n’est pas que je n’ai pas envie de rouler dans sa Chevrolet 1977 (Tate a des goûts curieux, parfois !), c’est surtout que je suis mal à l’aise de le laisser faire le chauffeur. Il a beau être le majordome, et la conduite entre dans le cadre de ses fonctions, je me sens à chaque fois comme un enfant conduit par son père, et ça me met mal à l’aise.
C’est vrai qu’il m’a vu grandir.
Prenons les choses de manière positive : je vais travailler de la maison. Ce sera l’occasion de goûter les premiers beaux jours sur la terrasse.
Afficher en entierMalgré l’effet manifeste que me font ses yeux papillonnants, je décide de ne pas laisser apparaître le moindre signe de faiblesse. Comme lors d’une négociation difficile pour la signature d’un contrat, je me tais et abandonne mon interlocuteur à ses seules pensées. Puis, dès que je la sens faillir, j’assène d’un ton rêche :
– On peut savoir ce que vous faites ici ?
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